ces derniers, ayant epsuite abandonné la voulu contrebalancer leur ivfluence par société à diverses époques et rompu le moyen de l'association à laquelle il toute relation avec les plus ardens de travaillait. Toutefois ses plans n'eurent leurs anciens collègues, ont été jugés aucune suite, et l'association dont il dignes d'un généreux pardon, et V. M.I. avait conçu l'idée ne se forma point. a foué à l'oubli cette erreur d'un mo. Celle même qui existait déjà ne faisait , ment, qu'excusait encore leur extrême aucun progrès. Quelques - uns de ses jeunesse. Dès l'origine le but de cette as- membres, et nommémeut Pestel, quitsociation fut le changement des institu- tèrent Pétersbourg; d'autres trouvaient tions existantes dans l'empire. Telles sont de l'incohérence dans ses vues et des inà cet égard les declarations unanimes convéniens dans ses lois. D'autres encore, d'Alexandre, de Serge, de Mathieu et de et surtout ceux qui avaient simplement Nikita Mouravieff, ainsi que de Pestel. reçu la proposition de s'affilier à l'Union Qaaat au prince Serge Troubetzkoy, il (l'union du salut), comme Michel Mouaffirme qu'ayant la couscience de leur ravieff, frère d'Alexandre, Bourtzoff, faiblesse et de la témérité de leur entre- Pierre Kaloschine, Yacoucbkine, Vonprise, ils discutaient surtout dans leurs Viesen, exigeaient que la societé se bornat réunions les moyens de travailler au à agir lentement sur les esprits, qu'elle bien de la patrie, de concourir à l'ac- changeât ses statuts qui (d'après l'exprescomplissement de tout dessein utile, si sion de Nikita Mouravieff), avaient pour ce n'était par une coopération active, du base des sermens le principe d'une obéismoios par une approbation hautement sance aveugle, l'emploi des plus violens exprimée; de contribuer à la répression et des plus terribles moyens, des poides abus par la publication de tout acte gnards, du poison, etc. etc. et qu'à la condamnable qu'auraient commis des place de ces lois, elle en adoptât d'autres, employés indignes de la confiance pa- dout les principales dispositions auraient tionale, mais principalemeut d'accroître été puisées dans le code présumé du Tules forces de leur société par l'acquisition gend-Bund, tel que venait de le publier de nouveaux membres, dont les talens et une feuille allemande, intitulée Freywilles qualités morales devraient être cops- lige Blarter. Les membres primitifs de tatės à l'aide d'informatious préalables, l'union, qui se trouvaient alors à Moset qui devaient même subir certaines cou arec une division des gardes, s'opépreuves. Ce fut aussi , dans ces premiers posèrent long-temps à ce désir, et il est conciliabules, qu'ils résolurent de pro- å remarquer que ce fut lors de ces disposer à Yakouchkine et au général ma- cussions et dans une séance à laquelle asjor Michel Orloff de s'unir à cux. Le sistèrent Alexandre Nikita , Serge et Mapremier venait de quitter Pétersbourg, thien Mouravieff, Yakouchkine, Vonet le second s'occupait à la même épo- Vicsen, Lounine et le prince Théodore que, avec le comte Mamonoff et le con- Scliakovskoy, que naquit, ou du moius seiller-d'état actuel Nicolas Tourguéneff, que fut émise pour la première fois de la formation d'une autre société, qui l'affreuse idée du régicide. devait porter le titre de Societé des che- Uu des membres, Alexandre Mouravaliers russes. Le général-major Michel vieff, avait reçu une lettre du prioce Orloff et Alexandre Mourarieff s'invi- Troubetzkoy, qui annonçait : « que l'emtèrent réciproquement à accéder à leurs pereur avait l'ivtention de restituer à la sociétés respectives; mais ils ne purcot Pologne toutes les provinces conquises s'accorder sur les principes d'une réu- par la Russie, et que, prévoyant de la nion. L'intention du général était, d'a- part des Russes du mécontentement et près ce qu'il a déclaré, de fonder une même de l'opposition, il songcait à se société dont le seul objet eût été de retirer à Varsovie avec toute sa cour, et mettre un terme aux concussions et aux à laisser