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Note du ministre des affaires étrangères de la république des Provinces-Unies de Rio de la Plata, au ministre des affaires étrangères de l'empire du Brésil.

« Le soussigné, ministre secrétaire d'état aux affaires étrangères de la république du Rio de la Plata, spécialement autorisé par son gouvernement, a l'honneur d'écrire au ministre des affaires étrangères de l'empire du Brésil, pour lui apprendre que les habitans de la province orientale ayant rétabli par leurs propres efforts la liberté de leur territoire qui avait été occupé par les troupes de S. M. I., et ayant installé un gouvernement régulier pour l'administration de ces provinces, ont déclaré solennellement nuls et comme non avenus tous les actes par lesquels on a prétendu incorporer cette province à l'empire du Brésil, et ont témoigné en conséquence que leur désir constant était de se réunir aux provinces du Rio de la Plata, auxquelles leur province a toujours appartenu.

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Le congrès général des ProvincesUnics auquel cette déclaration a été soumise, ne peut sans injustice refuser de se prévaloir d'un droit qui n'a jamais été douteux, et il ne peut sans déshonneur et imprudence abandonner à son sort un peuple armé, courageux, irrité et capable de tout faire pour défendre ses libertés. A ces causes, le Congrès, dans sa séance du 25 octobre, a décrété que

conformément aux désirs unanimes des provinces de la république du Rio de la Plata, et à ceux de la province orientale, exprimés par l'organe de ses représen tans lorsque la loi du 25 août de l'année actuelle fut adoptée, il reconnaît, au nom du peuple qu'il représente, ladite province orientale comme étant incorporée de fait avec la république des Provinces Unies du Rio de la Plata auxquelles elle appartenait de droit et auxquelles elle désire être réunie.

«Par cette déclaration solennelle, le gouvernement général est tenu de pourvoir à la défense et à la sécurité de la province orientale, et il remplira cette obligation par tous les moyens en son pouvoir, et accélèrera par là l'évacuation des deux places que les troupes de S. M.L

retiennent encore.

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Le soussigné est autorisé à déclarer en même temps que le gouvernement des Provinces-Unies conserve dans sa nonvelle position le même esprit de moderation et de justice qui a toujours servi de base à sa politique, et qui a dirigé les efforts qu'il a faits jusqu'ici en vain pour obtenir par des négociations amicales la restitution de la province orientale. Le gouvernement donnera des preuves de cette modération et de cette justice quand sa dignité le permettra.

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Dans tous les cas, il n'attaquera que pour defendre ses droits et pour obtenir la restitution des places encore occupées, et il restreindra ses prétentions à conserver l'intégrité du territoire et à garantir, à l'avenir, l'inviolabilité de ses frontières contre la force et la séduction.

<< Dans cet état de choses, après avoir fait connaître à S. Exc. le ministre des affaires étrangères de l'empire du Brésil les intentions et les désirs du gouveruement des Provinces-Unies du Rio de la Plata, il reste à ajouter qu'il dépendra entièrement de la volonté de S. M. L d'établir la paix qui sera très-favorable aux intérêts des états voisins et même à ceux de tout le continent.

«Le soussigué a l'honneur d'être, etc. « MANUEL JOSE GARCIA. »

TRAITÉ entre S. M. le roi de Portugal et S. M. l'empereur du Brésil, por tant reconnaissance de l'empire du Brésil, signé à Rio-Janeiro, le 29 août 1825. (Vay, ci-dessus page 123.)

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L'empereur du Brésil, après avoir fait tous les sacrifices possibles pour le maintien de la paix, se voit réduit à la pénible nécessité de recourir aux armes pour défendre ses droits injustement attaqués par le gouvernement de BuenosAyres; et, comme sou silence et une plus longue souffrance pourroient attirer des soupçons sur sa politique, qui d'ailleurs est réglée d'après les principes de la justice, il a cru que sa dignité et le rang qu'il occupe parmi les puissances, lui imposaient le devoir de leur adresser une exposition frauche et sincère de sa conduite, tant pour le passé que pour le présent, envers le susdit état, afin que ses sujets, les nations des deux hémis phères et la postérité reconnaissent la justice de la cause qu'il défend pour conserver l'intégrité de son empire.

