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assez pour dissiper les défiances répandues à ce sujet, soit que le premier magistrat de Tambate (M. Manuel da Cunha de Azevedo) eût fait de nouvelles tentatives pour rétablir l'absolutisme, il fut suspendu de ses fonctions et mandé à Rio-Janeiro pour y rendre compte de sa conduite.

Cette affaire et l'invasion de Chiquitos, également désavouée trois mois après qu'elle avait été opérée, entretenaient dans les esprits une inquiétude qui fut encore augmentée par les nouvelles de Monte-Video; il était urgent d'envoyer des secours. On regrettait alors l'absence de lord Cochrane, premier amiral, qui venait de retourner en Angleterre sur la frégate la Pirauga, sans qu'on sût si ce départ était l'effet d'une disgrâce ou d'une retraite volontaire; mais l'empereur opposant à toutes les difficultés une résolution ferme, fit armer, au moyen d'une presse rigoureuse, les bâtimens de guerre qui se trouvaient à Rio-Janeiro, embarquer les troupes disponibles, et chargea l'amiral Lobo de demander au gouvernement de BuenosAyres des éclaircissemens et des satisfactions sur la part qu'il avait prise à cette insurrection. Nous venons de dire le résultat de cette expédition.

L'attention générale était occupée de ces événemens lorsque sir Charles Stuart, plénipotentiaire du roi de Portugal, pour traiter de la reconnaissance du Brésil comme état indépendant, arriva de Lisbonne sur le vaisseau de guerre le Wellesley (17 juillet), et débarqua le lendemain sans déployer de caractère public. L'empereur se trouvant comme par hasard sur son passage, s'arrêta un moment pour le féliciter sur son arrivée, et lui indiqua immédiatement une audience particulière pour le lendemain, Il y a lieu de croire que les bases du traité furent posées dans cette conférence. S. M. nomma pour plénipotentiaires Léon-Joseph de Carvalho é Mello, ministre des affaires étrangères; Villela Barbosa, ministre de la justice, et le baron de Santo Amaro, conseiller d'état. Suivant les bruits qui ont couru sur ces conférences, et qui ne seraient pas dans l'esprit actuel de la politique anglaise, le plénipotentiaire portugais ne voulait d'abord donner à don Pedro que le titre d'Empereur régent, en sorte que la situation relative des deux pays eût été la même qu'après le départ de Jean VI; ensuite il demandait que le Brésil payât à la métropole a millions de liv. sterl. (50 millions de francs), comme indemnité ou prix de l'indépendance qu'on lui accordait. Mais à la fin, après un mois de débats diplomatiques, le traité fut signé le 29 août, tel que nous le rapportons (Voy. l'Appendice, p. 123); et malgré les précautions prises, malgré les sacrifices faits de part et d'autre, on a vu qu'il ne satisfit encore ni toutes les prétentions, ni toutes les inquiétudes. Le silence gardé sur le cas éventuel de la succession au trône de Portugal explique suffisamment

celles-ci.

Quoi qu'il en soit, le traité du 29 août fut accepté des deux côtés comme un procès gagné. Le cabinet de Rio-Janeiro nomma sans délai des ministres près de tous les états d'Europe où il n'avait que des agens sans caractère officiel : et il prit un rang que sa position politique et géographique devait rendre important.

D'après le service que sir Charles Stuart venait de rendre au nouvel empire, on ne doutait pas qu'il ne jouît d'un grand crédit sur le cabinet; on a lieu de penser qu'il a contribué à faire désavouer l'occupation de Chiquitos, qui eût entraîné une invasion immédiate de l'armée colombo-péruvienne dans les provinces du Brésil, et qu'il fit tous ses efforts pour concilier les différens qui existaient avec le gouvernement de Buenos-Ayres; mais ici le talent du diplomate anglais échoua contre les vues de l'ambition.