la patrie en proie anx troubles autres abus qui s'étaient glissés dans et à l'anarchie. Cette nourelle, dont l'administration intérieure de l'empire, ensuite les conspirateurs eux-mêmes reintention qu'il se proposait même de sou- coorurent l'absurdité, produisit néanmettre à l'approbation de S. M. I. Mais moins sur eux un effet à peine croyable. plus tard, ajoutant foi à des bruits qui Ils s'écrièrent qu'un attentat contre la vie prêtaient à l'empereur Alexandre le des- de l'empereur était de toute urgence. Le sein de rétablir la Pologne dans son ap- prince Théodore Sehakovskoy, à ce que cien état, et attribuaut ce projet aux dit Matbieu Mouravietf, proposa de n'en sociétés secrètes" polonaises, il avait remettre l'exécution que jusqn'au jour Ann. hist. pour 1825. App. 6 >> où son régiment monterait la garde. Et veillance et de la haine. Les membres l'on voulait déjà tirer au sort à qui serait étaient divisés en quatre sections on l'assassin , lorsque, livré depuis long. branches. Chacun d'eux devait s'inscrire temps aux tourmens d'une passion mal. dans une des sections, sans toutefois se heureuse qui lui faisait bair l'existence, refuser entièrement à prendre part ati cxcité par l'agitation de ses compagnons, travaux des autres. La première section enflammé par leur discours, Yakouchkine avait pour objet la philantropie, ou les offrit son bras au règicide. Il parut progrès de la bienfaisance publique et toutefois dans son égarement même, sen- privée. Elle devait surveiller tous les tir l'énormité du crime qu'il méditait. établissemens charitables et signaler aus Le destin a marqué en moi sa victime, directeurs de ces établissemens, ainsi disait-il. Devenu scelerat, je ne pourrai qu'au gouvernement lui-même, les abus plus vivre; je frapperai le coup et je me qui pourraient s'y glisser et les moyens luerai. Tous les autres s'effrayérent, leur d'opérer des améliorations. fougue se tempéra,et ils arrêtèrent cet élan. L'objet de la secondc section était le Le général major Von-Viesen s'efforça ducation intellectuelle et morale, la prode leur prouver que la nouvelle qui les pagation des lumières, l'établisseinent avait troublés était dénuée de fonde- d'écoles et particulièrement d'écoles à ment, ce que le prince Troubetzkoy lui- la Lancaster, et en général une utile même, appelé plus tard à Moscon pour coopération à l'instruction de la jeaéclaircir le fait, fut obligé de recon- nesse, par des exemples, de bonnes, naitre. De son côté, Serge Mouravicff- mæurs," par des entretiens et par des Apostol, dans une opinion écrite, trans- écrits analogues à ces rues, ainsi qu'as mise à la société le lendemain , repré- but de la société. Aux membres de cette senta que le crime projeté serait un seconde section était confiée la surfeil. crime stérile, parce que la société ne lance de toutes les écoles, Ils devaient possédait pas encore les moyens d'en inspirer à la jeunesse l'amour de tout ce tirer parti, Yakonchkine se rendit à ces qui était national, et s'opposer autant raisons; mais, en accusant scs collègues que possible à l'idée de la faire elever de l'avoir porté à un dessein coupable hors du pays, comme à tonte influence qu'ils condamnaient eux-mêmes, il rom- étrangère. La troisième section était apo pit pour quelque temps ses relations pelée à porter une attention particulière avec eux .et avee la société, qui, peu sur la marche des tribunaux. Ses memaprès, changea d'organisation, prit le bres s'engageaient à ne point se refuser titre d'Union du bien public, et adopta aux fonctions judiciaires qui pourraient un nouveau règlement rédigé par Alexan. leur être confiées par les élections de la dre et Michel Mourarieff, par le prioce noblesse ou par le gouvernement, à les Serge Troubetzkoy et par Pierre Kolos, remplir avec zèle et exactitude, å obserchine. La première partie de ce règle- ver avec soin la marche des affaires de ment a été découverte par la commission cette nature, à encourager les emplures qui la met sous les yeux de Votre