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une discussion qui avait duré trois jours, les quatre projets qui composent le budget ont été mis aux voix et adoptés : le premier, relatif à la transcription des 500,000 fr., à la majorité de 57 voix contre 43; le second, qui fixe les dépenses extraordinaires pour 1826, obtient 79 voix contre 21; le troisième, qui détermine les moyens de faire face aux dépenses extraordinaires pour 1826, 68 voix contre 32; et enfin le quatrième, qui fixe la somme à employer pendant l'année 1826, à l'achat et au remboursement de la dette publique, à l'unanimité des suffrages. Tous ces projets ont été de suite envoyés à la première Chambre (1), et la seconde s'est indéfiniment ajournée.

On a donné beaucoup de développemens aux mesures que le gouvernement des Pays-Bas venait de prendre sur l'instruction ecclésiastique et sur les débats qu'elles ont excités; il n'y avait rien de plus important à mentionner : nous citerons encore entre les mesures d'administration générale, l'arrêté du 12 octobre, qui proscrit absolument la mendicité sous des peines de police assez sévères, attendu que les colonies et les ateliers établis pouvaient recevoir et nourrir tous les individus qui n'avaient pas de moyens d'existence.

Quant à ses relations extérieures, dont la direction était confiée au comte de Reed, et par suite de sa démission, à M. de Côninek, le gouvernement des Pays-Bas faisait assez hautement profession de suivre le système de l'Angleterre, surtout en ce qui concerne la liberté du commerce. Il avait des agens officiels dans les nouveaux états d'Amérique. Quant à ses colonies, on voit par la proposition faite aux états généraux d'ouvrir pour elles un emprunt de 20 millions de florins, que leurs finances n'étaient pas dans un situation prospère. L'Angleterre avait fait, conformément aux derniers traités, la remise des établissemens de Bencoolen et de Sumatra, mais l'insurrection qui avait éclaté dans quelques districts de Java, avait pris, du côté de Djocjakarta et dans la province de Kadoe, un caractère plus formidable. Un grand nombre de pangerangs (chefs) s'étaient

(1) La première Chambre les a adoptés.

déclarés en faveur d'un fils du dernier Souson-Hounan (empereur); ils avaient été battus et dispersés par le gouverneur de Batavia dans plusieurs actions au mois de juillet, mais il paraît que la saison des pluies étant survenue, les opérations militaires avaient été suspendues, et que les indigènes s'étaient remis en possession des districts qu'on croyait pacifiés et soumis.

DANEMARCK.

On avait formé dans ce royaume, à l'exemple des Pays-Bas, une colonie de pauvres à Frederic-Gabe. Et là aussi l'expérience a démontré que partout où il reste des terrains incultes, c'était la meilleure manière de pourvoir à l'existence de cette classe qu'on appelle si justement ailleurs la lèpre de la société. Déjà la colonie de Fredericks-Gabe, composée d'une centaine d'habitans avait son petit troupeau, des habitations saines et commodes et une école d'instruction pour les enfans.

Au mois d'août, la direction de la dette de l'état et du fonds d'amortissement avait fait publier que toutes les obligations de l'emprunt de banque ouvert à Hambourg en 1819, soit à 6, soit à 5 pour cent d'intérêts annuels, seraient remboursées le 1er mars 1826; il était offert en même temps aux intéressés de laisser leurs capitaux à 4 pour cent; mais cette opération a été contrariée par la crise financière de l'Angleterre, dont le contre-coup s'est fait sentir dans toute l'Europe... C'est tout ce que l'histoire trouve à recueillir pour cette année dans le Danemarck.

SUÈDE.

La Suède n'offre guère plus de matériaux; mais un événement particulier en apparence peu important a mis pendant plusieurs mois toute sa diplomatie en mouvement.

Le gouvernement suédois, occupé depuis plusieurs années, de l'amélioration et du renouvellement de la marine, avait déjà vendu quelques bâtimens qu'on avait jugé convenable de mettre hors de service. On les avait offerts plusieurs fois à l'Espagne, qui n'en

avait pas voulu; et la vente s'en était faite publiquement, sans exciter la moindre réclamation. Plus récemment, la direction de la marine ayant mis encore au rebut un vieux vaisseau et deux vieilles frégates (le Forsigligheten et les frégates l'Euridice et la Camille), on les offrit au chargé d'affaires d'Espagne, qui les refusa comme les précédens, ajoutant cette fois que l'achat que son gouvernement avait fait de quelques vaisseaux de ce genre à une puissance de notre voisinage, l'avait mis en garde contre des offres de cette nature. D'après un refus si positif et si bien motivé, ces vaisseaux furent offerts au commerce, qui ne se montra pas si difficile; le contrat de vente en fut passé très-ostensiblement, dans les formes légales aux négocians suédois Michaelson et Benedict, qui les revendirent ensuite à une maison de Londres (Barclay, Herring et Richardson).