Dès le moment où la révolution a éclaté dans les provinces de la Plata, et nommément à Buenos-Ayres, la cour de Rio-Janeiro a gardé la plus stricte neutraité, malgré les sérieuses appréhen-, sions qu'elle devait avoir de la contagion révolutionnaire.

« De leur côté, les insurgés, sans que nous les eussions provoqués, et comme pour nous faire un reproche du système pacifique que nous avions adopté, ont commencé tout de suite à infester les frontières de la province de Rio-Grande de Saint-Pédro, en attirant les Indiens à leur parti, en levant des troupes pour envalir cette province, et en répandant des proclamations incendiaires pour porter le peuple de cette nation à la révolte. «S. M. T. F. a senti dès-lors que, pour garantir ses états contre les tentatives des révolutionnaires, il fallait élever entre eux et le Brésil une barrière forte et naturelle; et, tout en reconnoissant avoir des droits à la propriété de la Banda-Oriental, dont l'Espagne était en possession, elle conjura la cour de Madrid d'y arrêter la révolution; mais cette cour, au lieu de concourir à éteindre l'incendie dont cette province était la proie, l'abandonna à son sort, et elle tomba dans une anarchie affreuse. C'est

alors qu'Artigas s'empara de l'autorité suprême à Monte - Video. Les hostilités contre le Brésil furent poursuivies aveo plus d'acharnement; les habitans de la Bauda-Oriental furent opprimés à un tel degré, qu'un grand nombre ont cherché le salut dans l'émigration; et les troupes de Buenos-Ayres, de cette même province qui, plus tard, conçut le projet d'imposer le jong aux Cisplatins, ont éprouvé à Guabiju, en 1815, un si rude échec, que son gouvernement a été forcé de respecter le pavillon d'Artigas, et de sanctionner son usurpation, en le reconnaissant comme chef suprême et indépendant de la Banda-Oriental.

« Dans cet état de choses, S. M. T. F. n'avait d'autre parti à prendre que celui d'envoyer, comme elle a fait, un corps d'armée pour chasser ce chef audacieux au delà de l'Urugay, et pour occuper tonte la rive gauche de cette rivière. Par cette entreprise, qui fut exécutée au prix des plus grands sacrifices, le Brésil acquit des droits à l'occupation de ce territoire, dont Artigas était le maître, et dont l'indépendance avait été reconnue par Buenos-Ayres. L'entrée des troupes brésiliennes a mis un terme au désordre et à l'oppression; et les Cisplatins, voyant la paix rétablie et la fertilité rendue à leurs champs dévastés par la guerre civile et la tyrannie de l'usurpateur, ont témoigné toute leur reconnaissance.

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La tranquillité publique n'a jamais été troublée dans l'espace de quatre ans : tout annonçait le calme des factions, la sûreté des frontières du Brésil, et le contentement des Cisplatins, jouissant de tant d'avantages sous la protection de S. M. T. F. Cependant, Buenos-Ayres ne cessait pas d'employer tous les moyens les plus perfides, et les plus indignes d'un gouvernement sage et régulier, pour semer la discorde dans la BandaOriental, y créer un parti contre la domination de la cour de Rio-Janeiro, que l'on taxait de tyrannie et d'usurpation, pendant que l'on cherchait à insinuer aux partisans les plus exaltés, et même aux citoyens les plus paisibles, que l'occupation de Monte-Video aurait dû cesser avec la défaite d'Artigas, et que la cour de Rio-Janeiro ne devait pas tarder plus long-temps à en opérer l'évacuation.

« Or, si cette province n'avait point les élémens nécessaires pour être érigée en état séparé et indépendant, et si la mẻ

tropole, de son coté, n'avait pas les moyens on la volonté de la conserver et défendre, à qui la cour de Rio-Janeiro pourrait-elle la remettre sans exposer la sûreté du Brésil, sans courir le risque de voir se renouveler les mêmes scènes de dévastation et de carnage, dont elle a été le théâtre? Quand même cette évacuation eût été juste et opportune, serait-ce à Buenos-Ayres que le Brésil rendrait une province, dont on sait qu'il avait déjà reconnu l'indépendance? Et dans ce cas tout-à-fait extraordinaire, BuenosAyres, déchiré lui-même par les factions intestines, pourrait-il offrir au Brésil les garanties nécessaires contre le renouvellement des maux qu'il avait soufferts, et lui donner les indemnités auxquelles il avait un droit incontestable, et dont le montant surpassait la valeur du territoire occupe?