Ma- intègres, à leur accorder mêre des sejesté. Les principales dispositions du cours pécuniaires, à raffermir dans les code de l'Union du bien public, la die bous principes ceux qui trahiraient quele vision des matières, les idées les plus que faiblesse, à éclairer ceux qui manremarquables et jusqn'au style même, y qneraient de connaissances, à signaler font voir une imitation ct en grande par- los employés prévaricateurs et à instruire tie une traduction de l'allemand. Les au- le gouvernement de leur conduite. Finateurs déclarent au nom des fondateu, s lement, les membres de quatrième de l'association, que le bien de la patrie section devaient se voner à l'étude de est leur seul but, que ce but ne saurait l'économic publique ; ils deraient cheravoir rien de contraire aux vnes du cher à découvrir et à définir les imargouvernement, que malgré sa puissante bles principes de la richesse des Rations, influence, le gouvernement avait besoin contribuer an développement de toutes du concours des particuliers, que la so- les branches d'industrie, affermir le crécieté qu'ils organisaient, lui servirait dit public et s'opposer aux monopoles. d'auxiliaire pour faire lc bien, et que Il n'était pas défendu aux membres de sans cacher ses intentions aux citoyens l'Union du bien public d'appeler cusdignes de les partager, elle ne poursui- mêmés l'attention des autorités locales vrait ses travaux en secret, que pour les sur les abus qu'ils auraient remarqués, soustraire aux inserpretations de la male quoiqu'en général la direction de l'Union 83 se réservåt le droit d'en informer le gou- titre d'effectives dès qu'elles étaient comvernement. Ce fut sans doute par ce posées de dix membres, et recevaient motif que plusieurs d'entre eux, et dans alors un exemplaire de la première partie ce nombre Michel Mouravieff, propo- des réglemens. Jusqu'à ce moment, elles sèrent de solliciter l'assentiment de feu n'étaient pas censées effectives. Cepenl'empereur à l'établissement de la societé. dant , l'Union centrale avait le droit de Mais la majorité n'accueillit pas cette faire des exceptions à cette règle pour proposition. L'organisation de la société accélérer l'extension de la société. Toute était telle qu'il suit: Ses fondateurs ou les direction effective pouvait eu établir une individus qui en avaient fait partie dès secondaire qui n'avait de relation qu'al'origine, formaient, en leur qualité de vec elle; mais, si la direction secondaire plus anciens membres, ce qu'on appé- en établissait une autre à son tour, et si lait l'Union centrale. Du sein de cette cette dernière était composée de dix union était tiré le conseil central, com- membres, celle-ci devenait entièrement posé d'un surveillant et de cinq asses- indépendante de sa fondatrice. Le titre seurs, dont l'un était élu , sous l'autorité de direction principale était dévolu à du surveillant, aux fonctions de prési- toutes celles qui avaient formé trois dident, et prenait alors le titre de chef de rections secondaires, ou trois sociétés l'Union. Tous les quatre mois, deux des libres ( aivsi se nommaient des sociétés assesseurs sortaient du conseil et étaient qui, sans faire partic intégrante de l'uremplacés par d'autres. Le surveillant nion du bien public, pouvaient néanl'était à la fiu de l'année. Quand le reste moins contribuer à l'accomplissement de des membres de l'Union centrale se joi- ses vues par leur insluence sur les lettres, gnait au conseil, cette assemblée prenait les arts, etc.) Les directions principales le titre de direction centrale. Le conseil avaient la prérogative de recevoir la secentral exerçait le pouvoir exécutif dans conde partie du règlement. Dans chaque l'Union; la direction centrale, le pouvoir direction, pour l'exercice de l'autorité, législatif. Cette même direction était pour le maintien de l'ordre et la division chargée de l'élection des fonctionnaires du travail, était élu un conseil composé de l'union dont elle formait aussi le tri- d'un surveillant et d'un ou de deux