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rensement le sieur Gébel ne prit pas la précaution de placer auprès d'eux une garde suffisante. Dans la nuit même, plusieurs officiers qui appartenaient à la Société des Slaves réunis, les lieutenans Kouzminę, Soukhinoff et Chipilla et le capitaine ex second baron Solovieff, pénétrèrent dans l'appartement où les Mouravieff étaient enfermés, les délivrerent, blessèrent le lieutenant-colonel Gébel et s'emparèrent de lui et d'un officier de gendarmerie qui l'accompagnait. Ce ne fut qu'alors que Serge Mouravieff conçut le projet d'insurger le régiment de Tcheruigoff. Du bourg de Trilessié, où il se trouvait, il se dirigea sur Kovalevka pour réunir la seconde compagnie de grenadiers, après avoir donné ordre au lieutenant Kouzmine d'y conduire la cinquième compagnie, et à Solovieffainsi qu'à la Chipilla de soulever celles qu'ils commandaient et de marcher sur Vassilkof. De Kovalevka, où il avait passé la nuit, Serge Mouravieff-Apostol se porta le 30 décembre vers Vassilk of avec les deuxièmne et cinquième compagnies; Bestoujeff-Rumine, qu'il avait envoyé en reconnaissance à Broussiloff, le rejoiguit sur la route. A huit werstes de la ville de Vassilkoff, Mouravieff apprit qu'elle était occupée par une compaguie sous le commandement du major Troukine, et donna l'ordre à ses soldats de charger leurs armes de son côté, le major Troukhine avait donné le même ordre aux siens; mais il ne fut pas obéi, et les compagnies rebelles entrèrent dans Vassiloff sans résistance. En y arrivant, Mouravieff fit saisir le major Troukhine, délivra Solovieff, Chipilla et plusieurs soldats mis en jugement, que le lieutenant-colonel Gébel avait fait arrêter; prit dans les boutiques de la ville du pain et des provisious de bouche, sans les payer, et se mit à concerter ses plans d'opérations. Il fut rejoint par plusieurs officiers, et nommément par Alexandre

Vadkoffsky sous-lieutenant au 17o de chasscurs, membre assez inactif de la Societé du Midi; qui arriva de Bélaia Tserkoff, d'où il l'avait mandé. Serge Mouravieff l'engagea ayec force à soulever ce régiment. « Je ferai mon possible pour y

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parvenir si on le réunit, mais cela ine paraît impraticable, » répondit Vadkoffsky, et il quitta Mouravieff. Celui-ci envoya dans le même moment un exprès à Kielf, espérant y trouver quelqu'autre membre de la Société, et pour demander du secours. Il pensait à se porter ou sur Kieff, ou sur Bélaia-Tserkoff, ou sur Jitomir, pour opérer sa jonction avec les officiers de la Société des Slaves réunis. Enfin il prit la résolution de faire un mouvement sur Broussiloff, d'où il aurait pu en un jour de marche gagner Kieff ou Jitomir, suivant les circonstances. Le lendemain, 13 décembre, à midi (car il avait attendu la 2o compagnie de mousquetaires) il commanda aux siens de se préparer à partir. Avant qu'ils se missent en marche, l'aumônier du régiment consentit, pour une somme de 200 roubles, à célébrer l'office divin, ainsi qu'à lire à la troupe un catéchisme composé par Serge-Mouravieff et Bastoujeff-Rumine, dans lequel, en donnant à quelques passages détachés de l'ancien Testament une interprétation arbitraire, ils avaient voulu demontrer que la démocratie était la seule forme de gouvernement agréable à Dieu. Mais, suivant la déclaration de Mouravieff, ce catéchisme mensonger produisit sur les soldats une impression defavorable à ses vues, et il fut contraint d'invoquer de nouveau le nom de M. le Césarevitch et d'assurer les rebelles que S. A. I. n'avait pas renoncé à la couronne. Sur la route de Broussiloff, il trouva la The compagnie de grenadiers et la r de mousquetaires dans le village de Motovilovka, sans leurs chefs (2) Il leur proposa de se joindre à lui et les y engagea instamment une partie de la com

(1) Quelques jours auparavant, Serge Mouravieff-Apostol ayant appris à Jitomir les événemens da 14 décembre, conçut de nouveau l'idée d'exiger des directeurs de la société secrète de Pologne, l'assassinat de monseigneur le Césarévitsch. Il pria en conséquence le comte Moszinski de leur faire parvenir la lettre que Bestoujeff-Rumine avait voulu leur expédier dès l'année 1824 par l'entremise du prince Serge Volkonsky. « J'espérais, dit Mouravieff, qu'après avoir « commis cet acte, la société de Varsovie se verrait obligée de commencer en Pologne une ré«volution dont nous aurions tiré parti. » Mais le comte Moszinski ne se chargea pas de cette lettre, déclarant que les statuts de la société polonaise ne lui permettaient de recevoir aucune communication écrite.

