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tembre); mais on a remarqué qu'il y manquait un certain nombre de magnats, de ceux dont la fortune avait souffert des sacrifices faits dans la guerre contre la France et des nouvelles mesures financières de l'Autriche; ils alléguaient, dit-on, pour faire excuser leur absence, qu'ils ne pouvaient paraître à la cérémonie du couronnement de la reine avec la pompe et l'éclat convenables à leur rang...

La première réunion de la diète fut consacrée au règlement cérémonial qui devait être observé pour la réception du roi et de la reine.

LL. MM. devant arriver dans la soirée du 12 septembre au Schlosshof, château de plaisance à deux lieues de Presbourg, les magnats du royaume s'y rendirent à cheval dans le costume le plus magnifique, ayant à leur tête l'archiduc Palatin qui vint recevoir et complimenter LL. MM...

Le 14, à 9 heures du matin, un commissaire du Roi fit l'ouverture de la séance des députés par un discours en langue hongroise, innovation réclamée depuis long-temps, et qui fut regardée comme une concession de LL. MM. aux vœux exprimés dans plusieurs diètes précédentes. Ce discours annonçait d'ailleurs les dispositions les plus rassurantes pour le maintien des libertés de la nation : il y fut répondu au nom de la Chambre, par M. Alexandre de Jordansky, chanoine et député du chapitre de Gran, par un autre discours également en hongrois.

Une demi-heure après, S. A. I., l'archiduc Palatin, fit l'ouverture de la chambre des magnats, par un discours en latin suivant l'ancien usage; mais une députation de la chambre des députés, constituée sous la présidence de M. l'archevêque de Kolacza, s'étant rendue à celle des magnats pour présenter à S. A. I. les sentimens de son respect et de sa reconnaissance et complimenter les magnats, elle s'exprima en hongrois, et il lui fut répondu dans la même langue par M. l'évêque de Transylvanie.

Le 17 septembre, à huit heures du matin, une députation de la diète, composée de quinze membres de la chambre des magnats et de trente-quatre membres de la chambre des députés, se rendit au Schlossoff pour supplier LL. MM. de faire leur entrée dans la capi

tale du royaume et d'assister à la diète. Tout était disposé pour cette entrée solennelle, qui eut lieu le même jour avec la plus grande pompe. Tous les ordres de l'état avaient rivalisé de zèle et de ma'gnificence: LL. MM. furent reçues à l'entrée de la ville par l'archiduc Palatin, le prince primat de Hongrie, les évêques, les magnats et les grands dignitaires de la couronne. L'empereur - roi était vêtu de l'uniforme de feld-maréchal hongrois; l'impératrice portait aussi le costume national. LL. MM. arrivèrent au millieu d'un brillant et nombreux cortége à la chapelle royale du palais, où le Te Deum fut chanté, et furent saluées à leur passage par les acclamations unanimes d'un peuple dévoué de tout tems à la personne de

ses souverains.

( 18 septembre.) Les séances de la diète n'avaient encore été que des séances préparatoires; mais le 18 septembre, après une messe du Saint-Esprit célébrée au palais, où tous les membres de la diète assistèrent dans le grand costume national affecté à leur ordre, S. M. fit l'ouverture de la session dans la salle du trône par un discours en langue latine...

Ce discours, dont nous donnons la traduction littérale (V. ľ▲ppendice), commençait par témoigner aux membres de la diète la satisfaction que le roi éprouvait d'avoir pu enfin réaliser le vœu qu'il avait formé depuis long-temps d'appeler les états à délibérer avec lui sur des mesures nécessaires au bien de la patrie, et en même temps à assister au couronnement de la reine son auguste épouse. S. M. rappelait que des événemens importans s'étaient passés depuis leur dernière réunion (1812); les circonstances n'avaient pas permis leur convocation... Mais enfin des victoires qu'il fallait attribuer avant tout à Dieu, ensuite au dévouement, à la bravoure des peuples d'Autriche et de Hongrie, avaient reconquis la paix et les anciennes provinces arrachées à la couronne de Hongrie... L'empereur et roi aimait surtout à reconnaître la fidélité de ses braves Hongrois « qui avaient repoussé unanimement cet esprit pernicieux qui << avait entraîné d'autres pays dans les plus grands désordres et les plus affreux malheurs... »

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Les événemens des dernières années ayant nécessité de grands et

nombreux sacrifices financiers, l'objet principal de la diète actuelle était de délibérer sur un système dont les effets salutaires devaient déjà être appréciés... D'ailleurs S. M. désirait voir encore pendant sa vie la prospérité du pays s'accroître par des lois et des ordonnances sagement combinées dans l'intérêt de l'état, afin de pouvoir transmettre à ses successeurs «< ainsi qu'aux Hongrois, enfans de son <cœur, le dépôt sacré de la constitution du royaume, toujours plus affermie. »

Ce discours fut prononcé avec une émotion visible. A l'endroit où S. M. disait que son âge avancé l'avait déterminée à accélérer la réunion de la diète, elle fut interrompue par les larmes de l'impératrice et de l'archiduchesse Sophie, et par les vœux de l'assemblée pour une vie aussi précieuse que celle de S. M.- Elle remit, en le terminant, au chancelier prince Kohary, un paquet cacheté qui contenait les propositions royales, et se retira avec toute sa cour, au milieu des acclamations réitérées de l'assemblée.

Ces propositions qui furent lues le même jour dans une séance des deux chambres, étaient relatives, 1° à des changemens à introduire dans plusieurs branches de l'administration publique; changemens déjà adoptés comme des améliorations par des députations nommées à cet effet conformément au 67o art. du récès de la diète des années 1790 et 1791; 2° à la réduction du papier-monnaie et des billets d'amortissement et d'anticipation créés en 1812; 3o à la nécessité de rétablir la circulation de l'argent en autorisant le paiement des impôts en monnaie de convention, et de faire un règlement pour les transactions entre particuliers ou entre les débiteurs et leurs créanciers, etc.

