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lecture du bill, le comte de Liverpool essaya de prouver qu'il n'était pas dirigé seulement contre l'association -catholique, mais contre toute autre association qui offrirait les mêmes caractères d'illégalités et les mêmes dangers pour la tranquillité de l'état. Lord King, le duc de Sussex et le marquis de Lansdown manisestèrent leur opposition décidée contre le bill; l'illustre duc surtout insistait sur ce qu'on ne citait rien de positivement coupable dans la conduite de l'association catholique; en rappelant l'origine des mesures prises contre les catholiques, il admettait qu'elles avaient pu être nécessaires sous le règne de Guillaume pour assurer la succession protes tante ; mais cette nécessité n'existant plus, les incapacités devaient cesser et les catholiques devaient être remis en possession des droits dont jouissaient leurs compatriotes protestans. Le comte Harrowby, répondant au marquis de Lansdown, termina la discussion en disant que cette mesure donnait aux catholiques occasion de prouver leur soumission aux lois de l'état , et que leur soumission servirait mieux leur cause que tous les argumens de leurs avocats. La seconde lecture fut décidée à la majorité de 102 voix ( 146 contre 44.)

La discussion remise au lundi (6 mars ), pour la troisième lecture, n'offre aucun argument nouveau sur un sujet épuisé dans l'autre chambre; lord Ellenbourg désirait l'abolition de l'association catholique, parce qu'il la croyait préjudiciable à la cause catholique, mais il aurait voulu qu'elle se décidât à se dissoudre elle même. Le lord chancelier (comte Eldon ), manifestant d'avance son opposition décidée à l'émancipation des catholiques, défendait le bill actuellement en débat, sur le principe qu'il était absolument nécessaire à la sûreté du gouvernement et du pays. En résultat, après d'autres discours des lords Dudley, Roden, Darnley et Grosvenor, le bill fut lu une troisième fois, adopté sans division et soumis à la sanction royale qu'il reçut le 10 mars.

Dans les intervalles de cette discussion, qui n'était encore que le prélude de celle de l'émancipation des catholiques (1er mars), le chancelier de l'échiquier (M. Robinson ) avait présenté à la chambre des communes le budget des voies et moyens pour 1825. Il commençait par se féliciter « d'avoir à offrir à la chambre un

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a tableau des ressources immenses et de la prospérité du pays, « moins fantastique qu'il ne plaisait à certaines personnes de le a voir; » la prospérité de la nation était assise sur des bases solides, et le ministère était décidé à persévérer dans un système qui tendait à développer les élémens de prospérité intérieure, et à conserver les bienfaits dans tout le monde civilisé.

« J'avais sopposé l'année dernière , dit l'honorable chancelier, que le surplus da revenu de cette année serait de 1 million 53 mille liv. sterling. D'après cette idée, et portant ses vues josqu'à l'aunée 1827, la Chambre avait diminué les impôts de 1 million 260 mille liv. sterling. Cependant, à la suite d'un chavgement opéré dans nos plans par la Chambre, ce qui fit perdre au revenu la moitié de cette somme, si le surplus de 1824 eût été de 400 mille liv. sterling au lieu de 1 million 53 mille , mes espérances se seraient trouvées fondées; mais au lieu de ce léger accroissement, j'ai la satisfaction d'apprendre à la Chambre que le sarplas net de 1824 , après avoir appliqué 5 millions 150 mille liv, sterling à la rédaction de la dette et aux restitutions de droits à faire aux marchands de soieries , s'est élevé à un million 437 mille 744 liv sterling , ce qui surpasse de beaucoup la somme que j'avais fixée en ne supposant pas de rédaction d'impôts.

« An commencement de l'année dernière, javais estimé le produit de la douane à 1 millions 550 mille liv. sterling : 600 mille liv. sterling de droits furent abolis dans le courant de l'année, et 460 mille liv, sterling furent remboursées aux marchands de soie en gros; et cependant, telle a été l'amélioration dans cette branche de revena, que le prodnit de l'année dernière s'est élevé à 11 millions 327 mille liv. sterling... Quelles sont donc les causes de cette augmentation ? Je crois qu'il faut les chercher dans l'extension que nous avons donnée, l'année dernière, à notre système commercial; d'oa il est résulté que la nation, qui jouit d'une aisance générale , a en plus de moyens de consommer les produits étrangers , tandis que les nations étrangères ont éprouvé le même résultat en suivant le même système. Ce n'est pas un fait particulier résultant de la position particulière de tel ou tel pays; ce résultat dépend de la nature hawaive, que l'augmentation de la population explique suffisamment...

