Page images
PDF
EPUB
[ocr errors][ocr errors]

elle fe trouva contrainte de fe fervir des moyens legitimes, qu'elle pouvoit employer par le Droit divin, & par les prérogatives, qu'elle avoit obtenues depuis fi long-tems; d'autant, qu'il n'y avoit plus de remede à attendre de l'endroit où cette confufion prenoit fon origine. Elle ne perdit pas en même tems toute Espérance que, pourvu qu'Elle ne fit rien dans cette affaire au préjudice d'un autre, & qu'elle fuivit toujours ses prémiers principes, qui avoient été en tout tems approuvez, à la fin la verité, la juftice l'équité, & l'utilité publique fe declareroient en fa faveur. C'est pourquoi elle ne tarda pas plus long tems à mettre la main à l'œuvre.

§. 8.

Expofition des Moyens, dont la Ville fe fervit, pour remedier aux maux, & à la confufion, que le mauvais argent y avoit canfe, & qui étoient conformes à fes prémiers principes. Le nouvel argent, qui y fut battu, étant au Titre ancien & ordinaire de 34. Marcs, qui étoit fixé à 16. pour Cent de Banque. De la nouvelle Banque d'argent courant, & de l'Edit de la Ville à ce sujet, arrêté le 25. de Janvier

1725.

LA premiére chofe, & la plus neceffaire

pour l'execution d'un deffein fi falutaire, fut, que la Ville fe fervit de fes Regales inconseftables de la Monoye, qu'elle n'avoit obtenu,

&

& qui ne dependoient abfolument que de S. M. Imperiale & du St. Empire, (comme nous l'avons fait voir Chap. I. §. 2. & 5.); & de remplacer la perte de fon vieux argent courant, par la fabrique de nouvelles Efpeces, de la même Valeur, & en quantité fuffifante, Cé qui demandoit pourtant beaucoup de tems, avant que de pouvoir l'effectuer, parcequ'il y avoit long tems, qu'elle ne s'étoit fervi de fes Balanciers.

On pofa enfuite pour fondement de fabriquer ces nouvelles Efpeces depuis les pieces de 32. fols jufqu'aux pieces de 2. fols inclufivement fuivant l'ancien Titre, & à raison de 34. Marcs de Lubeck, portant la Valeur intrinfeque d'un Marc de fin; afin que perfonne ne put accufer la Ville de quelque nouveauté.

On trouva en même tems neceffaire, & conforme aux interêts eflentiels de la Ville, de fuivre fes anciennes Conftitutions (Voyez Chap. 1. §. 13.) & d'ordonner, que pour l'avenir tous les habitans feroient obligés de payer en Monoye de la Ville les contributions, les taxes, & en un mot tous les impots, dont les payements étoient reglés en argent Courant depuis plufieurs années; & que les autres payements tant publics, que particuliers, qui pour l'avenir fe feroient en cette Ville,

ne

pourroient abfolument fe faire, qu'en argent neuf de la Ville; à moins que les deux contractants n'en fuffent convenu d'une autre maniére foit expreffement ou tacitement, & enfin que perfonne ne feroit plus obligée, & ne pourroit plus être contrainte, de recevoir, contre fon gré, d'autres Efpéces étrangeres. Ce qui ne s'accorde pas feulement avec le

[ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small]

Droit & avec toutes les loix du monde, où il eft permis à chacque Communauté, qui jouit de la Regale de la Monoye, de mettre pour fondement des payements inter pares l'usage de fes propres Monoyes; mais que ce ne feroit que pour la forme, par maniére d'acquit, & pour fa propre perte, fi on s'amufoit, à faire fabriquer une Monoye de meilleure Valeur intrinfeque, & que Neanmoins on permit que l'argent étranger eut le même Cours, & qu'il fut toujours préferé dans le Commerce au fien propre, & que par confequent on le reconnut de cette maniére tacitement pour le fien; ce qui ne pouroit manquer, fi on permetoit aux Debiteurs de fe fervir dans l'acquit de leurs dettes de telle Monoye, qu'il leur plairoit, parceque c'eft leur ordinaire de s'y fervir, pour leur profit, du plus mauvais argent, qu'ils peuvent trouver.

