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particuliers qui avoient fait des achats de cette denrée fous le dernier regne; on en a fait autant à Corbeil, & partout où il y avoit des magasins de bled pour le roi.

S. M. a accordé au comte du Muy, miniftre de la guerre, la magnifique maison bâtie à l'arsenal, fous le miniftere du duc de Choifeul, & que le feu archevêque de Cambray, fon frere, occupoit. Elle eft très- agréablement fituée fur la riviere, & a les plus beaux points de vue poffibles.

On croyoit que le garde des fceaux occuperoit la chancellerie; mais il vient de louer un hôtel dans la rue neuve d'Artois.

La terre de Brunoy, appartenante au Sr. Paris, de Montmartel, étant dans le voisinage de la forêt de Senar, que le roi vient de donner à Monfieur, il paroit que ce prince defire en faire l'acquifition pour en former une habitation utile & agréable en conféquence on prend des arrangemens à ce fujet; & comme elle eft grevée d'une fubftitution, on la transférera fur un autre objet de même valeur. On croit que l'on donnera en échange au marquis de Brunoy la terre de Cham, bord, à charge au roi, & qui peut être un objet très-utile dans les mains d'un particulier.

Des arrêts affichés de la chambre des comptes notifient les échanges par lefquels le feu roi a cédé à M. le duc d'Orléans la forêt de Bondy pour la principauté de la Roche-fur-Yon, du Luc & du comté d'Argenton; & au Sr. Mefnard de Chauzy, premier commis du duc de la Vrilliere, la propriété des tereins & bois qui contribueront à l'arrondiffement de fa terre de Cheuzy, près de Blois, pour la feigneurie de Villepreux, contiguë au parc de Versailles.

On dit que M. le duc de Penthievre, en acseptant la commiffion d'aller tenir les états de

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Bretagne, a dit au roi qu'il efpéroit n'être chargé que de diftribuer des graces de la part de S. M. On ajoute qu'on veut faire oublier à la Bretagne fes malheurs rien n'y peut plus contribuer que la présence des princes & princeffes du fang qui doivent s'y rendre à la fin de Décembre.

Sur les représentations du Sr. Michel, chef du confeil de M. le prince de Condé, ce prince s'eft déterminé à faire tuer les lapins dans tous fes domaines, & à détruire leurs terriers. Les revenus de quelques terres de ce prince font diminués de plus d'un tiers par l'exceffive quantité de ce gibier, & par les daims dont la dent détruit tous le bois qu'ils rongent. Il eft à defirer que les princes & grands feigneurs prennent le même parti. De calcul fait, un miférable lapin, qu'on eftime 12 à 15 fous, revient au moins à un louis d'or par tous les dégâts qu'il fait dans les campagnes.

On attribue à un officier général d'artillerie un imprimé anonyme, intitulé: Confidérations fur la réforme des armes jugée au confeil de guerre affemblé à l'hôtel royal des invalides. C'eft une défense en faveur des juges & une réponse férieuse à tous les mémoires qui ont paru à ce fujet. L'anonyme foutient qu'il n'y a jamais eu une entreprise auffi hardie dans fes vues, auffi infidieusement dreffée, & auffi dangereuse pour l'état que celle de la réforme des armes du royaume, exécutée par le Sr. de Bellegarde au profit du Sr. de Montieu, fon beau-frere; qu'ils enlevoient 470000 armes à 11 fols 6 deniers, l'une portant l'autre, pour en vendre la plus grande partie, tous frais faits, plus de 8 livres à l'étranger, & rendre au roi au prix de 20 livres, fans bayonnette, les mauvaifes, affimilées au modele préparé pour couvrir cette manœuvre; que pour le remplacement de ces armes, devenu indifpenfable, il en coûteroit à l'état plus de 10 millions. Les officiers d'ar

tillerie qui ont voulu fauver la réputation du Sr. de Bellegarde, font fort maltraités dans cet imprimé.

Le 10 du mois dernier, à 4 heures & demie après midi, on reffentit à Strasbourg une légere commotion de tremblement de terre. Elle été beaucoup plus fenfible, le même jour & à la même heure, à Belfort, où il y a eu dans l'intervalle de quatre minutes, trois fecouffes, dont la feconde a ébranlé toutes les charpentes des bâtimens, & a jetté la plus grande confternation parmi les habitans, qui fe font répandus dans les places, & dans les rues. Il n'en eft cependant résulté aucun dommage confidérable. La direction du mouvement étoit de l'oueft à l'eft, tant à Strasbourg qu'à Belfort. On écrit de Beaune, en FrancheComté, qu'on y a reffenti, le même jour & à la même heure, une fecouffe violente, qui n'a duré qu'environ une demi-minute, ainsi qu'à Befançon, où la commotion a été moins forte. Le tems étoit couvert, & l'air calme.