chefs, bunal suprême. Le conseil était autorisé selon que la direction elle-même se comà recevoir ses membres et à investir de posait de dix ou de vingt membres. ses pouvoirs, dans le lieu de leur séjour, Toutes les affaires, soit dans les direcles individus qui jouissaient de la con- tions, soit dans l'union centrale, se décifiance de l'Union centrale. La direction daient à la pluralité des voix. Les arrêts avait en outre le droit de nommer une étaient rendus de la mêine manière. Les chambre temporaire de législation, pour noms des membres qui avaient bien méexaminer, éclaircir et compléter les lois rité de l'union étaient inscrits dans un de l’union, sans en changer le but. Les livre d'honneur, et les noms de ceux qui lois arrêtées par cette chambre devant avaicot été expulsés, dans un livre provisoirement être mises en vigueur, d'ignominie. Les membres avaient le avec l'assentiment de la direction jusqu'à droit de quitter l'union, mais en s'engal'époque de leur sanction définitive par geant à garder le secret sur tout ce qu'ils le gouvernement suprême de l'union , le- y auraient appris. Ce même engagement quel ne pouvait étre établiqu'à l'époque où da secret devait être contracté par tous l'union se serait définitivement conslituée. ceux qui recevaient la proposition d'en. Il est évident, d'après ce qu’on vicnt trer dans l'union, et renouvelé quand de rapporter, que l'autorité dans cette lecture leur avait été faite de la première association secrète, et surtout le pouvoir partie du réglement. Il n'y avait point de la diriger vers un but quelconque, de cérémonie particulière pour les rérésidaient entre les mains des fondateurs ceptions. Le récipiendaire remettait une ou membres primitifs. C'était à eux à re- déclaration écrite, qui, plus tard, était cevoir de nouveaux membres, en éta- brûlée à son insu. Chaque membre deblissant chacun une direction. Les direc- vait verser dans une caisse commune la tions étaient appelées effectives, secon. vingt-cinquième partie de son revenu daires et principales. Elles prenaicut le annuel (1), et obéir aux lois de l'Union. (1) Toutes les dépositions sont d'accord sur le fait que cette règle était peu observée. A Pétersbourg, jusqu'à l'année 1825, on n'était parvenu á réunir que 5,000 roubles, lesquels furent remis au prince Troubetzkoy, qui les nsa, mais pas pour les affaires de la société. ; Tels étaient, d'après la première par- de cette association secrète qui résidait tie de ses règlemens, les principes et le, dans l'Union centrale, et son principal but de l'Union du bien public. La se- objet était de multiplier le nombre des conde partie ne fut jamais rédigée, ou membres, surtout à Pétersbourg, où se du moins elle ne reçut pas la sanction de trouvait la majeure partie de la direction l'Union centrale. Le projet en avait été centrale. Cependant, s'il faut en croire présenté par le prince Troubetzkoy; des dounées particulières qui n'ont pas mais il ne fut pas pris en considération, été confirmées par les aveux des prése. et Alexandre Mouravieff le jeta au feu nus, les membres de cette direction se avec d'autres papiers en 1822. On avait préparaient aussi à agir sur l'opinion pucependant eu soiu, daus la première par. blique par le moyen d'un journal peu tie, de mentionner la seconde, soit qu'on couteux, de chansons, de caricatures, et voulut offrir un appât de plus à la curio- voulaient, à cet effet, établir une litosité, soit qu'on se idewageât une occasion graphie hors du pays , et une imprimede découvrir un jaur aux nouveaux ric dans quelque village éloigné des deus membres de la société les véritables in- capitales. tentions de ses fondateurs. Ceux-ci, du Uu fait avéré, c'est qu'il y a eu entre reste , étaient loin de se conformer avec eux, sur les modes divers de gourerseexactitude aux dispositions de la pre- ment, des conversations et des débats mière partic du réglement. Dans l'éta- que beaucoup de membres de l'Unioa blissement des directions, l'ordre pres- pureut cousidérer comme des