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subsistances, et qui doit nécessairement les dépasser un jour. Alors elle restituera à la terre sa véritable valeur, que nulle

autre même n'atteindra. Le recensement de 1823 a porté la nôtre à 3 millions 704,306 têtes c'est depuis 1819, une angmentation d'environ 100,000 têtes par an. Toutefois il s'écoulera bien du temps avant que la population ne soit parvenue à crontrebalancer les effets de l'abondance. En attendant, il faut chercher à alléger le fardeau qu'on ne peut supprimer.

Le travail est le plus puissant auxiliaire de la prospérité comme de l'ordre public. C'est un devoir, c'est une grande habileté des gouvernemens, d'en faciliter les moyens. Repoussons l'oisiveté, nous au rons banni à la fois l'ignorance et la misère : tous les délits de la société viennent de là. Le travail éveille l'industrie, comme il est réciproquement alimenté par elle. Il s'associe aux lumières qui le fécondent ensemble ils font éviter les voies auparavant inaperçues qui mènent au vice: ils rendent la vertu savante, la bienfaisance ingénieuse, les hommes meilleurs, la société paisible et heureuse. Aussi l'administration du royaume at-elle essayé, autant que ses ressources le permettaient, de créer des travaux variés pour assurer divers genres de reproduction, ouvrir des voies nouvelles à l'échange et au débit des denrées, et du moins faciliter ainsi quelque peu les moyens d'acquitter les contributions, puisqu'il n'était pas encore permis de les réduire.

Déjà la construction des routes ferrées est achevée sur une espace de 66 milles d'Allemagne. Celle de Varsovie aux frontières de la Prusse sera terminée dans le courant de cette année, et offrira sur cette scule ligne qui traverse toute la largeur du royaume, depuis Kalish jusqu'à Brzesc, 60 milles d'une communication non interrompue, également parfaite dans toutes les saisons; épargnant désormais au voyageur les sables dans lesquels il était obligé de se traîner péniblement, lui abrégeant ainsi les distances et les rendant bien moins coûteuses, puisque les relais de poste aussi bien que les rouliers, y emploient actuellement moitié moins de chevaux qu'auparavant. Des messageries commodes et même élégantes y roulent, ainsi que dans toutes les parties du royaume, avec célérité et à bon marché. Cependant les péages aux barrières, tels qu'ils sont

établis suivant les réglemens actuels, ne suffisent point à l'entretien des routes ferrées, déjà ouvertes a la circulation; et à cet effet il sera nécessaire ou d'élever ces péages, ou de trouver un autre fonds plus fructueux, pour y suppléer, puisqu'il est indispensable que la prestation en numéraire qui a remplacé les corvées, puisse être entièrement employée à la confection de routes nouvelles. Tous les abords de la capitale à la distance de deux milles présentent également de belles chaussées ferrées, qui ont effacé jusqu'au souvenir des chemins difficiles et fangeux, qui naguères s'y reproduisaient dans chaque arrière-saison. On a construit des parties de routes, dans les palatinats de Cracovie, de Lublin, de Plock et d'Angustow, comme aussi 523 ponts; parmi lesquels celui de Zlotorya, réunissant sur la Narew les limites de l'empire et du royaume, l'a été aux frais communs des deux gouvernemens. Des maisons servant à loger les conducteurs et employés, bâties à des distances égales sur les routes, leur ajoutent un air de vie et de gaîté. Les chemins vicinaux et de roulage n'ont pas été négligés : ils sont tous dans un état constamment viable.

Le nivellement et l'arpentage des deux bords de la Vistule a été terminé dans toute la longueur de son cours. Les plans en sont levés par sections, depuis la frontière de Prusse jusqu'à celle de la ville libre de Cracovie. Le curage de ce fleure est exécuté dans l'espace de 16 milles, de Nieszawa à Plock. Des digues solides ont arrêté ces empiétemens dans les palatinats de Sandomir de Plock et de Mazovie. D'au tres rivières, telles que la Warta, Bzura, Pilica, Nida, Wieprz, Radomka, ent été curées; et par ce moyen leurs eaux rendues en partie à la navigation, comme leurs bords à la culture. On creuse un canal de navigation qui joindra la Narew au Niémen.

