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élevée. Il attribue à la même cause les pogonies, les aires, les poutres de feu, les colonnes, et les autres phénomènes semblables, qu'il fait venir, comme tous les péripatéticiens, des différentes formes que prend le nuage. Suivant Epigène, la comète est un air mêlé de terre qui s'élève dans la région des astres et s'y enflamme. Boéthus croit que c'est une simple apparence de lumière, causée par un air très raréfié. Selon Diogène, les comètes sont des étoiles. Anaxagore prétend que les étoiles tombantes sont comme des étincelles qui sortent de l'éther, et que c'est pour cela qu'elles s'éteignent promptement. Métrodore prétend que ce sont les étincelles qui jaillissent du soleil, quand ses rayons tombent avec violence sur un nuage. Xénophane croit que tous les phénomènes de ce genre ne sont que la réunion de plusieurs nuages enflammés et leur mouve, ment de scintillation.

CHAPITRE III.

Des tonnerres, des éclairs, des foudres, des vents brûlants et des tourbillons.

Anaximandre attribue tous ces effets à l'air. Lorsqu'il est renfermé dans un nuage épais, la subtilité et la légèreté de ses parties font qu'il s'en dégage avec violence; son explosion est accompagnée d'un grand bruit; le nuage crève, et, du sein de son obscurité, il sort une flamme brillante. Métrodore dit que ces divers météores ont lieu quand l'air, se trouvant resserré dans un nuage dense et épais, l'effort qu'il fait en le divisant cause le bruit du tonnerre; en faisant crever le nuage, il produit l'éclair; la rapidité de son mouvement fait que le soleil lui communique une grande chaleur; alors la foudre part, et la foudre en s'affaiblissant se change en un vent brûlant. Suivant Anaxagore, quand le chaud et le froid, c'est-à-dire l'éther et l'air, se trouvent mêlés ensemble, l'explosion

qui suit de leur mélange forme le tonnerre; l'obscurité de la nuée donne, par sa couleur même, naissance à l'éclair; la force et la vivacité de la lumière engendrent la foudre; quand le feu a plus de consistance que la nuée, il cause un tourbillon, et, s'il en a la légèreté, un vent brûlant. Les stoïciens pensent que le tonnerre vient du choc des nuages, que l'éclair est la lumière produite par ce choc; que la rapidité de la lumière cause la foudre, et sa faiblesse un vent brûlant. Aristote veut encore que ces divers accidents soient l'effet d'exhalaisons sèches qui, se trouvant comprimées dans des vapeurs humides, cherchent à se faire jour avec violence. Le choc et la rupture du nuage causent le bruit du tonnerre; l'inflammation des vapeurs sèches produit l'éclair. Les vents brûlants et les tourbillons viennent du plus ou du moins de matière que ces météores attirent. Quand la chaleur y domine, c'est un vent brûlant; si elle a plus de densité, c'est un tourbil.lon 1.

CHAPITRE IV.

Des nuées, des pluies, des grêles et des neiges.

Suivant Anaximènes, les nuées se forment d'un air très condensé. S'il se coagule encore davantage, elles se résolvent en pluie; si l'eau se gèle en tombant, elle produit la neige ou la grêle, quand elle est saisie dans sa chute par un vent froid. Métrodore croit que les nuées sont le résultat des exhalaisons aqueuses qui s'élèvent dans les airs. Epicure les croit formées par des vapeurs. Quant à la rondeur de la grêle et des gouttes de pluie, il pense qu'elle est l'effet de la pression qu'elles éprouvent dans une longue chute.

1 La découverte de l'électricité et les observations des physiciens modernes sur les efforts des frottements électriques ont donné la vraie cause du tonnerre, et fait disparaître ces idées puériles de la vicille physique.

CHAPITRE V.

De l'arc-en-ciel.

Entre les météores, les uns ont une existence réelle, comme la pluie et la grêle, d'autres n'en ont que les apparences, et n'existent pas réellement; ainsi, quand nous naviguons dans un bateau, nous croyons voir le rivage marcher. L'arc-en-ciel est un météore de la seconde espèce. Suivant Platon1, on rapporte son origine à Thaumas, à cause de l'admiration qu'il cause. Homère a dit:

Iris vient étaler ses brillantes couleurs.

