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vers plans, & le sien est connu sous le titre d'Observations.

En note, M. Necker a observé que la caisse d'escompte ne veut payer qu'en assignats la somme qu'elle doit verser au trésor royal dans le cours de mars; il prie l'assemblée d'interposer son autorité, ou du moins, que son président écrive aux administrateurs pour les empêcher de payer autrement qu'en especes.

La séance s'est levée.

Séance du 6, au soir.

Les députés de la commune de Paris ont été introduits à la barre ; ils ont exposé la rareté du numéraire, qu'ils attribuent à la caisse d'escompte. Ils proposent de faire procéder promptement à la vente des biens ecclésiastiques, de nommer des commissaires pour surveiller les opérations de la caisse d'escompte, &c.

M. Mulot, au nom de la commune, demande -à l'assemblée de soustraire les peuples du BasLimousin & de Brive en particulier, aux poursuites acharnées du prévôt, qui en a déja fait exécuter plusieurs.

M. Malès a fait une motion sur l'affaire de

Brive, tendante à suspendre toute procédure & sur

seoir toute exécution. M. Charles de Lameth parlant en faveur des accusés, conclut aux mêmes fins.

M. Guillaume demande la suppression des prévôtés de marechaussée. La question est trop importante, reprend M. de Menou, pour être décidée sur le champ; il faut l'ajourner. M. Guillaume y consent, parce que par-là il sera sursis à l'exécution de tout jugement prévôtal. Après quelques débats encore, l'ajournement de M. Guillaume est décrété, & la surséance à tous jugemens définitifs prévôtaux est ordonnée.

On a introduit ensuite les députés de la ville du Havre, qui ont lu l'adresse suivante :

<< La commune du Havre vient avec cette respectueuse liberté qui caractérise le vrai citoyen, Vous peindre ses alarmes & l'effrayant tableau des malheurs dont l'état est menacé.

:

Le tems presse; le mal est à son comble; le commerce touche au moment de sa ruine; s'il tombe, il entraînera le royaume dans sa chûte.

Nous n'employerons pas les momens précieux que vous nous accordez, à démontrer l'importance des colonies; leur influence sur la force & la prospérité de l'empire, l'impossibilité de les conserver sans la continuation de la traite & de la servitude des noirs ; la liaison intime du commerce & de l'agriculture, & ses rapports avec tous les genres de travail & d'industrie. Ces grandes vérités se sont développées dans toute leur étendue, sous la plume éclairée du patriotisme, & les adresses que vous avez reçues des différentes parties du royaume, vous ont prouvé, Nosseigneurs, qu'elles ont frappé lœil de la

nation.

Nous nous bornerons à vous exposer la situation actuelle des ports de mer, des places commerçantes, des villes manufacturieres, enfin de tout ce qui tient au commerce ; & sa chaîne est immense !.....

Vos importans travaux, une impérieuse né¬ cessité, ont reculé jusqu'à ce moment la décision que la nation inquiette attend avec tant d'impatience; & l'incertitude seule, que ce retard a fait naître, a causé des maux infinis, & peutêtre irréparables.

Au premier cri qui s'est fait entendre pour la destruction de la traite & de l'esclavage des noirs, seuls moyens possibles de continuer la culture des colonies, le royaume s'est ébranlé, la terreur s'est répandue dans toutes les classes de citoyens, la suspension des travaux, la défiance, le discrédit, ont été la suite de cette premiere commotion; des secousses violentes ont agité les colonies; les inquiétudes de la métropole ont redoublé, & les présages d'un avenir sinistre ont déja produit des malheurs. Enfin, les nouvelles qu'on a reçues des Antilles ont porté le dernier coup au commerce expirant.... Les navires désarmés dans les ports, les atteliers déserts, les manufactures immobiles, un dessechement universel de toutes les branches de l'industrie nationale, la douleur, les plaintes, les murmures, le désespoir.. peinture est affligeante, mais malheureusement trop fidele.

Cette

Des milliers d'ouvriers demandent à grands cris l'emploi de leur tems & de leurs bras, bientôt ils demanderont leur subsistance; & lorsque

la source des bienfaits, asséchée par des pertes & deş sacrifices énormes, sera tarie pour eux, que deviendront-ils ? que feront-ils ?

Si la seule appréhension d'un mal, encore incertain, a causé tant de désastres réels, que seroitce donc si une loi à jamais fatale, marquoit le commerce du sceau d'une éternelle réprobation?

Nous n'entreprendrons pas, Nosseigneurs, de décrire les terribles effets que produiroit cette décision impolitique; votre sagesse & vos lumieres sauront les pressentir.

L'anéantissement des fortunes, les banqueroutes, le désordre, les soulevemens, sont peutêtre les moindres maux que nous aurions à redouter.

Prononcez donc, Nosseigneurs, prononcez sans différer; le sort de l'empire est dans vos mains; qu'un décret, digne de votre sagesse, rassure la nation alarmée, raffermisse le crédit chancelant, & consolide les bases de la félicité publique.

Nous sommes, avec respect, &c.

LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL.

De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, au coin de la rue Fromenteau, Place du Palais-Royal.

ASSEMBLEE NATIONALE

PERMANENT E.

Séance du dimanche 7 mars.

M. Guillaume a fait lecture du procès-verbal de la séance du samedi matin; on ne s'est point élevé contre la rédaction on a seulement observé à M. le secrétaire de ne point insérer dans le verbal quelques phrases du mémoire du ministre, & de se contenter de dire que quelques morceaux avoient mérité des applaudissemens: de l'assemblée.

L'affaire de Marseille a excité hier soir de trèslongs débats; mais comme elle n'est pas encore terminée, & que j'en ai déja parlé plusieurs fois, il suffit de rapporter ici le décret qui a été rendu en conséquence.

« L'assemblée nationale ajourne la motion sur la suppression des jurisdictions prévôtales; & cependant charge son président de se retirer à l'instant par devers le roi, pour supplier sa majesté de donner les ordres convenables pour qu'il soit sursis à l'exécution de tous jugemens définitifs rendus par ces tribunaux.

Tome IX. N°. 12.

M

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