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dans les coquillages de la rivière d'Ofernaja. La rivière de Natfchilowa, qui fe jette dans la Bolfchaya-Reka renferme auffi des perles: mais elles ne font

ni belles ni rondes.

LETTRE DE M. DE****

Aux Auteurs de ce Recueil, fur le Sel Sédatif. MESSIEURS, un favant Chymiste annonça, il y a quelques années, qu'il avoit obtenu un peu de fel fédatif artificiel d'un mêlange de terre vitrifiable & de graiffe animale laiffé en macération pendant dix - huit mois dans un lieu humide. On écrivit le lendemain contre cette expérience, fans avoir acquis le droit de la contredire; &, depuis ce tempslà, perfonne ne s'en eft occupé. On s'eft conduit bien différemment en Allemagne; on s'eft cru obligé de fufpendre fon jugement jusqu'après la répétition du procédé, & on vient d'en publier le réfultat dans le Schemifches-Journal, &c., de M. Crell, IV Partie, à Lemgo, 1780, art. 3. Vous jugerez peut-être utile de le faire connoître à vos Lecteurs, comme pouvant fervir à fixer leurs idées à ce fujet.

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Examen de la compofition artificielle du Borax & du Sel fédatif annoncée par M. Baumé dans fa Chymie expérimentale raifonnée (T. II, p. 138);

Par M. WIEGLEL

« L'EXPÉRIENCE décrite par M. Baumé, à l'endroit ci-dessus • indiqué, m'ayant paru très-intéreffante, je me fuis occupé à en faire la préparation auffi-tôt que j'en ai eu connoiffance, dans le deffein d'en entre>> prendre l'examen dans un autre temps.

Le 18 Mai 1776, j'ai pris, fuivant le procédé de M. Baumé, deux » livres d'argile grife humide; j'y ai ajouté une demi-livre de graiffe: j'ai détrempé ce mêlange avec une fuffifante quantité d'eau ; je l'ai mis dans un vafe de pierre, & il a été marqué no. 1a.

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» Le même jour, j'ai préparé une feconde fois ce mêlange dans les

bubes, appliquées à la peau, produifent, fi l'on en croit les naturels du Pays, de l'enflure, des tumeurs & des panaris. Steller n'étoit pas homme à fe tromper aufli groffierement que de prendre des bubes de verre pour des perles.

» mêmes proportions, & j'y ai ajouté de la fiente de vache récente, moitié » de ce que la mesure totale pouvoit contenir. Ce second vase a été marqué n°. 2.

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Tous les deux ont été placés dans un lieu humide & laiffés à l'air; ils » y font restés jufqu'en Décembre 1779, que je les ai examinés, & voici ce » que j'ai obfervé.

» Le mêlange, n°. 1°., étoit un peu moifi & avoit une odeur de rance. Je le fis bouillir quelques heures dans une fuffifante quantité d'eau; je » laiffai d'abord précipiter les parties terreufes les plus groffières, & je » filtrai enfuite la liqueur : elle étoit tant foit peu colorée en brun, je la » mis à évaporer doucement fur le poële; lorfqu'elle fut réduite à-peu» près à huit onces, elle reffembloit parfaitement à de la bile brune, mais » il ne fut pas poffible d'y appercevoir aucune trace de fel fédatif. Je n'en » trouvai pas davantage, après avoir continué l'évaporation jufqu'à ficcité; » il ne refta qu'une maffe terreufe d'un brun obfcur, d'une odeur défagréa »ble, & qui avoit un goût de fel marin.

Le mêlange, n°. 2, traité de même, a donné une liqueur qui, après » s'être plus complétement clarifiée par une plus douce évaporation, a pré» fenté fur la fin à fa furface une pellicule terreufe infipide; d'ailleurs, elle » n'a fourni ni borax ni fel fédatif.

» Ainfi l'expérience n'a point confirmé ce que M. Baumé avoit avancé » & il y a lieu de croire qu'il s'eft laiffé furprendre par quelques appa

»rences ».

ANALYSE

1

D'un nouveau Phénomène du Tonnerre.

