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lui? Quelle eft la loi qui lui permet de l'affaillir dans une maison étrangere, de le charger d'affronts, de lui faire un crime de fa conduite publique, de vouloir, de propos délibéré, porter la main fur lui, malgré tous les efforts des alliftans pour le repouffer, & de lui faire mille autres outrages? Que chaque civoyen pefe cette conduite qu'il voie quel abus effrayant fait déjà d'un pouvoir encore incertain, un homme qui tend à s'élever au faite de la grandeur; ce qu'on doit préfager de la puiffance d'un tel homme, & ce qu'on peut en attendre fi dans le fanctuaire où fe portent les loix, il n'eft point permis à tout nonce qui participe à la puiflance légiflative, d'ouvrir fon avis, & de dire librement ce que lui dictent fon honneur & fa confcience pour le bien de la patrie.

C'est donc contre tant d'outrages que je protefte, en face des états de la république affemblés; devant vous • Stanislas - Augufte, mon roi & mon très gracieux feigacur, que nous refpectons, comme le chef d'une nation libre; devant vous, dignes miniftres des puiffances étrangeres qui s'uniffent à nous pour travailler de concert à rétablir notre conftitution. Pouvez-vous voir avec indifférence, pouvez-vous fouffrir que, fous votre protection, on s'abandonne à de pareils excès ? Permettrez-vous que des loix récemment écrites foient foulées aux pieds avec tant d'infolence? Souffrirez-vous que l'audace tyrannique d'un feul citoyen que vous avez élevé au faîte des honneurs, & que vous avez foutenu jufqu'à préfent, s'accroiffe au point d'ofer commettre un crime auffi inoui?

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J'en appelle à tout l'univers contre ces infoleas perturbateurs du repos public, qui violent l'afyle des maifons, & attaquent les perfonnes qui s'y croient en fûreté. J'en appelle aux loix écrites, à ces loix qui ont pourvu à la fareté de chaque citoyen; à ces loix portées pour faire refpecter le caractere de quiconque eft élevé à la dignité de magiftrat; enfin, à ces loix facrées, contre tous ceux qui les ont violées, afin qu'en vertu de leur fanc tion, il foit prononcé ce qui eft de droit en cette matiere. Tout le corps législatif eft attaqué en ma perfonne par l'affront infigne qui m'a été fait.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG le 24 Septembre.) Suivant les avis de Conftantinople, le peuple qui avoit d'abord

fait paroitre beaucoup de joie de la conclufion de la paix, ne fut pas plutôt inftruit des conditions humiliantes inférées dans le traité, qu'il fit éclater fon mécontentement. La populace s'affemble, tumultueufement, chaque jour devant les portes du ferrail & des miniftres d'état, & demande à grands cris la caffation d'un traité si honteux pour les armes Ottomanes, & la profcription de ceux qui en ont été les négociateurs. Ces mouvemens donnent, dit-on, beaucoup d'inquiétude au gouvernement; on a doublé la garde du ferrail, & le fultan n'admet à son audience que le chevalier de St. Priest, ambasfadeur de France, qui eft très-fouvent auprès de S. H. On apprend d'un autre côté, que les Turcs ont battu les Ruffes en Crimée poftérieurement à la paix qu'ils ignoroient. Cet avantage, les clameurs du peuple de Conftantinople, & la mort naturelle, volontaire ou forcée, de Mouffoun Oglou donnent lieu de penfer que le fultan. pourroit bien fe difpenfer de ratifier le traité de paix. On lit cependant dans une feuille publique que S. H. a congédié fans délai les reftes de fon armée, comme dans le tems d'une fécurité parfaite.

Il fe trouve ici & à Lubeck beaucoup de recruteurs Danois qui donnent jusqu'à 30`rixdalles d'engagement à chaque homme. On enrôle avec autant d'activité dans le Holstein.

L'ex provincial des jéfuites de la province de Cologne, qui s'étoit retiré dans fa famille à Freifheim, l'ancien recteur du college de Cologne & 9 autres ex-jéfuites ont été cités à comparoitre devant la commiffion établie à Bonn pour les affaires de la ci-devant fociété. On dit que l'ajournement de ces ex-religieux a pour objet de reCouvrer 30 mille rixdalles qui étoient dans la caiffe provinciale du college d'Emmeric, & qui ont été

tranfportés dans les états du rci de Pruffé, Les perfonnes qui font en droit de réclamer cette fomme fe font adreffées à la cour de Bonn. Les ex-jéfuites, qui font puiffamment protégés, ont jufqu'ici refufé de comparoitre; on eft fort curieux de fçavoir quelle fera l'iffue de cette affaire. On voit ici un état des forces militaires de l'empire de Ruffie. S'il n'eft pas exagéré, les armées de terre confiftent en 1248 gardes, 600 cadets, 34032 hommes pour l'artillerie & les fortifications, 165, 252 de troupes de régimens de campagne, 15457 hommes de garnifons 26958 de milice nationale, 3044 de petits corps détachés, 29835 de troupes légeres, 261, 172 de troupes irrégulieres, comme Calmouques, Cofaques, &c. en tout 537, 598.

