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30 M. Guttinguer, négociant, membre de plusieurs assemblées législatives, + à Rome, âgé de 83 ans.

M. Granger (Pierre), ancien acteur du théâtre Favart, etc., professeur de déclamation au Conservatoire, t à Vernon, dans la 73o année de son âge.

2 NOVEMBRE. M. le chevalier Sartelon (Antoine-Léger), intendant militaire, aucien membre de la chambre des députés, etc., †à Châlons-sur-Marne, âgé de 55 ans.

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M. le vicomte de Montelegier, licutenant général, gouverneur de la Corse, etc., † à Bastia, à l'âge de 45 ans.

6 M. le comte d'Eybeu, ministre plénipoteutaire du Danemarck, † à Ratzebourg (Allemague).

10 M. Desmazis (Gabriel), ancien officier d'artillerie, chevalier de saint Lonis, administrateur de la loterie royale, à Paris, âgé de 70 ans. 13 M. Dupaty (Charles), sculpteur

membre de l'institut (académie des beaux-arts, à Paris, âgé de 53 ans. 14 M. de Richter (Jean-Paul-Frédéric), auteur de plusieurs écrits, publiés sous le nom de Jean-Paul, † à Bayreuth, dans la 63o aunée de son âge. 20 M. de Schrant, conseiller intime, ambassadeur extraordinaire et ancien plénipotentiaire de S. M. l'empereur d'Autriche, à Bernc, âgé de 82 ans. 21 M. Buache, membre de l'institut et du bureau des longitudes, † à Paris, âgé d'environ 85 ans.

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M. Desfontaines, doyen des auteurs dramatiques, opéras-comiques, vaudevilles, etc., †à Paris, a l'âge de

92 aus.

M. le duc Charles, Eugène de Lorraine (prince de Lambesc), dernier rejeton de l'illustre maison de Lorraine, à Vienne, àgé de 74 ans. M. le chevalier Guilleminot (Eugène), fils du comte Guilleminot, lieutenantgénéral, ambassadeur près la Porte sublime, à Constantinople, âgé de

20 ans.

27 M. Royer Collard, professeur de la faculté de médecine de Paris, mé decin ordinaire du Roi, † à Paris, à l'âge de 57 ans. 28 M. le comte Foy (Maximilien-Sébastien), lieutenant-général, membre de la chambre des députés, de l'arrondissement de Vervins (Aisne), †

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I DECEMBRE. S. M. ALEXANDRE Ier, empereur de toutes les Russies, Roi de Pologne etc. etc., † à Taganrog. Ce prince était né le 25 décembre 1777- (Voy, l'Histoire p. 377). 3 M. Daumec, sénateur d'Haïti, commissaire pour l'emprunt contracté au nom de la république, † à Paris. 4 Mgr. Joseph Octave Plessis, évêque de Quebec, † à Quebec.

6 M. Barbier (Antoine Alexandre), ancien bibliothécaire du conseil-détat, savant bibliographie, † à Paris, âgé de 61 ans.

8 M. le comte Mathieu Depère, Pair de France, à Toulouse, âgé de 79

ans.

9 M. le baron de Bentinck, lieutenantgénéral et grand-maître de la maison de S. M. la reine dss Pays-Bas, †à La Haye, à l'âge de 74 ans. 10 S. Em. le cardinal Louis Ercolani, †à Rome, à l'âge de 67 ans. 14 S. Em. le cardinal don Carlos da Cunha, patriarche de Lisbonne, † dans son palais de Junquiera, dans la 67 année de son âge. 18 M. Ballard, imprimeur du Roi, † à Paris, âgé de 53 ans.

20 M. le comte de Gorzenski, archevêque

de Posen et de Gnesue, † à Posen; dans la 84° année de son âge.

21 M. Gouin, l'un des administrateurs des postes, † à Paris, âgé de 81 ans. 23 Samuel Parker, savant chimiste, †à Londres, dans un âge avancé. 27 M. le comte Michel Andrewitsch Miloradovitsch, lieutenant-général, gouverneur militaire de Pétersbourg, †à Pétersbourg. (Voyez l'Histoire, p. 387).

28 M. Barbié du Bocage (Jean-Denis), membre de l'institut (académie des inscriptions et belles-lettres), gévgraphe du ministère des affaires étrangères etc., à Paris, âgé de 66 ans. M. David (Jacques-Louis), célèbre peintre, ex-conventionnel banui par loi de 1816, † à Bruxelles, dans la 78 année de son âge.

