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charges obligatoires de l'établissement, mais constater encore leurs variations, et juger de la régularité avec laquelle on acquitte les uns et les autres. Nous n'avons malheureusement qu'un très petit nombre de rentiers utilisables, ceux des Bénédictins de Rennes et de Vitré, des Augustins de Rennes et des deux séminaires de la même ville.

Les livres de comptes de certaines maisons portent parfois un état général de leurs revenus et de leurs charges. C'est ainsi, par exemple, que nous a été conservé le seul état de ce genre que nous ayons pour l'hôtel de Kergus.

Baux. -Les collections de baux sont souvent abondantes pour le XVIIIe siècle. Parmi les derniers en date, beaucoup ont été joints aux procès-verbaux d'estimation des biens nationaux et transférés dans la série Q. Ce ne sont d'ailleurs pas les plus utiles pour nous, puisque leurs conditions se retrouvent ordinairement sur les déclarations, les inventaires ou d'autres tableaux de revenus, dont ils nous ont toutefois servi à vérifier les données. Mais les séries antérieures nous ont permis de suivre les variations progressivement survenues dans le prix des fermages et dans la nature de leurs conditions, et de constater, notamment, la hausse considérable qui s'est produite après 1765. Les pots de vin réservés, ils nous apportaient, en cette matière, les indications les plus précises et les plus sûres; nous ne savons jamais guère que par eux à qui, du bailleur ou du preneur, incombait le paiement des impôts seigneuriaux et royaux. Rappelons, toutefois, qu'à de rares exceptions près, ils ne donnent aucun détail sur la consistance des domaines affermés.

Comptes. Seuls, l'évêché et le chapitre de Rennes, quelques fabriques et plusieurs communautés de la même ville, trois fabriques de paroisses rurales et l'abbaye de SaintSulpice nous ont laissé des restes, plus ou moins considérables, de leur comptabilité.

Des comptes ainsi conservés, il en est de toute sorte, de généraux et de spéciaux, de détaillés et de sommaires.

Pour la mense abbatiale de l'abbaye de Saint-Melaine, nous restent deux comptes de fermiers généraux, datant du

XVII° siècle, et le compte de la régisseuse générale, Mme Bruté de Rémur, pour 1789. Celui-ci nous offre un état sommaire des revenus et des charges de la mense, fort précieux, car nous n'en avons aucun autre pour la même époque. Dans les premiers, la recette se réduit à un seul article, le prix du fermage; ils nous donnent en revanche, avec le détail des dépenses du fermier, celui des charges de l'abbé, à la fin du XVIIe siècle. Les Bénédictins de Saint-Melaine nous ont laissé des comptes généraux de leurs dettes et de leurs créances à différents moments, entre 1774 et 1790.

Pour les autres établissements, nous n'avons guère conservé que des journaux de recettes et de dépenses, dont les résultats généraux, par année, ou, tout au moins, par périodes égales, ne sont pas toujours faciles à reconnaître. Pour un même établissement, les exercices n'ont pas toujours la même durée et ne partent pas toujours de la même date; les sommaires récapitulatifs, par mois ou par année, et par nature de recettes et de dépenses, font le plus souvent défaut. Ces comptes méritent cependant un examen attentif. Nous n'avons aucune raison de douter de leur exactitude et nous avons beaucoup à y apprendre. Par eux seuls nous pouvons connaître le mouvement réel des recettes et des dépenses. Plus souvent que les registres rentiers, ils nous permettent de juger de la régularité des paiements de rentes et de fermages. Surtout, ils nous révèlent des catégories de revenus dont on ne trouve presque jamais trace dans les documents de 1790 et qui formaient, cependant, la principale ressource des maisons religieuses les plus récentes et des fabriques, produit des pensions, des ouvroirs, des quêtes, dons et aumônes, des droits de sacristie, des locations de bancs et de chaises dans les églises, etc... Les comptes des fabriques nous apprennent encore quels honoraires recevait le clergé sur le produit du casuel: ceux des communautés, combien coûtaient la nourriture et l'entretien de leur personnel; il faut toutefois se souvenir que certains établissements, les abbayes de SaintSulpice et de Saint-Georges par exemple, consommaient directement la majeure partie de leurs recettes en nature et n'en tenaient pas toujours le compte. En somme, ces comptes, souvent disparates, incomplets, confus ou d'une inextricable

complexité, ne donnent guère de résultats comparables d'un établissement à l'autre. Mais eux seuls nous révèlent les véritables conditions d'existence des maisons qu'ils concernent; il n'est pas d'incident de leur vie matérielle, emprunts ou prêts, constructions nouvelles, accroissement ou réduction du personnel, réforme des pensions, qu'ils ne traduisent en quelque manière. Nous n'en avons extrait que des données sommaires. Leurs séries, souvent considérables et continues pour de longues périodes, demeurent, dans leur détail, une source inédite dont il est superflu d'expliquer plus longuement l'intérêt, non seulement pour l'histoire économique du clergé, mais encore pour l'histoire des prix et des salaires.

