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dant son absence, le prince vicaire-général, son fils, a prís Je titre de régent.

Il a été saisi, dit-on, sur les frontières du royaume de Naples, une correspondance écrite en caractères mystérieux, mais qui donne la clef des conspirations d'Espagne, de Naples et de Portugal, L'esprit de parti a tout mis en envre, l'argent, les loges secrètes, les intrigues, etc. Des maisons de bauque d'Italie et d'autres pays ne sont point étrangères à ces menées. Puissent ces premières découvertes faire remonter à la source d'un complot qui a déjà éclaté dans quelques Etats, et qui n'attend qu'une occasion favorable pour inonder l'Europe!

Nous l'avons déjà remarqué, et la continuation du mal nous engage à le signaler encore; un des moyens que les révolutionnaires de France et d'Espagne emploient avec plus de zèle pour changer l'esprit public dans ce dernier pays, est d'y introduire les productions philosophiques du siècle précédent et du nôtre. Des libraires de Paris ont dirigé de ce côté leurs spéculations. Nonseulement Voltaire et Rousseau, mais la tourbe inférieure des suppôts de l'incrédulité passe journellement les Pyrénées. Holbach, Raynal, Dupuys, Volney, Saint-Lambert, les plus mauvais livres, les plus médiocres écrivains, sont expédiés par ballots pour régénérer l'Espagne. On déguise les titres des ouvrages, on les abrege, on les publie sous des noms supposés; enfin on n'oublie rien pour répandre les nouvelles lumières, exalter les passions, et préparer la ruine de la religion et le renversement des institutions conservatrices de la société, dans un pays qui avoit su se préserver jusqu'ici des funestes résultats des doctrines nouvelles. On se rappelle le ton menaçant de nos proconsuls de 1793 dans leurs proclamations; ce ton se retrouve déjà dans quelques écrits de ce genre publiés en Espagne. Le chef litique de Sarragosse, après avoir dit que jusqu'ici il n'a eníployé que la modération, s'écrie: Que le malheureux qui, des-aujourd'hui, oseroit proférer un seul mot contre le sys← téme constitutionnel, tremble! il sera irrémissiblement et soudain frappé du terrible couteau de la loi. Plus de pitié pour les ennemis de la patrie. Collot-d'Herbois et Danton ne parloient pas mieux.

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Le gouverneur de Stockholm a donné des ordres pour

faire cesser les séances d'une société politique qui s'étoit for mée dans cette ville à la manière des clubs anglois; et le roi a rendu aussitôt un rescrit pour approuver les inesures prises par le gouverneur.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 22, M. le président met sous les yeux de l'assemblée une requête présentée par M. le duc de Valmy, et tendante à établir son droit d'hérédité à la pairie. Les titres du récipiendaire sont vérifiés, séance tenante, et déclarés valables. Il sera procédé, en conséquence, à l'information prescrite par l'ordonnance royale du 23 mars 1816. M. le comte de Lanjuinais soumet ensuite a la chambre une proposition. La chambre décidé qu'elle s'en occupera, et renvoie à un autre jour les développemens que l'auteur doit présenter.

Cette proposition a pour objet de supplier le Roi de présenter aux chambres un projet tendant à déterminer par une loi, même provisoire, les cas où la chambre des pairs pourra être constituée en cour de justice, et connoître des crimes dont le jugement lui est attribué par l'article 33 de la Chartre.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS,

Le 22, la chambre reprend les débats sur la vérification des pouvoirs. M. de la Bourdonnaye, rapporteur du 17. bureau, propose l'admission de MM. de Kergorlay et Héricart de Thury, élus par le college de l'Oise. M. de Girardin s'élève contre l'admission; il fait une critique très-minutieuse de tout ce qui s'est passé, selon lui, dans le college de l'Oise; il se plaint de l'irrégularité des listes électorales, et de ce que la force armée occupoit l'extérieur et l'intérieur du lieu consacré aux élections; son discours a paru une censure amère de la nouvelle loi des élections. L'honorable membre est plusieurs fois interrompu par des murmures et les cris à l'ordre, à l'ordre. MM. Borel de Bretizel et de Nally d'Hécourt réfutent plusieurs assertions de M. de Girardin, et l'admission de MM. Hérioort de Thury et de Kergorlay est proclamée par M. le président.