29

... M. le comte Magallon de la Morlière, lieutenant-général, † à Passy près Paris, agé de 71 ans.

MÉLANGES.

Extrait d'une lettre de M. Grandsire sur la situation du Paraguay au commencement de 1825.

«

Le Paraguay déclara son indépendance il y a environ douze ans, s'érigea en république en formant une direction de gouvernement composée de plusieurs membres. Depuis neuf années, le pouvoir exécutif a été remis daus les mains d'un seul, sous le titre de dictateur : il est à vie. Le segnor Francia, qui est âgé maintenant de plus de soixante ans, exerce ses hautes fonctions avec plus de talent que de philantropie. Administrateur habile, homme d'état inflexible, il a non seulement adopté, mais perfectionné le système de gouvernement de los Padres (les jésuites). Comme eux il a isolé son empire de tous les autres états; mais mieux qu'eux il sait ce que produisent l'activité, le travail, l'industrie et les lumières : aussi l'on peut dire que, s'il ne veut pas que sa nation entretienne des relations avec les autres peuples, du moins il ne cherche point à la maintenir dans l'ignorance et l'oisiveté. L'exemple des états confédérés de Buenos-Ayres, Santa-Fé et Corrientes, lui a paru redoutable; et, pour se garantir du danger, il n'a point hésité à prendre les mesures les plus violentes; il a rendu un décret prononçant la peine de mort contre tout habitant de BuenosAyres, de Santa-Fé et de Corrientes, qui oserait franchir les frontières du Paraguay, et la détention contre tous les autres étrangers; mais comme cet ordre pouvait nuire infiniment au commerce de son pays, il a accordé des licences, à plusieurs reprises, à des citoyens de ces trois états. Depuis, la guerre d'Artigas l'ayant mis à même d'apprécier les moyens, les forces et l'énergie du gouvernement portugais contre ce chef audacieux et entreprenant, le dictateur se rapprocha de ce

gouvernement, et le départ du Brésil du roi Jean VI, qui mit la couronne inpériale sur la tête de D. Pedre, héritier presomptif du trône de Portugal, le fixa sur les rapports qu'il désirait avoir avec ce prince dans l'intérêt des deux nations, et des relations commerciales s'ensuivirent. Aujourd'hui, les Brésiliens seuls sont autorisés par le dictateur à faire le commerce avec le Paraguay, mais sur deux points seulement, à Itapua (sur le Parana au sud), et au nord en face de Nueva - Coimbra (sur le Paraguay, fleuve.)

Parti de Montevideo par terre, au mois de juillet, en explorant la rive orientale et le pays du fleuve Urruguay, j'arrivai à Itapua, de Paraguay, le 18 août 1824. J'y séjournai comme prisonnier jusqu'au 14 septembre, et je logeai chez le commandant, où l'hospitalité la plus affable fut exercée envers moi. Je correspondis avec le dictateur, dont le séjour est à l'Assomption (capitale). S. Exc. me répondit dans ses diverses dépêches que la position dans laquelle se plaçait l'Europe envers l'Amérique du Sud, et principalement la France, ne lui permettait pas d'autoriser un étranger à traverser le Paraguay. Je respecte les motifs du dictateur et ne crois pas avoir le droit de m'en plaindre, quoique cette contrariété m'oblige à un détour de 800 lieues pour continuer mon voyage de découvertes.

« A l'époque de mon séjour à Itapna, les étrangers détenus au Paraguay étaient au nombre de soixante-sept, se composant de Créoles, Américains, Portugais, Espagnols, Suisses, Français, Anglais, Allemands et Italiens. Plusieurs, parmi ces étrangers, marquent honorablement dans les sciences et dans les arts; je citerai entre autres le célèbre naturaliste Bonpland qui est relégué à Santa-Maria-de-Fé, à 25 lieues d'Itapua. Quoique je fusse si près de cet

ami, il me fut impossible de correspondre avec lui, tant est grande la sévérité des ordres du dictateur, qui reçoivent leur exécution à l'instant même de la plus légère infraction, sans qu'aucune considération puisse vous sauver. M. Bonpland, botaniste distingué, aussi intéressant par ses connaissances profondes que par ses nombreuses collections du Paraguay en zoologie, ichtyologie, minéralogie, etc., dont plusieurs espèces sont entièrement inconnues à l'Europe, a établi des distilleries de cannes à sucre et de miel. Il exerce la médecine et la chimie; vingt Indiens sont employés par lui à conduire ses travaux qui le mettent à même de vivre honorablement et de réparer les pertes qu'il a éprouvées à la suite des evénemens arrivés en France. Son malheur est de n'avoir jamais pu parvenir à voir le dictateur; mais je ne lui ai pas laissé ignorer le vif intérêt que prenaient à son sort l'empereur et l'impératrice du Brésil, ainsi que le corps illustre de l'institut de France.

