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est le denier de la veuve, & n'en est pas moins une preuve authentique de leur devouement à la chose publique. Ils représentent, avec la fierté naturelle à l'homme qui sent la dignité de son étre, & qui connoît les droits du citoyen, les furestes effets de la rareté du numéraire, l'agiotage inné dans l'ame des financiers.

L'un de nos représentans, (M. Kornman) disent-ils, a cru devoir déférer à l'assemblée de la ville, & les causes de cette rareté d'especes, & les remedes qu'il croyoit y appercevoir. Le principal est, suivant lui, la liquidation actuelle de la caisse d'escompte. Nous aurions peut-être à reprocher aux mendataires provisoires de la commune, de n'avoir pas mis dans cette discussion toute l'impartialité dont ils dévoient être animés. Tous les écrits dont ils ont ordonné l'impression sont, à l'exception d'un seul, en faveur de la caisse d'escompte ; tous ont plutôt la chaleur d'un plaidoyer intéressé, que le calme d'un examen sévere & impartial. Il semble qu'on ait affecté d'étouffer la voix de ceux qui vouloient soutenir l'opinion de notre mandataire ; & en effet, on a fermé la discussion, lorsque seize membres étoient encore inscrits pour parler, & que plusieurs d'entre eux avoient à manifester des vérités de la plus haute importance ; mais nous oublions volontiers des torts que votre sagesse peut

facilement réparer. C'est à cette sagesse, dont vos décrets nous sont un sûr garant, que recourt l'assemblée générale de notre section; elle nous a chargé en conséquence de vous mettre sous les yeux l'arrêté suivant :

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M. Locré, président de ce district, demande la suppression de la caisse d'escompte, en suivant la liquidation proposée par M. Kornman qui consiste à payer en assignats, décrétés par l'assemblée nationale, les rentes ariérées. M. Locré, Dufresnes, de Saint-Eugues, Grosson disent, pour confirmer ce qu'ils avancent: Nous ajouterons respectueusement que la liberté ne : peut s'établir au sein de l'infortune; ainsi, Nosseigneurs, en vous suppliant de prendre des mesures pour faire cesser la misere des peuples nous croyons remplir vos vœux & vous inviter à venir au secours de la liberté.

Vous daignerez, Nosseigneurs, excuser nos alarmes en faveur du motif qui nous les fait manifester; encore une fois, elles ne sont pas l'effet d'une terreur imaginaire. Nous appercevons la disposition des esprits, & c'est elle qui nous dicte l'impérieuse loi de vous conjurer de prendre dans la plus haute considération l'arrêté que nous apportons devant vous, & la position désastreuse de cette section de la ville, au nom de laquelle nous venons implorer votre sagesse & solliciter votre attention.

Rien ne m'étonne dans cette pétition, sœur utérine d'une dénonciation, que le mot de Nosseigneurs. Le reste demain.

LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL.

De l'Imp. du RÉDACTEUR, place du Palais-Royal.

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M. le président a répondu à la députation du district des Récolets.

« L'assemblée nationale reçoit avec satisfac tion votre hommage; son premier penchant est d'excuser les erreurs, & de pardonner l'ingrati tude; elle redoublera l'activité de ses travaux pour hâter le bonheur que doit apporter la cons

titution. >>

Je passe sous silence des dons patriotiques, des adresses, pour venir de suite à l'affaire de Marseille.

par

L'abbé Maury, rapporteur, révoqué par ordre exprès de l'assemblée, n'a pas laissé cependant de l'occuper plus d'une heure & demie sur cette affaire. Il l'a reprise ab ovo insistant sur la jus tification des sieurs Miolis & Laget, assesseurs choisis M. de Bournissac. Il a soutenu, sans être contredit, que le meurtre de Garsin avoit été commis par l'un de ces brigands auxquels la ville de Marseille étoit en proie.... La municipa lité actuelle a été taxée par M. l'abbé d'avoir, envahi tous les pouvoirs : la preuve, c'est qu'elle a donné des ordres au prévôt de faire transporter les accusés dans les prisons royales, & de les traiter avec plus d'humanité. Dénonciation digne Tome IX. No. 15.

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de son auteur, bien fait pour soutenir un agent subalterne du despotisme.

Dissimulé par goût & par systême, il a osé témoigner le desir que M. de Bournissac fût renvoyé au châtelet. Si l'on avoit pris M. l'abbé Maury au mot, il eût peut-être été autant embarrassé que les parlemens, lorqu'ils ont eu une fois consenti, & provoqué par leur résistance juste en elle-même, la convocation des étatsgénéraux. C'est en présence de ses juges, a dit l'ex-rapporteur, que sera entendu M. de Bournissac; ils ne craindront pas d'être justes, & il sera vengé.

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Avant cette tirade, M. l'abbé avoit gratifié l'assemblée d'une longue lecture de nouvelles pieces, d'où il avoit tiré des inductions conformes à son ame & à ses principes. M. l'abbé a été interrompu. M. le président s'est mis à dire que personne ne pouvoit empêcher un opinant de donner, sur une cause, des raisons tant bonnes que mauvaises.

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M. de Foucault prend delà occasion de demander que le président soit mis à l'ordre. Ce grand orateur, qui n'en est un qu'à la droite du président, est vaillamment appuyé; on a même Findécence de crier à bas ! à bas M. le président! Sans doute nos législateurs impatiens croyoient

être chez Nicolet, tant est grande la peine qu'ile ont à se persuader qu'il existe en France une assemblée nationale.

M. le Chapelier, toujours maître de lui, exhorte à mettre un peu de calme dans une accusation qui n'est pas méritée. Ce que j'ai dit, ajoute-t-il, n'avoit rien d'offensant pour l'orateur. M. de Fou cault s'écrie: je prends ces paroles pour une excuse suffisante, mais nécessaire. M. l'abbé Maury dit: M. le président ne m'a point offensé, sa réflexion étoit juste, & ne pouvoit s'appliquer à moi qui ne disois pas des raisons, mais qui raracontois un fait,tol

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M. Maury continue son plaidoyer pour la défense de M. de Bournissac. On ne peut lui refuser d'avoir fait valoir cette fougueuse éloquence qui lui est naturelle, & qui souvent entraîne les арplandissemens des personnes qui sont en garde contre lui. Il n'a pas convaincu l'assemblée, mais il a été reçu par le côté droit du président avec le délire de l'enthousiasme. Quelque éloquent que l'on soit, on se ravale toujours quand la vérité né fait pas le principal ornement d'un discours.

M. de Mirabeau. Il est, Messieurs, un très-grand problême à résoudre en morale'; c'est de savoir si un rapporteur qui, pour cause d'infidélité ou de négligence, d'insuffisance ou de par

Pa

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