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prince. Dans les affaires non-seulement de la foi, mais encore de la discipline ecclésiastique; à l'église ( appartient) la décision, au prince la protection, la défense, l'exécution des canons et des règles ecclésiastiques. » ( Capitul. 2. de Louis le Débonn.)

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« C'est l'esprit du christianisme que l'église soit gouvernée par les canons. Au concile de Chalcédoine, où il y avait 630 évêques, l'empereur Marcien, souhaitant qu'on établit dans l'église certaines règles de discipline, luimême en personne les proposa au concile, pour être établies par l'autorité de cette sainte assemblée. (Consulté sur un point litigieux), ce saint concile s'écria d'une commune voix : Que les canons l'emportent: qu'on obéisse aux canons; montrant, par cette réponse, que si par condescendance pour le bien de la paix l'église cède, en certaines choses quiregardent son gouvernement, à l'autorité séculière, son esprit, quand elle agit librement, ce que les princes pieux lui défèrent toujours très-volontiers, est d'agir par ses propres règles, et que ses décrets prévalent partout. » ( L. 7. Art. 5. Prop. 10. 11. 12.)

ART. 22.

Dangers devant Dieu et précautions nécessaires pour les rois chargés du choix des évéques.

« Combien est grand le péril des rois qui choisissent de mauvais pasteurs. Ceci se dit à

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l'occasion des rois qui ont reçu de l'église, sous quelque forme que ce soit, le droit de nommer, ou de présenter aux évêchés et aux autres prélatures; principalement à l'occasion des rois de France qui ont ce droit, par un concordat perpétuel (entre le pape Léon X, et le roi François Ier. en 1516.). Je ne craindrai point de dire, que c'est la partie la plus importante de leurs soins, et aussi la plus dangereuse, et. dont ils rendront à Dieu un plus grand compte; toute l'instruction du peuple dépend de là. (L'Esprit saint nous dit :) les lèvres du prêtre gardent la science, et le peuplé recherche la loi dans sa bouche. Labia sacerdotis custodient scientiam et legem requirent ex ore ejus. (Malach. 2.) Le roi même la reçoit de sa main. Accipiens. exemplar ( legis Dei) à sacerdo-tibus. (Deut. 17.) C'est l'ange, (c'est l'envoyé ) du Seigneur des armées. Nous sommes ambassadeurs pour Jésus-Christ, dit saint Paul, et Dieu exhorte par nous. Angelus Domini exercituum est. (Idem.) - Pro Christo legatione fungimur, tanquàm Deo exhortante per nos. (2. Cor. 5.). Si les pasteurs ne sont, comme dit saint Paul, des ouvriers irréprochables, qui sachent traiter droitement la parole de vérité,- Operarium inconfusibilem, rectè tractantem verbum veritatis :( 2. Tim. 2.)c'est la plus grande tentation du peuple fidèle. Que ferez-vous donc, ô prince, pour éviter le malheur de donner à l'église de mauvais pas-teurs ! Faites-vous ce que dit saint Paul : qu'ils soient éprouvés, et puis qu'ils servent, Probentur et sic ministrent. (1. Tim. 3.) S'il parle ainsi des diacres, que dirait-il des évêques ? Le

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clergé est une milice : ne mettez pas à la tête celui qui n'a jamais eu de commandement. Consultez la voix publique, il faut, dit saint Paul, que celui qu'on veut faire évêque, ait un bon témoignage, même de ceux du dehors, ( même s'il se peut) des hérétiques et des infidèles, à plus forte raison des fidèles, de peur qu'il ne tombe dans le mépris. Oportet autem illum (episcopum) et testimonium habere bonum ab iis qui foris sunt, ut non in opprobrium incidat. ( 1. Tim. 3.) Toutes les fois qu'il faut nommer un évêque, le prince doit croire que Jésus-Christ même lui parle en cette sorte: ô prince qui me nommez des ministres, je veux que vous me les donniez dignes de moi. Je vous ai fait roi, faites-moi régner, et donnez-moi des ministres qui puissent me faire obéir. Qui m'obéit, vous obéit : votre peuple est le peuple que j'ai mis en votre garde. Mon église est entre vos mains; ce choix n'était pas naturellement de votre office, vous avez voulu vous en charger, prenez garde à votre péril et à mon service. »