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» A mon retour à San-Borja, j'adressai au dictateur mes respectueux remerciemens pour l'accueil et les égards que j'avais reçus à Itapua, en demandant à S. Exc., au nom de l'Institut de France, dépositaire des lumières du monde, de faire cesser la détention de leur collò gue, et je terminai ainsi ma lettre : M. Bonpland est cher au monde saavant, qui désire ardemment son re« tour pour prendre part à ses richesses scientifiques. L'amitié qui me lie à ce << naturaliste ne le cède point à un désir « aussi noble, et je n'ai pas hésité à ex« poser ma liberté en franchissant les frontières du Paraguay pour obtenir « la sienne, et pouvoir mettre mon respectueux hommage aux pieds de « V. Exc. Dictateur, mettez le comble à votre gloire en rendant M. Bonpland à la liberté, l'Europe vous en << sera reconnaissante, et cette page de l'histoire est digne de figurer dans la vie politique du législateur du Paraguay. » (San-Borja, le 25 septembre 1824.)

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« MM. Deschamps et Ringer sont à l'Assomption, l'un d'eux exerce la médecine avec distinction. Un savant Anglais, naturaliste et botaniste, digne da plus vif intérêt, est aussi détenu depuis près de sept années; plusieurs de ses amis, membres de la société royale m'en parlèrent à mon passage à

Londres, et principalement l'honorable et savant M. Clift, président et directeur du Musée des sciences et d'anatomie: ce dernier, qui s'intéresse beaucoup au sort de son compatriote, victime de son amour pour les sciences, me pria de faire des démarches pour obtenir sa liberté. A mon arrivée à Buenos-Ayres, je vis le consul-général d'Angleterre à ce sujet; il me répondit qu'il n'avait point d'ordre de sa cour pour faire aucune tentative près du dictateur; mais il me pria verbalement, lorsque je serais au Paraguay, d'être utile à ses compatriotes, si cela était en mon pouvoir. De leur côté, de respectables négocians, MM. Stuart et compagnie, à Buenos-Ayres, écrivirent à Montevideo, où je me rendais, à S. Ex. le baron de Laguna, général en chef, capitaine-général de la province de Montevideo, pour réclamer son intervention près du dictateur Francia, en faveur de deux jeunes Anglais, leurs parens, détenus dans les états du Paraguay. La reconnaissance me fait un devoir bien doux de déclarer que, sans les passeports honorables que me donna le général Laguna, et la recommandation de l'institut de France en faveur de M. Bonpland, j'aurais subi le même sort que les étrangers déteuus au Paraguay. Tous ces messieurs exercent leur industrie dans ce beau pays, et habitent différens cantons d'où ils ne peuvent s'éloigner qu'à quelques lieues. Artigas est traité de la même manière, à trente lieues au-dessus de l'Assomption, et reçoit du gouvernement 40 piastres par mois, pour sa subsistance.

« Tous les habitans du Paraguay, indiens et créoles, savent lire, écrire et compter: des écoles publiques sont partout établies à cet effet, et les enfans ne quittent ces écoles que lorsque le cabildo (la municipalité) de l'endroit déclare qu'ils sont assez instruits. Le régime municipal est le seul en vigueur au Paraguay, et chaque année tous les cabildo de la république sont renouvelés par le choix de la nation, sans que le gouvernement intervienne ni directement, ni indirectement dans les élections. Trois indiens qui avaient réuni les suffrages, composaient le cabildo d'Itapua, lorsque j'y étais.

« Sur tous les fleuves, rivières et ruisseaux qui ne sont pas guéables, des pirogues toujours en bon état sont prêtes

pour faciliter les communications. Je n'en dirai pas autant des provinces du Brésil dont l'administration locale, par son apathie et son insouciance, met souvent la vie du voyageur en danger, malgré tous les efforts du gouvernement pour remédier à ce mal.

