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DES INSTITUTIONS POLITIQUES

DANS LES PAYS-BAS eh anuj uz sk

L'HISTOIR

'HISTOIRE de cette vaste enclave de la Gaule et de la Germanie, qu'on désigne ordinairément sous le nom de PaysBas, est d'un grand intérêts sous plusieurs points de vue. On y suit mieux qu'ailleurs le développement progressif de ces antiques libertés de l'Europe, qui naquirent sous les tentes des Germains. On y voit quelques pêcheurs fonder un Etat qui devait, moins d'un siècle après, renverser l'Empire com mercial de Philippe II, et humilier les armes de Louis XIV. Il semble qu'on trouve réunis dans ce coin du monde, lesz plus grands résultats que puissent opérer les forceś› morales et industrielles de l'homme.

Nous suivrons dans cette nouvelle, esquisse lepplan ques nous nous sommes tracé, et nous tâcherons de mériter de

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TOME III.

nouveaux éloges en offrant sur les Pays-Bas un tableau politique, où les faits soient suffisamment approfondis, quoiqu'exposés avec précision.

Ce tableau se trouve de sa nature divisé en trois, parties: La première doit présenter l'existence politique de toutes les provinces anciennement connues sous les dénominations diverses de Pays-Bas, Basse-Allemagne, et cercle de Bour-. gogne, depuis les premiers temps, jusqu'à l'époque de l'affranchissement de sept de ces provinces, c'est-à-dire jusqu'à la création de la république de Hollande.

Dans la deuxième, nous continuerons l'histoire des provinces maintenues sous la domination espagnole, jusqu'au traité qui les a détachées de la France pour en faire une des. portions principales d'un royaume des Pays-Bas.

Nous présenterons dans la troisième, les vicissitudes mémorables de la république depuis son origine jusqu'à l'époque où son territoire est pareillement devenu partie intégrante de la monarchie, placée par les rois confédérés sous Bison terr le sceptre des descendans de Guillaume le Taciturne.

PREMIÈRE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Jusqu'à la Maison de Bourgogne.

Les peuples qui habitaient les rivages de l'Océan, entre les bouches du Rhin et de l'Ems, sont compris par les anciens, les uns parmi les tribus germaniques, les autres entre les nations gauloises. Aussi les faits que les livres des Romains nous ont transmis sur la condition de ces deux grandes familles de la race celtique, forment-ils en même temps l'histoire générale des anciens habitans des Pays-Bas ; il n'y a que quelques traits à ajouter au tableau.

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C'était la partie méridionale qu'on comprenait dans la

Gaule. Lå se trouvaient les Belges, dont Jules-César a dit : horum omnium fortissimi sunt Belga (1), et qu'il eut tant de peine à soumettre au joug de sa républiqué ou de son empire. Au-dessus étaient les Bataves, que ce grand capitaine aima mieux dès-lors avoir pour alliés que pour ennemis. Ils habitaient une portion de ce qu'on nomme aujourd'hui Hollande.

Ainsi donc, au berceau même de ces peuples, on trouve établie cette distinction que la nature avait marquée quand elle avait donné aux uns, un des plus beaux sols de l'Europe, aux autres, quelques lambeaux de terre qu'il faudrait sans cesse disputer à l'Océan. La nature semblait ainsi avoir décidé que, de ces deux portions, l'une serait naturellement riche et soumise, l'autre essentiellement industrieuse et libre.

Les Bataves devinrent donc alliés des Romains, et il ne paraît pas, quoiqu'en dise l'historien Florus, que César ait dépassé leurs frontières. Bravés et fidèles, ils méritèrent d'être introduits par Auguste dans les cohortes romaines. Les écrivains de cette époque ont donné à quelques-uns de leurs chefs le titre de rois. Dès-lors sans doute ils parcou raient dans des barques, ces canaux naturels qui coupaient leur territoire, et l'on peut croire que cette navigation ins térieure leur donnait déjà quelque importance.

Les Romains fortifièrent plusieurs points sur leurs frontières du côté de la Gaule, pour contenir l'ardeur naturelle des Bataves. Caligula bâtit une tour près de Catwik, pour rester maître des embouchures du Rhin. Britten et d'autres places furent élevées dans le même but: les Bataves n'en concevaient point d'ombrages; ils faisaient un commerce actif avec ces places.

Les troubles violents qui agiterent les Gaules à la mort de Néron ne laissèrent point les Bataves inactifs. Un chef

(1) Commentaire', liv. I.

nommé Civilis, voulut profiter de la situation où se trouvait l'empire, pour affranchir le pays d'un tribut d'hommes auquel il s'était précédemment soumis. On prend les armes à sa voix; les frontières romaines sont franchies, et les Gaulois du Nord invités à lever l'étendard de la révolte. Les chefs se rangent en foule auprès du guerrier batave, plusieurs postes romains sont enlevés ; et l'on croit voir renaître les temps des Vercingetorix et des Sacrovir.

La fortune favorisa d'abord les confédérés: ils firent des progrès dans la Gaule; mais la plupart des nouveaux compagnons de Civilis, ne tardèrent pas à se dégoûter de la guerre et à rentrer dans les bornes de la soumission. Après avoir lutté quelque temps encore, avec des succès balancés, contre un général de Vespasien, il se détermina lui-même à la paix, et la conclut. Les Bataves reconnurent donc l'empereur et rentrèrent dans leur île; Civilis déposant le glaive, vécut dès-lors et mourut inaperçu entre ses compatriotes. Trois siècles plus tard, il eût été sans doute le fondateur de quelque puissant état.

L'histoire des Pays-Bas est maintenant pendant un long intervalle, couverte de voiles qu'il serait non moins inutile que fatiguant de vouloir soulever. Les noms des principaux peuples qui y habitaient, ne sont plus prononcés par les historiens que de temps à autre, et seulement comme fournissant de bons soldats aux milices romaines (1). On les voit aussi soutenir diverses luttes contre ces tribus franciques, dont l'inquiète audace fatiguait la tactique romaine: ils les repoussaient et en étaient repoussés tour-à-tour. Peu de détails, au reste, sur l'état de civilisation. Le christianisme s'introduisait lentement; les institutions, romaines n'avait pu s'établir que sur quelques points, et l'industrie venait d'être anéantie à son aurore, par ces légions de brigands qui infestaient les rivages des fleuves.

(1) Tableau de l'Histoire générale des Provinces-Unies.

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