L'expérience a prouvé, particulièrement dans notre pays peu riche en capitaux, que pour y introduire une branche d'industrie utile et encore inconnue, les premiers frais d'établissement et les premiers sacrifices doivent être faits par le gouvernement. Ces établissemens n'attirent des acquéreurs que plus tard, et lorsqu'ils sont reconnus en pleine activité. Alors leur maintien, confié à l'intérêt privé, est garanti pour l'avenir, et sert de modèle à d'autres entreprises semblables. L'administration de l'intérieur, obligee d'agir conformément à ce principe, et

exposée par conséquent à l'incertitude des succès, qui, en dépit des calculs les plus exacts, dependent toujours en grande partie du hasard, a dû plus d'une fois lutter contre de nombreux accidens, courir des chances inquiétantes, et se voir livrée, ainsi que cela a lieu partout, aux jugemens éphémères de la légèreté, ou même aux accusations de la malveillance. Persévérant, sous les auspices d'un équitable et sévère contrôle de la surveillance souveraine, elle est parvenue à pouvoir, certifier que de nombreuses manufactures, inconnues auparavant, ont acquis une extension considérable dans le royaume, qu'elles ont suppléé en partie à la perte des anciens profits de notre agriculture, qu'elles ont désormais éveillé des projets, des entreprises et des espérances nouvelles; et cela presque généralement sans frustrer le gouvernement des fonds qu'il a assignés à cet effet, et en garantissant au contraire leurs rentrées successives.

Ainsi notre pays a cessé d'être tributaire de l'étranger dans plusieurs relations majeures. Les manufactures de drap surtout, non-seulement suffisent à tous les besoins de l'intérieur, mais elle en exporte considérablement au dehors. Les grands établissemens en ce genre de Franenkel, de Harrer, de Rephahn, et bientôt celui de Fiedler, ne le cèdent à aucun autre pour la perfection des machines et du travail, pour la finesse et l'aprêt des produits. Une observation constante témoigne que notre sol est singulièrement favorable au prompt affinement des laines : leur rapide consommation propage les troupeaux améliorés dans toutes nos provinces. Plus de dix mille familles de fabricans étrangers peuplent et animent des villes toutes nouvelles. Des mécaniques à filer la laine peignée, le coton, le lin, le chanvre, ont été introduites; des tissus, variés de ces matières et même en soie, des toiles imprimées et brochées, des nankins, des ouvrages en bonneterie, des schals divers se fabriquent; de beaux établissemens en fonderies anglaises, en produits chimiques, en verres taillés et cristaux de Bohême, en faïence, en papier, en fleurs artificielles, en maroquins, ganterie, en bronzes dorés, lampes astrales, et en beaucoup d'autres objets provoqués par les besoins de la société et par les encouragemens de l'administration, ont pris naissance simultanément chez nous et se maintiennent avec avantage. Ann. hist. pour 1825. App.

Une exposition des produits de l'industrie et des arts qui a lieu tous les deux ans dans la capitale, atteste leur multiplication et leur perfectionnement.

Les résultats du commerce extérieur ne pouvant plus être à l'avantage de notre pays depuis la baisse extraordinaire du prix des denrées, le gouvernement, donna la crainte de voir tout le numéraire s'écouler au dehors, comme aussi dans l'obligation de se conformer au système adopté pour l'empire, a jugé nécessaire de limiter l'importation des marchandises étrangères. Par là, le mouvement des foires de Varsovie s'est réduit principalement aux échanges intérieurs et nommément à la vente des laines dont un vaste dépôt a été formé dans l'emplacement même de la foire; et pendant l'année écoulée, environ 5000 quintaux en ont été négociés seulement dans la capitale. Mais les restrictions que les circonstances ont imposées au commerce étranger, setrouvent heureusement compensées par le bienfait du décret de S. M. qui fixe les relations commerciales entre la Russie et la Pologne. Ses effets, quoiqu'encore récens, se sont déjà montrés également avantageux pour les deux pays, et présagent tout ce que l'on est en droit d'en espérer lorsque le temps et l'habitude auront rendu ces rapports plus faciles et plus intimes. Des conventions particulières ont réglé nos relations de

commerce avec nos voisins.

Nos laines fines se sont multipliées assez pour fournir aux nombreuses et nonvelles fabriques de drap de l'intérieur, et pour qu'en outre on ait pu en exporter considérablement an dehors. Le troupeau de mérinos établi dans les domaines nationaux de Kielce, et composé de 2000 bêtes de race entièrement pure, a puissamment contribué à ces resultats, par les magnifiques béliers qu'il a livrés à toutes nos provinces. Des bâtimens vastes et commodes ont été construits à Janow, pour y loger le haras du gouvernement. Porté actuellement au-delà de 499 animaux de choix, il envoie chaque année de beaux étalons aux dépôts répartis dans les Palatinats où leurs jeunes élèves se font déjà remarquer. Ceux de la grosse espèce de bêtes à cornes, dont le tronpeay de race est entretenu près de Siedlce en Podlachie, ont été distribués et se propagent dans diverses parties du royaume.

