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blique et des travaux publics; et M. le Directeur général de la santé publique du royaume d'Italie).

Choix de la ville siége de la troisième session du Congrès médical de toutes les nations

M. le vice-président DEMARIA engage le Congrès à proposer la ville qui doit être choisie pour la troisième session du Congrès médical international pour 1871. Il rappelle au Congrès que deux de ses membres, résidants en Autriche, MM. le prof. Benedikt, vice-président, et le docteur Schnitzler, ont déjà manifesté au Congrès même, dans une des séances précédentes (voir 1re séance de l'après-midi), tout leur désir, au nom de leurs collègues, que Vienne soit choisie pour le siége de la troisième session. M. le vice-président fait également donner lecture d'une dépêche télégraphique qui vient d'arriver de Vienne ainsi conçue:

Presidente del Congresso internazionale medico - Firenze.

Se Vienna eletta, prego annunciarmi. Seguirà invitazione del Governo. Risposta pagata.

BENEDIKT.

M. CHIERICI expose des considérations pour lesquelles il croit assez convenable qu'on proclame Vienne comme siége du nouveau Congrès.

M. BOUILLAUD propose que le Congrès, qui est appelé à désigner la ville qui sera le siége du Congrès, vote par assis et levé, parce qu'autrement on perdrait un temps précieux pour le Congrès même.

M. le vice-président DEMARIA propose donc au Congrès de voter pour la ville, siége du nouveau Congrès. A l'unanimité l'Assemblée proclame Vienne siége du troisième Congrès médical international.

Le résultat du vote est chaleureusement applaudi et salué par des acclamations unanimes.

M. le vice-président DEMARIA propose de nommer membres de la Commission Exécutive pour le nouveau Congrès, tous les médecins allemands résidants à Vienne qui ont fait partie, comme correspondants délégués du Congrès. Cette proposition est adoptée à l'unanimité; par conséquent M. Benedikt, vice-président; MM. Schnitzler, Duchek. Oppolzer, Rokitansky, Sigmund, Kraus, Pichler, Schott, Wertheim et Wittelshoefer formeront la nouvelle Commission Exécutive. Ces nominations sont longuement applaudies par l'assemblée; on applaudit également les noms des deux médecins allemands qui au sein de ce Congrès ont proposé, les premiers, la ville de Vienne comme siége de la troisième session du Congrès. Ils sont chargés de prendre l'initiative pour organiser le Congrès.

M. MACARI propose de vouloir bien recommander à la nouvelle commission exécutive de faire connaître aussitôt que possible les questions qu'on devra traiter dans le nouveau Congrès. Cette proposition est adoptée.

Après quelques observations faites en divers sens par MM. Kirch, Bouillaud, Demaria sur le mois et le jour à choisir pour la troisième session du Congrès international à Vienne, on convient, sur la proposition du docteur Bos, de laisser ce choix à l'entière liberté de la nouvelle commission qu'on vient d'élire.

Le vice-président DEMARIA ouvre la discussion sur la sixième question du programme. La parole est au premier inscrit, M. Lombroso.

M. LOMBROSO monte à la tribune et donne lecture d'un travail sur l'étiologie, la pathologie et la thérapie de la Pellagre.

« Résumé d'études sur la pellagre, lu par M. le prof. LOMBROSO.

Messieurs,

C'est un thème bien vieux que celui de la pellagre; néanmoins celui qui, en parcourant les campagnes de la Haute Italie, l'a étudié dans ses foyers, qui a vu comment, en suite de la diffusion de fausses idées sur l'étiologie de la pellagre par l'alimentation insuffisante, on est arrivé à ne plus soigner les pellagreux ou à les laisser à la merci d'eux-mêmes ou d'une charité bien problématique, celui-là restera convaincu, non-seulement que nous sommes loin encore d'avoir résolu le problème, mais même que dans ces dernières années, sa solution a fait un pas en arrière. Et moi-même, je l'avoue, si j'ai pu trouver quelque chose de nouveau dans cette question, je ne le dois qu'à la puissante collaboration des plus habiles médecins de notre pays, et particulièrement à MM. Namias, Verga, Gianelli, Dallerose, Zani, Guangiroli, Golgi, Marenghi, Cambieri, Manzini, Ceccarelli, Manfredi, Degiovanni qui ont bien voulu mé prêter leur concours.

