& partie des dixmes, entre les mains des Ecclefiaftiques.

4. Il faut avouer qu'il y avoit un bien general de retirer de la fervitude des Laïques ces biens confacrés à Dieu; & quand ils lui ont été une fois donnés, ils ne font plus dans le commerce: le retour qui s'y fait n'a befoin d'aucunes formalités ni d'autres caufes que celles du droit divin & facré, & du confentement des Evêques.

Mais pour remettre les chofes dans leur ordre naturel & dans l'état primitif où elles étoient, chaque Paroiffe avoit sa dot, qui confiftoit principalement en dixmes, comme nous l'avons montré, données par la pieté des Fideles à l'Eglife; les Evêques y avoient la quatrième partie, elle a été preferite contr'eux, encore qu'ils en ayent beaucoup dans leurs revenus, ils ont eu d'autres biens..

Mais elles font propres aux Curés de droit commun, tous les autres Eccléfiaftiques y font venus par privilege & exemption, & c'eft un grand principe que les autres Ecclefiaftiques qui entrent dans le fervice divin & les mêmes operations pour le fecours des peuples, y ayent part. Panorme & les autres Docteurs ayant cru qu'il fuffifoit qu'elles fuffent dans le domaine general de l'Eglife, ce qui eft veritable. 5. Mais cela ne doit pas ôter aux Egli-.

fes Paroiffiales un droit légitime qu'elles ont ab origine; & pour cela il y a deux chofes dans cette differtation à examiner; la premiere, fi l'Eglife doit être punie par la faute de celui qui y eft prépofé.

La feconde, fi les moyens pour acquerir dont on s'eft fervi, font canoniques: c'est dans ces deux principes que confifte toute la force & la décision de la queftion.

Les Reguliers & autres difent: Nous avons donné notre tems pour fecourir des Eglifes abandonnées par ceux de l'Etat féculier dont les lumieres étoient éteintes ; l'ignorance & l'erreur font les lemences des herefies; mais on leur répond que l'ignorance de l'un ne peut pas nuire à un autre. Ce principe eft établi en droit: le titre Quod quifque juris in alterum ftatuerit,' ipfe eodem jure utatur. La Loi premiere de ce titre dit que cela eft établi fur une gran de équité. Quis enim afpernabitur idem jus fibi dici quod ipfe aliis dixit vel dici effecit?

Cette Loi est émanée de la divine; laloi feconde fait une decifion très--jufte. Les Magi rats qui appelloient des Affeffeurs & qui rendoient un jugement contraire au droit, ne tiroient point à confequence contre le Magiftrat; ce n'étoit pas lui qui étoit puni, mais l'Affeffeur: la Loi eft: courte, c'est l'origine du droit civil qui aura application dans la Thefe; Hoc Edic

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odolus debet dicenti puniri; nam fi affeffo ris imprudentia jus aliter dictum fit quam oportuit, non debet hoc Magiftratui afficere fed Affeffori. La Glofe dit: Affeffor, pro jurifperito agit, & fcientiam juris præftare debet, Prator vel Prafes non item; elle en rend la raison; c'étoit fouvent un homme militaire qui étoit Gouverneur de Province, comme nous voyons dans les Hiftoires du tems de la Republique & depuis.

6. Si donc une perfonne n'étoit pas punie pour une autre, la peine devant fuivre fon auteur, à plus forte raison fi un Ecclefiaftique eft en faute, foit par un crime ou par imperitie, l'Eglife qui en a fouffert ĺinjure, ne fera-t-elle pas punie pour la faute d'un autre: l'équité naturelle fe révolte contre les fentimens fi oppofés à la juftice & au droit naturel.

Ce n'eft pas celui qui a fouffert l'injure qui doit être puni, mais celui qui l'a faite; premier principe qui ne peut être alteré ni même attaqué par des perfonnes raifonnables. Que fi on ne punit pas une perfonne pour une autre, à plus forte raifon ne doit-on pas punir l'Eglife pour le fait de fon économe, qui n'en étoit que le dépofitaire & l'adminiftrateur qui n'a pas fait fon devoir.

C'eft un fecond moyen qui a autant de fondement que le premier; c'eft-que fi les

biens donnés à une Eglife pour fa fondation & pour fa dot, font inalienables, fans y obferver les formalités de Justice on rentre dans fes droits, poffeffor mala fidei ullo tempore prafcribit, quand on n'y a pas fatisfait, nulle formalité pour en unir les biens, nulle neceffité ni utilité, l'union eft fans cause, & par confequent nulle; avec d'autant plus de raifon, qu'il n'y a point eu de défenfeur legitime.

7. Tous les Docteurs fans exception ont été de fentiment que l'Eglife ne devoit pas être punie pour la faute de fes Miniftres qui fe trouvoient avoit prévariqué & manqué, 1o. parce qu'ils n'ont que Pufage, ou tout au plus ufufruit; & quand l'ufager, l'ufufruitier, ou celui qui auroit poffedé nomine alieno pendant deux & trois cens ans, n'auroit pas pû prefcrire, d'autant que fa jouiffance n'ayant pas été nomine fuo, la poffeffion en est nulle; & la prefcription étant fondée fur la poffeffion, il n'y a aucune prefcription, tantum prafcriptum quantum poffeffum.

Nous avons même des exemples que quand la fainteté de vie a été exemplaire, on a toleré les perfonnes qui n'étoient pas fçavantes; un feul exemple rendra cette exception digne de l'attention du Lecteur, principalement quand il y a d'autres motifs de priver des Ecclefiaftiques

de leur dignité, & qu'on en a pris l'occa fion de les dépouiller. Lanfrane Archevêque de Cantorberi, par complaifance pour Guillaume Duc de Normandie, qui avoit conquis l'Angleterre, voulant mettre un Normand en la place de S. Dunftan Evêque de Vigorn, il le priva de fon Evêché à caufe de fon infuffifance; ce que Dieu ne permit pas. Cependant le Saint par cette privation étant obligé de quitter fes habits facerdotaux, enflamé de l'amour divin, dit au Roi qu'il les quitteroit au tombeau de faint Edouard l'un de fes prédeceffeurs Rois d'Angleterre, qui lui en avoit donné l'agrément: ce faine Prélat commençant à le dépouiller de fes ornemens Pontificaux, enfonça fon bâton Paftoral fi avant dans fon tombeau, que de quelque force & adreffe dont on se fervit, on ne le put jamais retirer.

Le Roi & Lanfranc furent fi épouvantés de ce miracle, qu'ils prierent ce faint. homme de reprendre fes ornemens Pontificaux, ce qui ne laiffa pas de deshonorer les auteurs de cette violence, l'ignorance n'en ayant été que le pretexte. Tome 9. des Conc. col 1203. ann. 1070.

8. Ce qui montre que quand la fainteté de la perfonne récompenfe ce défaut, Dieu manifefte fa grandeur & fa puiffance; ce n'est pas une chofe à fuivre; mais ayant