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ai les avoient ufurpés, qui les rendirent ux Communautés qui avoient gouverné es Cures & adminiftré les Sacremens aux euples; elles fervirent auffi de fondaon à quelques Abbayes, ce n'étoit pas intention des Fondateurs; c'eft à la peronne & au corps qu'on a dépouillé & prié de fes biens, auquel fe devoit faire la reftitution: on garda quelque mesure dans es moyens. Les Evêques & le Pape devoient en approuver la remise aux Communautés: mais la Juftice diftributive de rendre à un chacun ce qui lui appartient, ne s'y gardoit pas.

6. Une apparence de raifon qui ne pouvoit frapper l'efprit des gens fages & juftes, & qui a paffé jufqu'à nous, a été de dire par ces Communautés dans leurs défenfes, quand on leur en a fait l'objection, qu'ils avoient fervi les Cures: mais les ont-ils mieux fervies que ne faifoient les Evêques nommés pour Commissaires dans les Evêchés vacans, par Grégoire le Grand & les autres Papes; ils n'avoient que le quart du revenu des Evêchés pour les frais de leurs vifites, tant qu'ils étoient en fonction, qui ceffoit par la promotion de l'Evêque & fa poffeffion; le Benefice ceffant avec le foin du Commiffaire.

Le Pape Urbain II. voyant que les Religieux pouvoient fe diffiper dans le com Sy

merce du monde, fit tenir un Concile i Clermont en Auvergne en 1095. dans le quel il fut réfolu que les Religieux fe re tireroient dans leurs Cloîtres, pour J vivre fuivant leur état. Ils avoient déja pris racine, & avoient du goût pour les biens aufquels ils avoient renoncé par leur Profeffion.

7. Ils fatisfirent à l'ordre du Pape & du Concile en gens habiles, mais ils ne quitterent pas tout d'un coup l'administration des Cures; ils en donnoient le fervice an rabais à de pauvres Ecclefiaftiques, qui gémiffoient fous le fardeau; & n'étant que des mercenaires, ils n'y faifoient pas le fruit que les peuples pouvoient raifonnablement en efperer. Cela alla fi loin, qu'un grand Pape fe plaint qu'ils ne donnoient pas en quelques lieux la fixiéme partie des revenus aux Ouvriers; ce qui étoit affreux, les plaintes des peuples allerent jufqu'à ceux qui gouvernoient, qui obligerent par le Concile de Latran ceux qui avoient le revenu des Cures, de mettre un Vicaire perpetuel en chaque Cure, & lui donner une portion congrue. Voilà l'origine des Vicaireries perpetuelles & d'une partie des Prieurés dont jouiffent les Congrégations de S. Benoît.

Cette fection eft contre la difpofition du Concile de Tours, qui défend les

partages des titres en deux; il y en a un titre exprès: Ut Ecclefiaftica Beneficia fine diminutione conferantur. Cependant c'eft ici une des Caufes de l'origine des Prieurés qui font demeurés aux Chapitres & Abbayes: les Seculiers Reguliers fe font confervés la qualité de Curés Primitifs, avec cette difference que les premiers ont pris tout le revenu pour eux, & ont laiffé le moins qu'ils ont pû au Vi→ caire perpetuel, & que les autres ont for mé des Prieurés de portion des revenus des Cures; ils en ont auffi quelquefois re mis à l'Abbaye une partie.

8. Toutes les fois que les Prieurs par tagent les revenus des Cures, & qu'ils font Curés Primitifs, qu'il y a des Vicaires perpetuels, c'eft une preuve concluante qu'il tire fa naiffance de la Cure, que c'eft un bien étranger à l'Abbaye ; c'est un Prieuré par droit de conquête, c'eft le fruit d'une victoire fans combat.

Il y en a de plus légitimes, ce font ceux qui ont été fondés par des Seigneurs qui avoient vraisemblablement des dixmes qu'ils ont abandonnées pour la fondation. Il y a le Prieuré de Souday fondé pour les Religieux de S. Benoit, & donné à l'Abbaye de S. Vincent de la Ville du Mans, ils ont un Religieux particulier qui eft Prieur, mais c'est l'Abbaye qui jouit des

fruits, & ils font Abbés Reguliers de S. Vincent: il y en a quelques autres de la même qualité, mais en petit nombre. Il faut paffer à la troifiéme origine desdits Prieurés.

9. Les Empereurs, les Rois, les Princes & grands Seigneurs ayant fondés des Monafteres, les ont enrichis de leurs domaines & de toutes fortes de biens de differente nature & en plufieurs Diocèles & Provinces éloignées. Les Religieux dans la naiffance de leur établissement étoient très-fervens, comme ils le font devenus

par les réformes, ayant repris l'efprit de leur Patriarche S. Benoît qui étoit rempli de vertus.

Ils avoient des granges & des domaines. qu'ils appelloient obédiences; ils furent obligés d'en confier le foin à ceux de leur corps & à des perfonnes de leur état ; leur dévotion leur attiroit des richeffes de tous côtés : ils envoyoient donc des Religieux de leur corps pour les faire valoir & en avoir foin. Comme leur état & la ferveur de leur dévotion les fuivoient par tout ils y faifoient des Oratoires pour y prier le Seigneur; ils y étoient demeurans plufieurs années, principalement quand ils étoient de bons économes.

10. Quelques-uns d'eux fe faifoient continuer dans leur adminiftration, &

fenfiblement les titres de Prieuré fe font ormés par des Provifions qu'ils ont prises Rome; pour fe conferver dans leur jouifance, quelquefois ils rendoient compte à eurs Superieurs: ces Prieurs ont trouvé que.ces conditions leur étoient à charge, Is s'en font affranchis peu à peu, comme eur étant onereufes: cependant il faut reconnoître fes Superieurs. On ne veut pas paffer pour acephale & fans chef, il eft à propos qu'il y ait de l'uniformité dans la difcipline. Les Peres de l'Ordre qui font Commiffaires nommés pour les vifiter, tant pour le fpirituel que pour le temporel, ont des droits de vifite fixés à certaines fommes dûes à la table de l'Abbé; s'ils font entre les mains de ceux de la Congrégation, ils ont les Prieurs dans les maisons de leurs Monafteres; ce font les Superieurs qui font les régiffeurs & économes des Benefices, qui ne font pas moins bien établis dans leur origine que les précedens : il y en a qui font dépendans du grand Ordre, qui ont été obligés de fe mettre en Congrégation; ou bien ils font fous la jurifdiction de l'Evêque, & vivent en leur particulier, & quelquefois en commun; ce qui eft plus conforme à la difcipline.

11. Ils doivent à Louis XIII. & aux Papes Gregoire XIII. & Urbain VIII.

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