Etiologie.

J'ai nourri avec du maïs gâté, dans lequel M. le professeur Gibelli ne trouva que du penicillum glacuum, des rats, des lapins et des poules: tous ces animaux après quelques mois ont diminué de leur poids et quelques-uns sont morts; mais je n'ai observé d'autres phénomènes particuliers analogues à la pellagre que la contracture des muscles des pattes postérieures dans un rat, et après cinq mois la perte des plumes dans trois poules; et dans deux des accès paralytiques qui les faisaient tomber par terre sur un côté. Mais tout cela ne me parut pas conclure suffisamment en faveur de l'étiologie pellagreuse du maïs gâté. Il me semblait que pour me rapprocher de la solution du problème il fallait en étudier les effets sur İ'homme.

Pour en faciliter l'administration j'ai préparé une teinture avec du maïs sur deux doses d'alcool, et je l'ai administrée pour une seule fois à 28 personnes, presque toutes étudiants ou infirmières, et les effets ont été les suivants : HOMMES FEMMES TOTAUX

Renvois.

EFFETS

Affaiblissement musculaire.

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Cependant ces expériences elles-mêmes ne m'ont pas paru assez concluantes: l'action principale de ce poison se déclarait sur les voies digestives avec des renvois, entéralgies, diarrhées, stipsis, sensation de brûlure dans l'anus, dégoût des aliments ou voracité. Bien peu de fois on remarquait des dérangements dans le système musculaire ou nerveux : somnolence, céphalalgie, vue trouble, vertiges, odontalgie, bruit dans les oreilles, confusion d'idées, affaiblissement musculaire, douleur dans les muscles des jambes. Moins souvent encore on remarquait quelque chose à la peau, comme des démangeaisons, sueurs, etc.

Chez 11 personnes l'action manquait totalement. On peut voir là quelques analogies avec la pellagre, mais très-incertaines, car les phénomènes de la peau et du système nerveux paraissent, ici, en deuxième ligne.

Mais j'étais encore bien loin d'expérimenter dans les mêmes circonstances des personnes qui deviennent pellagreuses, lesquelles ordinairement se nourrissent mal, travaillent beaucoup, et s'exposent maintes et maintes fois à l'action du poison.

Pour mieux me rapprocher de ces conditions, j'ai administré à 12 ouvriers la même teinture de maïs gàté pendant plusieurs jours à la dose de 6 grammes et j'en ai obtenu les effets suivants:

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Les phénomènes plus graves de la peau et du système nerveux parurent à la quatrième dose, dans quelques cas à la septième, à la dix-septième; après deux mois dans un seul; dans deux, il n'y a eu aucune action, et dans un autre individu, qui d'ailleurs était très-robuste, se il manifesta une intoxication aiguë, avec dilatation de la pupille, syncope et diarrhée. Dans quelques-uns ces effets continuèrent à se manifester 2 mois et demi, même 9 mois après la suspension du poison. Le poids du corps a diminué, malgré la nourriture suffisante, de 2 jusqu'à 10 kilogrammes. Dans deux seuls, il y a eu augmentation de poids qui a été justifiée, en un cas, par la guérison d'une vieille maladie de la peau, et dans l'autre par l'extraordinaire voracité qui l'obligeait à manger un demi-kilogramme de pain en plus chaque jour.

Dans ces expériences on voit bien, comme dans les premières, prévaloir les symptômes des voies digestives: voracité, dégoût des aliments, diarrhée, entéralgie, etc., mais tout de suite apparaissent les lésions cutanées qui sont plus caractéristiques de la pellagre, démangeaisons, piqûres, éphélides, sensations de brûlure, desquammations; suivent les phénomènes du système nerveux: dilatation de la pupille, ptosis de la paupière, somnolence, plaisir à voir et à toucher l'eau, céphalées, vertiges et envie de pleurer et de se fâcher sans causes. Une autre série d'effets me semble digne d'être remarquée: les palpitations, le pouls accéléré et puis rallenti, les syncopes nous révèlent une action sur le cœur; l'augmentation du poids spécifique, la diminution du volume des urines et leur couleur