M. de la Bourdonnaye rend compte à la chambre d'une discussion qui s'est élevée dans les bureaux, au sujet de M. de Saint Cricq, qui, étant déjà élu député pour un autre département, a été élu de nouveau par le college des Basses-Pyrénées: on oppose à M. de Saint-Cricq qu'il ne peut cumuler en même temps les deus qualités d'éla et d'éli gible. M. le rapporteur conclut à l'admission. M. Chabaud-Latour parle dans le sens contraire. M. de Saint Cricq feit quelques observations, et s'en rapporte à la sagesse de la chambre. M. Dudon pense qu'il faut annuller l'élection des Basses-Pyrénées, et M. Beugnot appuye l'admission. Enfin la chambre décide, à une immense majorité," que M. de Saint-Cricq ne peut être admis comme député des BasersPyrénées.

MM. Teissére et Méchin parlent contre l'élection de l'Isère, dont l'admission est prononcée à une forte majorité. M. le président donne connoissance d'un message de la chambre des pairs, qui annonce la constitution définitive de cette chambre. Les élections de MM. Astoin et Dupont (de l'Eure) ont excité d'abord quelques débats; mais elles ont été confirmées par la chambre. M. Mestadier, rapporteur de l'un des bureaux, annonce que le secrétaire du collége des Andelys s'est permis de rédiger à part un procès-verbal dans lequel on donne à entendre que M. Lizot, président du college, et élu député, auroit extrait de l'urne des bulletins d'une couleur différente de ceux qui servoient à l'élection. A la demande de quelques membres de la gauche, on donne lecture de cette pièce. M. Lizot présente quelques explications pour se justifier, et son admission est prononcée sans opposition.

Un grand nombre d'autres élections sont déclarées valables, et les députés sont admis.

Le 23, après la lecture du procès-verbal de la veille, qui est adopté sans difficulté, on reprend les débats sur la vérification des pouvoirs. Un grand nombre d'élections sont successivement confirmées. M. de Villele, rapporteur du 8a, bureau, propose d'ajourner l'admission de M. Boisclairaux, et d'admettre MM. Piet et de la Bouillerie, élus députés de la Sarthe. M. B. Constant demande la permission de rappeler quelques faits relatifs aux élections de la Sarthe, sans prétendre pour cela les invalider. Une voix de la droite s'écrie : « Ce n'est donc que pour le scandale ». M. B. Constant entame sa narration; il se plaint de la conduite de M. le préfet de la Sarthe, à l'occasion des élections, et surtout de ce qu'il a clos rigoureusement la liste à l'époque fixée, sans vouloir recevoir de réclamations ultérieures. Il conclut à ce que les faits dont il vient de rendre compte soient bien constatés.

M. de Bouville s'étonne des plaintes du préopinant, et pense qu'il n'est venu alléguer des faits que l'on n'avoit pas la possibilité d'éclaircir, qu'afin de jeter de la défiance, soit sur l'administration générale, soit sur celle de la Sarthe. Plusieurs membres de la gauche se précipitent ensemble vers la tribune. On s'écrie à la droite qu'il n'y a pas de proposition de faite. M. B. Constant demande formellement la suspension de l'admission des nouveaux députés de la Sarthe. Plusieurs membres de la gauche veulent que cette proposition soit mise aux voix. Un grand tumulte s'élève dans l'assemblée. Le calme s'étant rétabli, M. de Villèle répond aux observations faites contre ses conclusions, qui sont aussitôt mises aux voix et adoptées.

Sur le rapport de M. Ravez, rapporteur du ge. bureau, l'admission de M. Morgan du Belloy est ajournée, attendu que l'on a refusé de compter à son concurrent, M. Danzel de Bosse, plusieurs bulletins qui n'avoient pas d'autre désignation que celle de Danzel. M. Ravez propose, au nom du même bureau, de regarder comme radicalement nulle l'élection de M. Bachelerie, par le college de Saint-Junien, à cause de plusieurs irrégularités qui ont eu lieu dans cette élection. Aussitôt de vifs débats s'engagent, après lesquels l'annullation est mise aux voix et prononcée par une iurmense majorité. M. de Creuzé,

député de la Vienne, n'ayant pas produit ses pièces en règle, l'ajournement de son admission est proposé.

M. Demarcay, après un long préambule, interrompu à chaque instant, demande l'annullation de l'élection de la Vienne, et prétend fonder sa proposition sur des pièces officielles qu'il déroule successivement, et dont la lecture cause plus d'une fois de vifs mouvemens d'impatience. Une vive agitation éclate de nouveau dans l'assemblée. La clôture de la discussion est enfin mise aux voix, malgré les efforts de M. Demarcay. M. le président met ensuite aux voix l'annullation proposée par M. Demarçay, aucun membre ne s'élève pour la soutenir; plus des trois quarts de l'assemblée se sont levés à la contr'épreuve, et l'admission de la députation de la Vienne est prononcée.

