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que, Pharamond (donné le 10 juin) a laissé quelque trace dans l'histoire des beaux-arts, par le mérite des détails du poëme, par quelques morceaux de musique, mais surtout par la richesse des décorations et la hardiesse des machines dans la belle scène de la vision. Il a rappelé les pompes théâtrales de Versailles dans le grand siècle.

Nous terminons à regret ce que nous avons à dire de ces fêtes qui se répétèrent dans toute la France avec plus ou moins d'éclat et de pompe, mais partout avec le même enthousiasme; et ce que l'histoire doit y remarquer, c'est qu'à cet égard toutes les nuances d'opinion se sont effacées, confondues dans le même sentiment: pendant plus de quinze jours toute querelle politique a semblé suspendue. On pourrait justement appeler cette heureuse quinzaine la Trève du sacre.

CHAPITRE XI.

Événemens divers. - Affaires générales.

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de la loi relative à l'amortissement. - Émancipation de Saint-Domingue.Querelles religieuses. Procès du Constitutionnel et du Courrier français. État de la France à la fin de l'année.

On a négligé de mettre à leur ordre de date quelques actes d'administration, quelques événemens d'une certaine importance politique survenus pendant la session législative. Mais la plupart ont été mentionnés dans les discussions avec assez de développemens pour n'y pas revenir; tels que le voyage du prince de Metternich à Paris (voy. chap. 1x, pag. 227 ), et l'affaire de M. Ouvrard dont l'instruction était remise à la cour royale de Paris. Nous allons jeter un coup d'œil sur les autres.

Avec les fêtes du sacre, finit la session législative ( 13 juin). Alors reprit le cours ordinaire des affaires, des opinions et des querelles de partis et de journaux. La cour quitta la capitale pour s'établir à Saint-Cloud le 27 juin, le même jour que le roi et la reine de Wurtemberg reprirent la route de leurs états. Tous les ambassadeurs étrangers, les personnes invitées au sacre, les députés, une foule d'autres personnes sortirent en même tems de la capitale. Trois des ministres obtinrent successivement des congés : M. le comte Corbière pour un voyage en Bretagne; M. le comte de Peyronnet pour aller prendre les eaux de Neris; M. le marquis de Clermont Tonnerre pour inspecter les divisions militaires et faire des revues...

Mais l'activité de l'administration civile n'en fut point suspendue... Deux objets l'occupaient alors : l'exécution des lois rendues dans la session pour l'indemnité accordée aux propriétaires dépossédés par l'effet des lois révolutionnaires, et la conversion des rentes...

Le jour même que la première avait reçu la sanction royale, il avait été nommé pour son exécution une commission dont presque tous les membres étaient pris dans les deux Chambres, dans les

premières autorités de l'état, divisée pour la répartition du travail en sections, dont la réunion générale était présidée pas le maréchal duc de Tarente, dont la voix s'était élevée la première en 1814 pour provoquer ce grand acte de réparation sociale. Quelques semaines suffirent à l'activité du ministre des finances pour organiser sous ses yeux les bureaux qui devaient être chargés de recevoir les renseignemens et de procéder aux liquidations dont on verra le résultat à la fin de l'année.

La conversion des rentes n'était pas moins que l'autre loi l'objet des vives sollicitudes du gouvernement. Quoiqu'il eût quelquefois refusé ou éludé de reconnaître la connexité des deux lois, elle était évidente, elle frappait tous les yeux. Il était clair qu'en proposant cette grande réparation sociale, il voulait la combiner dans l'intérêt des contribuables et l'opérer à l'aide du crédit, ou en d'autres termes, au meilleur marché possible...; mais le moyen qu'il avait imaginé n'en avait pas moins soulevé beaucoup d'esprits. Les discours de l'opposition avaient commencé par ébranler la confiance; la tribune législative fermée, ses journaux ne cessèrent d'attaquer la conversion des cinq en trois pour cent, et d'en détourner les rentiers comme d'un appât trompeur offert à la crédulité. Il n'est pas douteux que ces attaques, tous les jours répétées, n'aient produit leur effet même avant que des circonstances étrangères n'aient arrêté les conversions.

