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deffous de 16. pour Cent, fi on vouloit battre de nouvelles Efpeces à l'ancien titre de la Monoye. Pour fixer pour toujours la Valeur de ces nouvelles Efpéces, il étoit encore néceffaire d'ériger une Banque nouvelle & particulière pour cet Argent, comme celle de l'ancienne Banque des Efpeces de l'Empire, afin que chacun y put toucher incontinent, pour 100 Ecus en Efpeces, 116 Ecus argent Courant de Hambourg, & vice versa.

Voilà le precis de l'Edit des Monoyes, que le Magiftrat de la Ville de Hambourg fit émaner & executer réellement le 15. de Novembre 1726, & que perfonne, qui fe donnera la peine de l'examiner à fond, ne trou vera exceder ni les privileges ni les Conftitutions de la Ville, & encore moins contraire à la justice, à l'équité, & au falut public. Le nouvel argent courant de la Ville contient la même Valeur intrinfeque, que celui du tems paffé. La nouvelle Banque Courante n'eft qu'une Caiffe publique de l'Argent de la Ville, & Elle ne peut recevoir aucun argent au Coin étranger, d'autant que la quantité, & la qualité de l'Argent de la Ville depend uniquement de fa feule difpofition, dont elle est refponfable & guarante, ce qu'Elle ne peut être de l'argent étranger (comme Elle n'y eft pas obligée non plus) fans fa propre ruine & celle de la Banque. La combinaifon de la Banque des Efpeces avec celle du Courant ne fert proprement, qu'à fixer l'Agio, cet à dire la Valeur intrinfeque de cet Argent courant, dont Elle reçoit tant en Efpeces, avant qu'Elle paye en argent de la Ville; & qu'Elle est toujours prête de reftituer, quand on le demande, ce

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qu'El

qu'Elle ne feroit pas capable de faire par rapport à l'Argent étranger.

Cette fixation de l'Agio, bien loin d'être préjudiciable à perfonne, ne peut être que d'autant plus profitable pour tout le monde, que la certitude du Commerce, qui depend abfolument de la certitude de la Valeur intrinfeque de l'argent, est toujours infiniment à préferer à un changement continuel, tel que celui auquel on n'a trouvé que cet unique reméde, qui foit utile au public, fans faire tort à perfonne, qu'au contraire puifqu'il fixe la Fortune d'un chacun. Il s'agit à prefent de demontrer que la Ville a pû faire ce qu'elle a fait, qu'elle en avoit le droit & le privilége, dans la jouiffance duquel elle doit être confervée comme Membre immediat de l'Empire.

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Que la Regale de battre monoye, que la Ville de Hambourg a obtenu des Empereurs depuis plufieurs Siecles, ne dépend abfolument de perfonne, que de l'Empereur & du S. Empire, & de quelle maniére Elle s'eft conduite à cet égard jufqu'à la fin du XVII. Siecle.

§. 1.

De l'ancienne Conftitution de la Ville en général.

Tout le monde fait que dans les Siecles paffés la Regale de battre Monoye, ne fût exercée que par les feuls Empereurs; qui dans la fuite du tems l'accordèrent de differentes maniéres, à certains membres de l'Em. pire.

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Et quoiqu'il ne fut pas hors de propos, de fe fervir ici de l'occafion, à caufe des circonftances de la matiére, qu'on traitera enfuite, pour détailler un peu les prémiers & anciens Gouvernements de cette Ville favoir comment Elle fut gouvernée par les Commiffaires & par les Gouverneurs de l'Empereur Charlemagne, lorsqu'il jetta, l'an 808. les premiers fondements de la Ville, & qu'il en fit enfuite une Forteresse frontiére & un Boulevard contre les incurfions de certains peuples, qu'on regardoit alors comme des Barbares; & com

ment

ment enfuite on commit à cette Ville le foin de la propagation de la Foi dans les païs voifins, qui appartenoient à la Saxe de ce tems, & qu'on partageoit en Saxonia Trans-Albina, & en Nord Albingia; mais parceque cela nous détourneroit trop de nôtre de nôtre deffein, & que d'ailleurs ce recit n'eft pas, d'une neceffité abfoluë, on fe contentera, de remarquer ici en peu de mots, le tems, & le periode, où la Saxonia trans-Albina, qui enfuite fut célèbre fous le nom de Comté & après de Duché de Holstein, parvint à la Maifon des Comtes de Schauenbourg; où on fera voir en même tems la connexion des principaux évenements, pour autant qu'ils feront neceffaires au fujet, que nous traitons ici.

Lorfque l'Empereur Henri V. donna l'an 1106 l'Inveftiture du Duché de Saxe à Lothaire Comte de Supplenbourg (qui parvint enfuite à la Couronne Imperiale) celui-ci conféra pour la premiére fois la Comté de Holstein au Comte Adolphe I. de Schauenbourg; il feroit fuperflû de deduire ici au long, dans quelle fituation la Ville de Hambourg s'eft trouvée dans ce tems-là par rapport à fes droits & jurisdictions, parceque cela s'eft déja fait fuffifament dans d'autres Ecrits, que la Ville a fait publier à ce fujét, & qu'on fe trouve d'ailleurs en état de prouver avec plus d'évidence que jamais, s'il étoit neceffaire, que depuis la fondation de la Ville, Elle a été très exacte à -veiller fur fa Liberté, & à prévenir tout ce qui pouvoit y donner la moindre atteinte dans les chofes réelles. Et bien loin d'avoir jamais été privée réellement de cette Liberté, Elle a été toujours ouvertement affiftée & revendiquée

quée par l'Empereur & l'Empire, lorfque pareil cas eft arrivé.

§. z.

Dans quel Etat la Monoye de la Ville fe trouvoit dans le XII. Siecle, & du Privilege, que l'Empereur lui accorda en

1189.

Pour

Our venir au fait, & pour nous préparer à entrer dans l'Examen de la Monoye de la Ville, il faut remarquer, qu'Elle fut gratifiée par l'Empereur dès le XII. Siecle, de plufieurs importans Articles, qui appartiennent réellement à la Regale de battre Monoye; & que l'Empereur Frederic I., dans fon Privilege de l'Année 1189, lui accorda entre autres chofes, le droit

I. Que la Ville auroit la Liberté d'établir des endroits commodes, pour changer les differentes fortes d'argent, pourvu que cela ne fe fit point devant la Maison de la Monoye (Voici les propres termes de l'Original) Argentum quoque in ipfa Civitate, fi quis cambire voluerit, in quocumque loco fuerit opportunum cambiat, nifi fuerit ante Domum Monete.

Il paroit donc clairement, que le Change auffi bien que le droit de battre Monoye n'a pas entiérement dependu dans ce tems, de la feule difpofition des Comtes de Holftein, puifqu'autrement ils n'auroient pas eu befoin (comme on le verra bientôt) de demander à l'Empereur cette liberté pour la Ville. Et la raison, pourquoi il ne fut pas permis aux Changeurs, d'établir leurs Bureaux devant l'Hôtel de la Monoye, étoit proprement,

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