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sont contestées. Il les fit jouer depuis l'archontat de Lysistrate jusqu'à celui de Sosigènes 1, pendant l'espace de vingt-huit ans. Il y en eut six de représentées dans les fêtes publiques, dont deux, jouées par l'acteur Dionysius, remportèrent le prix, et deux furent représentées par d'autres acteurs aux fêtes Lénéennes 2. On voyait dans la citadelle d'Athènes les statues de la mère d'Isocrate, de Théodore et d'Anaco, sa tante. Celle de sa mère subsiste encore: elle est auprès de la statue de la Santé ; mais l'inscription en a été changée; celle d'Anaco ne s'y trouve plus. Cette tante d'Isocrate eut deux fils, Alexandre et Sosiclès, l'un fils de Cénon, et l'autre de Lysias.

1 Lysistrate fut archonte la quatrième année de la cent deuxième olympiade, et Sosigènes la troisième année de la cent neuvième, ce qui fait bien vingt-huit ans.

2 Les fètes Lénéennes faisaient partie des fêtes Anthestériennes, qu'on célébrait à Athènes pendant trois jours dans le mois d'anthestérion, qui répondait à notre mois de février.

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I. Son maître d'éloquence, et temps auquel il florissait.

l'éloquence à Démosthènes.

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III. Ses ouvrages.

I. Isée, né à Chalcis 1, vint s'établir à Athènes, où il prit les leçons de Lysias. Il imita si bien l'élégance et l'harmonie du style de son maître et sa vigueur dans le raisonnement, qu'à moins d'être bien exercé à discerner le caractère propre de ces deux orateurs, il n'est pas facile de les distinguer. Il florissait vers le temps de la guerre du Péloponnèse, comme on peut le conjecturer par ses discours, et il vécut jusqu'au règne de Philippe.

II. Il avait ouvert une école d'éloquence qu'il abandonna afin d'instruire en particulier Démosthènes, qui lui donna dix mille drachmes pour sa récompense 2. C'est à son disciple qu'il a dû sa plus grande réputation. On dit qu'il eut beaucoup de part aux plaidoyers de Démosthènes

contre ses tuteurs.

III. Il y a sous son nom soixante oraisons, dont cinquante seulement sont de lui. Il avait composé aussi un traité sur l'art oratoire. Il a le premier fait un usage fréquent des figures, et tourné l'éloquence du côté de la politique; en quoi Démosthènes l'a beaucoup imité. Le poëte comique Théopompe a parlé de lui dans son Thésee 3.

1 Chalcis était une ville de l'île d'Eubée. Denys d'Halicarnasse le fait Athénien.

2 C'est une grande contradiction avec ce qu'il a dit dans la Vie d'Isocrate, que Démosthènes n'avait pas été en état de donner à cet orateur mille drachmes pour payer ses leçons. Mais nous y avons fait observer que ce dernier fait était hors de vraisemblance. Photius dit que Démosthènes ne donna à Isée que deux mille drachmes de récompense.

3 Théopompe, poëte de l'ancienne comédie, avait composé dix-sept pièces de théâtre, et, selon d'autres, vingt-quatre, qui sont toutes perdues.

VIE D'ESCHINE.

II. Sa rivalité avec DéIV. Il ouvre une école d'éloVI. Succès de ses

1. Sa naissance et ses premières occupations.
mosthènes.-III. Il est banni d'Athènes. -
V. Sa mort et ses ouvrages.
quence à Rhodes.
discours.

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I. Eschine, fils de cet Atromète qui, banni d'Athènes par les trente tyrans, contribua dans la suite au rétablissement du gouvernement populaire, était du bourg de Cothoce1. Sa mère s'appelait Glaucotée 2. Sa naissance et sa fortune n'avaient rien de remarquable. Né robuste de corps, il s'appliqua dans sa jeunesse aux exercices de la gymnastique. Depuis, comme il avait la voix belle, il embrassa la profession de comédien et joua les rôles tragiques. S'il faut en croire Démosthènes, il faisait l'office de souffleur et ne jouait que les troisièmes rôles dans la troupe d'Aristodème, qui, pendant les bacchanales, faisait représenter d'anciennes tragédies 3. Il était à peine sorti de l'enfance, qu'il enseignait les lettres avec son père. Parvenu à l'adolescence, il porta les armes et fit plusieurs campagnes. Il eut, selon quelques uns, Isocrate et Platon pour maîtres. Cécilius dit qu'il fut disciple de Léodamas ".

II. Il n'eut pas plutôt commencé à prendre part aux affaires publiques, qu'il s'y fit une grande réputation, en embrassant la faction opposée à celle de Démosthènes. Il fut chargé de plusieurs ambassades, et en particulier de celle que les Athéniens envoyèrent à Philippe pour né

1 C'était un des bourgs de l'Attique.

2 Démosthènes, dans son discours sur la Couronne, dit que le père d'Eschine s'appelait Tromès, et que son fils, allongeant son nom de deux syllabes, en avait fait Atromète; que sa mère, qu'il appelait avec beaucoup de dignité Glaucotée, était plus connue sous le nom d'Empuse (c'est ainsi qu'on appelait les spectres nocturnes), parcequ'elle initiait aux bacchanales.