délibéra crit à cet égard était rarement observe. tions formelles. Selon Pestel et quelques Il y en eut deux de formées à Moscoa: autres, dès l'établissement de la première la première sous la présidence d'Alexau- société ( appelée Union du salut ou des dre Mouravielf, qui fit quelque séjour Enfans de la pa!rie), les fondateurs, dans cette ville, après s'être retiré du ainsi qu'on l'a déjà remarqué, avaieut service; la seconde sous la presidence du couçu des idées coustitutionnelles, mais prince Théodore Schakovskoy. L'vue et fort vagues, et qui se rapprochaient des l'autre ne se soutinrent que peu de temps. principes monarchiques. La première idee Il y en cut aussi deux à Pétersbourg, d'un régime républicain fut émise par présidées par l'oíficier de chasseurs Sé. Novikois daus son projet de constitution. mevoff et par le colonel Bourtzoff. Leurs Selon Pestel encore, il y eut à Petersmembres, quoique partagés en direc- bourg, au commencement de l'apnée tions, se réuuissaient partout où bon leur 1820, une séance de la direction centrale semblait, et ne suivaient pas de règlc qui, d'après le réglement de l'Union, était fixe sous ce rapport. Des societés libres, iuvestie du pouvoir législatif. Dans cette presque indépendautes de l'union du séance, sur la motion du membre qui bien public, se formerent également à remplissait les fonctions de surveillant, Pétersbourg. Il cn fut établi deux dans le Pestel fit l'énumération des avantages et régiment Izmailovsky; l'une par le prince des inconvéniens du régime monarchiqne Eugène Obolensky, par Jacques Tolstoy et du régime républicain. Après beauct par l'assesseur de collége Tokareff, coup de discussions, on alla aux rois, décédé depuis; l'autre par l'officier de «Tous, dit le mêine prévenu, déclarèrent chasseurs Séménoff. Toutes deux n'exis qu'ils préféraient le régime républicain tèrent pas plus de trois mois. Une troia (Nicolas Tourgueneff entr'autres), en ces sième société libre fut fondée par le co- termes: un président sans phrase. Le lonel Glinka, d'après les depositions du colonel Clipka fut seul d'un avis diffeconseiller titulaire Séménoff, qui avait reut: il prit la défense du régime monarfait lui-même partie des sociétés et des chique, et proposa d'offrir la couronne directions ci-dessus mentionnées. à L'IMPÉRATRICE ÉLISABETH. » Pestel En Petite-Russie, Novicoff forma on assurc, en outre , qu'il fut résolu que la essaya de former une société secrète, en décision de la direction centrale, qui la joiguant à une loge maçonnique, qu'il adoptait les formes républicaines , serait appelait préparatoire; mais, selon le té- transmise à toutes les autres directions. moignage de Mathieu Mouravieff-Apos- et qu'en effet il la communiqua lui-même tol, il ne cherchait que les moyens de se à celle de Toulczyn. A dater de cete procurer de l'argent, et ni sa société pi époque, ajouta-t il, les idées republic sa loge ne firent de prosélyte. caines prirent le dessus sur les idées Quant à Pestel, Nikita Mouravieff dé- mouarchiques, quoique plusieurs memclare qu'il n'avait pas reconnu l'autorité bres assurassent encore que si l'empereur de la nouvelle union, et qu'il avait tra- pris part eurent une autre réunion forvaillé suivant d'autres principes, d'abord tuite, à ce que dit Pestel, et que, couà Mittau, et depuis à Toulczyn. Pestel, tinuant leurs précédentes discussions, au contraire, prétend avoir, comme tous l'un d'eux émit l'idée d'attenter aux jours les autres, acquiescé au règlement de de l'empereur Alexandre. Nikita Moul'union du bien public, règlement ap- ravieff affirme qu'à l'exception de luipelé livre vert, d'après la couleur de sa même et de Pestel, tous repoussèrent reliure. Au surplus, toute l'activité d'A- cette proposition comme criminelle; que lexandre donnait à la Russie de bonnes tous soutinrent que la première consélois (selon leurs opinions), ils seraient quence d'un tel forfait serait une désasses sujets dévoués et ses défenseurs. treuse anarchie, et que Pestel ayant ré. Néannioins, les