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justice les raisons que vous exposez en faveur des juifs, d'une maniere si touchante.

Députation des citoyens armés ou de l'armée patriotique de Bordeaux : admiration, respect & hommage à l'assemblée nationale; mais tableau effrayant de la misere qui regne à Bordeaux, de la diminution énorme du commerce de cette ville maritime, dans le port de laquelle il est entré, en 1789, 1419 bâtimens moins qu'en 1788 traite des negres demandée presque impérieusement, sous peine de l'anéantissement total du commerce de cette métropole : point de colonies sans esclavage; sans traite point d'esclavage; sans colonies point de commerce; sans commerce toute la nation est ruinée. Donc de la propriété des negres dépend la prospérité de l'empire François. « Dans 50 ans & même avant, on répondroit : ce qui est contre la nature est injuste, ce qui est injuste ne peut être politique ni utile; or la traite des negres est contre la nature, donc elle ne peut être utile: telle fut la réponse des Athéniens lorsqu'on leur proposa une chose utile en apparence, mais injuste. Un peuple libre ne trouve de politique ni d'avantageux que ce qui est conforme à la justice. Je ne veux pas dire pour cela d'affranchir les negres, ils ne sont pas susceptibles de recevoir

ce bienfait pour le moment. On ne peut que le leur faire entrevoir. >>

M. le président a répété la réponse qu'il avoit faite aux députés extraordinaires du commerce. La question relative au commerce a été ajournée à lundi.

M. de Menou s'est plaint de ce que M. de la Luzerne eut retenu la lettre & le mémoire de Saint-Domingue à l'assemblée nationale, sous prétexte d'en faire le dépouillement & le rapport. On s'est battu pour & contre; on a fini mais sans voter, par convenir que le président demanderoit la lettre.

de son

Vers la fin de la séance, on a donné lecture de l'adresse de M. Crochet, soldat-citoyen du district des Enfans-Rouges, qui offre sur l'autel de la patrie un don de 600 livres. Ce généreux patriote jure de verser jusqu'à la derniere goutte sing pour le maintien de la constitution, & de déshériter quiconque des siens seroit entré dans aucun complot pour exciter une contre-révolu tion.

LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL.

De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, au coin de la rue Fromenteau, Place du Palais-Royal.

ASSEMBLÉE NATIONALE

PERMANENT E.

Séance du 26 février.

M. de la Coste a lu le procès-verbal de jeudi matin, M. de Biauzat celui du soir. La rédaction des verbaux n'a éprouvé aucune contradiction; mais on a fait la motion expresse que les discours prononcés dans la séance du soir ne fussent point insérés dans le verbal : l'assemblée, après avoir pesé dans sa sagesse les inductions que l'on en pourroit tirer, a consacré la motion.

M. de la Luzerne a remis à M. le président le paquet à l'adresse de l'assemblée nationale, que celui-ci avoit été chargé de demander au mi

nistre.

M. le président en a fait l'ouverture après en avoir demandé la permission à l'assemblée ; il a lu un mémoire très-circonstancié des troubles qui régnent dans la partie du nord de Saint-Domingue, occasionnés par une assemblée des habitans de cette contrée, qui se qualifie d'assemblée provinciale. Les plaintes émanent du conseil supérieur de cette province, qui fait un ta Tome IX. N°. 3.

C

bleau pittoresque des vexations de cette prétendue assemblée. C'est peu, est-il dit dans le mémoire, qu'on se soit permis de violer le secret des lettres, c'est peu d'avoir attenté à la personne d'un magistrat, d'avoir licencié les troupes, & de leur avoir fait ensuite prêter un nouveau serment; ces messieurs se sont rendus maîtres de la comptabilité & des finances.... Le malheureux esprit d'insurrection se propage & gagnera bientôt la partie saine de l'isle. Si l'aveugle enthousiasme de l'humanité se manifestoit dans le reste de l'isle, rien ne pourroit résister à ce délire fanatique, & l'isle de Saint-Domingue deviendroit un vaste tombeau. Le conseil supérieur sollicite les secours les plus prompts pour détourner les malheurs dont cette colonie est menacée. On a renvoyé cette affaire au comité des rapports, & probablement on s'en occupera mardi.

L'assemblée est restée quelques instans dans l'inaction qui naît assez ordinairement dans notre sénat de l'empressement que chacun de ses membres manifeste pour proposer des choses utiles; & plus que cela encore de l'embarras où le jette quelquefois l'affluence des matieres qu'il a à traiter,toujours urgentes, toujours utiles dans le moment de crise où nous nous trouvons. Cependant M. de Cernon aeu la préférence. Il a parlé au nom du comité

de constitution sur le décret général de la division du royaume, en rappellant à l'assemblée qu'elle avoit chargé son comité de lui présenter une nouvelle dénomination de département, dénomination nécessitée par les circonstances, puisqu'il est vrai que les chefs-lieux de département ne sont pas tous définitivement déterminés, & que, pour se plier aux réclamations & prétentions de différentes villes, on avoit été obligé d'accorder l'alternat; dénomination d'ailleurs commandée par l'esprit de sagesse qui a porté l'assemblée à détruire tous les privileges, & qui doit chercher à effacer du souvenir des peuples jusqu'aux traces de l'ancien régime.

M. le rapporteur est entré ainsi en matiere.

Le département des deux Flandres pourra s'appeller le département du Nord; celui de l'Artois, département du pas de Calais ; celui du Cotentin, département de la Manche; celui de Rouen, département de la basse Seine. M. de Cernon a été interrompu. On a demandé vivement la question préalable. M. Bouche & M. le Camus se sont d'abord roidis contre cette espece de nomenclature. Celui-là regardant ceci comme une puérilité, s'est écrié : faisons des loix & net jouons pas à la chapelle. MM. Bureau & Target sont venus à l'appui de M, de Cernon, & ont

Ca

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