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« L'on voyage de jour, de nuit, dans tout le Paraguay, armé ou sans armes, avec des sommes considérables en or et en pierreries, sans crainte pour sa vie ni pour sa propriété; des lois du dictateur, exécutées avec la dernière rigueur, rendent les cantons responsables des vols commis sur leur territoire, ainsi que les particuliers chez lesquels ils auraient eu lieu; c'est pourquoi lorsque je quittai Itapua, le commandant fit venir toutes les personnes habitant le collége (où est son logement), et me demanda en leur présence si j'avais quelques plaintes à porter, ou quelque chose à réclamer. Pas un mendiant dans tout le Paraguay: le dictateur vent que tout le monde travaille, et sa ferme volonté fait loi. Aussi n'aperçoit-on pas la livrée de la misère qui, dans d'autres pays, couvre des individus indignes de la charité publique. Ce dictateur a établi dans sa capitale des lycées basés sur ceux qu'avait institués Napoléon. L'éducation y est entièrement militaire. Il existe aussi une institution basée sur celle de la Légion-d'Honneur, en faveur des jeunes filles pauvres. Les habitans m'ont paru heureux et contens sous le gouvernement qui, depuis plusieurs années, les fait jouir de la paix extérieure et de la tranquillité intérieure.

Je n'ai pas la prétention d'écrire pour l'histoire; mais en prenant la plume, je me dois tout entier à la vérité avec le vif désir de tranquilliser les familles qui auraient des parens détenus au Paraguay, et qui craindraient que les moyens d'existence leur manquassent. Mon voyage n'étant pas terminé, je nourris toujours l'espoir de faire cesser la détention de M. Bonpland, et de le ramener en Europe avec ses immenses richesses scientifiques...

GRANSIRE.

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lieues, nous voici enfin dans la capitale de la Perse, où nous sommes arrivés depuis quinze jours.

«Par ma dernière je vous rendais compte de notre voyage de Tellis à Tauris et de l'accueil que nous avions reçu du prince héréditaire de Perse: je reprendrai donc ma narration de l'épo que où nous quittâmes cette dernière ville.

« Nous nous mimes en route le 2 juin; à mesure que nous nous éloignions de Tauris, le terrain s'élevait graduellement jusqu'à ce que nous parviumes dans les montagnes de Tcharaf et Caflanguer, dont la hauteur, d'après nos observations barométriques, est d'envi ron 700 toises. Très-peu de temps s'était écoulé depuis la disparition de la neige dans ces montagues; les points les plus élevés en étaient encore couverts, et ils la conservent pendant l'été. L'aspect da pays était bien différent de ce que nous avions vu jusqu'alors. Ici plus de sécheresse, plus d'aridité; l'ail se reposait agréablement sur d'immenses prairies couvertes de plantes magnifiques, et émaillées de fleurs. C'était pour moi l'effet d'un rêve je recueillis de su perbes légumineuses et des plantes d'un grand nombre de familles ; je vous citerai entre autres un muscari à bulbe énorme, ayant une odeur fortement prononcée de muscat, mais dont le goût est âcre et désagréable.

M. de Richemont a été accueilli dans la capitale de la Perse avec les mêmes honneurs qui lui avaient été rendus à Tauris. Il fut conduit, à son arrivée, chez Aboul-Hassan-Khan, ex-ambassadeur en France et en Angleterre, actuellement ministre des affaires étran gères, où un logement avait été préparé. Peu de jours après, nous fùmes reçus en audience solennelle par le Roi des Rois, le maître de tout, l'ombre de l'Eternel sur la terre, en un mot par le Shah. Jamais je ne vis un spectacle plus curieux et plus théâtral, il faudrait, pour vous en donner une idée parfaite, vous en faire une longue description, mais le temps me manque; elle exigerait d'ailleurs, pour me servir du terme oriental, d'étre tracée avec de l'eau d'or, et malheureusement je n'en ai pas.