Monte-Video, sont convenus, le 3 juil let 1821, de dresser un acte spontane d'incorporation dans ladite province aux royaumes unis de Portugal, Bresil et Algarve, sous les conditions qu'ils out jugées convenables. La cour de Rio-la neiro les a acceptées, et, par la, elle a acquis le droit de maintenir et de defendre une incorporation qui a été operee d'une manière aussi solennelle.

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Malgré tant de franchise, de libéralité et de bonne foi de la part du cabine de Rio-Janeiro, malgré pour conserver la bonne harmonie avec Buenos-Ayres, ce gouvernement n'a jamais agi loyalement, et continua à souffler l'intrigue et le fen de la discorde, en répandant, par ses émissaires, que l'acte du Congrès etait coactif et illegal!

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Mais quelle peut être l'action qui, toute spontanée, toute légale qu'elle soit, « Dans cette circonstance, et au mone puisse être susceptible des interpreta ment de son retour en Europe, S. M. tions les plus opposées et contradictoires? T. F., portée par les sentimens de son Point de sûreté, point de bonne foi dans cœur magnanime, et par le desir de faire les sociétés, si l'on admettait le principe connaître à tous les partis de la généro de coaction sans avoir les preuves les sité de ses intentions, a daigné convo- plus claires et les plus décisives pour la quer à Monte-Video un Congrès extraor- constater. Et, comment cette incorporadinaire, composé de représentans de tion pourrait-elle être forcée, si deja aɛtoute la province, élus librement, et paravant elle avait été offerte par les d'après les formes les mieux adaptées aux autorités constituées de S. M. T. F., qui circonstances et usages du pays, pour ne l'a point acceptée? Si toutes les so délibérer sur le sort futur de la province, leunités requises pour la validité d'un tel et adopter la forme du gouvernement qui acte ont été remplies; s'il y conviendrait le mieux à l'intérêt général. jet discussion publique, Buenos-Ayres en a été témoin, et n'ayant tervention de la force armée, si le gore aucun titre pour s'opposer ouvertement vernement de Buenos-Ayresavaitemplove tous les moyens de séduction pour l I cours à son système d'intrigue pour pêcher; si la résolution du Congrès a été tromper la religion du peuple cisplatin, renforcée par les voies des autorités des

à une délibération solennelle, a eu re

et l'attirer dans ses vues ambitieuses.

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nombre dans la Bauda-Oriental, commencèrent à calomnier les intentions du

différens districts, qui

a eu a ce susans aucune in

ont été consultes

Ses émissaires, répandus en grand sur cette importante affaire: si, enfin, l'acte d'incorporation, qui a été imprime et publié, contient des clauses qui sout prévaloir de ses anciens droits et des vic- donc prouvé que l'incorporation en ques monarque qui, bien loin de vouloir se manifestement onéreuses au Brésil, il est

toires de ses armes, accordait à la province le droit de décider elle-même sur

son sort: mais la facilité avec laquelle le

tion ne fut ni ne pouvait être forcée. Et comme tout le monde sait, et même ceux

gouvernement de Buenos-Ayres pour- volution des colonies espagnoles, qu'a

suivait ses intrigues, et la prudence et la dignité avec lesquelles la cour de RioJaneiro méprisait ces perfides manœuvres

cune d'elles n'a un titre de supremate sur les autres, on doit reconnaître que le gouvernement de Buenos-Ayres a te le Congrès délibérait en pleine liberté. lui du Brésil, qui le présente aujourd'hui prouvent à la face du monde entier que constamment injuste et hostile envers ce au monde entier comme un ennemi tene les députés des différens districts de la à entraver sa marche, et à compromettre question avec la plus grande publicité, breux et perfide, travaillant sans relâche

En effet, après avoir discuté cette grave

Banda - Oriental, réunis en Congrès à

sa sûreté

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Peu de temps après cette incorporation, le Brésil s'est séparé des autres parties de la monarchie portugaise, et a fourni aux habitans de la Banda-Oriental, l'occasion de manifester leurs vœux et de montrer à Buenos-Ayres si l'incorporation de leur pays au Brésil était ou n'était pas forcée. Certes, le moment était le plus favorable; mais on a vu que, malgré toutes les intrigues du gouvernement voisin, les Cisplatins ont adhéré à la cause du Brésil, par l'organe de leur procureur général, en juin 1822; et ce qui prouve évidemment que cet acte d'adhésion a été libre et spontané, c'est qu'il a en lieu, pendant que la ville de MonteVideo était occupée par un corps de troupes portugaises qui, s'étant séparé de la cause du Brésil, aurait empêché cette union, s'il y eût eu un parti qui lui fût opposé.

