Page images
PDF
EPUB

pinion qui n'est pas de ma foi, que les princes excommuniés par le pape et son conseil, on toute autre autorité du siége de Rome, ou enfin d'une autorité quel conque, peuvent être déposés ou assassinés par leurs sujets ou par un individu quelconque ; et je promets que je ne nourrirai ni ne favoriserai aucun principe de cette nature, ou contraire à ce qui est dit dans cette déclaration, et je déclare que je ne crois pas que le pape de Rome, ni aucun autre prince, prélat, état ou potentat étranger, ait ou doive avoir dans ce royaume, directement ou indirectement, aucune juridiction, puissance, supériorité ou prééminence temporelle ou civile, et je désavoue, repousse et abjure solennement toute intention de renverser l'église actuelle afin d'y substituer l'église catholique romaine. Je jure solennellement que je n'exercerai jamais aucun privilége auquel j'aie ou je puisse avoir des droits, pour troubler la religion protestante ou le gouvernement de ce royanme; et en présence de Dieu, je jure et déclare solennellement que je fais cette déclaration et toutes les parties qui la composent dans le sens simple et ordinaire des mots, sans aucune évasion équivoque ou restriction mentale quelconque, sans aucune dispense accordée par le pape ou une autorité du siège de Rome, ou enfin une personne quelconque, et sans penser que je sois ou puisse Etre acquitté devant Dieu ou les hommes, ou absons de cette déclaration ou d'aucune de ses parties, quoique le pape ou toute autre personne on autorité quelconque annulât le serment et le déclarât nul et non avenu.

[blocks in formation]

Suivaient quelques dispositions réglémentaires pour la nomination aux dignités ecclésiastiques de l'église catholique d'Irlande, et les relations entre cette île et le siége de Rome; les bulles ou autres documens officiels qui seront reçus de Rome, devront être soumis à une commission d'évêques nommés par le Roi.

La première lecture de ce bill, proposée le 23 mars, se fit sans opposition; M. le secrétaire d'état Peel déclara que la décision de la chambre, qui en autorisait la présentation, lui inspirait trop de respect pour lui permettre de s'opposer à une première lecture. Mais il se réservait de combattre le bill à la seconde, que sir Francis Burdett et ses amis remirent après les vacances de Pâques (le 19 avril).

Ce même jour (23 mars) le rapport du comité chargé de faire une enquête sur l'état de l'Irlande fut déposé sur le bureau de la chambre des communes; il faut en dire quelques mots.

L'objet de cette enquête était de rechercher les améliorations à faire dans les lois qui régissent les sujets catholiques romains de S. M... Le comité s'était d'abord occupé de l'organisation et de la liste des francs - tenanciers qui exercent ou peuvent exercer à ce titre les droits d'élection et du mode à suivre pour assigner des

fonds pour le clergé catholique, objets à régler en même temps que passerait l'émancipation proposée. A cet égard, les membres de la députation catholique envoyée à Londres (M. O'Connell, etc.) convenaient de la nécessité de hausser le cens électoral, et de le porter à cinq ou même à dix livres sterl. de propriété foncière ou tenure franche pour les paysans d'Irlande; car en se tenant dans les termes de la loi anglaise, aux quarante sch. qu'elle exigeait pour le droit de voter, la majeure partie des élections irlandaises aurait été sous l'influence des grands propriétaires.

Le comité avait encore à considérer les changemens à faire dans les lois sur les rapports entre les propriétaires et les fermiers, sur la perception des dîmes et des taxes ecclésiastiques, sur l'abus de la multiplicité des sermens; sur l'organisation et le mode de procéder des cours féodales, des autres cours de justice et des grands jurys; sur le système actuel d'administration et de police, etc. Les décrets rendus dans les dernières sessions pour la perception des dîmes et sur les distilleries de grains, avaient produit les meilleurs résultats; le comité se flattait que la suppression des droits directs, l'abolition des droits de l'union et l'ouverture de relations commerciales plus libres entre les deux nations, augmenteraient en Irlande les demandes de travail, faciliteraient l'introduction des capitaux anglais et contribueraient efficacement à la prospérité générale du royaume-uni.

