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*et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talens. »

» C'est ici une des clauses, et peut-être même la seule contre laquelle il n'y a point d'objection essentielle je veux parler du sens général de l'article, car la rédaction en est défectueuse.

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>> Il peut y avoir de fortes raisons pour ne point accorder les droits politiques à tels ou tels individus : mais il est bien à désirer qu'il n'y aît point de classe exclue, point de classes d'hommes qui n'aient le droit de concourir à tout. Les Législateurs français, en ouvrant la carrière des emplois publics à tous les citoyens, donnoient un bel exemple à tous les Gouvernemens, sans leur fournir aucun sujet légitime de plainte.

Mais il falloit laisser au Législateur la faculté de limiter le droit de suffrage, par de certaines conditions qu'on peut juger nécessaires pour assurer la responsabilité et l'indépendance des électeurs et des éligibles. »

>>Il falloit aussi lui laisser la faculté d'exclure des emplois publics des hommes qui seroient attachés à une autre forme de gouvernement, des républicains dans une monarchie, des royalistes dans une république; comme on ne voudroit pas donner au général des troupes ennemies la commission d'acheter les armes et les provisions de bouche pour l'armée qu'il a dessein de combattre. » » Si on s'attache au sens littéral de l'article toutes ces limitations seroient impossibles. »

,

Nous supprimons à regret la citation de divers chapitres également intéressans; et nous terminons, par le chapitre de la liberté de la presse, l'extrait d'un ouvrage dont nous nous applaudissons d'avoir signalé l'importance,

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La libre communication des pensées et des opinions est un droit des plus précieux de l'homme tout citoyen peut

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donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par loi.»

que

Observations.

» La logique de cette composition ne vaut pas mieux la politique. Quand vous rencontrez un donc, vous pouvez présumer que la proposition donnée comme une conséquence est en contradiction directe avec la proposition antécédente, ou qu'il n'y a rien de commun entre les deux. >>

» La liberté de communiquer les opinions est. une branche de la liberté, et la liberté est un des quatre droits naturels sur lesquels les lois n'ont point de pouvoir. Il y a deux manières d'ôter cette liberté, l'une avant qu'on en fasse usage par prohibition, l'autre après qu'on s'en est servi, sous forme de peine. Que fait cet article en faveur de la liberté. Il la garantit de toute gêne antérieure, mais il la laisse exposée à toute peine postérieure, >>

» Ce n'est, dira-t-on que l'abus de la liberté qui sera punissable. Soit, mais y a-t-il moins de liberté dans l'abus que dans l'usage? Si vous appelez liberté l'interdiction aussi bien que la punition, il s'ensuit que liberté et contrainte sont synonymes. >>

» D'ailleurs qu'entendez-vous par abus de liberté? Voilà ce qu'il falloit définir. Jusque-là je ne sais ce que vous me donnez, vous ne le savez pas vous-mêmes. Tout exercice de liberté qui déplaît à ceux qui ont le pouvoir, passe à leurs yeux pour abus. Quelle est donc la sécurité que vous donnez aux individus contre les Législateurs futurs ? Vous dites, voilà une barrière qu'ils ne pourront pas franchir; mais vous déclarez en même temps qu'il leur appartient de mettre la barrière où il leur plaît. »

» Une notion commune et juste par rapport aux délits, c'est qu'il vaut mieux prévenir que punir. Dans l'article

que nous examinons, on suit la maxime contraire. On rejette l'idée de prévenir, on se borne à punir. Je ne dis pas qu'en ceci on aît tort; car pour prévenir les délits de la presse, il faut soumettre les écrivains à une censure préliminaire ; moyen si plein d'inconvéniens qu'il vaut mieux adopter la marche opposée. »

» Mais n'y a-t-il point de distinction à faire, soit dans le mode de la publication, soit dans la nature des choses qu'on publie? Admettez l'article tel qu'il est, il s'ensuit non-seulement qu'un homme peut publier toutes sortes de libelles contre l'Etat, contre les individus, sans qu'on puisse l'en empêcher, mais encore qu'il peut choisir pour cela tous les moyens qu'il lui plaît, discours publics, affiches, placards, représentations théâtrales, estampes, caricatures, impression, etc. Tout cela, dis-je, il peut le faire sans qu'on puisse le prévenir, il n'est soumis qu'à des peines postérieures.

