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DE

L'ENCYCLOPÉDIE MODERNE

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES SCIENCES, DES LETTRES, DES ARTS

DE L'INDUSTRIE, DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE

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Les éditeurs se réservent le droit de traduction dans les pays ctrangers

1873, Oct. 13. Minot Fund.

A

L'ENCYCLOPÉDIE

MODERNE,

OU

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.

:

COIGNASSIER. (Botanique.) Le coignas. sier (pyrus Cydonia, Linné) ne se distingue des autres poiriers que par le duvet jaunâtre et cotonneux qui revêt ses fruits; mais s'il ne forme pas un genre à part, il convient néanmoins de s'en occuper séparément, parce qu'il est fréquemment cultivé, soit pour son fruit, soit pour servir de sujet à la greffe des autres poiriers, soit comme objet d'agrément. On le dit originaire du Levant et de l'île de Crète il paraît qu'il était surtout très-commun aux environs de Cydon (aujourd'hui la Canée), d'où lui est venu le nom de xvdwvía chez les Grecs, et celui de malus Cydonia chez les Latins. Il croît aujourd'hui naturellement dans l'Europe méridionale et le midi de la France, et partout les agronomes le cul. tivent en grand dans les pépinières, le préfèrant au poirier sauvageon pour greffer diverses espèces de poiriers, les fruits qui en résultent étant plus précoces et plus beaux. Toutes les variétés de poires ne s'accommodent pas également du coignassier comme su. iet; il convient plus particulièrement aux fon. dantes. Il y a quelques poiriers qui ne peuvent subsister de sa séve; de ce nombre sont quelques bergamottes. La greffe sur coignassier se pratique presque toujours à œil dormant et à six pouces de terre. On distingue, dans les pépinières, deux variétés de coignassiers: le commun, qui présente deux espèces, la maliforme et la pyriforme, et le coignassier de Portugal, aux feuilles et aux fleurs beaucoup plus grandes, aux SUPPL. ENCYCL. MOD. T. II.

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fruits beaucoup plus gros, moins cotonneux, moins graveleux, plus parfumés, plus tendres. Celui-ci seul devrait être cultivé, car il a tous les avantages sur l'autre, même ceux d'une multiplication plus facile. Outre ces deux variétés naturelles, on en a obtenu, par la culture et la greffe, plusieurs autres, distinguées par la forme des fruits, oblongs ou globuleux. Le coignassier a un tronc rarement droit, de quatre à cinq mètres de hauteur, revêtu d'une écorce épaisse, cendrée en dehors et rougeâtre en dedans; son bois est jaunâtre et assez dur; ses feuilles sont alternes, pétiolées, lancéolées, couvertes de duvet, surtout en dessous; ses fleurs sont blanches, grandes, solitaires, presque sessiles, terminales. Il se multiplie de graines, de rejetons, de marcottes et de boutures; mais ce dernier moyen, qui fait gagner au moins deux ans sur les plants provenant de graines, est le plus généralement usité.

Au nord de Paris, les fruits du coignassier ne parviennent pas à une maturité parfaite, et sont inférieurs, comme parfum, à ceux du midi. Les coings, dont la récolte se fait lorsqu'on ne craint plus les gelées, après celle des autres fruits, sont très-odorants; leur saveur est âpre, austère, un peu acide et très-astringente; elle se transforme, par la cuisson, en un goût un peu sucré aromatique qui, cependant, ne plaît pas à toutes les personnes. Avec les coings, on fait des confitures, des gelées, des sirops, des pâtes. Les semences contiennent une grande quantité de

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mucilage doux et visqueux, se dissolvant facilement dans l'eau froide, et jouissant de toutes les qualités adoucissantes de la gomme arabique. Ces fruits passent pour stomachiques, astringents et fortifiants; l'antiquité les avait consacrés à Vénus. Une loi de Solon, au dire de Plutarque, ordonnait aux nouvelles mariées de manger du coing avant d'entrer au lit nuptial; et Pline raconte que l'on plaçait des coings sur la tête des statues qui présidaient aux nuits des noces.

Dans les jardins paysagers, les coignassiers, surtout celui de Portugal, produisent d'agréables effets pendant tout l'été, soit isolés en arbres ou en buissons, soit placés au second ou troisième rang des massifs. La taille de cet arbre, dont les fleurs naissent solitaires à l'extrémité des rameaux, consiste à le débarrasser et à le nettoyer des petites branches superflues et desséchées, et à lui maintenir une forme convenable.

Parmi les coignassiers d'agrément, nous ne pouvons passer sous silence le coignassier de la Chine (cydonia sinensis), dont les fleurs, d'une odeur suave et d'un rouge éclatant, paraissent en avril et mai. Ses fruits, ovoïdes allongés, n'ont pu atteindre jusqu'à présent, sous le climat de Paris, à une maturité parfaite; mais ils achèvent de mûrir dans la fruiterie, et exhalent un parfum délicieux, bien qu'on ne puisse les manger. Cet arbre se multiplie de marcottes, de boutures, et surtout par la greffe sur le coignassier comG. DE LARENAUDIÈRE.

mun.