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Buenos-Ayres a vu cette nouvelle preuve de la spontanéité des Cisplatins, sans donner aucune marque de désapprobation, et il aurait dû renoncer à la folle idée de réunir à lui un peuple sur lequel il n'a aucun droit, et en faveur duquel il n'a jamais fait le moindre sacrifice; mais il a voulu d'autres preuves de la sincérité de l'union des Cisplatins au Brésil, et les voici :

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« A l'avènement de l'empereur au trône, par unanime acclamation de toutes les provinces du Brésil, le 12 octobre 1822, les peuples cisplatins ont manifesté un si vif enthousiasme et ont mis tant d'empressement à prendre part à cet événement à jamais mémorable dans les annales du Nouveau-Monde, qu'ils ont prouvé par là qu'ils le faisaient en toute liberté, et par un sentiment de leur propre intérêt. Tous les Cabildos, toutes les villes et toutes les troupes de la province Cisplatine ont proclamé solennellement l'empereur D. Pierre Jer, et lui ont prêté serment de fidélité, en déclarant dans les actes qu'ils ont dressés à cet effet, que la seule protection de l'empereur pouvait, en mettant un terme à la révolution, soutenir l'indépendance et la liberté du pays, arrêter les complots des anarchies, et garantir les droits des peuples, la tranquillité publique, la sûreté individuelle et la propriété des citoyens.

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Eunemi implacable des institutions monarchiques, le gouvernement de Buenos-Ayres n'a pas pu en déguiser son ressentiment, et voyant que toutes ses menées avaient été frustrées par la loyauté inébranlable du peuple cisplatin, il prit

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Le gouvernement de Buenos-Ayres, en conséquence d'une explication aussi franche, a paru se désister de ses injustes prétentions; mais sa conduite ultérieure prouve jusqu'à l'évidence que, sous le masque de la dissimulation, il n'attendait qu'un moment favorable pour attaquer le Brésil, non pas par une déclaration de guerre ouverte et formelle (ce qui serait plus conforme à la justice qu'il prétend inculquer), mais par les menées les plus indigues et les plus odieuses.

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La mission de ce commissaire, qui se disait en même temps l'interprète des vœux des habitans de la Banda-Oriental, a été connue de ces habitans; mais ils étaient si fermement résolus de rester unis au Brésil, que l'empereur ayant volontairement présenté à ses sujets les projets de la constitution fondamentale de l'empire, en les invitant à faire librement, sur chacun de ses articles, les observations qu'ils jugeraient convenables, les Cisplatins, après la formalité d'un examen préalable qui en fut fait à chaque district de la province, ont accepté ledit projet de constitution, sauf les clauses de l'acte par lequel la province s'était incorporée au Brésil.

« Les faits nombreux qui viennent d'être cités devaient suffire à prouver la sincérité et la légalité de la réunion de la province Cisplatine au Brésil; mais il y en a un tout récent qui en comblera la preuve: c'est la nomination que les habitans de ladite province, malgré les intrigues et les insinuations perfides de Buenos - -Ayres, ont faite dernièrement des députés pour siéger au corps législatif de l'empire, et y prendre part à la représentation nationale.

Telle est l'exposition fidèle et résumée des faits relatifs à l'incorporation de la province Cisplatine à l'empire du Brésil. Et après des faits aussi positifs et des documens aussi irréfragables, constatant que cette incorporation a été libre et spontanée, qui pourrait supposer que le gouvernement de Buenos-Ayres oserait révoquer en doute la validité de cette incorporation, et prétendre la possession de la susdite province, comme si elle eût été nsurpée? C'est vraiment incroyable; mais ce gouvernement, qui n'a jamais cessé d'exciter une révolte contre le Brésil, leva le masque qui cachait ses horri bles desseins, lorsqu'il trouva l'opportunité de les réaliser.