3 Voyez Démosthènes, sur la Fausse Légation. 4 Suidas le nomme Alcidamas.

gocier la paix. Au retour, il fut accusé d'avoir causé la ruine de la Phocide, parceque, ayant été élu pylagore', et se trouvant à Amphisse député des amphictyons, qui y faisaient construire un port, il avait excité la guerre sacrée et forcé par là les amphictyons de recourir à Philippe, qui, secondé par Eschine, se mêla de cette expédition et s'empara de la Phocide. Mais cet orateur, soutenu par la faveur d'Eubulus, fils de Spintharus, et par les sollicitations de Probalusus, un des démagogues les plus accrédités, eut pour lui trente suffrages et évita la condamnation. D'autres disent que les deux orateurs avaient composé leurs discours, mais que la défaite de Chéronée, survenue dans cette circonstance, empêcha que la cause ne fût plaidée2.

III. Quelque temps après, Philippe mourut, et Alexandre était occupé de son expédition d'Asie, lorsque Eschine accusa Ctésiphon d'avoir proposé en faveur de Démosthènes un décret contraire aux lois3. Mais il n'eut pas pour lui la cinquième partie des suffrages, et fut condamné à une amende de dix mille drachmes. Il ne voulut pas la payer, et s'exila lui-même à Rhodes. D'autres disent qu'il fut noté d'infamie pour n'avoir pas voulu sortir d'Athènes, et qu'il se retira à Ephèse auprès d'Alexandre.

IV. Les troubles qui suivirent la mort de ce prince l'obligèrent de s'embarquer pour Rhodes, où il ouvrit une école d'éloquence. Il y lut un jour aux Rhodiens son discours contre Ctésiphon; et ses auditeurs lui ayant té– moigné leur surprise de ce qu'il avait perdu sa cause

1 On donnait ce nom aux députés que chaque ville grecque envoyait au conseil des amphictyons aux Thermopyles.

2 Les deux discours d'Eschine et de Démosthènes ont été conservés. 3 Ce décret portait que Démosthènes, en récompense de ses travaux politiques et des services qu'il avait rendus à sa patrie, soit au dedans, soit au dehors de la ville, recevrait en plein théâtre une couronne d'or. L'accusation qu'Eschine avait intentée à Ctésiphon, avant la mort de Philippe, ne fut reprise que la sixième année du règne d'Alexandre.

après l'avoir si bien défendue : « Vous n'en seriez pas étonnés, leur dit-il, si vous aviez entendu Démosthènes y répondre. » L'école qu'il avait fondée subsista encore après lui, et fut appelée l'école Rhodienne.

V. Dans la suite il quitta Rhodes pour passer à Samos, où il mourut au bout de quelque temps 1. Il avait la voix belle, à en juger par ce qu'en dit Démosthènes et par le discours de Démocharès. On a sous son nom quatre oraisons, l'une contre Timarque, l'autre sur son ambassade, et une troisième contre Ctésiphon. Celles-là sont véritablement de lui. La quatrième, qui porte le titre Déliaque, lui est faussement attribuée. Il est vrai qu'il fut désigné pour plaider la cause qui regardait l'intendance du temple de Délos, mais il ne prononça point de discours, parceque Hypéridès, au rapport de Démosthènes, fut nommé pour le remplacer. Il nous apprend lui-même qu'il eut deux frères, Aphobus et Démocharès. Il apporta le premier la nouvelle de la victoire que les Athéniens avaient remportée auprès de Tamynes, ce qui lui mérita une couronne 5. Quelques auteurs disent qu'il n'apprit l'éloquence d'aucun maître, et qu'il se forma au talent d'orateur en remplissant, dans les tribunaux, l'office de greffier.

1 Ce fut la deuxième année de la cent quatorzième olympiade, un an après Alexandre; il avait soixante-quinze ans.

2 Démocharès était fils d'une sœur de Démosthènes; il était aussi éloquent que brave. Outre des discours oratoires, il avait composé des ouvrages historiques. Il ne faut pas le confondre avec un frère d'Eschine du même nom.

3 Elles existent encore, et depuis longtemps ce sont les seules qu'on ait de cet orateur, car Photius ne parle que de ces trois-là.

Les Athéniens et les habitants de Délos se la disputaient; elle fut adjugée aux premiers.

5 Tamynes était une ville d'Érétrie dans l'île d'Eubée. Eschine, dans son oraison sur son ambassade, dit qu'il se distingua dans ce combat parmi les plus braves; que les généraux lui donnèrent une couronne sur le champ de bataille, et qu'à son retour à Athènes, le peuple lui en décerna une seconde.

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