COLLECTE. ( Théologie.) Le mot collecte, dans la primitive Église, s'employait avec l'ac ception vulgaire qu'il a encore aujourd'hui pour désigner les quêtes que l'on faisait dans les assemblées des fidèles, quand on devait soulager les pauvres d'une autre ville ou d'une autre province. Il en est fait mention dans les Actes et dans les Épitres des Apôtres.

On donne aussi ce nom, dans la messe de l'Église romaine, à une prière ou à une oraison convenable à l'office du jour, et que le prêtre récite avant l'épître. Ce mot tire son étymologie du latin colligere, rassembler, recueillir, soit parce que le prêtre parle au nom du peuple assemblé, dont il réunit et résume les sentiments et les désirs par ce mot, Oremus, prions, comme le remarque le pape Innocent III; soit parce que ces prières se font lorsque le peuple est assemblé, d'après l'opinion de Pamélius sur Tertullien; soit enfin parce que cette oraison se disait au moment de la messe où on avait coutume de rassembler les aumônes. Les Bollandistes, rejetant ces étymologies comme trop hasardées, prétendent que le mot collecte vient de conlegere, lire ensemble, et qu'il signifie proprement l'oraison qui se lit à la messe, ou par ordre de l'Église

ou par dévotion, après l'oraison principale de la fête ou du jour. On dit que ce sont les papes Gélase et Grégoire le Grand qui ont établi les collectes, bien qu'il soit très-probable qu'ils n'ont fait que mettre en ordre les prières déjà en usage avant eux. Claude Despence, docteur en théologie de la Faculté de Paris, a fait un traité des Collectes; il y parle de leur origine dans l'Église latine, de leur antiquité, de ceux qui en sont les auteurs, etc.

On appelait aussi collecte, dans les monastères, la réunion des moines assemblés pour chanter l'office. Un d'entre eux, nommé le canonarque, frappait sur un morceau de bois pour appeler ses frères et sonner la collecte.

L.

COLLÉGIALE. ( Histoire ecclésiastique.) On appelle église collégiale ou simplement collégiale une église desservie par des chanoines séculiers ou réguliers. Les cloîtres qui accompagnent beaucoup d'églises indiquent assez qu'elles eurent jadis pour desservants des chanoines réunis en collége et vivant en commun sous une même discipline. L'origine de ces chapitres doit être attribuée au désir de voir célébrer, dans des églises où il n'y avait pas de siége épiscopal, l'office divin avec la même pompe que dans les cathédrales. Il y avait des collégiales de deux sortes: les unes étaient de fondation royale, comme les saintes chapelles, dont le roi conférait les prébendes ; les autres étaient de fondation ecclésiastique: lorsque le relâchement de la vie canoniale se fut introduit dans quelques cathédrales, les évêques choisirent ceux d'entre les chanoines qui conservaient le plus d'attachement à la règle, en formèrent des chapitres séparés, et établirent ainsi des collégiales dans leur ville épiscopale. Les unes et les autres de ces églises canoniales se réglaienf pour le service divin comme les cathédrales. Il y avait même des églises collégiales qui jouissaient de droits épiscopaux. Voyez CHANOINES. L.

COLLODION. Voyez POUDRE-COTON.

COLLOQUE DE POISSY. (Histoire.) On nommait autrefois colloque une conférence tenue entre des personnes d'opinions religieuses différentes, qui discutaient un point controversé avec l'intention de s'entendre et de se rapprocher. Celui de Poissy eut lieu en 1561. On y eut pour objet de réunir à l'Église catholique les réformés de la confession de Genève. Catherine de Médicis y assista avec le jeune roi son fils. C'était une démarche politique : elle hésitait alors entre les deux partis religieux qui divisaient la France, et d'ailleurs elle voulait se faire rechercher également par l'un et par l'autre, en donnant des craintes aux catholiques, et en faisant concevoir quelques espérances aux réformés. Ceux-ci étaient représentés par Théo. dore de Bèze et quelques autres de leurs

théologiens les plus distingués. Le cardinal de Lorraine, pour les catholiques, était assisté de Montluc, évêque de Valence, et du docteur Claude d'Espence. Après de longs débats, qui roulèrent principalement sur le dogme de la présence réelle et sur quelques autres points de controverse non moins épineux, le cardinal de Lorraine et Théodore de Bèze se séparérent plus divisés d'opinions qu'ils ne l'étaient auparavant; de sorte que le colloque de Poissy eut un résultat diamétralement opposé à celui qu'on en attendait. D.