Αν U mois d'Août 1777, la Ville de Crémone fut, pendant l'efpace de huit heures, en quelque forte enveloppée d'éclairs continuels (1). Le bruit horrible de la tempête & les éclats redoublés du tonnerre firent craindre aux Citoyens & aux Habitans des Campagnes voifines l'entière destruction de la Ville. Ce terrible orage finit cependant par quelques légères combustions excitées fur des clochers, fur des Eglifes & fur quelques maifons, fans occafionner d'incendie complet & fans donner la mort à perfonne. Il paroît que la Nature, dans l'action impétueufe de fes élémens les plus puiffans, tendoit plutôt à fe manifefter qu'à épouvanter. J'étois alors trop éloigné pour pouvoir entendre fes oracles, comme je

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(1) La nuit du 19 depuis trois heures jufqu'à onze heures du matin le zo.

l'aurois defiré; mais à peine me trouvai - je dans le voisinage, que je m'informai, à des perfonnes inftruites, des plus petits détails de ce fait, efpérant trouver dans ce nouvel antre de Sibylle quelques feuillets épars & négligés, écrits des mains de la Nature même, qui se manifeste avec tant de bruit.

J'ai entre les mains la girouette de l'Eglife du Saint-Sépulcre, Paroiffe de cette Ville. Cette girouette a été frappée de la foudre d'une manière fi fingulière, qu'elle m'a paru mériter la plus exacte defcription. Je la crois même digne d'occuper une place dans la Collection académique de la Société Royale des Sciences de Montpellier, utile & vrai dépôt des connoiffances folides & des plus grands monumens de la Nature. Je ferai concis & clair, n'oubliant rien de ce qui peut être utile à favoir, & négligeant tout ce qui peut être regardé comme minutieux. Je diviferai donc ma Description en trois Parties. Dans la première, je donnerai la topographie du clocher & de la girouette, & l'hiftoire du coup de tonnerre dont elle a été frappée. Je confidérerai, dans la feconde, l'action directe du tonnerre dans toutes les parties de la girouette qui en ont été frappées. Dans la dernière enfin, je traiterai de l'action latérale & réciproque des parties mêmes qui compofent & forment l'intérieur du corps fur lequel s'eft exercé le fystême de la foudre.

I.

Topographie du clocher, & hiftoire de la Foudre qui a frappé la girouette.

Le clocher qui a été foudroyé, eft le plus élevé des environs. Il eft à remarquer que deux autres clochers du voilinage, dont l'un étoit éloigné d'environ foixante pas, & l'autre de cent vingt, ont été semblablement frappés & endommagés par la foudre, tandis qu'un autre, moins élevé & moins éloigné, n'a fouffert aucun dommage. Tous ces clochers font terminés en pyramide: ils ont à leur cime une barre de fer terminée en croix, fixée dans un gros piédeftal, & fous cette croix tourne la girouetto. La barre de fer du clocher du Saint-Sépulcre avoit un peu moins de deux pouces de circonférence, & la croix élevée au-deffus de la girouette d'un peu plus de trois pieds. Cette girouette, au témoignage du Curé & de tous les voifins, étoit, avant l'orage, entière, intacte & fans aucun trou. On a en outre obfervé des fignes inconteftables de la nouveauté de tous les trous. C'est une lame de cuivre de la même longueur, largeur & figure que celle qui eft gravée dans la planche II; fon épaiffeur en AB n'eft pas de plus d'une ligne de pouce de Paris, & va en diminuant jusqu'à l'extrémité CD, où elle n'eft plus que de trois quarts de ligne. Le cuivre eft bien étamé, & recouvert d'une peinture à l'huile & au blanc de cérufe; elle pèfe en tout trente-neuf onces & douze deniers du poids de marc de Milan, qui font trois livres trois onces & demie,

Dans cet état de chofes, le tonnerre éclata fur le clocher & fur l'Eglife Paroiffiale du Saint-Sépulcre, & endommagea la flèche dans le même inftant que l'Eglife. Ni avant ni après ce terrible coup, on n'eut aucun indice qui pût en faire foupçonner un autre. L'action de la foudre fur l'Eglife ne préfente aucun effet qui mérite d'attention particulière. Je me bornerai donc à ceux qu'elle a occafionnés à l'extrémité de la flèche. Le piédestal qui foutenoit la croix a été réduit en parcelles, qui ont été portées fur les toits, dans le jardin & dans la cour du Curé; quelquesunes ont été jettées à la diftance de quarante pas. La barre de fer fut également rompue, & la girouette fut portée fur les toits du Prefbytère à la distance horizontale de vingt pieds du clocher. Nous examinerons, en fecond lieu, l'action directe du tonnerre fur cette girouette.

I I.

De l'action directe du tonnerre fur toutes les parties de la girouette qui ont été frappées.