« Il y a dans les sociétés humaines un principe qui porte les nations à se rapprocher, à établir de nouveaux rapports entre elles, à se créer des besoins mutuels, à goûter de nouvelles jouissances. Telle a été la volonté de la Providence, qui l'a ordonné ainsi pour le bonhcur de l'homme. La guerre peut nuire à l'extension de ce principe ; elle peut le détourner de son cours naturel; il peut être arrêté par une fausse législation, mais il existe toujours ; il tend à augmenter el à répandre le bonheur sur le monde entier, et ce qu'il produit ne peut être attri. bué ni au hasard ni à des causes accidentelles.

« Si j'ajoute à cette cause première la découverte merveilleuse des machines à vapeur qui ont en une si grande influence sur la poissance productive, ne croira-t-on dans l'erreur quand j'oserai affirmer que l'accroissement de nos relations avec les puissances étrangères n'est pas le résultat du hasard, mais du pradent système de législation que le parlement a senti la nécessité d'adopter lepois quelques années, et que l'augmentation du revenu de cette année repose sur des bases qui peuvent permetre de calculer le revenu des années suivantes. »

Suivant les progrès du revenu public dans toutes ses branches,

a

M. Robinson observait que l'accise (droits réunis), qui donne plus que tout autre une idée de la situation intérieure et du bien-être général de la nation, avait surpassé cette année non seulement celui des années précédentes, mais même l'estimation à laquelle on l'avait portée au commencement de la session; il offrait une augmentation de 1,143,000 liv. sterl., ce qui donnerait moyen d'espérer de nouvelles réductions sur divers droits.

Ici l'honorable chancelier récapitulait les divers articles du budget des recettes et des dépenses pour 1825, par des calculs dont le tableau suivant offre les résultats:

:

RECETTES OU PRODUITS.

Douanes.

11,350,000 l. st. Accise.

26,400,000 (1) Timbre..

7,100,000 Taxes réparties.

4,875,000 Poste.

1,500,000 Produits divers..

750,000 Sommes fournies par la compagnie chargée da paiement des pensions et demi-soldes.

4,470,000

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Fonds consol.

.

Intérêts de la dette.

des billets de l'échiquier.
Liste civile elc.
Annuités pour le paiement des pensions et demi-soldes.
Fonds d'amortissement.
Intérêts des billets de l'échiquier (suppl.)
Armée.
Marine.
Artillerie.
Diverses.

27,233,670

40,000 2,050,600 2,800,000 5,585,000

820,000 7,911,751 5,983,126 1,376,641 2,300,000

Total. ..

56,001,842

Somme inférieure de 331,082 liv. sterling. à celle des dépenses de 1824.

Parmi les objets dont le ministère avait l'intention de diminuer les droits , se trouvaient le chanvre, le café, les vins de France et

(1) On verra que le produit de l'accisc a été inférieur de plus d'au million st. à cette évaluation.

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de Portugal (1), les liqueurs des colonies britanniques, les fers étrangers, les taxes diverses sur les carrosses et chariots, domestiques de labour, portes, fenêtres, maisons inhabitées, etc. etc.

Le chancelier de l'Échiquier, poursuivant le cours de ses calculs, estimait les produits de 1826 à 56,195,000 liv. st., celui de 1827 å 56,360,000, et la dépense des deux années à une somme inférieure: de 7 à 800,000 liv. st. par année. Dans les détails qu'il donnait sur les impôts qu'il proposait de réduire ou d'abolir, il s'étendait sur la nécessité de faciliter l'introduction des fers étrangers dont on avait un grand besoin en Angleterre, et d'abolir insensiblement toutes les restrictions qui enchaînent encore le commerce; mais il désirait qu’on agît avec prudence, et qu'on se contentåt d'abord de donner l'exemple aux autres nations où il existe encore des préjugés de la nature de ceux qui ont long-temps porté préjudice au commerce anglais.