Sur le bruit que ces bâtimens étaient achetés pour le compte des nouveaux états américains (le Mexique ou la Colombie), M. d'Alvarado, chargé d'affaires d'Espagne à Stockholm, qui, peu de jours avant ne trouvait pas ces vaisseaux assez bons pour être utilisés par son gouvernement, s'imagina qu'ils pourraient l'être assez pour lui devenir nuisibles s'ils passaient au service de ses ennemis. D'après ces considérations, il se fit appuyer par les agens diplomatiques des puissances alliées avec l'Espagne, pour solliciter du gouvernement suédois la résiliation de cette dernière vente.

D'abord le gouvernement suédois répondit qu'il avait pris toutes les précautions convenables pour qu'on ne pût lui soupçonner l'intention de nuire à l'Espague; qu'il avait porté ces précautions jusqu'à se réserver dans le contrat de vente la faculté de le résilier; mais que cette même clause du contrat donnait des droits égaux à chacune des parties contractantes, en stipulant un dédit à payer par celle des deux qui en demanderait la résiliation; qu'il consentait volontiers à ajourner cette vente à une époque plus éloignée, et qu'il ferait, en résiliant lui-même le contrat, le sacrifice des avantages actuels qui lui en revenaient, mais que c'était à ceux qui se montraient intéressés à la résiliation, de pourvoir à l'indemnité qu'il fallait payer aux acquéreurs.

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L'affaire semblait devoir en rester là au départ du Roi et de la Reine, pour la Norwège (30 août), lorsque le ministre de Russie à Stockholm, M. le comte de Suchtelen, reçut des instructions nouvelles, avec lesquelles il se rendit à Christiania auprès du roi de Suède, après en avoir prévenu le ministre comte de Wetterstedt, qui s'y rendit également. Sur les premières représentations du ministre russe, il fut donné à tous les officiers et sous-officiers suédois qui devaient monter les bâtimens ou au moins les conduire jusqu'en Angleterre, ordre de les quitter, et d'attendre les dispositions ultérieures du gouvernement à leur égard; enfin après beaucoup de temps consommé en négociations, la compagnie anglaise qui avait racheté les bâtimens alléguant que la saison était trop avancée pour l'expédition commerciale à laquelle ils étaient destinés, le Roi consentit à la résiliation. L'ordonnance rendue à cet égard porte nonseulement que, les acheteurs seront tenus quittes du dédit stipulé par le contrat, mais que le roi a jugé équitable, et voulu pour la dignité du gouvernement, que l'état, loin de profiter des réparations faites par les acheteurs à ces vaisseaux, leur remboursât leurs dépenses. Quant à leur demande de renouveler au printemps cet achat, le Roi a décidé que cette maison aurait la préférence pour une frégate, au moins, si la marine alors jugeait pouvoir s'en défaire.

Ainsi finit cette affaire, qui donna lieu à une poursuite judiciaire contre le redacteur d'un journal (l' Argus) prévenu d'avoir en contravention à la loi sur la liberté de la presse, publié des extraits de notes échangées à ce sujet, entre le cabinet suédois et le chargé d'affaires d'Espagne... Dans la déclaration du jury, ce journaliste eut la majorité numérique des voix contre lui (5 sur 9), mais il fut renvoyé absous, parce que la loi suédoise exige les deux tiers des voix pour la condamnation.

Le voyage du Roi et de la Reine en Norwùge fut une suite de fêtes, de revues militaires et d'inspections d'établissemens publics ou particuliers dont on attendait un résultat favorable à la prospérité du pays... Le Roi, voulant accélérer la marche de l'administration, a donné à la régence de Norwege une extension de pouvoirs d'après

lesquels elle peut désormais terminer une foule d'affaires, sans attendre l'approbation de S. M., ad mandatum regium.

LL. MM. étaient de retour à Stockholm le 26 octobre. Quoique le Roi eût fait expressément défendre toute démonstration publique, il trouva la capitale entièrement illuminée, et il y fut reçu aux acclamations de toutes les classes de la population qui s'était portée sur son passage.

Il s'était opéré cette année une amélioration sensible dans les rapports de la Suède et de la Norwège; et l'opinion publique en faisait hommage à la sagesse du monarque.

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