IV.

Les anciens fonds administratifs.

Situation des hôpitaux de la province.

Pour les hôpitaux

des trois villes, il nous reste des états de revenus et de charges datant de 1725 et de 1752, ou environ, et des états de situation dressés, en 1752, d'après les recettes et les dépenses des années précédentes. Tous ont été fournis sur la demande du gouvernement royal et durent être également produits par tous les hôpitaux de nos districts; mais le fonds de l'intendance ne les a jamais conservés tous les trois à la fois pour le même hôpital. Rédigés avec clarté et précision, accompagnés pour la plupart d'observations détaillées, ces états sont d'autant plus précieux pour nous que certains établissements n'en ont pas toujours laissé d'aussi complets pour les dernières années de l'ancien régime.

Les enquêtes de 1770 et de 1774 sur l'assistance publique. Les deux enquêtes auxquelles les intendants d'Agay et Dupleix firent successivement procéder, en 1770 et 1774, sur l'état des institutions d'assistance dans la province, auraient dù nous valoir une description précise et complète de ces institutions, dans chaque localité. Tous les recteurs, en effet, furent invités à fournir la liste des fondations charitables de leurs paroisses, avec l'indication de leurs ressources; les subdélégués avaient à s'informer des secours distribués par les

hôpitaux, les bureaux de charité et les maisons religieuses des villes, et à former, de tous les renseignements qu'ils auraient reçus des recteurs ou recueillis directement, des états récapitulatifs détaillés. Il nous est resté une quantité considérable de lettres de recteurs, souvent pleines d'intérêt, et la collection complète des états formés par subdélégation, tant en 1770 qu'en 1774. Mais nombre de recteurs ne répondirent pas; ce fut le cas dans 4 paroisses du district de Rennes, en 1770, et dans 11, en 1774; d'où autant de lacunes dans les états sommaires. Certains subdélégués paraissent même avoir négligé de consulter leurs recteurs; on s'expliquerait ainsi que celui de Fougères ait pu répondre, en 1770, qu'il n'existait chez lui aucune fondation charitable, alors que les documents de 1790 nous en ont révélé dans 23 paroisses du district. L'enquête de 1770 n'ayant abouti à aucune mesure efficace, il ne serait pas surprenant, d'ailleurs, que les recteurs n'aient pas mis d'empressement à répondre à la suivante. La première, du moins, paraît avoir été consciencieusement conduite dans les subdélégations de Rennes et de Vitré, et celle de 1774 y ajouta encore, pour les mêmes régions, des compléments intéressants. Ainsi, bien que leurs résultats soient loin d'être complets, les enquêtes de 1770 et de 1774 constituent une source précieuse et capable de suppléer, en matière d'assistance, à l'insuffisance des documents de l'époque révolutionnaire.

V. Les cahiers des paroisses et du bas clergé, en 1789.

Tout ce que ces cahiers peuvent contenir d'intéressant pour notre sujet, on le retrouvera aisément, grâce à la publication de MM. Sée et Lesort et à l'excellent index qui l'accompagne. Sur les revenus du clergé, sur le produit, ou même simplement le partage des dîmes, ils ne nous apprennent rien de précis, et les chiffres donnés en note, par les éditeurs, proviennent de documents que nous avons nous-mêmes utilisés. Mais, par leurs plaintes contre les abus des décimateurs, certains articles apportent des détails à retenir sur l'extension des menues dîmes et sur le taux et le mode de perception des

grosses. Çà et là, nous pouvons saisir quelques indications sur les conditions du service paroissial, l'état de l'assistance et des écoles, le partage du produit des fondations, et sur les rapports, parfois peu cordiaux, des recteurs avec les généraux de paroisses. Si l'on veut, enfin, juger de la condition du bas clergé, l'opinion des fidèles n'est pas à négliger. Leurs impressions et leurs sentiments sont, en tout cas, à rapprocher des chiffres que nous avons pu établir par ailleurs. On en peut dire autant de l'opinion du bas clergé du diocèse de Rennes, exprimée dans son cahier particulier. Celui-ci n'offre, au reste, aucun des détails utiles et précis que l'on peut rencontrer dans les cahiers des paroisses.

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