Plusieurs des améliorations indiquées ont été effectuées dans la session actuelle. Nous reviendrons sur les plus importantes.

La première de toutes était le bill pour l'émancipation des catholiques, dont la seconde lecture était si impatiemment attendue.

19 avril. Dès le matin du jour où cette lecture devait être proposée, une affluence considérable assiégeait toutes les avenues de la chambre pour assister aux débats. A l'ouverture de la séance la galerie était remplie d'étrangers de distinction, et il y avait au-dessous un si grand nombre de pairs, de protestans et de catholiques, qu'on ne pouvait pénétrer qu'avec difficulté dans l'enceinte de la chambre. La séance commença par la réception d'un nombre immense de pétitions contre toute concession aux catholiques, et de

plusieurs autres en leur faveur. Plus de cinq heures avaient été employées dans les débats qu'elles occasionèrent, lorsque sir Francis Burdett put être admis à proposer la seconde lecture de son bill. Elle fut appuyée par M. Brownlow, par sir Lethbridge, par le colonel Bagwell, par lord Milton, etc., et combattue par MM. Bankes, W. Peel (frère du secrétaire d'état de l'intérieur) et Dawson, etc. M. Goulburn se levait aussi pour s'opposer à la motion. Il avait à peine exposé les motifs qui le déterminaient à s'opposer au bill (motifs basés sur les principes de la constitution d'après lesquels on devait exclure de ses priviléges ceux qui pourraient compromettre son existence, s'ils étaient admis au pouvoir), quand les cris d'ajournement sont devenus si violens, que l'honorable merabre n'a pu obtenir un moment d'attention, et sur la motion de M. le secrétaire d'état Peel, la chambre s'est ajournée au surlendemain.

4 avril. Cette séance ne serait pas moins intéressante à suivre dans ses détails que celle du 1er mars, si l'attention du lecteur n'était déjà fatiguée, et si on n'avait encore à s'occuper des débats de la chambre des pairs. M. Canning, aussi indisposé, y reparut dans la lice. Il s'attacha particulièrement à repousser les objections faites contre les catholiques sur l'intolérance de leurs doctrines, sur leur soumission à un souverain étranger, et il soutint que cette soumission, bien expliquée par les théologiens modernes, et surtout par le docteur Doyle, évêque catholique d'Irlande, ne s'appliquait point à la souveraineté temporelle; que si les catholiques romains s'étaient faits les esclaves de leurs prêtres, s'ils étaient idolâtres en politique, c'était la faute aux lois cruelles portées contre eux. Ici, l'honorable secrétaire d'état des affaires étrangères rappelait cette série de lois pénales qui avaient réduit les catholiques d'Irlande à un état de misère et de dégradation peu au-dessus de celui des brutes. On les avait abrogées par degrés; et l'état du pays s'était amélioré en proportion. Les adversaires du bill reconnaissaient eux-mêmes les progrès qu'avaient faits la population, la richesse et l'intelligence; et, par une contradiction difficile à expliquer, ils refusaient d'accorder aux catholiques d'Irlande, les dernières concessions qui devaient les attacher sans retour à l'empire britan

nique. On craignait de les voir entrer au parlement, mais en quel nombre? de cinq ou six, peut-être. Si violent que leur langage fût, il ne pouvait l'être davantage que de certains discours proférés par des représentans protestans des comités catholiques, et cette violence même les discréditerait... Quant aux bills qu'on avait dessein de présenter en conséquence de l'émancipation, M. Canning en reconnaissait la convenance. L'état de l'Irlande, si différent de celui de l'Angleterre, autorisait l'élévation du cens électoral, et il fallait assurer l'existence du clergé catholique. On objectait à cela que la communauté ne devait pas supporter de taxe générale pour l'entretien d'une religion particulière; mais les catholiques, quatre fois plus nombreux en Irlande que les protestans, payaient des dîmes au clergé protestant. M. Canning n'entendait pas toucher aux revenus de l'Église établie; mais il pensait qu'on pourrait à cet effet lever un impôt pareil au regium donum, qui se levait sur les catholiques aussi bien que sur les protestans, pour soutenir une branche de l'église anglicane (le clergé presbytérien ).