(a) Le commandant de la première compagnie des grenadiers n'était point absent, mais ses soldats, pour le soustraire à la fureur des rebelles, l'avaient engagé à revêtir un de leurs uniformes, et il s'y était prêté.

pagnie de mousquetaires y consentit; mais toute celle des grenadiers s'y refusa d'une manière décisive et se replia sur Bélaia-Tserkoff. Les insurgés passèrent toute la journée du lendemain (1er janvier) dans le village de Motovilovka, leur commandant Serge Mouravieff n'o sant leur imposer aucune fatigue le jour de la solennité du premier de l'an. Le 2 janvier, ne recevant aucune réponse de Kieff et présumant que la nouvelle de son insurrection devait être parvenue dans cette ville aussi bien qu'à Broussiloff il se dirigea sur Bélaia-Tserkoff et passa la nuit dans le village de Pologhy. Là, ayant appris de Chipilla que les troupes qu'il voulait soulever, n'étaient point à Bélaia-Tserkoff, Mouravieff changea de plan encore une fois, et retourna vers Trilessié, pour se rapprocher des membres de la société des Slaves pour tâcher de se réunir à eux; mais entre le village d'Oustimovka et de Korolevka, il rencontre le détachement de hussards du gé néral Geismar qui avait été envoyé à sa poursuite. « Je fis ranger mes compagnies « en bataille, dit-il, je leur commandaí « de se porter sur les canons, avec les of « ficiers qui restaient (1), sans tirer un a coup de fusil. Les soldats me suia vaient (2), lorsque je tombai sans con« naissance, blessé d'un coup de mia traille; quand je repris mes sens, « j'aperçus les miens en désordre; je « voulus les rallier, mais loin de m'obéir, a ils se saisirent de Bestoujeff et de moi, « et nous livrèrent au chef d'escadron du régiment de Marioupol qui nous avait a chargés. » Mathieu Mouravieff et tous les autres officiers furent également faits prisonniers à l'exception d'un troisième frère Mouravieff (Hyppolite) tué dans l'action, et du lieutenant Soukhinoff qui se sauva et qui plus tard fut arrêté à Kicheneff par les autorités locales; Kouzmine, l'un des officiers pris dans cette affaire, se brûla la cervelle le jour même en présence des deux Mouravieff avec lesquels il était enfermé (3).

Après avoir signalé le caractère, les vues et les actes des associations conspiratrices, découvertes en Russie, il ne reste à la commission que d'appeler l'attention de V. M. sur la part qu'ont personnellement prise à ces conspirations et à ces actes, les individus interrogés dans le cours des enquêtes, et en général tous les prévenus, tant ceux qui se trouvent nommés dans ce rapport, que ceux qui ont joué un rôle moins éminent dans les complots, quoique plusieurs aient participé aux plus criminels. Dans des notices séparées sur chacun des accusés, la commission s'est efforcée d'établir le degré de leur culpabilité respec· tive avec la plus scrupuleuse exactitude. Elle a indiqué leurs propres aveux, les dépositions des témoins à leur sajet, les nouvelles réponses qu'ils ont faites à la suite de ces dépositions, et les éclaircissemens qu'elles ont fournis. Ces notices, ainsi que les procès-verbaux de tous les interrogatoires et d'autres pièces plus ou moins importantes, accom pagnent le présent rapport de la commission, qui a l'honneur de les mettre sous les yeux de V. M. I.

30 mai 1826.

Signé Tatistcheff, président, ministre de la guerre; Michel, grand-maître de l'artillerie; Prince Gallitzin, conseiller-privé-actuel. Golénistcheff-Kotousoff, aide-de-camp général, gouverneur-militaire de Saint Pétersbourg; Ticherny cheff, aide-de-camp général, Benkendorff, id., Levacheff, id. Powpoff, id. Contresigné Bloudoff, conseiller d'état actuel.