« Il est évident, disait-il, que si notre système est bon il triomphera; mais il ne faut pas hésiter; il faut éviter, pour se conformer à des circonstances temporaires, de faire des changemens continuels; il pe faut pas adopter un principe une année et en adopter un autre l'année suivante. »

Enfin, M. Robinson s'attachait de préférence, dans ses projets de réduction, aux impôts qui pesaient sur la classe pauvre de la nation, et sur l'Irlande dont il estimait la population à sept millions d'habitans, tandis que son revenu n'allait qu'à 3,500,000 liv. st., preuve affligeante de l'état misérable du pays.

Quelques-uns des orateurs qui parlèrent ensuite, attaquèrent certains détails du budget : M. Hume s'étonnait de n'y pas voir mentionner l'augmentation des dépenses de l'année; M. Maberly demandait l'abolition complète des taxes connues sous le nom d'assessed-taxes : mais presque tous s'accordèrent à rendre hommage à la politique sage et libérale que le ministre avait adoptée. M. Huskisson donna de nouveau l'assurance qu'il suivrait la carrière qu'il

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(1) Les droits sur les vins français étaient rédaits, de 17 sch. 5 et demi das par gallon (quatre bouteilles) à 6 sch.

Ceux du Portugal de 7 sch. à 4.

(

ral pour

leur assentiment. Le bill qui allait dissoudre l'association catholique n'était pour eux et leurs amis qu'une satisfaction donnée au parti contraire, et ils en adoucissaient l'amertume par l'espérance de voir bientôt tomber les dernières barrières qui séparaient, dans l'ordre politique, les catholiques des protestans. Une foule de pétitions adressées à la chambre des Communes y étaient appuyées de manière à confirmer ces espérances; celles qu'on envoyait à la chambre des Pairs y trouvaient plus d'opposition de la part des prélats de l'église établie; mais on se flattait qu'ils céderaient à une opinion générale même chez les protestans d'Angleterre.

Dès le 1er mars, sir Francis Burdett, après avoir présenté une pétition en faveur des catholiques, couverte de cent mille signatures, avait demandé « que la Chambre se formåt en comité géné

délibérer sur le rapport des lois existantes qui affectaient les droits des catholiques romains sujets de S. M.

« La question qui se présente, disait l'honorable baronnet, malgré le grand combre de signatures dont elle est couverte, n'est rien en comparaison de la question qu'elle tend à sonlever. C'est un alome comparé à l'univers : elle estbrasse tous nos intérêts , non pas seulement ceux des catholiques romains, cens de l'Irlande, mais les plus grands du pays, le bien général et le salat de l'em. pire. La demande des pétitionnaires est fondée sur les principes les plus iocontestables ; sur la justice, sur la saine politique, sur l'honneur national...

« Oublions les discussions récentes : Examinons la question en elle-même, Les temps ne sont plus où les catholiques inspirerent de justes craintes; où des dangers réels menaçaient l'Angleterre et ses libertés; où un roi despote et bigot dominé par l'influence des prêtres, voulait renverser la constitution du pays. Toutefois et alors même on ne craignait pas tant les catholiques, par rapport à la religion que pour l'influence qu'ils voulaient exercer dans l'état : car il y a une distinction très-essentielle à faire entre les catholiques de religion et les catholiques d'état. Il existait à l'époque de la révolation un corps de catholiques d'état; soutenu par le siège de Rome, et par une saite de rois étrangers catholiques, attachés à un prétendant prêt à venir saisir la couronne, aussitôt que les catholiques auraient élé en position de se déclarer pour lui; ce prétendant aurait établi une religion alors imprégnée de principes d'esclavage, et contraire à l'esprit d'une constitution libre. On ne peut s'étonner des craintes et des inquiétades que les catholiques durent inspirer à des hommes jaloux de leurs droits, de leurs libertés , et capables de comprendre , d'apprécier les bieofaits inestimables d'une religion pure et d'une constitution libre. »

« Mais toutes ces craintes doivent aujourd'hui étre oubliées. Il n'y a plus parmi nous un corps de catholiques d’état. Ces choses appartiennent à un autre ordre de sentimens, à d'autres temps. »

Quand le roi Guillaume chassait Jacques II et rétablissait les libertés de ea pays, les Irlandais combatiaient pour le roi Jacques II; on ne pat les ea bls. mer. Jacques Il était leur roi légitime et il favorisait leur religion. Nous étions

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