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inquiet, intrigant, agitateur, avide de renommée et d'argent, sans inceurs, sans aménité, d'un commerce peu sûr, d'un caractère audacieux, brutal et féroce.

Les royalistes signèrent, et déposèrent en lieu sûr une protestation énergique contre l'absolution prononcée par l'Assemblée nationale en faveur de d'Orléans. La chaleur que les membres du côté gauche mirent à obtenir cette absolution, et la persécution qu'ils suscitèrent contre tous ceux qui la regardèrent comme une honte, prouvent qu'au moins à cette époque ils étoient orléanistes. Si comme ils l'ont prétendu depuis, d'Orléans n'eût été pour eux qu'un prince méprisable, qu'un homme couvert de crimes, il est évident que bien loin de faire effort pour l'arracher à ses juges, ils eussent vu avec contentement la justice arrêter le cours de ses at

tentats. !

Si personne ne goûta les diverses apologies du prince, il y eut peu de personnes en France et même dans la faction, qui ne lût avec avidité, et qui ne retint par cœur les couplets suivans:

Air de CALPIGI.

Célébrons la grande innocence
De ce grand prince de la France,
Qu'un grand décret du grand Sénat
Purge d'un grand assassinat. -
Vainement maint témoin le charge,
Son seul brévet le met au large,

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Car c'est dans les traités secrets
Qu'il travaille avec grand succès.
Comme Sire Georges s'empresse
A voir sa ci-devant altesse !

Oh! quél accueil! quel compliment !
Ma foi, c'est un grand innocent!

Graces donc à notre assemblée,
La vertu triomphe d'emblée ;
Pour être un grand homme en effet,
Il ne faut plus que son décret.
Rendons à notre personnage,
Constitutionnel hommage,
En répétant à tout venant :
Ma foi, c'est un grand innocent!

Fin du Livre Quatorzième.

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DE LA

CONJURATION

DE

LOUIS-PHILIPPE-JOSEPH D'ORLÉANS,

SURNOMMÉ ÉGALITÉ.

LIVRE QUINZIÈME.

Projet de d'Orléans pour donner le commandement de la garde nationale à Santerre. Affronts faits à la famille royale. Départ de Louis XVI pour Montmédi. Intrigues des orléanistes pour faire décréter la déchéance de Louis XVI, et élever d'Orléans sur le trône.

Lettre de d'Orléans. Lettre de Syeyes. Diversion imprévue dans le parti de d'Orléans. Combat de la Fayette contre les orléanistes. Fin du règne de la première assemblée nationale.

COUVERT du mépris de toutes les na

tions, en horreur à la saine partie de ses concitoyens, convaincu à la face de l'Eu

rope, d'être un assassin et un régicide, d'Orléans n'en fut que plus porté et que plus ardent à poursuivre cette effroyable carrière de crimes où il marchoit depuis si long-tems. Il lui paroissoit impossible de revenir sur ses pas. Quelle apparence que le chef de sa maison pût jamais lui pardonner les sanglans outrages qu'il en avoit reçus? Le retour de l'ordre étoit la plus forte de ses appréhensions. S'il laissoit reprendre à la cour son autorité et aux anciens tribunaux la plénitude de leurs fonctions, n'arriveroit-il pas que la procédure du Châtelet seroit continuée avec une vigeur qui ne laisseroit aucun espoir de salut à ceux que les juges auroient frappés d'un décret de prise-de-corps..

Les considérations de ce genre avoient toujours beaucoup de force sur l'esprit timide de d'Orléans; elles le maîtrisoient entièrement, de sorte qu'après l'éclat que fit cette terrible procédure du Châtelet, il se crut plus que jamais placé entre le trône et l'échafaud. Ce fut pour lui une vérité incontestable que sa tête tomberoit, s'il ne parvenoit à la ceindre du bandeau royal.

Il faut convenir qu'après tant et de si grands crimes, d'Orléans étoit autorisé à regarder ses craintes comme bien fondées, et ses raisonnemens comme sans réplique. Ce. pendant il pouvoit encore espérer de sortir de cet abyme de honte où ses forfaits l'a voient précipité; l'horreur de sa situation

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