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>> Ce n'est pas ici le lieu d'examiner si les inconvéniens de cette liberté ne seroient pas moins grands en effet que ceux d'une restriction préliminaire, ceux de la censure: tout ce que je veux dire, c'est qu'il y a une différence entre la liberté de publier des opinions sur des matières politiques et religieuses, et celle de publier des libelles diffamatoires sur des hommes publics ou privés. Il y a une différence encore plus sensible entre publier par écrit et publier de vive voix ou sur un théâtre, haranguer le peuple dans les carrefours ou l'assembler par des placards. On conçoit très-bien qu'un Législateur pourroit laisser une entière liberté à la presse, sauf à répondre des délits, et en même temps, interdire les moyens de communication qui s'adressent plus directement aux passions de la multitude, et qui peuvent l'enflammer avant qu'on aît eu le temps d'y porter

remède. >

ÉCONOMIE POLITIQUE.

CONVERSATIONS

ON POLITICAL ECONOMY. etc. C'est-à-dire, Entretiens sur l'économie politique, dans lesquels les élémens de cette science sont exposés d'une manière familière; par l'auteur des Conversations sur la chimie. Londres, in-12 de 460 pages.

(Second et dernier extrait. Voy. pag. 342 du vol. précéd.)

L'IDÉE de présenter, sous une forme familière et abrégée les élémens de l'économie politique n'est pas, à ce qu'il paroît, d'origine anglaise; car nous avons vu que l'auteur de ces entretiens dit expressément qu'aucun écrivain de son pays n'avoit tenté cette entreprise; et il y a en français non-seulement des traités réguliers, mais des livres élémentaires sur cette science exécutés par des hommes qui jouissent d'une célébrité méritée. Tels sont l'Abrégé de Mr. Garnier, publié anonyme en 1796, et le Catéchisme de Mr. Say, qui a paru tout récemment. Il est curieux de voir comment en traitant élémentairement le même sujet, on peut différer dans le point de vue, dans l'ordre de la tractation, quelquefois même dans les opinions; quoiqu'on puisse bien dire, que les auteurs que nous venons de nommer et l'auteur anglais dont l'ouvrage est sous nos yeux professent au fond les mêmes principes. L'auteur de ces entretiens a l'avantage de vivre à la source des plus vives lumières, et a su habilement profiter de quelques discussions récentes, dont nous allons nous occuper. Après avoir parcouru les différens emplois du capital, qui donnent naissance au revenu, elle traite plus par

ticulièrement

ticulièrement du revenu des terres ou de ce qu'on nomme la rente; et s'attache à en bien reconnoître l'origine. Elle n'envisage pas la rente comme étant uniquement un privilège, ou une espèce de monopole; elle abandonne à cet égard des auteurs, qui, sur d'autres points, lui ont souvent servi de guides, et s'attache à la doctrine que Mr. Malthus a récemment exposée (1); elle la présente d'une manière claire, simple, naturelle, et avec quel ques modifications relatives à son but.

La rente, ou cette partie du revenu d'un fonds de terre que le fermier abandonne au propriétaire du sol, a été très-généralement regardée comme un tribut fondé sur le droit légal de propriété individuelle. Et plusieurs auteurs, cités par Mr. Malthus, semblent en inférer que cette contribution hausse inutilement le prix des produits de la terre. Cette opinion nous paroît solidement réfutée par l'écrivain que je viens de nommer. Il commence par convenir que la rente dépend du droit de propriété et de ce que l'on pourroit appeler un monopole partiel. La terre n'est pas sans limite. Pour en obtenir des produits, il faut acquérir le droit de la féconder. Mais c'est commettre erreur que d'attribuer à cette seule cause l'origine de la rente.

La rente provient de trois autres causes; 1. de la fécondité de la terre, qui fait qu'après avoir produit ce qui suffit à l'entretien des personnes employées à la mettre en culture, elle fournit encore de quoi pourvoir aux besoins de ceux qui n'y ont pas travaillé; 2. de la propriété qu'ont les principaux produits de la terre de trouver toujours des consommateurs en nombre à-peu-près proportionnel à leur propre abondance. Sans cette circonstance particulière, propre aux produits

(1) An Inquiry into the nature and progress of rent ete Londres, 1815, brochure in-8. de 60 pages.

..Littér, Nouv. série. Vol. 3. No. 1.Sept. 1816.

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