Plusieurs autres élections sont confirmées; il ne reste plus qu'à ens tendre un dernier rapport sur les élections de la Mayenne.

MONSIEUR,

AU RÉDACTEUR.

Permettrez -vous à un auteur que vous avez eu la bonté de trouver sensible, humain, généreux, de vous faire part des intentions qui lui ont dicté les maximes de son ouvrage, que vous avez combattues avec une louable franchise?

Les élans de l'ame vers la Divinité me semblent être la prière que vous m'accusez d'avoir omise dans mon ouvrage. J'ai caché la morale de la religion dans tous mes principes, j'ai présenté à mon siècle un remède ancien, sous une forme nouvelle. J'aurai fait un grand pas, si j'ai pu vaincre le matérialisme. C'est uniquement pour le chasser d'une position redoutable que j'ai parlé de la prescience; je n'ai pas vu d'autre conséquence dans ma proposition. Cicéron, dites-vous, nie toute prescience en Dieu; j'ai nié seulement celle qui me sembloit inconciliable avec la liberté; je n'ai donc pas eu la gloire de me tromper sans le savoir, comme ce grand homme. Je réfléchirai sur vos observations, et je vous promets de la franchise dans une autre édition.

En disant C'est la société qui fait naître les actions louables, j'ai combattu les auteurs qui nous condamnent à vivre comme la brute; le mariage fait naître les vertus domestiques. L'inégalité des conditions est l'origine de la bienfaisance et de la force d'ame, etc. Ailleurs j'ai dit: L'homme généreux n'agit ni par espérance, ni par crainte, mais ce n'est point un mal de faire le bien par intérêt. Savoir faire du mal pour être réellement bon, c'est, d'après moi, surmonter sa foiblesse, Un père a du caractère, quand il punit un fils qu'il aime; un juge doit condamner un criminel. Le législateur ôte à la société ses membres pernicieux. La Providence elle-même fait naître notre bien du mal que nous souffrons.

Mon ouvrage renferme des fautes d'impression; on y trouvera sans doute des erreurs et des incorrections qui me sont dues: je tâcherai de les faire disparoître.

Le nombre des journaux qui font l'éloge de mon livre annonce que

leurs articles ne sont pas dus à la complaisance; voyez le Courrier des Spectacles; la Quotidienne; l'Observateur des modes; le Journal des débats ; le Moniteur; la Gazette de France; le Régulateur; la Revue encyclopédique, et le Conservateur littéraire.

En vous priant d'insérer ces observations dans votre journal, l'auteur d'un livre dédié à SA MAJESTÉ désire conserver une place dans l'estime des lecteurs de l'Ami de la Religion et du Roi.

Je suis avec les sentimens distingués d'une parfaite considération, Monsieur le rédacteur, votre très-humble et très-obéissant servitcur. H. MILLOT.

Paris, le 20 décembre 1820.

LIVRE NOUVEAU.

Discours dogmatiques et moraux; par M. Comte (1). L'auteur, persuadé qu'un des plus grands maux de l'Eglise est l'ignorance des vérítés de la religion répandues parmi les peuples, a cru qu'il seroit utile de la combattre par une suite de discours où les principes de la foi et ceux de la morale seroient exposés d'une manière claire, et mis à la portée des plus simples; et où, sans entrer dans des discussions qui ne sont pas faites pour le commun des fidèles, l'on opposât la doctrine évangélique aux erreurs du siècle, et la sainteté de la morale chrétienne à nos mauvais penchans et eux exemples pernicieux dont nous sommes environnés. Il entremêle donc dans ses discours ce qui concerne le dogne et ce qui regarde la conduite et les moeurs. Il y a quarantedeux discours, en y comprenant trois instructions familieres qur les principales obligations de Dieu et sur les commandemens de Dieu. L'auteur conseille de répéter de temps en temps ces dernières instructions qui renferment les vérités et les conseils les plus nécessaires pour le peuple. Ce que pous avons lu de ces discours nous a paru en effet mis à la portée de tous. M. Comte, curé lui-même, sait sans doute mieux que personne ce qui convient aux temps et aux fidèles; ce sont les fruits de son expérience qu'il donne au public. Il y a lieu de croire qu'il a lui-même prononcé ces discours dans sa paroisse, et il peut savoir, par le bien qu'ils ont produit, celui qu'ils peuvent produire encore.

(1) 2 vol. in-8°.; prix, 10 fr. et 13 fr. franc de port. A Paris, chez Ad Le Clere, au bureau de ce journal.

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