« Les rois ne doivent pas croire, sous prétexte, qu'ils ont le choix des pasteurs, qu'il leur soit libre de les chojsir à leur gré. Ils sont obligés de les choisir tels que l'église veut qu'on les choisisse. Car l'église, en leur en laissant la nomination ou le choix, n'a pas prétendu exempter ses ministres de la discipline. L'abrégé de toutes les lois de l'église, (à ce sujet,) est celle-ci du concile de Trente: en choisissant les évêques, on est obligé de choisir ceux qu'on jugera en conscience les plus dignes et les plus utiles à l'église, à peine de péché mortel.

Sancta synodus statuit eos mortaliter

peccare, nisi promoveri studeant - quos digniores et ecclesiæ magis utiles ipsi judicaverint; C. de Trente, sess. 24. - de la refor. c. 1.) décret qu'on ne peut trop lire et trop inculquer aux princes. Tel qu'est le prince ou le gouverneur de la ville nous dit l'Esprit saint), tels sont ses habitans. Qualis rector est civitatis, tales et inhabitantes in eâ. ( Eccles. 10.) Il en est de même, à proportion, de tous les prélats, et de tous les ministres de l'église. Le prince, par un mauvais choix des prélats, se charge, devant Dieu et son église, du plus terrible de tous les comptes, et nonseulement de tout le mal qui se fait, - mais encore de l'omission de tout le bien qui se ferait, s'ils étaient meilleurs.» (L. 7. art. 3. prop. 13.)

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ART. 23.

Obligation de préserver les états du péril des devins, magiciens, parjures et blasphémateurs. Promesses du roi à son sacre.

Le prince ne doit point souffrir les impies, les blasphémateurs, les parjures, ni les devins. Le roi sage, (nous dit l'Esprit saint,) dissipe les impies et courbe des voûtes sur eux (c'està-dire les enferme afin qu'ils ne puissent plus nuire.) Dissipat impios rex sapiens, et incurvat super eos fornicem. (Prov. 20.) - Le Seigneur dit à Moïse : menez le blasphémateur hors du camp, et que ceux qui l'ont ouï blasphemer, mettent la main sur sa tête, (en

témoignage de ce qu'ils ont entendu,) et que tout le peuple le lapide. Dominus locutus est ad Moïsem dicens: Educ blasphemum extra castra; et ponant omnes qui audierunt, manus suas super caput ejus, et lapidet eum populus universus. (Levit. 24.) Nabuchodonosor, un prince infidèle, étonné des merveilles de Dieu qui avait délivré des flammes ces trois jeunes hommes si célèbres dans l'Histoire sainte, fit cette ordonnance: quiconque blasphemera contre le Dieu de Sidrach, Misac et Abdenago, qu'il périsse, et que sa maison soit renversée. -Omnis (cujus) lingua locuta fuerit blasphemiam contra Deum Sidrach, Misach et Abdenago, dispereat, et domus ejus vastetur. »› (Dan. 3.)

«Le parjure est un impie et un blasphemateur qui prend le nom de Dieu en vain:— Non assumes nomen Domini Dei tui in vanum ; (Exod. 20.) qui par-là, traite Dieu de chose vaine; qui ne croit pas que Dieu soit juste, puissant, ni véritable; qui le défie de lui faire du mal, et ne craint non plus sa justice, qu'il invoque contre soi-même que s'il nommait une idole vaine et muette. Le jurement fréquent tient du blasphème et expose au parjure. L'homme qui jure beaucoup sera rempli d'iniquité. Vir multùm jurans replebitur iniquitate.» (Eccles. 23.)

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Le prince doit exterminer de dessus la terre les devins et les magiciens qui s'attribuent à eux-mêmes, ou qui attribuent aux démons la puissance divine. Qu'il ne se trouve parmi vous personne, dit Dieu aux Israëlites,) qui consulte les devins, qui use de maléfices, de

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