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Quoi qu'il en soit, je vous dirai qu'après avoir été conduits à travers la ville, par des gens armés de masses d'armes, dont ils frappaient ceux qui

ne se rangeaient pas assez tôt pour lais ser passer notre cortége, nous arrivâmes aux portes du palais, et nous entrâmes dans une immense cour où le Shah avait fait rassembler, pour nous montrer sa puissance,environ 5000 hommes de troupes, infanterie et artillerie, organisés à l'européenne, qui manœuvrèrent à notre arrivée. Toutes les pièces d'artillerie étaient ornées d'étendards per sans; des trophées embellissaient ce spectacle. A l'approche de M. de Richemont, qui portait la lettre du Roi, les tambours battirent aux champs. Nous nous étions rendus au palais sur des chevaux richement caparaçonnés; nous les quittâmes pour être introduits dans une espèce d'antichambre éloignée de dix minutes des appartemens du Shah, et où se trouvaient rassemblés tous les ministres. On nous y offrit du thé à la rose, et l'on nous présenta le kallyoon (pipe persane). Nous fùmes conduits près de S. M. par le grand-maître des cérémonies, et par le ministre des affaires étrangères, accompagnés d'une foule d'autres khans en costume de cour, et d'une multitude de gens armés. Arrivés à une petite porte, un concierge d'une taille énorme et d'une figure semblable à celle de Lucifer, nous ouvrit, et nous entrâmes dans un jardin où étaient deux pavillons vis-à-vis l'un de l'autre. Au pied de celui qui regardait la salle d'audience, était une foule de courtisans en grand costume, rangés sur une ligne et immobiles comme des statues, osant à peine respirer, quoiqu'ils se trouvassent à la distance de deux cents pieds environ de celui qui d'une geste pouvait trancher le fil de leurs jours.

Avant de monter dans la salle du Trône, le grand-maître des cérémonies se mit à annoncer de toutes ses forces que le vicomte de Desbassayns de Richemont, porteur d'une lettre de S. M. le Roi de France, demandait à être introduit. Le Shah répondit: Qu'il soit le bien venu. Alors, après avoir salué deux fois, nous fûmes introduits dans la salle. M. le vicomte déposa, suivant l'étiquette, devant le Shah qui était assis sur une espèce de trône où chaise d'antique forme, mais toute couverte de pierreries, la lettre et le présent du Roi. « La salle d'audience était d'une magnificence extrême, garnie d'ornemens en glace simulant des cristaux. Près du Shah et à sa gauche étaient placés dans

Ann. hist. pour 1825, App.

une attitude théâtrale, des grands de sa cour, tenant, l'un son diadème, l'autre son cimeterre, celui-ci son bouclier et celui-là son sceptre. Il est impossible de voir rien de plus beau. Tous ces insignes étaient entièrement couverts de pierreries; au sommet du bouclier était une émeraude d'une dimension extraor dinaire. Le Shah avait des bracelets au milieu desquels brillaient les deux plus gros diamans que l'on connaisse. De chaque côté de la salle, on voyait plusieurs de ses fils fixes et immobiles comme des figures de cires; ils étaient tous vêtus magnifiquement et couverts de pierreries. Vis-à-vis du Shah et derrière nous, dans une espèce de vestibule, figuraient des hommes en grand costume, tenant sur leurs épaules des ▾ haches d'or, marques de leurs redoutables fonctions; les yeux fixés sur le maître de tout, ils ne faisaient pas le moindre mouvement qui pût indiquer qu'ils étaient de ce monde.

« Ce silence, et la splendeur orientale qui réguait dans ce spectacle, inspiraient un mélange de terreur et d'admiration, et il produisit un tel effet sur notre pauvre drogman, qu'il en fut malade. Le Shah s'informa de la santé de Charles X et de celle de nos princes, et fit plusieurs autres questions qui témoignaient l'intérêt qu'il portait à notre monarque et à la France. M. de Richemont le satisfit sur toutes, et mit dans ses réponses beaucoup de dignité.

«

Futty-Alli Shah est un homme de soixante-six ans environ, remarquable moins par ses traits que par une barbe qui, comme vous le savez, est devenue historique: elle lui couvre presque toute la figure, laisse à peine voir ses yeux, et descend jusqu'à sa ceinture: ce en quoi il fait l'admiration de ses sujets, qui disent qu'il n'y a pas de plus grand roi sur la terre, car il a une longue barbe, un nombre infini de femmes, et quantité de chevaux.

«L'audience dura environ un quart d'heure; et nous fâmes reconduits à notre logis avec le même cérémonial.

« Je ne dois pas omettre de vous dire que M. de Richemont a reçu du Shah l'ordre du Lion et du Soleil de deuxième classe: c'est une étoile à huit pointes, enrichie de diamans et de pierres de couleur; elle se porte en sautoir; j'ai moi-même reçu l'ordre de troisième classe, qui se porte à la boutonnière...

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