Dès la promulgation de la loi, la caisse d'amortissement avait cessé de racheter des 5 pour cent, qui se soutenaient au-dessus du pair; et l'activité des spéculations s'était portée sur le nouveau fonds. Mais il survint bientôt un obstacle serieux à la hausse qu'on avait espérée. La dépression des fonds anglais, dont nous dirons les causes au chapitre de la Grande-Bretagne (les 3 pour cent consolidés étaient tombés du cours de 95, où ils étaient au commencement de janvier, à celui de 91 au mois de mai), influa défavorablement sur le cours de Paris. Il était bien connu que plusieurs banquiers intéressés à la bourse de Londres s'étaient retirés de celle de Paris... Aussi pendant les mois de mai et de juin le cours des 3 pour cent flotta entre 75 et 74. Il parut prendre au mois de juillet

un essor favorable à l'opération, il s'éleva jusqu'à 76 fr. 30 c.; mais les journaux de l'opposition, continuant leurs attaques, détournant les rentiers de convertir et soutenant toujours que les seules rentes converties étaient de ce qu'on appelle à la bourse la rente flottante ou non classée, restée des derniers emprunts entre les mains des capitalistes, portion de rente évaluée de 25 à 30 millions, la confiance des rentiers ne se rattacha point à une opération si violemment contrariée.

Enfin, le 5 août, au terme assigné à la faculté de convertir les inscriptions, une commission nommée pour constater le montant des conversions, reconnut que la quotité des demandes de conversions demandées, s'élevait à .

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et celle des conversions opérées à.
qui s'élevèrent par les conversions ultérieures (jus-
qu'au 22 septembre) à.

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lesquelles produisirent en 3 pour cent une somme en rentes de .

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30,688,268 fr.

30,427,538

30,574,116

24,459,035(1),

d'où il résultait déjà dans l'intérêt général de la dette une réduction de plus de 6 millions, qui fut immédiatement appliquée au dégrèvement de la contribution foncière pour 1826 (ordonnance du 23 septembre).

Quelques événemens ou actes de l'administration vinrent distraire l'attention publique des agitations de la bourse, l'incendie de la ville de Salins (27 juillet); le réquisitoire du procureur général de la cour royale de Paris (M. Bellart) contre les deux journaux de l'opposition libérale (le Constitutionnel et le Courrier Français), (30 juillet), et la nouvelle de l'émancipation de Saint-Domingue (11 août.)

L'incendie de Salins, occasioné par une imprudence particulière, et favorisé par un vent impétueux dans une grande sécheresse, s'était communiqué d'un extrémité de la ville à l'autre, avec une rapidité telle que tout le zèle des habitans, des autorités et des

(1) On ne parle point ici de la conversion en 4, objet si minime que

troupes accourues n'avaient pu en arrêter les progrès. Deux heures après, il n'en restait plus que l'hôpital et quelques maisons d'un quartier isolé : une population de cinq mille habitans errait dans la campagne, sans asile et presque sans vêtemens et sans pain. D'abord la commisération des communes environnantes y pourvut. Ensuite des souscriptions abondantes dont la famille royale donna le généreux exemple, furent ouvertes dans toutes les communes du royaume. Elles avaient produit à la fin de l'année environ 700,000 fr. Ce n'était pas le dixième des pertes évaluées par les autorités locales à 7 millions; encore s'éleva-t-il dans les journaux des querelles au sujet de la répartition ou emploi des secours. Car les partis font querelle de tout.

Mais il s'en élevait alors un sujet bien autrement grave à leurs yeux... C'était le réquisitoire du procureur général (M. Bellart) près la cour royale de Paris, contre le Constitutionnel et le Courrier Français, pièce qui porte la date du 30 juillet, mais qui ne fut entièrement connue que trois semaines plus tard par la publication du Moniteur (30 août). Il les dénonçait à la cour pour leur tendance coupable à porter atteinte au respect dû à la religion de l'état par le mépris qu'ils s'attachaient à déverser sur les choses et les personnes de l'église, par des provocations à la haine contre des prêtres; en général, par leur « acharnement à propager contr'eux des milliers d'accusations fausses, au milieu desquelles s'en produisent quel« ques-unes de vraies, qu'on avait grand soin de ressasser et d'empoisonner.

«

« Tels sont, disait le réquisitoire, les moyens perfides employés

« à présent par les deux journaux inculpés pour arriver à leur but,

«

qui est de détruire la religion catholique, pour y substituer le "protestantisme, ou plutôt le néant de la religion. >>

Ici, M. le procureur général citait et commentait un grand nombre d'articles inculpés, et il terminait son réquisitoire par demander « qu'attendu que l'esprit desdits journaux, résultant de l'ensemble « de leurs feuilles, etc., est de nature à porter atteinte au respect dû a à la religion de l'état, lesdits journaux fussent suspendus, savoir,

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