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permis de combler beaucoup de lacunes. La collection en est à peu près complète pour les trois districts, et, là où ils existent, nous sommes d'ordinaire assurés de connaître tous les revenus fonciers et les dimes du clergé, à l'exception parfois de ceux des fabriques et de leurs fondations; encore arrive-t-il que ces derniers ne nous soient connus que par les déclarations des municipalités.

Etats concernant les fabriques et les hôpitaux. A la fin de l'année 1792, la municipalité de Rennes fit dresser l'état des revenus de toute sorte perçus par les fabriques de la ville, revenus dont elle devait, conformément au décret du 3 septembre de la même année, assumer désormais la gestion. Ces états, transmis à l'administration départementale, nous sont tous parvenus. Les archives des Hospices de Rennes conservent un état des revenus et des charges de l'Hôpital général avant 1789, vérifié par la Commission des Hospices civils, le 15 fructidor VIII, deux états, sans date, des biens dont le même hôpital et l'Hôtel-Dieu avaient continué à jouir depuis la Révolution, et un état, non daté également, des revenus dont le dernier avait été privé par la Révolution. C'est assez pour reconstituer l'état de la fortune de ces établissements en 1790. Mais, pour aucune autre localité, nous ne possédons de documents comparables, si ce n'est le procès-verbal de la descente faite à l'hôpital Saint-Nicolas de Vitré par les commissaires du district. Les archives des Hospices de Rennes (séries H et T) nous ont encore fourni divers états de rentes mobilières appartenant aux hôpitaux et autres établissements d'assistance de la ville; les Archives Départementales possèdent deux états analogues qui intéressent les fabriques et les établissements d'assistance du district de Vitré. Mais ces tableaux, fragmentaires et discordants, ne donnent aucun résultat certain ni complet; aucune indication n'en révèle la date ni l'origine.

Les recensements généraux, par district. Par ses délibérations des mois d'août et septembre et par son compte rendu du 15 septembre 1790 au Conseil général, nous savons que le directoire du district de Rennes s'occupa activement de

rassembler tous les éléments d'un tableau général de la propriété ecclésiastique dans son ressort. Il réclama partout et vérifia les déclarations et les inventaires déjà faits; il obtint de Sauveur, receveur des décimes dans le diocèse, un état de tous les bénéfices imposés, et, de Du Margat, directeur de la trésorerie des Etats de Bretagne, l'état des rentes sur la province que possédaient les corps et communautés religieuses du district. De tout ce labeur, il ne reste aucune trace. Nous n'avons retrouvé, non plus, aucun des états particuliers des biens ecclésiastiques, par commune, dont le procureur syndic Gandon annonçait, dans le compte rendu du 15 septembre, la formation par le directoire, et l'envoi à toutes les municipalités, pour qu'elles les vérifient et, au besoin, les complètent.

Pour 12 communes du district de Vitré, nous restent, dans les dossiers qui réunissent les déclarations particulières à chacune, des « Extraits de déclarations » rapportant l'état complet des immeubles, dîmes et rentes ecclésiastiques de leur territoire; on y mentionne également les biens des hôpitaux. Aucun n'est daté ni signé; mais tous ont été dressés sur le même modèle et écrits de la même main. Ce sont évidemment les vestiges d'un travail entrepris pour l'ensemble du district et par son directoire. Très précis, très utiles pour combler les lacunes des déclarations, il est à remarquer que ces extraits ne se rencontrent guère que là où font défaut les bonnes déclarations municipales.

Seule, l'administration du district de Fougères nous a laissé le résultat définitif de ses travaux dans un « Etat général des » biens ecclésiastiques et domaniaux » de son territoire. Conservé en parfait état, il nous donne, pour chaque commune, le produit des dimes, droits féodaux, rentes foncières. et immeubles de chaque propriétaire ecclésiastique, sans omettre les revenus des fabriques, des hôpitaux et des fondations charitables et scolaires. La description des biens pourrait être souvent plus précise. Les évaluations reproduisent ordinairement celles des déclarations ecclésiastiques. Cependant, lorsque les municipalités ont fourni des évaluations supérieures, le district les a toujours adoptées de préférence. Ce document offre, en définitive, le plus grand intérêt; seul il nous apporte un ensemble aussi complet d'indications relativement sûres, pour une région aussi vaste.

II. Les documents relatifs aux biens nationaux.

De ces documents, nous n'avons examiné que ceux qui concernaient les immeubles. Sur le sort des objets du culte et des meubles du clergé, sur la liquidation de ses rentes mobilières ou foncières, on ne saurait, en effet, recueillir, en Ille-et-Vilaine, que des indications fragmentaires et très insuffisantes.

On doit, au contraire, retrouver la trace de tous les immeubles dans les collections de procès-verbaux d'adjudication et d'estimation, ou dans les états sommaires des biens vendus ou invendus. Certaines dépendances des hôpitaux et des établissements d'assistance, qui n'avaient fait l'objet d'aucune estimation, et qui, distraites dès l'an VIII de la masse des biens nationaux, ne figurent pas sur les états de biens invendus dressés depuis, pouvaient seules échapper à nos recherches.

