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serviront à payer les rentiers; d'un autre côté, l'on débite qu'on laissera les dimes aux propriétaires. Dans ce cas-là, il ne nous reste plus rien. (Car nous n'avons pas de biens dans la lune.) J'opine donc qu'il faut connoître ce que Vous pouvez attribuer au culte, aux pauvres, aux ministres des autels. Prenez tout le reste de

nos biens pour satisfaire aux rentiers de l'état, jusqu'à la concurrence de 400 millions; cela doit être, puisque vous l'avez ainsi décrété. Je le demande pour vous & pour nous, persuadé que nous n'aurons la paix que quand cette vente sera réalisé. Or, comme ces opérations demandent à être présentés dans un plan un qui' embrasse toutes les parties, je demande que la question soit renvoyée toute entiere.

M. Thouret a trouvé que beaucoup des préopinans s'étoient écartés de la question; il s'agit de savoir comment réaliser la vente de 400 millions de bien que vous avez décrétée. La commune de Paris vous soumet un plan; l'accepterez-vous, ou attendrez-vous que les districts & les départemens soient en activité. Les circonstances ne nous permettent pas d'attendre. Nos embarras sont grands; les besoins commandent impérieusement, & l'augmentent de plus en plus

par la lassitude pénible que fait éprouver à toutes les parties de la chose publique, l'absence du numéraire. D'où vient cette position affreuse? Du discrédit. Quelle ressource avons-nous pour le faire disparoître D'inspirer de la confiance à nos assignats. La commune de Paris nous en offre une; il faut la saisir; il faut embrasser, comme une planche dans le naufrage, tout ce qui peut faire renaître la confiance, & par elle le crédit... On nous propose d'afficher, de vendre; mais on ne réfléchit pas que pour vendre il faut trouver des acquéreurs. Se trouvera-t-il beaucoup de personnes qui voudront l'être dans un moment où la révolution donne des inquiétudes aux uns, pendant que les autres sont agités par des inquiétudes inspirées dans un moment, dis-je, où l'anti-. patriotisme, pour embarrasser notre marche, ren-, verser notre ouvrage, réunit tous ses efforts, avec toute la fureur du désespoir qu'il ressent d'être, forcé dans son dernier retranchement.... Que vous propose-t-on ? de vendre, par grande masse, les biens ecclésiastiques. A qui? à des municipalités. Nous ne pouvons mieux faire. C'est un grand pas de fait que de posséder les détenteurs des biens ecclésiastiques... L'intérêt que mettent les adversaires à réfuter le plan, est un puissant motif de

l'adopter. Je me persuade que les moyens qu'on employe pour en traverser le succès, disparoîtront devant les efforts des municipalités.

M. de Mirabeau a été d'un avis contraire ; les députés du commerce de France ont envoyé un mémoire dans lequel ils représentoient avec beaucoup de soumission que l'adoption du papier proposé par le bureau municipal de Paris seroit fort préjudiciable, & ne seroit profitable & convenable qu'aux capitalistes de Paris.

L'assemblée est demeurée quelques instans dans un état de stagnation par l'opposition opiniâtre du parti des noirs. On a eu bien de la peine à fermer la discussion. Cependant la délibération ouverte, le premier article a été décrété. Soudain l'escradron des mécontens a quitté l'arêne & a disparu, abandonnant à leurs sens réprouvé ce qui leur plaît appeller les enragés. Cette évasion est une preuve des sentimens de paix qui régnent dans l'ame des noirs. Après différens amendemens, & plusieurs débats, le décret a passé ainsi qu'il suit :

'Décret sur la vente des biens ecclésiastiques.

« L'assemblée nationale a décrété & décrete:

1°. Que les biens dominaux & ecclésiastiques, dont elle a précédemment ordonné la vente par son décret du 19 décembre dernier, jusqu'à la concurrence de 400 millions, seront incessamment vendus & aliénés à la municipalité de Paris, & aux autres municipalités du royaume, auxquelles il pourroit convenir d'en faire l'acquisi tion.

2o. Qu'il sera nommé à cet effet, par l'assemblée nationale, douze commissaires pris dans toute l'assemblée, pour aviser, contradictoirement avec les membres élus par la municipalitée Paris, au choix & à l'estimation desdits biens jusqu'à la concurrence de 200 millions; que l'aliénation définitive desdits biens sera faite aux clauses & conditions qui seront définitivement arrêtées & en outre à la charge offerte par la municipalité de Paris, de transporter aux autres municipalités, au susdit prix de l'estimation telle portion desdits biens qui pourroit leur convenir, aux clauses & conditions accordées à celle de la capitale.

3o. Qu'il sera rendu compte préalablement

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par les commissaires à l'assemblée nationale, du résultat de leur travail & de l'estimation des experts, dans le plus court délai possible.

4°. Que nonobstant le terme de quinze an

nées, porté dans le plan, les commissaires de l'assemblée s'occuperont de rapprocher, le plus possible, les échéances de remboursement de la liquidation générale ; &, pour y parvenir plus efficacement, ordonne, l'assemblée nationale, que sous l'inspection desdits commissaires, les municipalités seront tenues de mettre, sans retard, lesdits biens en vente, dans le délai qui sera preset, & dès le moment où il se présentera ith acquéreur qui portera lesdits biens au prix fixé l'estimation des experts.

par

LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL.

Le prix de l'abonnement pour 30 N°. est de 6 liv. 12 sols pour Paris, & de 7 liv. 10 sols. pour la Province.

De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, au coin de la rue Fromenteau, place du Palais-Royal.

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