Enfin l'honorable secrétaire d'état rappelant ce qu'on avait dit de la situation de l'Irlande, que c'était la partie faible, le point vulnérable de l'Angleterre, en tirait une conclusion toute opposée à celle des adversaires du bill, c'est qu'au lieu d'entretenir une plaże si fatale, il fallait y porter remède et en faire disparaître jusqu'à la

cicatrice.

M. Peel, secrétaire d'état de l'intérieur, après quelques dispositions oratoires pour faire excuser son dissentiment absolu d'opinion sur la question, avec M. Canning, commença par observer que le bill offrait, dans ses premières dispositions, une contradiction palpable dans la reconnaissance absolue de l'établissement permanent, inviolable de la succession protestante à la couronne impériale du royaume-uni, et de l'église protestante d'Angleterre et d'Irlande.... Quant aux capacités nouvelles que le bill conférait aux catholiques pour leur admission dans le conseil du Roi, M. Peel y voyait un grave danger.

Sans doute, disait-il, j'attache une grande importance au caractère personnel du monarque. Celui de feu S. M., par exemple, avait un grand ascen

dant; mais qu'on me permette de supposer qu'à une époque quelconque un prince qui a prêté le serment contre la transsubstantiation vienne, après avoir étudié la matière, à se persuader qu'il a été dans l'erreur, que l'ancienne religion était la meilleure, et à déclarer en conséquence son adhésion à la foi catholique, je dis qu'alors la paix et la tranquillité de l'état dépendent de la volonté, du caprice d'un seul individu, et qu'entreprendre dans ce cas de fortifier la loi de succession et de la dépouiller de l'autorité royale, ce serait exciter une convulsion publique; renverser les barrières existantes, ce serait donner à l'individu qui occupe le trône la facilité d'accomplir des desseins qu'avec ces restrictions il n'eût jamais conçues.

<< Mon honorable ami (M. Canning), après avoir tracé avec une éloquence énergique les progrès des lois pénales contre les catholiques et leur abolition graduelle, en est venu à cette conclusion, qu'il fallait une abolition totale, et cependant il a ensuite adopté, comme moyen terme, de mettre les catholiques sur le même pied que les dissidens. Il y a donc, de son propre aveu, des degrés entre la modification des lois pénales et leur rapport absolu. Notre condition serait très différente si nons en étions à faire choix d'une religion et d'une forme de gouvernement. Nous pourrions imiter la conduite de l'Amérique du Nord, n'avoir ni religion établie, ni prêtres salariés par l'état... Mais nous sommes une monarchie, nous avons une religion de l'état... la constitution de notre gouvernement l'a fait essentiellement protestant et opposé aux doctrines de l'église de Rome... et l'esprit de la constitution exclut directement les catholiques, d'après le serment qu'elle leur impose. »

[ocr errors]

Les défenseurs du bill avaient beaucoup insisté sur ce que l'église établie n'avait rien à craindre de l'admission des catholiques dans tous les emplois publics; Mais M. Peel, citant plusieurs fragmens des écrits ou prédications du docteur Doyle, prouvait que lui-même avait en plusieurs circonstances signalé l'établissement de l'église protestante, comme le plus grand fléau qui pût affliger l'Irlande, et que les doctrines catholiques donnaient au clergé de cette religion une influence forcée sur les affaires temporelles et sur les intérêts politiques, d'où résulterait pour lui la conviction absolue du maintien des lois actuelles pour assurer l'ascendant et la prédominance du gouvernement protestant.

«

Quand je compare, dit en terminant l'honorable ministre, la conduite actuelle de notre gouvernement en matière de tolérance religieuse avec le système suivi par la législature d'une contrée voisine, où l'on discute maintenant une loi pour appliquer la peine de mort à des outrages envers certains mystères de l'église catholique, je me fortifie dans ma conviction que le principe protestant de notre gouvernement offre plus de sécurité qu'aucun autre pour la conservation de la liberté civile et religieuse, et c'est à celui-là que je suis fermement résolu de rester attaché. »

L'assemblée était impatiente d'en venir aux voix. M. Brougham put à peine lui faire entendre quelques considérations en faveur du

« PreviousContinue »