Nous croyons devoir ajouter à ce rapport les résultats du jugement prononcé à Pétersbourg le juillet 1826 sur cette affaire, par la haute cour de justice.

Sur cent vingt-un accusés traduits devant cette cour et divisés par elle en douze catégories, 36 ont été condamnés à mort: la plupart des autres aux travaux forcés à perpétuité ou à temps avec

(1) En effet beaucoup de ceux qui s'étaient joints à lui à Vassilkoff, l'avaient déjà quitté. (2) Mais ce fut avec beaucoup de répugnance, suivant la déclaration de Mathieu Mouravic, et ils jetèrent leurs armes aussitôt que les hussards leur crièrent de se rendre.

(3) Parmi ces officiers, Soukhinoff, Chipilla, Solovieff et Mazalevsky ont été traduits devant un conseil de guerre de la première armée. Hippolyte Mouravieff-Apostol avait rejoint inspinement ses frères à Vassilkoff; il était resté avec eux malgré toutes leurs instances et particulerement malgré celles de Mathieu, qui prévoyait le résultat de leur coupable entreprise. Îl en parla en chemin à Bestoujeff-Rumine, qui lui répondit : « Si nous ne réussissons pas ici, tout n'est pas encore perdu; nous nous cacherons dans les bois, nous pénétrerons dans Pétersbourg et j'assassinerai l'Empereur. » Bestoujeff affirme qu'en tenant ce propos, il voulait seulement faire reprendre courage à Mathieu Mouravicif et l'empêcher de se tuer.

dégradation de la noblesse, et à l'exil perpétuel en Sibérie après l'expiration de leur peine; ceux des dernières cathégories à la dégradation de la noblesse et à la déportation en Sibérie, quelques-uns à servir comme soldats dans des garnisons éloignées, mais l'Empereur a modéré la rigueur des sentences prononcées.

Cinq des criminels d'état mis hors de toute catégorie « pour l'énormité de leurs forfaits, dit la sentence, » et condamnés à être écartelés, ont été pendus, savoir :

Le colonel Pestel, du régiment de Viatka:

Le sous-lieutenant Ryleïeff, journaliste :

Le lieutenant-colonel Serge Mouravieff-Apostol, du régiment de Tchernigoff:

Le sous-lieutenant Bestonjeff-Rumine, du régiment de la garde de Moscou. Le lieutenant Kahowski.

31 criminels rangés dans la première catégorie (le colonel prince Troubetzkoi, le lieutenant-colonel Mathieu Mouravieff Apostol, le colonel Davydoff, le général major prince Serge Volkonsky, le colonel Povalo-Schwéikovsky, le capitaine en second prince Sichpine-Boslowky, le conseiller d'état Nicolas Tourgueneff, etc. etc.) qui devaient avoir la tête tranchée ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité dans les mines, et à la dégradation (1). Enfin, tous les autres condamnés ont éprouvé quelque réduction dans la rigueur où la durée des peines qu'ils avaient à subir.

GRÈCE.

MANIFESTE publié au nom de la nation grecque, à Naupli de Romanie, le 26 juillet 1825.

« Le clergé, les représentans du peuple et les chefs civils et militaires de terre et de mer de la nation grecque;

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Considérant que, foudés sur les droits inaliénables de la nationalité et sur ceux de la propriété privée, aussi bien que sur les principes dominans de la religion et de l'indépendance des nations, et mus par les sentimens innés dans l'homme pour la conservation et la sûreté de sa propre existence, les Grecs

se sont armés pour en appeler à la justice, et que, pendant l'espace de plus de quatre ans, ils ont lutté avec constance contre les forces combinées de terre accourues d'Europe, d'Asie et d'Afrique: qu'au milieu de dangers imminens, tantôt ils ont détruit les forces si supérieures de leurs ennemis, et tantôt les ont entièrement anéanties; et que, quoique privés des ressources nécessaires à cette grande entreprise, ils sont enfin parvenus à sceller leurs droits, au prix du sang le plus précieux de la nation, et à prouver au monde civilisé ce que pent un peuple vraiment déterminé à reconquérir son indépendance;

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Considérant que les résultats mêmes de cette lutte si inégale n'ont fait que renforcer davantage dans l'esprit de la nation la résolution irrévocablement arrêtée par elle d'établir son existence politique;

Considérant que plusieurs agens de quelques-unes des puissances continentales, eu dépit des principes mêmes du christianisme qu'ils professent, n'ont point observé une conduite conforme aux règles tracées et établies par ellesmêmes, et que cette conduite si illégale a fait naître une foule de contestations politiques d'une nature et d'un caractère divergens.