J'entends, par action directe, l'effet immédiat du paffage de la matière du tonnerre au travers de la girouette. Il n'eft point étonnant de voir des fils de métal amollis, alongés, rougis & mis en fufion par le tonnerre, depuis que nous avons imité de femblables effets avec de fortes explosions électriques, au moyen defquelles on amollit & on fait entrer en fufion des filets minces de toute efpèce de métaux, même dans l'air libre. Mais il est plus étonnant de trouver, dans une grande & épaiffe lame de métal, un auffi grand nombre de trous & de fufions auffi confidérables produites par le tonnerre. Nous favons que pour fondre ou tranfpercer les plus minces Îames de métal, on a coutume de les mettre entre deux plaques de verre, à l'imitation de Franklin, ou au milieu de plufieurs feuilles de papier, à la manière de Symmer.

Pour expliquer ce phénomène fur ce beau principe, j'observerai que, vers la fin de 1771, j'avois percé & fondu de petites lames de métal, même dans l'air libre, en les mettant entre deux pointes de fil de laiton, par lesquelles je faifois paffer une forte explosion du carreau magique de Franklin. Il eft à propos de tranfcrire ici ce phénomène tel qu'il eft écrit dans mes Nouvelles Expériences électriques, nombre XLVI, par la fingularité de la loi que je découvris alors, & qui peut jetter quelque lumière fur le fait préfent. « Les petites lames de métal fe fondent en reftant en» fumées à l'entour; elles fe compriment ou fe percent fenfiblement en ›› dehors par la feule partie qui eft en contact avec les pointes de laiton >> foit par celle qui eft du côté de la furface chargée, ou par l'autre qui » eft du côté de la furface inférieure ou négative du carreau. Elles font > en outre lancées avec impétuofité; mais fi elles ne font point en contact

>> avec les pointes, ou fi elles n'en font pas très-près, elles ne fe fondent »ni ne fe compriment fenfiblement ». Depuis, dans mon Ouvrage de l'année fuivante, qui a pour titre Phyfica Specimina, j'ai pouffé plus loin ce genre d'expérience. J'ai décrit l'appareil avec lequel j'ai obtenu de femblables fufions & de femblables excavations, dont le contour étoit enfumé, fur des lames de métal même plus épaiffes & placées à de plus grandes distances, tantôt de l'une, tantôt de l'autre des pointes qui fervoient de conducteurs à l'explosion, pourvu que celle-ci fût notablement plus forte.

Or l'Art, qui eft ordinairement imitateur, a prévenu, dans cette circonftence, l'exemple de la Nature. Si on imite tous les phénomènes du tonnerre avec l'électricité artificielle, le tonnerre répond de fon côté à tous les phénomènes originaux de l'électricité; car tous les trous de la girouette refsemblent en grand à ceux que j'avois obfervés fur les lames de métal de mes expériences.

Quelle que foit la fubftance de l'électricité & celle de la foudre, il femble certain qu'elle n'agit pas autrement fur les métaux, que la lumière raffemblée dans le foyer d'une lentille ou dans celui d'un miroir ardent. Les métaux s'amolliffent, fe rougiffent, fe fondent & fe calcinent à ce feu en très-peu de temps, felon la plus grande force des miroirs ou des lentilles, qui fe réduit à une plus grande denfité & au mouvement inteftin de la matière même de la lumière. La même chofe arrive dans les explosions électriques & dans celle de la foudre. Ce n'eft que pour condenfer la matière électrique qu'il eft néceffaire de comprimer les lames de métal entre des corps idio-électriques, tels que le verre & le papier, comme je l'ai ci-devant obfervé. De même, pour augmenter la force de la décharge, il ne faut pas préfenter les lames à une grande diftance des pointes conductrices, qui lancent avec plus de force la matière électrique qui s'eft accumulée fur elles.

Cependant, dans les explosions artificielles comme dans les naturelles, l'extenfion des parties métalliques, ou mifes en fufion, ou rougies, ou amollies, eft la vraie mesure de la grandeur, de la denfité, en un mot de la force diffolvante de la matière fulminante qui les traverfe; enfuite, le nombre de ces parties diftinctes, fondues & amollies, détermine le nombre des branches dans lefquelles le fyftême de la foudre fe trouve divifé comme en autant de filons: enfin, la projection de ces mêmes parties fondues, l'excavation, la dilatation, l'élancement de celles qui, fimplement amollies & proches de la fufion, ne fe font pas entièrement détachées de la lame, font des témoins inconteftables de la vraie direction de chacun de ces rameaux ou filets de la matière fulminante. La feule différence qui fe trouve entre les explosions artificielles & celles de la Nature, eft que les artificielles font toujours petites, ambiguës, contentieufes, & confervent, dans leur petiteffe, des impreffions de l'imagination humaine :

au

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