rouge nous indiquent une action sur les reins. Il serait facile de trouver une liaison entre la plus grande partie de ces phénomènes en recourant à l'intoxication du système nerveux, et particulièrement du glanglionaire; ainsi la voracité, la diarrhée s'expliqueraient avec la lésion du plexus solaire et du dixième; les phénomènes de la peau par la paralysie des nerfs vaso-moteurs. Mais dans notre cas, ce qui importe le plus, c'est que tous ces phénomènes ont la plus grande analogie avec ceux qu'offrent les pellagreux étudiés dans le commencement du mal, et dans leur foyer naturel, à la campagne.

C'est ainsi que j'ai vu les démangeaisons, les sueurs, les blépharites bien plus nombreuses chez les pellagreux qu'on ne les trouve dans les livres, et j'ai trouvé aussi très-fréquemment la somnolence, les éphélides sur les bras, les palpitations de cœur qui sont des effets peu remarqués par les auteurs.

J'ai rencontré dans les pellagreux jusqu'à cette singulière contradiction de symptômes: voracité, dégoût, somnolence et insomnie, etc., qu'on remarque dans mes expériences et qui me semble pouvoir s'expliquer par cette loi qui domine dans la toxicologie, suivant laquelle tous les poisons ont une action secondaire qui est tout-à-fait opposée à la première; la contradiction ressort suivant que dans certaines personnes prédomine une de ces actions plutôt que l'autre, ou suivant qu'on les étudie dans les phases diverses.

Le cours, tantôt tardif, tantôt précipité de l'intoxication, s'observe aussi dans la pellagre, et dans ces cas il s'appelle typhus pellagreux.

L'action sur le cœur, sur les reins explique l'atrophie brune du cœur, la sclérose et l'adipose que j'ai rencontrées dans mes nécroscopies et l'ammoniemie et l'urémie des pellagreux vivants.

L'action du poison qui en est la conséquence ne provient pas du penicillum glaucum qui caractérise botaniquement la maladie du grain, mais du parenchyme, car j'ai injecté sous la peau et j'ai fait avaler à beaucoup de personnes de ce penicillum sans aucun effet nuisible autre que la pyrosis.

Si l'on fait cuire jusqu'à 120 degrés Réaumur un kilogramme de ce maïs avec 20 grammes de chaux vive pendant deux heures, et qu'on le fasse ensuite rôtir au four, l'action du poison est tout-à-fait neutralisée, mais elle ne l'est pas, si l'on fait seulement rôtir le maïs avarié sur la braise, ou si on le fait bouillir avec du café ou de l'alcool ou de l'eau à 100degrés.

C'est

Mais on me demandera: si le maïs pourri cause la pellagre, pourquoi l'entend-on citer aussi peu par les malades et par les praticiens? tout simple. - La vanité, l'ignorance et la malice humaine nous en dérobent l'observation. Moi-même j'ai trouvé des dizaines d'échantillons de maïs pourri, dans chaque pays, chez les marchands de grain, lorsqu'une bonne recommandation me mettait à l'abri des soupçons d'être un envoyé officiel. Tous les marchands connaissent des méthodes pour déguiser la maladie du maïs.

Quelquefois les paysans dénoncent comme origine de leur maladie le mais gâté, mais c'est seulement dans des circonstances extraordinaires qui ont porté leur attention sur le maïs, comme lorsqu'ils en ont fait leur nourriture exclusive.

Ainsi un nommé Giardini, amené mourant dans ma clinique, dans les premiers jours bégayait: Mon mal, c'est la polente pourrie; guéri, il me raconta que lui et 12 garçons de la ferme Bissone, pendant 6 mois avaient été nourris avec du maïs frappé par la grêle, et parce que les bœufs n'en voulaient pas, on les obligeait à en manger. Mais quand on mêle le maïs gâté au sain, comme on fait toujours dans les villages, les paysans ne croient pas qu'il soit nuisible; quelquefois cependant ils le savent

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