La cérémonie de la repréfentation du bouquet de l'arquebufe de France a commencé à SaintQuentin le 4 Septembre. Les compagnies de l'arquebufe du concordat y arriverent ce jour-là, aŭ nombre de quarante. Ces fortes de compagnies doivent leur naiffance à l'établiffement des communes: leur origine remonte vers l'an 1357. Elles étoient autrefois toujours prêtes à prendre les armes pour la défenfe de leur ville, & de l'état. Charles, dauphin de France, & régent du royaume, s'en fervit avantageufement contre les ennemis de l'état & de fa perfonne. Elles ont été commandées en différens tems pour des fieges & des batailles, & pour faire le fervice de canonniers. Nos rois les ont auffr employées à la garde de leurs perfonnes.

Ces compagnies, afin d'entretenir entr'elles l'é

mulation, fe font aflociées pour rendre des prix généraux & particuliers. Les prix généraux fe rendent dans les villes, qui font choifies alternativement, & celle où les compagnies conviennent de tirer ces prix, devient dépofitaire d'un gage d'armes, qu'elle reçoit à la pluralité des voix. Ce gage s'appelle Bouquet : il détermine la ville où l'affemblée prochaine doit fe tenir, & oblige ceux qui font reçus de rendre les mêmes prix dans un tems limité, & de donner un autre gage d'armes., Cette fête, qui n'a lieu que pendant la paix, fut annoncée à Saint-Quentin, le 4 du mois dernier, au fon de toutes les cloches. Le lendemain, toutes les compagnies, précédées par celle de la ville, allerent à l'églife, où elles entendirent la melle, qui fut chantée en mufique. Le Sr. d'Erouilly, lieutenant-de-roi, fe rendit, fur les 5 heures du foir, à l'hôtel de l'arquebufe, tira le coup du roi au nom du comte de Périgord, gouverneur-général de la province de Picardie. Le 6, les compagnies affemblées se mirent en marche. Le bouquet & gage d'armes, accompagné de deux pyramides d'argenterie deftinée aux différens prix, fut conduit & foutenu par vingt-quatre hommes. Ce bouquet, d'environ douze pieds de hauteur, repréfente un arc de triomphe fur un plan équilatéral, tronqué fur les angles, où repofent des trophées d'armes en ronde boffe. Au milieu du percé des arcs s'éleve un piédeítal, fur lequel font placées triangulairement les armoiries du comte de Périgord, & celles de la ville & de l'arquebufe de Saint-Quentin. Les archivoltes foutiennent les armes du roi, de Monfieur & de Mgr. le comte d'Artois. Plus haut eft un vafe renfermant une pendule, & furmonté d'un aigle tenant dans fes ferres la foudre de Jupiter; & de l'autre côté, une trompette, entrelacée de lauriers & de flêches. Ce bouquet, arrivé au milieu de la place publique, Odobre, 1774. e, quinz. C

fut falué par l'artillerie de l'hôtel-de-ville. On y avoit préparé une table de 8 cens couverts,, fuperbement fervie, autour de laquelle les compagnies fe rangerent: la fanté de S. M. y fut portée au milieu des acclamations réitérées de vive le roi. Le 7 au matin, on commença à tirer les prix, & cet exercice dura deux jours & demi. L'épée d'honneur, donnée par le comte de Périgord, fut gagnée par le Sr. Buffard, major de la compagnie de Paris. Le 9, les prix furent diftri-. bués; & le même jour au foir, les généraux infpecteurs & chefs des compagnies procéderent par la voie du fcrutin, à la délivrance du bouquet. La ville de Nogent-fur-Seine réunit les fuffrages. Le lendemain, le Sr. Brayer, général-inspecteur en chef de Saint-Quentin, remit au Sr. Bihoucy Defnoyers, général-inspecteur, & lieutenant-colonel de la compagnie de Nogent-fur-Seine, le gage d'armes, fur lequel ce dernier, en préfence des compagnies & du public, fit ferment de le repréfenter dans le cours de 7 années; après quoi toute l'affemblée se sépara.

Le roi vient d'accorder l'évêché d'Arras à l'évêque de Saint-Omer; celui de Saint-Omer, à l'abbé de Puységur, vicaire-général de Rouen; l'abbaye de Leffay, ordre de St. Benoît, à l'archevêque de Befançon; celle de St. Quentin, ordre de St. Auguftin, à l'abbé de Béon, aumônier de Mme. A délaïde; celle de Notre-Dame des Vertus, même ordre, à l'abbé du Bouzet, vicaire-général de Reims; celle de la Honce, ordre de Prémontré, à l'abbé de Spens, vicaire-général de Bayonne, & celle de Fontaine-le-Comte, ordre de St. Auguftin, à l'abbe Oroux, chapelain du roi.

On célébra le 27 du mois dernier, dans la chapelle de l'hôtel de l'école royale militaire, un. fervice folemnel pour le repos de l'ame du feu roi.. L'archevêque de Paris y officia. Le Sr. Poncet de

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