L'utilité de l'institut agronomique à Mariemont est appréciée par les proprié taires qui n'ont pas négligé d'en attirer

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à leur service les élèves à mesure qu'ils s'y formaient les demandes, sous ce rapport, out été assez nombreuses et pressantes, pour que peu de ces élèves aient pu y poursuivre un cours complet de deux années. On y a fondé récemment une école de pauvres, à l'exemple de celle de Hofwyl, qui, comme tous les établissemens semblables, lorsqu'ils sont bien dirigés, promet de très bons résultats.

Un comité institué en 1820 a déjà terminé la description historique et statistique de toutes les villes du royaume, qui spécifie leurs titres, leurs états de situation, leurs dépenses fixes aussi bien que les fonds dont elles peuvent disposer, et dont l'excédant, ainsi que les sommes provenant des cautionnemens, sont employés chaque année en avances aux propriétaires qui y construisent des bâtimens en maçonnerie. La valeur de toutes les maisons est garantie par la société d'assurance contre les incendies, qui fait ses paiemens avec régularité et acquiert ainsi de plus en plus la confiance général, de sorte que par l'accroissement graduel de ses inscriptions, elle jouit déjà en somme d'un fonds de plus de 350 millions de florins. Ainsi des progrès sensibles se font remarquer dans les principales villes du royaume. Des rues tant anciennes que nouvelles, régulièrement pavées ou ferrées, entretenues avec propreté et bien éclairées; des édifices du gouvernement, des hôtels-de-ville, des abattoirs, des magasins s'y élèvent à côté des bâtimens de manufacturiers et des maisons particulières; la population juive se réunit dans des quartiers séparés, les jardins et les promenades publiques se multiplient; partout les traces des ruines anciennes s'effacent et disparaissent. Cette tendance vers l'ordre, l'utilité et l'agrément se manifeste avec plus d'éclat dans les nombreux embellissemens et dans l'accroissement de la capitale, dont la population monte au-delà de 120,000 ames, sans y comprendre les différens corps d'armée qui sont logés ou casernés dans la ville.

La sollicitude de l'administration a veillé sur les asiles de l'humanité souffrante et sur ceux du vice réprimé. Beaucoup d'hôpitaux ont été mieux dotés, agrandis, rebâtis leurs service est plus convenablement réglé. Une maison com. mode est complétement restaurée à Varsovie pour l'établissement de la société de bienfaisance, dout le zèle et les efforts constans méritent tous nos éloges. Une instruction uniforme a été rédigée

et mise en vigueur relativement à la régie des maisons de détention, dont un nombre considérable est construit à neuf, ou réparé et mieux distribué : les forçats sont occupés à des travaux publics ou a des ateliers de fabriques diverses.

L'activité de la police générale s'est soutenue, les points et mesures légales ont été partout introduits, les diverses services domestiques soumis à des règle mens plus précis, la discipline médicale rendue plus sévère, les avantages de la vaccination plus populaires, et ses succes récompensés par des primes; le vagabondage et la desertion vivement poursuivis, sont devenus plus rares. Le service des postes ne laisse rien à désirer. Plusieurs stations nouvelles ont été etablies; des maisons commodes et des éraries y ont été construites en maçonnerie, aux frais de la direction, et sur l'excedant du revenu qu'elle verse annuellement au trésor.

Une extension successive des ouvrages dans les minières du gouvernement y a déjà porté au-delà de 300 les diverses forges, fonderies, laminoirs, usines qui occupent plusieurs milliers d'ouvriers, et animent un pays autrefois désert. Outre l'argent, le cuivre, le plomb dont l'exploitation peut devenir plus considerable, 100 mille quintaux de fer égalanten qualité celui de Suède, plus de 40,000 quintaux de zine, 500,000 de houille, s'y produisent annuellement. Les recher ches de sel gemme se continuent à de gran des profondeurs, et semblent présager nn succès prochain. Les carrières de mar bre offrent graduellement des nuances nouvelles et rares.

Guerre.

Si la reconnaissance nationale a 2compagné la formation et les rapides progrès de notre établissement mihtart actuel, elle n'est pas moins due à la pers sévérance et aux soins nou interrompus qui ont su le maintenir constammest a la même hauteur. Riche déjà de ses propres exemples, et de l'approbation retérée du souverain, l'armée polonais. sous les auspices de son auguste chef, s'approprie sans relâche tous les perise tionnemens que le talent découvre et que l'expérience confirme.