La Fable lui donne une tête de taureau, et suppose qu'elle absorbe l'eau des fleuves. Mais comment se forme l'arcen-ciel? Il faut d'abord observer que nous voyons les objets par des lignes qui sont ou droites, ou courbes, ou réfléchies; lignes qui n'ont point de corps et sont invisibles à nos yeux, mais que notre raison conçoit. Nous voyons par des lignes droites les objets qui sont dans l'air, et à travers les pierres transparentes et les cornes, parceque ces corps diaphanes sont composés de parties très subtiles. Nous voyons par des lignes courbes les objets qui sont dans l'eau; car notre vue se plie avec force à cause de la densité de ce liquide, et une rame que nous voyons de loin dans la mer nous paraît rompue. La troisième manière de voir se fait par des lignes réfléchies, comme dans les miroirs, et c'est ainsi que nous voyons l'arc-en-ciel. Il faut concevoir que les vapeurs humides qui s'élèvent dans les airs se changent en nuages, et deviennent peu à peu des gouttes d'eau Quand donc le soleil baisse vers l'occident, il faut nécessairement que notre vue, tombant sur ces gouttes d'eau, et y éprouvant

1 Thaumas, dont le nom signifie admirable, était, selon les poëtes, fils de l'Océan.

une réflexion qui produit l'arc-en-ciel, ce phénomène paraisse toujours en face du soleil. Ces gouttes ne déterminent point la forme de l'iris, mais ses couleurs. La première est le rouge, la seconde est le pourpre, et la troisième le vert. Le rouge est produit par l'éclat et la vivacité des rayons du soleil, qui, donnant dans ces gouttes d'eau, y éprouvent la réflexion d'où naît cette couleur. La seconde partie de l'iris devenant plus obscure, et délayant, pour ainsi dire, dans les gouttes d'eau, la lumière brillante du soleil, donne le pourpre, qui n'est qu'une teinte affaiblie du rouge. L'extrémité de l'iris s'obscurcissant encore davantage, il en résulte le vert. Une expérience commune confirme ces observations. Si quelqu'un met de l'eau dans sa bouche, et que placé en face du soleil, il la fasse sortir en vapeur, de manière que ces gouttes d'eau réfléchissent les rayons de cet astre, il verra les couleurs de l'arc-en-ciel. C'est encore ce qui arrive à ceux qui, ayant mal aux yeux, fixent la lueur d'une lampe. Anaximènes croit que l'arc-en-ciel est formé par les rayons du soleil, qui, tombant sur une nuée dense, épaisse et noire qu'ils ne peuvent pénétrer, se réunissent à sa surface. Anaxagore dit que c'est la réflexion des rayons solaires sur une nuée épaisse toujours opposée au soleil, comme les objets se réfléchissent sur un miroir. Il explique par la même cause les parélies qu'on voit souvent dans le Pont. Selon Métrodore, quand le soleil brille à travers une nuée, le nuage paraît vert, et le rayon solaire prend la couleur rouge 1.

1 Les anciens n'ont pas bien connu l'origine de l'arc-en-ciel. Newton a découvert que la différence des couleurs provenait de ce que chaque rayon simple, c'est-à-dire rouge, jaune, bleu, n'ayant pas le même degré de force que son voisin, il arrive que, tous pris ensemble, éprouvent une réfraction inégale quoiqu'ils passent par un milieu homogène, parcequ'ils sont obligés, en rencontrant un milieu diaphane mais dense, de vaincre une résistance qui ne permet pas aux plus faibles de suivre la même direction que les plus forts. Quant à la forme arquée de l'iris, voici l'expli

CHAPITRE VI:

Des verges.

Les verges et les anthélies ont en partie une existence réelle, et ne sont en partie qu'apparentes. Les nuées où elles se forment existent véritablement, mais non dans leur couleur naturelle; elles en prennent une étrangère qui n'est qu'apparente. Ce qui est naturel à ces phénomènes, et ce qu'ils ont d'accidentel, est le même dans tous1.

CHAPITRE VII.

Des vents.

Anaximandre dit que le vent est un air fluide dont le soleil met en mouvement ou dissout les parties les plus subtiles. Suivant les stoïciens, tous les vents sont des courants d'air, qui changent de nom, suivant les pays d'où ils soufflent. Le vent d'occident s'appelle Zéphyre, celui d'orient Apéliotes. On donne au vent qui souffle du septentrion le nom de Borée, et au vent du midi le nom d'Africain. Métrodore prétend que les vapeurs aqueuses qui s'élèvent dans les airs, étant échauffées par le soleil, occasionnent des vents rapides et violents, et que les vents étésiens soufflent quand l'air, que le soleil avait com

cation qu'en donnent nos physiciens modernes. Selon eux, l'iris a cette forme, parceque les rayons de lumière forment un cône dont la base est la nuée sur laquelle l'iris est répandue, et au sommet duquel se trouve le spectatcur. Antonio de Dominis, archevêque de Spalatro en Dalmatie, a le premier fait voir par une expérience célèbre ce que c'était que la théorie de l'arc-en-ciel, et comment se formait la variété des couleurs qu'on y découvre.

1 Ces anthélies, qu'on nomme aussi parélies, sont des nuages, et, comme disent les physiciens, des spectres solaires. La cause de cette illusion est dans la réfraction des rayons du soleil sur notre atmosphère. On peut comparer cette multiplication de l'image du soleil à la répétition qui se fait d'un même objet dans un miroir à facettes.

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