D'ailleurs, quelque intérêt que l'Angleterre pût mettre à pacifier les querelles qui s'élevaient entre les états du Nouveau-Monde, il est naturel de penser que son ministre avait encore plus à cœur de mettre les circonstances à profit pour assurer au commerce anglais tous les avantages qu'il pourrait obtenir au Brésil... Le ministre des affaires étrangères donna dans ce temps-là sa démission, et l'on prétendit qu'elle avait été motivée, à la suite de quelques altercations, par la répugnance qu'il montrait à souscrire aux exigences du ministre anglais. Le vicomte de Santo Amaro, qui prit alors le portefeuille, se montra moins difficile, et le traité fut signé entre les deux parties le 10 octobre, ainsi qu'un second relatif à l'abolition de la traite des nègres.

Le premier reconnaissait d'abord l'indépendance du Brésil et la dignité impériale dans la personne de don Pedro Ier, ses héritiers et successeurs. Il consacrait en principe la liberté réciproque de commerce et de navigation entre les deux états; il accordait la liberté de conscience en matières religieuses; il mettait les deux parties sur le pied des nations les plus favorisées, etc.

Le second, relatif à l'abolition de la traite des nègres, portait que, quatre ans après la ratification du traité, la traite ne serait plus permise aux sujets brésiliens, et indiquait les pays où elle pourrait être faite pendant ces quatre années, etc.

On sait que ces traités ayant été envoyés en Angleterre, le ministre (G. Canning) s'est plaint de ce qu'ils avaient été publiés avant d'avoir été ratifiés, et a déclaré que « S. M. B. avait été conseillée de ne point les ratifier dans leurs formes actuelles et sans des changemens très-importans. >>>

Sorti de ses démélés avec le Portugal, l'Empereur reprit ceux qu'il avait avec le gouvernement de Buenos-Ayres. Il venait d'être invité par Bolivar à ne point rester étranger à la réunion solennelle qui devait, disait le libérateur, assurer à jamais l'indépendance de l'Amérique et resserrer les liens d'amitié entre les nouveaux états. Cette proposition, portée devant le conseil de Rio-Janeiro, fut acceptée; il fut décidé qu'on enverrait un député au congrès de Panama, mais seulement comme spectateur, ainsi que ceux des États-Unis du Nord.

Quant à la querelle avec Buenos - Ayres, rien ne paraissait devoir la concilier. L'Empereur préparait une nouvelle expédition pour la province cisplatane, à laquelle il tenait autant qu'à sa capitale. Il avait ordonné par un décret précédent que toutes les formalités qui garantissent la liberté individuelle y seraient provisoirement suspendues, et institué une commission spéciale pour juger selon toute la rigueur des lois militaires ceux qui ne rentreraient pas dans leur devoir. Ces rigueurs ne produisirent aucun effet dans les provinces insurgées, et excitèrent du mécontentement dans toutes les autres.

Enfin, l'acte que le congrès constituant réuni à Buenos-Ayres venait de faire publier, par lequel il déclarait la province de la rive orientale incorporée à la république des provinces-unies de la Plata, et la déclaration du gouvernement qui la suivit, étant arrivés à RioJaneiro, l'Empereur n'hésita plus à dénoncer une guerre déjà commencée. Le manifeste publié à cette occasion (il porte la date du 10 décembre) rappelle tous les événemens qui se sont passés depuis l'origine de l'insurrection des colonies espagnoles; les hostilités commises par Artigas contre le Brésil, l'occupation forcée de MonteVideo, la réunion de la province cisplatane au Brésil, les intrigues de Buenos-Ayres qui n'avait aucun droit de suprématie sur ces provinces, pour s'en emparer; les secours donnés par elle aux rebelles; les insultes faites à l'agent diplomatique brésilien, et enfin la note relative à la réunion qui ne laissait aucun espoir de réconciliation.

Tel était l'esprit de ce manifeste dont tous les détails sont historiques (Voy. l'App.), et auquel le gouvernement de Buenos-Ayres répondit par une proclamation (2 janvier 1826) pleine d'injures et en autorisant les armemens en course', interdits par un décret du 6 octobre 1821.

Quoique prévue par tous les partis, cette rupture n'en fit pas moins une fâcheuse impression. Elle pouvait entraîner une guerre générale entre le Brésil et tous les états indépendans de l'Amérique méridionale, compromettre la neutralité des États-Unis de l'Amérique du Nord, et mettre dans une fausse position le cabinet britannique, qui se trouvait à la fois l'ami, le médiateur et le protecteur des deux parties belligérantes.

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