Mais la chofe la plus effentielle dans une affaire auffi importante fut, de donner au nouvel Argent Courant de la Ville un Agio certain & raisonnable, & qui, s'il étoit poffible, fut fixé une fois pour toujours. C'eft pourquoi après plufieurs Délibérations, & après avoir fait le compte exact du Cours de l'argent fin, & des fraix de la Monoye, on trouva qu'il étoit absolument impoffible, de fixer l'Agio ni plus haut, ni plus bas, qu'à 16. pour Cent; (ce qu'on s'engage de prouver toujours en cas de befoin;) Par bonheur cet Agio de 16. pour Cent fe rencontra d'autant plus jufte & raisonnable, qu'il s'accordoit parfaitement avec celui de l'année 1710., lorfque fuivant le §. 1. & feqq. le Cours du bon argent étoit encore fur le pied ordinaire, & avant qu'on eut commenTome X.

F

Et

cé à l'alterer d'une maniére fi fenfible. par confequent la Ville s'étoit déja disculpée en avant de toutes les Chicanes, qu'on auroit pu lui faire à ce sujet.

Cependant il refta encore à furmonter un obftacle, qu'on trouva le plus difficile, ma's qu'il falloit neceffairement lever fi on vouloit reuffir dans ce projét. C'étoit comment fixer l'argent Courant de la Ville, contre l'argent de Banque, par un Agie conftant & immuable; ce qu'en effet on avoit toujours regardé jufqu'à préfent comme une chofe impraticable. Il fut facile de prévoir, que fi le nouvel argent Courant étoit une fois livré entre les mains des particuliers, en forte qu'ils en euffent la difpofition libre, fans qu'il fut foumis à une difpofition reguliére; il ne feroit pas feulement impoffible de fixer pour l'avenir un Agio immuable par les loix les plus rigoureuses, qu'on pourroit encore faire à ce fujet, (dont on a yu plufieurs exemples au tems paffe fuivant les §. 6. & 7. du premier Chapitre) mais même on verroit une confufion infiniment plus grande, & des conféquences plus pernicieufes pour le bien public, qui ne manqueroient d'en refulter. On ne trouva donc aucun moyen plus efficace, pour prévenir cet inconvenient, que de charger le public, & la Ville même des foins de toute cette entreprife, & de faire enforte, que chacun put toujours trouver, avec commodité, 116. Ecus argent Courant de la Ville pour 100. Ecus de Banque, & vice Verfa. Et pour executer ce projèt, il fut neceffaire d'établir une Banque Courante & publique de la propre Monoye de la Ville, parce qu'il lui étoit impoffi

pas

ble

[ocr errors]

ble de repondre de la Monoye étrangere, qui non feulement ne dependoit de fa difpofition en aucune maniére, mais qui étoit fujette à un changement continuel de la fabrique étrangere, quoique cette Banque Courante fut combinée avec les veilles Efpeces de l'Empire: Et ce fut par ce moyen feul, qu'on put efperer de donner à l'argent Courant de la Ville, un Agio conftant de 16. pour Cent,

On fe contente de laiffer ici à la decifion du public, quel avantage il en revient non feulement à la Ville, à fon Commerce, & à tous fes habitans, par le fixation de l'Agio à 16. pour Cent, & par le moyen, que cela donne incontestablement d'introduire de la bonne Monoye, au lieu des mauvaises pieces de tout genre, quel profit toutes les Nations en retireront en leur particulier, pour autant, qu'Elles fe trouvent en relation de Commerce avec cette Ville; outre que toutes ces difpofitions fi neceffaires, ne font que conformes à la derniere rigueur de la justice & de l'Equité, enforte que perfonne ne peut avec raifon s'en plaindre ni en recevoir le moindre mal.

Voilà le précis de la convention, qui fut faite le 25. Janvier 1725. entre le Magistrat & la Bourgeoifie de Hambourg, & qui donna lieu enfuite un fameux reglement de la Monoye, après plufieurs deliberations ulterieures. On prit en même tems la Refolution d'y mettre devant les yeux de tout le monde le veritable Etat, & la vraye valeur intrinfeque de ce nouvel argent Courant, fans s'amufer à décrier ces Pieces de 6. fols, mais pourtant de faire connoitre au public leur Valeur veritable fuivant le Titre établi dans la Monoye, & de F 2

laif

« PreviousContinue »