Considérant que quelques-uns de ces agens s'efforcent, par les menées des émissaires qu'ils envoient dans l'intérieur de la Grèce, de faire naître parmi les Grecs des sentiments contraires à l'esprit et aux formes du gouvernement, sentimens qui ne conviennent qu'aux intentions et aux intérêts de ces agens;

Considérant que les commandans des forces navales de quelques gouvernemens font éprouver une foule de persécutions et d'entraves injustes à la marche régulière de la marine grecque et à ses mouvemens conformes aux règles du droit des le tout en violation de la neutralité gens, déclarée par leurs souverains aux congrés de Laybach et de Vérone;

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Considérant avec une vive douleur que les chrétiens eux-mêmes s'arment contre les disciples de l'Evangile pour secourir les sectateurs du Coran, et qu'une foule d'officiers européens s'empressent, contre les principes de toute politique et de toute saine morale, d'accourir de loin pour instruire ces derniers

(1) Ceux des conjurés qui ont été condamnés au travail des mines sont censé morts civilement: ils ont perdu jusqu'à leurs noins.

Ann. hist. pour 1825. App.

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et conduire en personne les armées des barbares qui viennent mettre à feu et à sang la terre qui couvre les ossemens mêlés des Cimon et des Zamados, des Léonidas et des Botzaris, des Philopœmen et des Nicetas;

Considérant que le gouvernement de la Grande-Bretagne, heureux de conduire un peuple libre, est le seul qui observe une stricte neutralité, sans daiguer suivre l'exemple des violations manifestes et de ces distinctions si contraires à la raison, que d'autres n'ont pas cessé de pratiquer en Grèce, à Constantinople et en Egypte;

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Considérant que l'indifférence du gouvernement britannique ne suffit pas pour balancer les persécutions que d'autres exercent contre la Grèce, et auxquelles ils donnent tous les jours une nouvelle extension;

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Les soussignés, députés philhelleniques de France et d'Amérique, ont eu connaissance que des individus, dans leur simple qualité de citoyens grees, se sont permis de se mettre à la tête d'une faction contre la constitution de leur pays; qu'ils ont signé et fait circuler une déclaration extrêmement injurieuse au caractère de leur nation et de leur gonvernement, qui ont toujours montré lin térêt le plus vif pour la prospérité et l'indépendance de la Grèce.

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Les soussignés savent que le sénat et le pouvoir exécutif, dans leur séance du 22 juillet, ont décrété de demander des secours au gouvernement des Iles-loniennes, pour la conservation de leur liberté politique menacée par l'invasion d'Ibrahim-Pacha.

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Quoiqu'il ait été bien pénible aux soussignés de voir le peu de confiance que le sénat grec, dans cette circonstance si grave, a mise dans les nations frauçaise et américaine, ils respecteraient néanmoins cette décision et toute antre qui aurait été faite par des voies legales, et d'après la constitution de l'état,

« Mais ils voient avec douleur que le sénat, au lieu d'exécuter ses décrets antérieurs, n'emploie pas les moyens de rigueur qui sont en son pouvoir pour ramener à l'ordre des individus grecs qui osent se mettre au-dessus des lois et cherchent à troubler l'existence politique établie dans la Grèce. En conséquence, ils croient de leur devoir de prévenir le gouvernement grec de cette atteinte illégale qui blesse le caractère de deux sations qui ont pris le plus vif intérêt à l'indépendance de la Grèce, et qui peut même par la suite nuire à ses intérêts.

« Le gouvernement grec doit connaître le danger qu'il court en permettant des délibérations de cette nature, qui sont dic tées par un esprit d'anarchie, et contre lesquelles nous protestons formellement.

«Les soussignés prient le pouvoir exécutif de vouloir bien leur donner les explications les plus claires et les plus positives sur un objet aussi important.

<< Ils attendent avec la plus grande im

patience une prompte réponse pour en informer leurs comités respectifs, afin de régler leur conduite dans cette cir

constance. »

Instructions du comité grec de Paris remises au général Roche, le 12 mars 1825.