COLUMBARIUM. (Antiquités.) Ce mot signifie proprement colombier. Les Romains avaient fait de l'élève des pigeons une spéculation avantageuse, et construit pour cel objet des édifices conçus, exécutés et entretenus avec un soin tout particulier. Varron (1) en décrit un qui pouvait contenir jusqu'à cinq mille pigeons. Les colombiers étaient ordinairement de forme ronde, couverts par une coupole, aérés par des fenêtres garnies de grillages, et n'ayant d'autre ouverture praticable qu'une petite porte. La partie intérieure des murailles, depuis le sol jusqu'à la voûte, était creusée d'un grand nombre de petites niches rondes, ou boulins, de trois palmes en tous sens, et que l'on désignait aussi sous le nom de columbaria.

C'est cette disposition, reproduite dans des constructions dont la destination était bien différente, qui a fait donner le nom de columbarium aux niches destinées à contenir les urnes cinéraires dans les tombeaux de famille. Ces tombeaux collectifs étaient ordinairement de forme quadrangulaire, avec des parties saillantes sur chaque face, les unes carrées, les autres en hémicycle. A l'intérieur, dans les murs, se trouvaient une foule de petites niches à forme demi-circulaire, et arrondies en voûte par le haut, exactement comme les boulins dans un colombier. Ces niches étaient disposées en lignes horizon. tales, séparées par une cymaise. Le nombre des étages différait selon la hauteur des voûtes; mais il était souvent de huit ou neuf. Dans ce cas, au-dessus des cinq premiers rangs, régnait un large entablement, formant galerie pour faciliter l'approche des niches les plus élevées. Chaque niche contenait une et quelquefois deux urnes cinéraires, enfoncées jusqu'à leur orifice, en contre-bas du seuil de la niche. Une tablette de marbre, sur laquelle étaient gravés le nom et la qualité du mort, était fixée par deux clous de fer ou d'airain au-dessus de la niche (2). Souvent les tombeaux de ce genre, remarquables au dehors par leurs vastes proportions, se distin.

(1) De Re rustica, III, 7. - Cf. Plin., X, 37. (2) Piranesi, Antich. Rom., t. III, tav., 17, 21, 23, 2430-35.

guaient au-dedans par une ornementation luxueuse, par le marbre qui pavait le sol, par le stuc qui revêtait la voûte, richement peinte ou sculptée. Rome offre depuis quelques années à la curiosité des touristes et des archéologues plusieurs de ces tombeaux communs, d'une conservation parfaite, dont la découverte est due aux fouilles intelligentes dirigées par M. Campana dans des terrains situés entre la porte Latine et la porte Capène.

Fabretti, Inscript. ant., p. 1 et suiv.

O. Jahn, Specimen epigraphicum in memoriam Olat Keilermanni.

Bianchini, Camera ed iscrizioni sepolcrali de' liberti della casa di Augusto; Roma, 1727, in-fo. Gori, Descriptio Columbarii libertorum et servorum Liviæ. L. RENIER.

COLURES. (Astronomie.) C'est le nom générique que les Grecs donnaient aux cercles de déclinaison ou méridiens célestes. Mais, dans l'usage, on désignait plus particulièrement par ce terme deux grands cercles de la sphère céleste, perpendiculaires entre eux, menés suivant l'axe du monde, et assujettis à passer, l'un par les points solsticiaux, l'autre par les points équinoxiaux, conditions qui les déterminent entièrement de position.

Les deux colures ne sont donc que des méridiens célestes auxquels on a affecté une dénomination spéciale. Le colure des solstices est remarquable entre tous les méridiens. Il mesure l'obliquité de l'écliptique, et il est tout ensemble cercle de déclinaison et cercle de latitude. Tous les astres situés sur sa circonférence ont 90° ou 270° d'ascension droite et de longitude. Le colure des équinoxes est le méridien pris pour origine des ascensions droites. Tous les astres qui se trouvent sur sa circonférence ont zéro ou 180° d'ascension droite, avec des longitudes variables.

Qui dit colure dit cercle tronqué, mutilé (xóloupos xúxλoç, circulus cauda truncus). Voici d'où provient cette dénomination singulière. Les armilles des anciens astronomes servaient à faire des observations, et non pas seulement, comme nos sphères armillaires, qui en sont dérivées, à présenter une image sensible des mouvements célestes. Ils y avaient figuré, avant tout, l'équateur et l'écliptique, qui en étaient les pièces essentielles. Puis, pour donner plus de solidité à l'appareil, bien plutôt que pour une raison quelconque d'utilité astronomique, ils construisirent un troisième grand cercle, passant par les pôles de l'équateur et par les deux points solsticiaux, et un quatrième grand cercle passant par les mêmes pôles et par les points équinoxiaux.

C'est à ces deux méridiens célestes que fut affecté, sinon exclusivement, au moins plus particulièrement, le nom de colures, ou de

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