dépositions du colonel pliqué qu'il serait facile de la prévenir Pestel ne sont pas toutes confirmées par par l'établissement d'un gouvernement les autres accusés. L'un d'eux, Glinka, provisoire composé de membres de la soprétend que tout ce qui a été rapporté ciété, tous s'élevèrent contre lui avec plus haut, se passa non dans une deli. chaleur. Mais, s'il faut en eroire la débération formelle des membres de la di- position du scul Serge Mouravieff, cette rection centrale, mais dans une simple horrible proposition, renouvelée dans conversation sur divers objets politiques. une séance postérieure , fut adoptée à la Von der Brigen soutient que la majeure pluralité des voix. Parmi ceux qui assistèpartie des membres préseps n'était pré- rent, il ne se rappelle que lui-même, Niparée ni à une discussion de ce genre, ni kita Mouravieff et Pestel. à l'émission d'un vote définitif quelconque; Cependant l'Union du bien public conqu'entre autres Glinka et lui refusèrent tinuait à recruter de nouveaux membres. d'en émettre un; que Tourguédoff, au Les uns se laissaient séduire par les ma. lieu des paroles qu'on lui attribue , avait ximes (du reste assez haunales ) de phidit simplemént: «Un gouvernement ré. lantropie et de patriotisme qui se troupublicain avec un président est fort bon; vaient répandues dans la première partie mais en général tout dépend de la manière du règlement; d'autre cédaient à des dont est composée la représentation na- sentimens aveugles d'amitié et de contionale. » . » Le conseiller titulaire Séménoff fiauce ou à l'impulsion de la mode ; car il ajoute qu'il n'y eut aucune décision de est aussi une mode pour les opinions. prise, et que la délibération se ternina Les plus actifs de la société en profitaient par une discussion dans laquelle le co- pour jeter dans les âmes faibles la crainte Ionel Glioka s'efforça de démontrer qu'il du ridicule , ou pour exciter une vive cune pouvait exister en Russie qu'un gou- riosité. Il est même des dépositions qui vernement monarcbique. Enfin, aucun assurent qu'à certaines gens on offrait des prévenus ne fait mention de la pro- l'appåt d'avantages personuels. Mais position relativeà l'impératrice Élisabeth. beaucoup aussi commençaient à recouAu demeurant, toutes les circonstances naitre leur erreur, et l'un des premiers de ce conciliabule n'eurent, suivant les sut Alexandre Mouravieff. « Les rayons dépositions de Nikita Mouravieff, au- de la miséricorde divine, dit-il, éclaicune influence sur les idées de la géné. rèrent enfin mon âme plongée dans les ralité des membres de l'association, et ténèbres ; j'aperçus tout-à-coup l'abîme ne motivèrent nul ordre aux directions, sans fond sur le bord duquel je me trou. celle de Toulczyn exceptée. Dans plu- vais avec mes infortunés complices , et, sieurs séances subsequentes, il ne fut plus dans les larmes du repentir, j'adressai au question de gouvernement républicain, Tout-Puissant la prière de me pardonner et l'on ne discuta que les changemens mes crimes et les leurs; Dieu a entendu d'organisation et de marche pour l'union la voix du pécheur. Pendant six années du bien public. Pestel lui-même dépose consécutives, il m'a envoyé de terribles que non-sculement depuis la formation de épreuves; j'ai vu périr mes enfans; j'ai vu cette union jusqu'à sa dissolution, il n'y ma femme condamnée à des souffrances eut pas un seul principe fixe d'adopté sans remède, ma fortune complétement mais que, dans plus d'une occasion, ce dérangée, et j'ai fini par attirer sur ma qui avait été unanimement résolu était, tête le juste courroux de mou souverain quelques heures plus tard, uuanimement et le châtiment des lois, » Pendant quelchaugé. Il est à observer toutefois que, que temps, Alexandre Mouravieff ne put bientôt après la délibération ou conversa- vaincre une fausse houte, et se contenta tiou dont nous venons de rendre compte, de ne point vaquer à ses anciennes occuplusicurs des individus qui y avaient pations en évitant tout conciliabule. Mais, |