« La surprise de la cour de Rio-Janeiro fut extrême, quand elle a vu que le gouvernement de Buenos-Ayres, sans une déclaration préalable de guerre, et an mépris de tous les principes du droit des gens avoit laissé sortir de sou territoire des bandes de révolutionnaires armés pour opérer une insurrection dans la province Cisplatine, de concert avec Fructuoso Rivera, ce traître qui, étant parvenu à séduire une partie des troupes qu'il commandait, tourna contre l'empire les mêmes armes qui lui avaient été confiées pour maintenir la tranquillité dans la province.

«Le cabinet de Rio-Janeiro n'a pas tardé un moment à employer les moyens en son pouvoir pour ramener au chemin de l'honneur tous ceux qui s'en étaient écartés, ni à demander au gouvernement de Buenos-Ayres les explications nécessaires sur la part qu'il paraissait avoir prise dans l'insurrection. Ce gouvernement, agissant toujours avec sa duplicité habituelle, a déclaré qu'il était tout-à-fait étranger à la révolte opérée dans la province Cisplatine; et, inalgré les demandes réitérées du commandant de l'escadre impériale stationnée à la rivière de la Plata, et du chargé d'affaires du Brésil à Buenos-Ayres, il s'est refusé constamment à rappeler ses sujets qui s'étaient réunis aux rebelles, ainsi qu'a désapprouver publiquement et formellement une entreprise criminelle qui compromettait si fortement la tranquillité des deux états; et tandis qu'il faisait au Brésil ce déni de justice, il invitait les autres provinces Argentines à fournir aux rebelles de la Banda-Oriental tous les secours dont ils auraient besoin.

« Si à tous les faits précipités nous ajoutons encore ceux qui suivent: l'éta

blissement d'une ligne militaire dans l'Urugaguay, sans aucun prétexte plausible, et sans l'avoir notifié à la cour de RioJaneiro, selon l'usage entre les nations voisines et civilisées; l'encouragement criminel par lui donné à la piraterie de ses sujets contre les bâtimens brésiliens, même dans la rade de Buenos-Ayres; les outrages faits par la populace au consul de S. M. I et aux armes de l'empire pla cées sur la porte de sa maison, sans avoir reçu aucune satisfaction de la part du gouvernement, et enfin les préparatifs de guerre que l'on faisait partout; les bâtimens de guerre que l'on achetait; les officiers de marine étrangers que l'on engageait, il ne pouvait rester le moindre doute sur les intentions hostiles et perfides du gouvernement de Buenos-Ayres.

Si la cour de Rio-Janeiro n'eût consulté que l'opinion publique des Bresiliens si fortement prononcée contre une aussi injuste agression, elle n'aurait point hésité un instant à avoir recours aux armes; mais elle fit taire son juste ressentiment, en attendant d'autres faits plus formels et offensifs pour réduire le gouvernement de Buenos-Ayres à l'impossibilité d'en nier l'évidence. Ces faits se sont présentés et les voici :

" Au moment même où le commandant de l'escadre impériale, et l'agent diplomatique du Brésil réclamaient contre l'entreprise hostile des envahisseurs de la province Cisplatine et de ceux qui partaient successivement de BuenosAyres pour aller les rejoindre, et que ce gouvernement, voyant avec indifference la continuation de tous ces attentats, protestait de n'avoir pas tramé la révolte qui avait éclaté dans la Banda Oriental, on ouvrait à Buenos-Ayres des souscrip tions publiques en faveur des rebelles; on leur envoyait des armemens et des munitions de guerre; on établissait à Buenos-Ayres un comité pour diriger toutes ces manœuvres et pour entretenir publiquement une correspondance avec la

Banda - Oriental, ce qui contribua à augmenter le nombre et l'audace des rebelles à tel point, qu'ils ont institué une espèce de gouvernement que celui de Buenos-Ayres ne tarda pas à reconnaître.

Par là, le gouvernement de BuenosAyres a donné la preuve la plus évidente de sa coopération avec les rebelles; mais pour en imposer à la cour de Rio-Janeiro, il fit semblant de lui envoyer un agent (qui n'est jamais arrivé)

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