Cette réserve faite, les documents relatifs à la vente des biens nationaux permettent un recensement complet de la fortune immobilière du clergé. En l'absence de déclarations et d'inventaires, nous avons pu, grâce à eux, reconstituer au moins l'état des revenus fonciers de beaucoup de fabriques et de fondations. Nous leur devons encore les seules évaluations solidement fondées que l'on puisse opposer à celles des déclarants, et, pour les terres non affermées en argent au moins, l'indication de contenances constatées sur place, sinon rigoureusement mesurées. Pour les biens affermés en argent, en effet, le prix d'estimation fut, jusqu'en l'an III, calculé d'après le fermage augmenté, s'il y avait lieu, de la valeur des prestations en nature et d'une fraction des deniers d'entrée. Pour les autres, on procéda toujours à des expertises qui furent, autant que l'on en peut juger, conduites avec assez de soin et de sincérité. Les procès-verbaux d'expertises, en tout cas, décrivent les immeubles dans le détail, donnent la contenance, la qualité et le revenu des terres, pièce à pièce, et le taux de leurs évaluations tend plutôt à surpasser celui des fermages dans la même région. Beaucoup de terres étant affermées à prix d'argent, nous ne pouvons malheureusement calculer avec exactitude l'étendue du domaine ecclésiastique,

ni en bien connaître la nature. Les procès-verbaux d'adjudication, les baux, les déclarations, ni aucun autre document, ne peuvent suppléer les procès-verbaux d'expertises.

III. Les anciens fonds ecclésiastiques et scolaires.

Les anciens fonds ecclésiastiques et scolaires offrent des ressources fort inégales. Très riches, en général, pour les chapitres et les abbayes, celle de Rillé exceptée, pour certains prieurés et pour la plupart des congrégations rennaises, ces fonds sont très pauvres et font même totalement défaut, parfois, pour les communautés fougeraises et vitréennes, ainsi que pour les cures, les fabriques et les petits bénéfices. Le fonds de l'évêché de Rennes, à peu près complètement rempli par les documents de l'officialité et du secrétariat, n'a presque rien conservé qui concerne le temporel du bénéfice. Les fonds des maisons d'éducation, conservés dans la série D, n'intéressent que les établissements rennais et sont fort réduits. Celui du collège de Rennes, aux archives municipales, est abondant, mais ne nous a offert que peu de ressources utilisables.

Titres de propriété et dossiers de procédures. Nous avons renoncé très vite à l'étude approfondie des uns et des autres. Nous n'avions pas à suivre, en effet, dans tous les détails de son histoire, la fortune de chaque établissement, mais à en établir simplement l'état à certains moments, ce que ne pouvaient permettre avec certitude des documents de cette nature. Ils témoignent du moins de l'existence de revenus dont nous pouvions, en l'absence de relevés généraux, ne pas trouver trace ailleurs. En fait, nous ne leur devons aucune révélation importante; mais c'étaient des moyens de contrôle qui appelaient un examen sommaire. Les procédures concernent, le plus souvent, des affaires de dîmes; elles présentent un intérêt capital pour l'étude des relations entre décimateurs et décimables, et surtout entre décimateurs et recteurs portionnaires.

Etats de revenus et de charges. En maintes circonstances, à l'occasion de demandes de secours, de répartition de

décimes, de réformes intérieures, de réunions de communautés, de transferts de biens, etc..., bénéficiaires, communautés et autres établissements ecclésiastiques pouvaient avoir à fournir des états plus ou moins détaillés de leurs revenus et de leurs charges. Il en reste dans les fonds des établissements rennais, de l'abbaye de Saint-Sulpice et du prieuré de SainteCroix de Vitré. Nous avons retenu tous ceux qui prêtent à comparaison avec ceux que nous avons pu dresser pour 1790. En l'absence de moyens de contrôle suffisants, la critique en est difficile et souvent même impossible. Ces états, notamment, un seul excepté, ne mentionnent jamais de pots de vin, et rien ne nous peut apprendre s'il en avait été versé en leur temps, ni à combien ils s'élevaient. Les prix de fermage y sont, du moins, rapportés avec exactitude, comme le prouvent tous les baux qui nous restent.

Tels qu'ils sont, ces états anciens montrent la progression des revenus du clergé, dans le courant du XVIIIe siècle. Les baux, les rentiers et les comptes permettent de la suivre de plus près et avec plus de certitude; mais les états, déjà, révèlent, au premier coup d'œil, les objets qu'elle affecte principalement, et les résultats généraux en paraissent parfois assez sûrs pour qu'on les puisse comparer entre eux. Aux tableaux de revenus et de charges sont parfois jointes des observations sur la situation et les besoins des établissements qu'ils concernent. Sans doute, peuvent-elles paraître d'un pessimisme exagéré, puisqu'elles viennent ordinairement à l'appui de demandes de secours. Mais aux chiffres des tableaux, elles ajoutent toujours des compléments et des éclaircissements utiles à retenir, et nous les avons, dans tous les cas, intégralement reproduites.

Rentiers et terriers. S'il en subsistait davantage, et s'ils avaient toujours été tenus à jour avec le soin nécessaire, ils auraient formé la principale et la plus sûre de nos sources. Nous en possédons, en effet, qui réservent, à chaque article de revenu ou de charge, une page spéciale où sont portés, avec leur date, pendant de longues suites d'années, toutes les recettes ou tous les paiements effectués. Nous y pouvons, non seulement relever tous les revenus certains et toutes les

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