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quoiqu'il y soit libre, & que nulle part il n'y ait d'approvisionnemens. On vous a dit hier que le sel attaque la santé, s'il n'a pas séjourné pendant trois ans dans les magasins, s'il n'y a pas subi les préparations convenables. Voyez s'il est pernicieux aux habitans de Bretagne; l'étoit-il pour nous du tems des empereurs romains, & sous nos premiers rois ? l'est-il encore pour les étrangers qui viennent s'en fournir ?

Depuis vingt ans le gouvernement a fait les approvisionnemens des grains. Eh bien! c'est depuis cette époque que nous avons des bleds avariés. Ici les applaudissemens ont interrompu l'orateur. Il a examiné ensuite s'il ne seroit pas de l'intérêt de toutes les provinces de participer au remplacement, & d'alléger ainsi le fardeau de quelques-unes. Enfin il s'est rapproché de l'avis de la plupart des préopinans, dit que les provinces n'ont plus qu'un moment à se regarder comme isolées, & a fini par proposer de renvoyer l'assiette du remplacement aux départemens, avec la liberté d'ouvrir un emprunt, s'ils le jugent à propos, sous la sanction de l'assemblée nationale.

M. le président a enusite consulté l'assemblée pour savoir si la discussion seroit ouverte article par article; elle y a consenti, & le premier arti

cle a été décrété conformément au projet du comité; il est ainsi conçu :

Décret sur la gabelle.

ARTICLE PREMIER.

» La gabelle ou la vente exclusive du sel dans les départemens qui formoient autrefois les provinces de grandes gabelles, de petites gabelles & de gabelles locales; le droit de quart-bouillon dans les départemens de la Manche, de l'Orne & de l'Orne inférieure, & le droit de traite sur les sels destinés à la consommation des départemens, anciennement connus sous sous le nom de provinces franches & rédimées, seront supprimées à compter du premier avril prochain. >>

La suite a été renvoyée à demain, & la séance s'est levée à deux heures & demie.

Je crois faire plaisir à mes lecteurs, en leur donnant ici le plan que la municipalité de Paris a proposé à l'assemblée nationale, pour mettre incessamment en vente les biens, les emplacemens & maisons ecclésiastiques, d'autant plus que ce plan peut servir de modèle aux autres municipalités du royaume.

« La municipalité de Paris, Messieurs, pour.

remplir le double devoir dont vous l'avez chargée d'après votre décret, qui ordonne que les ecclésiastiques feront la déclaration de leurs biens par devant elle, vous remettra incessamment toutes les déclarations qu'elle a reçues des biens ecclésiastiques, & les choix motivés des maisons religieuses à supprimer, avec le toisé & la valeur de leurs emplacemens, afin que, dans votre sagesse, vous puissiez statuer définitivement sur le choix & la vente de ces biens. Mais quoique le travail entrepris par vos ordres ne soit pas entiérement fini, la municipalité de Paris a cru que l'intérêt de la chose publique & le patriotisme dont elle a donné des preuves, demandoient que dans cet instant elle vous présentât un apperçu de son travail.

Nous avons dans Paris plusieurs ordres de religieux qui y possédent trois maisons. Les Bénédictins des deux congrégations de Cluny & de Saint-Maur, les Dominicains, les Augustins, les Carmes & les Capucins. Nous vous proposons

de

supprimer le college de Cluny & la maison de Saint-Denis-de-la-Chartre, en conservant la maison du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, qui est belle & neuve, & où on peut établir un jour, ou même dès-à-présent, un college qui se roit utile à cette partie de Paris entiérement pri

ve de maisons d'instruction. Dans la congrégation de Saint-Maur, on peut supprimer le couvent des bénédictins anglois, rue Saint-Jacques,. & celui des Blancs-Manteaux, en réunissant tous les religieux dans la maison de Saint-Germaindes-Près, qu'il seroit naturel de conserver comme la plus ancienne abbaye de Paris, comme celle qui contient le plus de monumens, & qui renferme une superbe bibliotheque, & un nombre de savans estimables. On pourroit conserver encore le couvent des Dominicains de la rue du Bacq, en supprimant celui de la rue St.-Jacques, & sur-tout celui de la rue Saint-Honoré qui offre un vaste & superbe terrein, dans un quartier où il est fort cher. On pourroit supprimer également les maisons des grands & des petits Augustins, & on acquerrroit deux emplacemens utiles & bien situés. Les religieux se réuniroient ou aux Petits Peres de la place des Victoires, ou dans d'autres maisons de leur ordre en province, si on ne pouvoit pas faire disparoître les légeres différences qui distinguent ces religieux primitivement du même o dre, suivant tous la regle de Saint-Augustin, mais une regle qui a subi & des réformes & des changemens. L'assemblée nationale décidera ce qu'elle doit faire à cet égard; nous observeTons seulement que si elle est arrêtée par ces nuan

ces d'une même institution, elle diminuera infiniment les réductions qu'elle a ordonnées pour commencer la libération de la dette publique. Ces mêmes différences se retrouvent dans les maisons des Carmes ; & cependant nous proposerons de supprimer ceux des Billettes & ceux de la place Maubert, pour tout réunir dans la maison des Carmes Déchaux, près du Luxembourg. A l'égard des Capucins, nous proposons de.

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conserver ceux qui sont établis à la Chaussée d'Antin, dont la maison est neuve, & dans un quartier où leur église est nécessaire, & de supprimer la maisons du Marais, qui seroit coûteuse en réparations, & sur-tout celle de la rue SaintHonoré, qui offre un magnifique terrein de huit arpens, infiniment précieux par sa position, au voisinage des Tuileries. Tous ces religieux ne pourroient pas loger à la Chaussée d'Antin, mais leur maison de Meudon offre un supplément suffisant.

Les maisons conservées dans les ordres qui sont rentés, & qui ont des possessions, sont supposées réduites à leurs lieux claustraux & d'habitation. Tout le reste doit être à la disposition actuelle de la nation ; &, par exemple, la maison abbatiale Saint-Germain-des-Prés, l'emplacement de la foire, toutes les maisons en location qui

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