M. le général Roche doit avant tout se bien pénétrer de la pensée que le comité gree de Paris, dont il est l'envoyé, n'appartient à aucun parti, et ne s'est formé que dans le but de seconder de tous ses moyens les héroïques efforts des chrétiens d'Orient pour revendiquer une patrie et le libre exercice de leur religion. Il doit donc demeurer étranger aux mouvemens de leur politique intérieure et extérieure, et se borner, dans toutes les occasions qui s'offrent naturellement, à leur faire voir les dangers des divisions intestines et les avantages inappréciables de l'union, qui seule peut les faire triompher de leurs

ennemis.

Un officier français d'un grade élevé dans l'armée, et qui emporte avec lui son estime et ses regrets, ne doit pas, lorsqu'il se vove noblement à la cause des Grecs, se faire un droit de ce dévouement, même pour les importuner de son zèle, et les forcer à l'acceptation de ses services. La modération, la mesure, une sage et prudente réserve, beaucoup de franchise, unie à une grande discrétion, telles sont les bases de la conduite de M. le général Roche. Il aidera de ses lumières, de son expérience, de son bras, le gouvernement grec dans toutes ses operations militaires; mais il se gardera bien de prévenir sa demande; et, lors même qu'il s'emploira le plus activement pour le triomphe d'une cause aussi sainte, il le fera avec ces égards, ces respects, cette obéissance qui seuls rendent les services aussi agréables qu'utiles, inspirent une pleine confiance, et forcent à la gratitude.

Le comité qui s'est formé à Paris dé sire essentiellement, dans l'intérêt même d'un succès qu'il appelle de tous ses vœux, que le gouvernement grec lui indique les moyens de lui être le plus utile. C'est dans ce dessein qu'il avait eu d'abord l'intention de proposer au gouvernement et ses principaux chefs, Miaoulis, Bozzaris, Canaris, Nicétas, et autres, de se charger de faire donner à leurs fils, à Paris, l'éducation la plus dis

tinguée; mais la crainte de gêner la détermination de ces généraux, ou de blesser leur amour-propre national, a arrêté cette résolution, fruit d'un premier moment d'enthousiasme. M. le général Roche, cependant, est chargé d'exprimer à ces illustres défenseurs de la Grèce combien le comité se trouverait beureux de procurer à leurs fils toutes les ressources que peut offrir la civilisation de la France. Il désiguerait alors quelquesuns de ses membres pour s'occuper paternellement de l'éducation de ces nobles enfaus. Il offre aussi de faire élever d'autres jeunes Grecs en France, et il s'est déjà assuré des fonds nécessaires pour fournir aux frais de voyage et d'entretien de huit d'entre eux dans un pensionnat, pendant quatre aus.

M. le général Roche est autorisé à les recevoir du gouvernement, et à les envoyer à Paris avec tous les soins et toutes les précautions nécessaires. Le comité pense que, sous les rapports de l'enseiguement, ce qui manque le plus aux Grecs, et ce qu'il serait le plus utile de leur donner, c'est cette portion de l'instruction qui appartient aux arts mécaniques, ou même à des arts plus relevés, tels que l'architecture militaire de terre et de mer. Il est prêt, au reste, à modifier ses idées d'après les connaissances plus précises que les chefs du gouvernement voudront bien lui donner des besoins du pays, et à s'entendre tonjours avec eux dans toutes les mesures qu'il faudra prendre, soit pour la délivrance de leur patrie, soit pour y introduire la culture des sciences et des arts.

Les opérations du comité n'acquerront ce degré d'importance et d'utilité, dont elles sont susceptibles, qu'autant que la situation politique et militaire, intérieure ou extérieure de la Grèce, lui sera parfaitement connue. M. le général Roche s'occupera donc de lui fournir des notions exactes sous ce double point de vue, et il s'attachera surtout à les faire jaillir de faits authentiques et d'un intérêt général. Il portera son attention sur l'organisation des armées de terre et de mer, sur leurs opérations, sur la situation morale et politique des Turs, sur celle de l'Épire, de la Macédoine, de la Thessalie et de tout l'Archipel. Les détails qu'il nous enverra sur tous ces objets, aussi bien que sur la situation financière et les approvisionnemens d'un pays que l'état de guerre n'a permis encore d'organiser que dans le but de la défense commune,

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