Les améliorations graduellement obtennes dans sa partie administrative, e l'économie bien entendue qui y a ét introduite, out fourni les moyens d subvenir durant ces dernières annees i

DOCUMENS HISTORIQUES. (II Partie.)

des frais considérables, consacrés à des
institutions éminemment utiles, telles
que le corps des cadets de Kalish, où
s'instruisent plus de deux cents élèves,
placés désormais sous le régime militaire;
l'école d'application à Varsovie, destinée
à l'enseignement des connaissances d'un
ordre supérieur; les écoles à l'usage des
sous-officiers d'infanterie, de cavalerie
et d'artillerie, un bataillon de vétérans
actifs, un corps du train, 4 compagnies
correctionnelles, un corps de raquetiers;
les travaux dans les places fortes, l'ac-
quisition, la construction ou la restau-
ration de vastes bâtimens militaires, qui
ont embelli la capitale et plusieurs villes
du royaume,
et épargné les logemens
militaires à leurs habitans et qui déjà en
1823 suffisaient au casernemeut de 20,000
hommes et de 5000 chevaux. Toutes ces
dépenses, ainsi que le complètement de
tous les corps, ont été effectués sans au
cune augmentation des fouds assignés au
budget. Les règlemens relatifs au recru-
tement ont été revus et améliorés de ma-
nière à écarter toute espèce d'abus. Les
sous-officiers et les soldats qui, confor-
mément à la loi, ont rempli leurs an-
nées de service, obtiennent lorsqu'ils le
désirent leur licenciement aux termes
fixés. Toutefois ceux qui, par habitude et
par la connaissance du service, peuvent
offrir des exemples utiles à leurs jeunes
camarades, et qui sollicitent de continuer
à servir au-delà du terme prescrit, reçoi-
vent des chevroas d'honneur comme dis-
tinction honorifique et une augmentation
de solde, proportionnée au temps de
leur service. Cette disposition a maintenu
dans l'armée beaucoup de sujets recom-
maudables par leur zèle et leur capacité;
comme d'ailleurs la réputation méritée
de justice et d'impartialité en tout ce qui
concerne le régime militaire, attire un
grand nombre de volontaires de toutes
les classes, qui se présentent sans cesse
pour entrer dans les rangs.

L'attention paternelle qui préside aux
différentes branches du service, a semblé
épuiser sa sollicitude dans l'administra-
tion des hôpitaux militaires. Celui de
Varsovie, digne sous tous les rapports
d'être classé parmi ceux qui se distin-
guent en Europe, offre un modèle d'or-
dre, de propreté et de soins, pour le
soldat malade. Les hôpitaux des régi-
mens, les infirmeries des écoles militaires
et des places fortes, sont également di-
gnes d'éloges. Leur service en général
s'est considérablement perfectionné par

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le soin que le ministère de la guerre a en
d'établir un atelier de bandages et de
charpie, de pourvoir l'hôpital général et
les corps d'armée de bons instrumens de
chirurgie, fabriqués dans le royaume sous
la surveillance d'experts, d'introduire
l'hôpital
l'usage d'appareils fumigatoires, d'éta-
blir une école de chirurgie
général de Varsovie, où des fils de sol-
dats reçoivent une instruction élémen-
taire, et de faire fournir par la caisse
militaire des avances à plusieurs chirur
giens, pour leur procurer les moyens de
perfectionner leurs études à l'université
royale de Varsovie.

L'expérience ayant démontré que le soldat subsistant de sa solde satisfait le mieux de cette manière à ses besoins, et les soins que l'autorité prend pour son bien-être, ne s'étant jamais rallentis, il en est résulté que, l'esprit d'ordre et de discipline se propageant dans tous les corps, le nombre des délits commis va toujours en diminuant, et que chaque année la désertion devient moins fréquente.

La réunion de l'armée en 1823 auprès de Brzesc a procuré un avantage marquant aux propriétés situées sur le passage et aux environs du camp, qui par là ont eu une occasion favorable de dé biter leurs denrées et leurs produits. Le renouvellement de semblables réunions dans différentes directions du royaume, deviendra un bienfait pour ses habitans. De même la fourniture des draps fabriqués dans l'intérieur pour l'armée, a éminemment contribué aux progrès et à la prospérité de nos manufactures. C'est un tribut que nous avons décidément cessé de payer à l'étranger, et il est à espérer que la fabrication des toiles du pays acquerra bientôt par les soins et les encouragemens de l'administration une extension et un perfectionnement assez évident pour que les troupes puissent en être vêtues à leur satisfaction. Les matériaux en fer employés dans les fabriques et les ateliers de l'armée sont tirés des forges nationales, ainsi que le zinc laminé que l'administration militaire fait appliquer à la couverture des toits et à la confection des corniches; méthode qui se recommande de plus en plus par sa solidité, et qui ouvre un nouveau débouché à ce métal abondamment fourni par le sol polonais.

