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tion américaine; et on appella cette compilation mal digérée, le code constitutionnel des François.

Pour que la chose allât plus vîte, il fut arrêté que l'assemblée délibéreroit non sur les détails, mais sur l'ensemble de cette constitution, et qu'on décideroit par assis et levé, si elle seroit acceptée ou rejettée. Elle fut acceptée; le roi l'accepta aussi comme il l'avoit promis, et sur-le-champ on appella une seconde assemblée législative.

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C'est de cette manière que nos premiers représentans mirent fin à leurs travaux, ou plutôt à leurs combats contre les royalistes ; car la destruction des deux premiers ordres de l'état fut la principale, et même l'unique fin des opérations de notre premiere assemblée nationale. On peut d'ailleurs lui appliquer ce que Salluste disoit de la Noblesse de Rome: Plus in reliquum sibi timoris quàm potentiæ addidit, quæ res plerumque magnas civitates pessumdedit, dum alteri alteros vincere quovis modo, et victos acerbiús ulcisci volunt.

Cette première assemblée nationale dissoute, la France resta divisée en quatre grands partis: les royalistes, les impartiaux ou monarchiens, les constitutionnels et les orléanistes.

Duchâtelet, la Rochefoucault, d'André, Barnave, Freteau, Tronchet, Bouche, la Fayette, Bailly, Goupil, Garat l'aîné, Wimpffen, Duport-du-Tertre, Thouret, Rabaud de

St. Etienne, Lechapelier, Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, Bureau de Pusy, Dupont de Nemours, Salles, le vicomte de Noailles, Lecoulteulx, Laborde-Méreville, Roederer, Durand de Maillane, Populus, Monneron, Dionis du Séjour, Guillaume, d'Ormesson, tels furent les héros du parti constitutionnel.

La faction de d'Orléans se trouva composée de tous les jacobins du royaume, c'est-àdire de toute la canaille de France et de toute la populace des fauxbourgs de Paris. Les grands meneurs de cette faction furent Danton, Santerre, Dumouriez, Valence, Biron, Crillon, Latouche, Laclos, Voidel, VictorBroglie, Gouy d'Arcy, l'abbé Fauchet, Chabroud, Condorcet, Noël, Brissot, Carra, Gorsas, Marat, Robespierre, Sieyes, Barrère, l'abbé Grégoire, le marquis Montesquiou, d'Aiguillon, Buzot, Lepelletier de SaintFargeau, Dubois de Crancé, le baron de Menou, Rewbel, Pétion, Manuel.

J'ai déjà remarqué, et je remarque encore ici que presque tous les orléanistes ont soutenu depuis la mort de leur chef, n'avoir jamais appartenu à son parti: mais je ne saurois trop répéter que ce n'est pas à leur dénégation qu'il faut s'en rapporter.. Les faits qui vont suivre, prouveront qu'à l'époque de la dissolution de la première assemblée, ceux que je viens de nommer, étoient encore de la faction d'Orléans, et que ces vœux jettés dans le public, de l'etablissement d'une

république et de la loi agraire n'étoient qu'une ruse imaginaire pour s'attacher le petit peuple, et laisser derrière le voile l'homme qu'on vouloit mettre à la place de Louis XVI.

Je dois dire que parmi les constitutionnels, plusieurs ont prétendu n'en avoir eu que la physionomie, et avoir toujours été dans le cœur ardens royalistes. On compte dans cette classe, des officiers généraux, et la plupart des derniers ministres de Louis XVI. Mais l'histoire ne juge pas des physionomies; elle ne juge que les actions; et celui qui l'écrit, ne doit rendre compte à la postérité que de ce qu'ils ont fait, et non des sentimens qu'ils tenoient cachés dans leur cœur. J'oserai de plus remarquer qu'il n'est ni loyal, ni d'une bonne politique d'afficher une opinion qu'on n'a pas ; c'est se rendre suspect au parti qu'on feint d'abandonner, et trahir celui qu'on feint de servir, et je pense que dans quelque situation où l'homme puisse se trouver, la trahison est une ressource qu'on ne doit jamais employer même contre les scélérats, parce qu'il n'est jamais permis de recourir à une ressource odieuse vile et criminelle. Ces royalistes à masque constitutionnel, n'ont cessé pour excuser la duplicité de leur conduite, de citer l'exemple du célèbre Monk; mais d'abord un exemple unique est une fort mauvaise règle de conduite. Ensuite il n'est pas vrai que Monk ait été un traître; ce fut un homme trompé

qui resta fidèle à Cromwel, aussi long tems que cet ambitieux régna. Désabusé de ses erreurs, il fut aussi fidèle à son légitime roi qu'il l'avoit été à l'usurpateur dont les impostures l'avoient égaré. Ainsi la mémoire de Monk reste pure; elle a passé à la postérité sans aucune tache de perfidie, parce que la réparation d'un tort n'est pas une trahison.

Fin du seizième Livre.

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NOUVELLE assemblée nationale. D'Orléans envoie Pétion en Angleterre. Il le fait élire maire de Paris. Ses nouvelles tentatives pour se rendre maître des subsistances, et pour diriger une insurrection générale contre la famille royale. Comment il eft servi par la nouvelle assemblée. Pénible situation de Louis XVI. Massacre dans la ville d'Avignon. Wittgenstein marche contre les assassins. Les orléanistes le font remplacer par Montesquiou. Ils portent Dumouriez au ministère des affaires étrangères. Ils lèvent une armée. Journées des 20 juin et 10 août 1792. On appelle une convention nationale.

DES

Es que notre première assemblée nationale qui a retenu le nom de constituante, quoiqu'elle n'eût rien constitué, eut fait

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