Quoique l'objet de ces propositions, déjà connu, eût excité des plaintes assez vives dans les comtés, elles n'en furent pas moins reçues avec respect; les deux Chambres en témoignèrent leur reconnaissance par une adresse à S. M., et la cérémonie du couronnement de la reine Caroline-Auguste, annoncée pour le 25, eut lieu conformément au programme qui avait paru, avec une magnificence dans le goût du pays.

On avait fait venir d'Ofen la couronne qui passe pour avoir servi

au sacre de saint Étienne. Cet objet de la vénération des peuples avait été escorté par le banderium (garde noble) et la milice bourgeoise des comitats, et la garde en avait été confiée par la diète au baron Étienne de Vegh. On ne peut se faire une idée de l'enthousiasme des Hongrois réunis dans l'église du palais, au moment où la sainte couronne fut posée sur la tête de la reine. Un banquet royal et une fête donnée dans la salle du Casino, où se trouvèrent réunis plus de huit cents magnats et autres personnages de distinction, terminèrent cette solennité. Le 10 octobre, la couronne fut reportée à Ofen avec le même cérémonial et le même cortége qu'à son arrivée.

Dans une de ses premières séances, la diète décréta que d'après l'antique usage il serait offert à la reine, à l'occasion de son couronnement, un présent de 50,000 ducats, qui fut porté au palais dans une cassette de bois d'ébène garnie en or, sur un brancard de velours cramoisi, par quatre membres de la chambre des magnats, et six membres de la chambre des députés, qui la déposèrent sur la troisième marche du trône.

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Par un autre acte de courtoisie, la diète accorda l'indigénat dans le royaume de Hongrie à M. le prince de Metternich, chancelier d'état de l'empire, et à l'ambassadeur de Bavière.

Mais à travers ces témoignages de respect et d'attachement au souverain, déjà s'annonçait la répugnance de la diète à délibérer sur les propositions royales avant qu'on n'eût fait droit aux griefs dont elle croyait avoir à se plaindre. Après plusieurs séances dont les discussions ne sont jamais publiées, elle arrêta dans les deux Chambres qu'il serait fait à S. M. des représentations formelles sur les violations faites à la constitution hongroise, dans l'intervalle de la dernière diète à celle-ci, en contravention des articles 10, 12, 15, 14, 18 et 19 de la diète de 1790 et de 1791, et l'adresse fut rédigée sous la date du 22 octobre.

Voici les principaux griefs dont elle demandait la réparation. C'était l'application qu'on avait voulu faire au royaume de Hongrie des règles administratives des provinces héréditaires; arrangemens qui, dans le royaume de Hongrie, ne pouvaient être faits sans le consentement des états-généraux; c'était l'exécution par la force ar

mée des mesures qui devaient être approuvées et présentées par une diète; telles que la demande de dons volontaires; l'envoi de commissaires royaux pour lever des recrues et pour changer le mode des contributions sans le concours de la diète, en dépit des humbles remontrances des autorités administratives (jurisdictiones) qui invoquaient la protection de la diète; c'était d'avoir différé la convocation d'une diète pendant un intervalle de treize ans, en contravention ouverte des actes de 1791 et 1792, et publié dans cet intervalle des ordonnances d'une importance majeure; violations qui avaient af faibli la confiance entre le Roi et le peuple. La diete se plaignait encore des procédés des commissions royales, qui, sur des dénonciations anonymes, avaient destitué des fonctionnaires publics et interdit à d'autres l'exercice de leurs droits cardinaux, contrairement au corpus juris tripartitum.

Nous avons pris en considération ces griefs l'an après l'autre, dit la diete hongroise, nous avons surtout médité sur certains très gracieux rescrits royaux par lesquels il est déclaré que « ce n'est pas la loi, mais les circonstances du temps et les affaires du gouvernement qui déterminent la convoca«tion de la diète, que les remontrances de la diète pour le maintien des lois ne peuvent être prises en considération, et que les ordonnances royales sont ⚫ irrévocables. « Nous ne pouvons plus résister à notre douleur profonde qu'en la soulageant par cette communication cordiale et en suppliant V. M. de vouloir gracieusement faire cesser les causes de ce sentiment pénible; car disposés, comme nous le sommes, à concourir par tous les moyens à l'accomplissement des augustes intentions de V. M., intentions uniquement dirigées vers le bien-être et la prospérité de ce royaume, nous prévoyons que tous nos efforts seront inutiles et que les lois les plus salutaires que nous pourrions rendre resteront sans effet, à moins que (préalablement à toute délibération sur les affaires administratives), le fondement constitutionnel de notre existence, sapé par des actes antérieurs du gouvernement, ne soit raffermi et consolidé dans le sens de la déclaration auguste de V. M.

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Mais tandis que ces sollicitudes nous agitent, une espérance solide vient nous consoler. Nous sommes intimement convaincus que ces faits tendant au renversement de la constitution du royaume et dont nous nous plaignons, ne viennent pas d'un prince aussi consciencieux et aussi bien pénétré de son diplôme de couronnement que V. M., mais uniquement du système ministériel suivi depuis plusieurs siècles et des conseils hostiles qui en émanent... »

Après avoir rappelé à S. M. le serment qu'elle avait fait à son couronnement pour le maintien de la constitution et des droits des Hongrois, la diète s'en rapportait, pour ce qui concernait la punition de ceux qui les avaient violés, à l'amour de S. M. pour la justíce. Mais elle la suppliait d'ordonner que la levée ultérieure des

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