Le ministère de la guerre a fait aussi établir une fabrique d'instrumens de ma5. thématiques à l'usage de l'artillerie et du

génie, ainsi que divers ateliers de forge, de charronnerie, de menuiserie, et autres semblables, qui fournissent à l'armée des outils et des objets nécessaires, et qui donnent aux individus les moyens d'acquérir une instruction solide dans différens métiers.,

L'utilité n'a point fait négliger l'agrément. Ainsi les casernes de Lazienki, la nouvelle place d'exercice et le camp de Powazki, sout devenus des jardins rians, qui dérobent le sérieux de leur destination sons des abris de verdure et de fleurs. Tous ces avantages n'ont pu être obtenus que par une économie et une comptabilité scrupuleuse qui présente à chaque instant la facilité de justifier d'une manière claire et précise l'emploi des fonds dont l'administration pent disposer.

Finances.

L'administration des finances du royaume durant l'intervalle qui s'est écoulé de puis la dernière session, présentait de graves difficultés. Le déficit remarqué en 1820 avait fait des progrès dans le courant de l'année suivante : il entravait déjà, et menaçait encore davantage le service public. Les revenus des domaines nationaux baissaient rapidement, par le même motif de la dépréciation des produits de la terre, qui rendait la rentrée de la contribution foncière chaque jour plus difficile et plus incertaine. Cependant la pensée suprême qui dirige les operations du gouvernement, appela l'ordre dans les finances; et au moyeu de ce régulateur indispensable de toute bonne administration, avec le secours d'un contrôle plus sévère, et de quelque extension donnée aux impôts indirects, non-seulement le déficit a été comblé, le service public régulièrement satisfait, mais un excédant considérable en numé raire est déposé dans les coffres de la trésorerie pour servir à acquitter une partie de la dette nationale.

Pour accomplir ce devoir sacré, une convention avait d'abord été signée avec la Prusse. Une autre qui a réglé les intérêts d'état à état, entre l'Autriche et le royaume, préparé par la persévérance du même négociateur, a dû sa conclusion à l'intervention personnelle de notre souverain, tandis qu'un commissaire royal poursuit encore le règlement des prétentions particulières, dont les bases, enfin arrêtées, promettent la prompte solution de cette question importante. Il ne restera plus qu'à terminer les liquidations

pendantes avec la Saxe et la France) pour déterminer avec précision le montant de la dette publique et comme la révision définitive de toutes les prétentions sera simultanément accomplie par la commission liquidatrice, qui s'en occupe avec ardeur, toutes les mesures concourront ainsi à accélérer la satisfaction des créanciers de l'état.

Sans doute, la pénurie des proprié taires subsiste toujours, avec les causes qui l'ont produite; et loin de vouloir atténuer leurs justes doléances, le souverain, souscrivant dans sa sollicitude, anx vœux énoncés par les représentans de la nation, a fait rédiger un projet de systéine de crédit, qui déjà porte à la connaissance des conseils palatinaux, va être soumis aux chambres par le ministère des finances. Toutefois, en convenant de la détresse actuelle des propriétés, et en cherchant ainsi à relever leur valeur, le gouvernement croit que les charges foncières ne paraîtront point si onérenses lorsque le prix et le débit des denrées seront redevenus plus favorables. Puisqu'il n'a pas été possible de diminuer ces charges actuel ement, c'est au moins sans les augmenter directement que le ministère des finances est parvenu à replacer le trésor public dans la situation prospère où il se trouve.

Tel est le précis historique de notre administration pendant les dernières années. Elle ne peut actuellement. sons l'heureuse influence d'une paix générale, que se ressembler à peu près partout, dans la poursuite du bien-être particulier, de l'ordre public et des avantages sociaux. Sans doute l'acquisition plus on moins prompte et sûre de ces bienfaits, devrait dépendre plus de la bonté dn régime établi, que de l'activité de ceux qui veillent à son exécution. En ef fet, les hommes et les événemens passent mais si les institutions généreuses se maintiennent et traversent les temps; elles font, suivant les viscissitudes de la fortune des peuples, le bonheur ou la consolation du présent, ainsi que l'espérance de l'avenir. Heureux ceux à qui

elles ont été accordées par la divine Providence! Heureux surtout s'ils savent les conserver, en jouir avec mesure et tranquillité; et si la postérité ne peut au moins leur reprocher d'avoir intempestivement compromis de tels bienfaits! Lorsque des événemens fortuits ont place un faible état représentatif au milieu de puissantes monarchies absolues, quelle

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