11 fe confirme qu'une députation compofée de deux délégués de la diete de Warfovie eft arrivée à Dantzig, pour tenir des conférences avec 4 membres du fénat de cette ville, le comte de Golovkin & les agens des cours de Vienne & de Praffe, fur les meilleurs moyens de terminer les différends qui fubfiftent entre la cour de Berlin & 19antzig. On dit même que le Sr. Reichard, miniftre de S. M. P., a déjà figné 12 articles dont il est convenu avec le magiftrat de cette ville.

BERLIN (le 24 Septembre.) Le roi, accompagné du prince de Pruffe & du prince héréditaire de Brunswick, arriva le 14 de ce mois, de grand matin, de Potzdam à Weding, & y vit manœuvrer le corps de l'artillerie. S. M. rendit ici ine vifite à la princeffe Amélie, & retourna le même jour à Potzdam.

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Le 20, le lieutenant-général de Ramin, gouverneur de cette capitale, les généraux comte de Lottum, de Steinkeller, de Kofchenbahr, d'Alvenfleben, le lieutenant-général de Bulow, plu

fieurs généraux-majors & colonels fe rendirent à Potzdam, où ils affifteront aux grandes mancuvres que les troupes qui font raffemblées dans les environs, exécuteront en préfence du roi. Le 21, le prince Ferdinand partit d'ici pour le même objet. Le même jour, le baron de Kwielecki, envoyé du roi de Pologne, reprit la route de Warfovie.

On ouvrit, les de ce mois, avec beaucoup de folemnité, le nouveau canal qui fert à préfent de communication entre les rivieres de Fetze, & de Brahe. Les premiers bâtimens qui y ont été mis à l'eau, font onze bateaux du Sr. Splittgarber, négociant de cette capitale ; ils étoient chargés de toutes fortes de matériaux pour la fucrerie établie à Bromberg. On ouvrit les éclufes avec beaucoup de cérémonie en présence d'un grand nombre d'habitans de cette ville, dont les bourgeois faluerent cette petite flotte par plufieurs décharges de moufquetterie. Après ces premiers bateaux, il en parut plufieurs autres avec des cargaisons de fel, d'uniformes, & d'autres marchandifes. Ainfi il y a aujourd'hui une navigation directe entre Dantzig & Berlin. Ce nouveau canal a 5-milles d'Allemagne de longueur (10 lieues de France); il s'y trouve 10 éclufes, dont 3 font doubles. Quelque confidérables que foient ces travaux, ils ont été terminés en une année, & l'on n'y a jamais occupé plus de 6 mille hommes à la fois.

Le trafic honteux qu'on fait trop souvent de la religion, n'a point échappé à la pénétration du roi, qui vient de remédier à cet abus. S. M., par une ordonnance très-fage, exclut les Juifs du droit de fe jouer de la crédulité publique; elle défend de les admettre à la communion chrétienne, à moins qu'ils ne puiffent prouver par des témoi gnages authentiques, légalifés par la justice, qu'ils

ent toujours mené une vie exempte de reproche. Le confiftoire électoral de la Marche, toutes les régences, & tous les colleges eccléfiaftiques ont reçu les ordres les plus précis à cet égard. On fe rappelle à cette occafion, qu'il y a peu de tems que cinq jeunes Juifs furent baptifés folemnellement dans une ville catholique du cercle de Weftphalie. Le prince évêque les combla de bienfaits; il leur fit apprendre à fes frais à chacun un métier. Ils fçurent se contenir jufqu'à ce qu'ils fuffent devenus compagnons; alors ils volerent leurs maitres tous les cinq le même jour, & difparu

rent.

Il s'eft fait de grands changemens dans le militaire de Suede: on a completté tous les anciens régimens, & l'on en a formé trois nouveaux. Les. régimens de cavalerie ont été mis fur un tout autre pied; on les a augmentés de quatre efcadrons de dragons légers, & de deux régimens de huffards. Les uniformes & l'exercice ont été changés. La marine a été améliorée; tous les vieux vaiffeaux ont été réparés; & dans l'efpace de trois ans, on en a conftruit vingt nouveaux, de forte que la marine eft fur un auffi bon pied que les forces de terre. On compte actuellement 42 vaiffeaux de guerre fuédois, fans les frégates & les autres bâ

timens.

RATISBONNE (le 20 7bre.) La prétention du cercle de Franconie à la charge de l'empire fe reproduit de nouveau. Dès 1735 ce cercle avoit repréfenté qu'il avoit débourfé pour le service de l'empire une fomme de 4 millions, 132 mille, 263" florins d'empire. L'affaire a éu depuis ce tems le fort de bien d'autres, & eft reftée en fufpens. Enfin, une affemblée du cercle, qui s'eft tenue à Nuremberg, fur la fin de Juillet, a envoyé ici un mémoire imprimé, qui a été porté le 23 Août, Odobre, 1774. e, quinz.

B

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