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veau Réglement des Monnoyes de la Ville, émané l'an 1726, ont donné occafion à differens raifonnemens dans les Païs étrangers, & que cette affaire n'eft pas encore réglée au contentement des Intéreffez, la Ville, après avoir fait de fon côté toutes les foumiffions imaginables envers Sa Majesté Danoife, & ayant jusqu'à préfent enduré plufieurs disgraces, fans qu'il y foit entré de fa faute, s'eft. à la fin crue obligée d'expofer aux yeux du Public impartial les véritables circonstances de cette affaire; d'autant qu'on la pouffe à la Cour de Dannemark à la derniere rigueur, & qu'il femble, qu'on y cherche expreffement, à fe fervir de ce prétexte, pour priver la Ville de fes droits & de fes immunitez incontestables, comme Membre & Ville immédiate de l'Empire.

C'est pourquoi il eft à préfumer que les Perfonnes raisonnables ne trouveront pas à redire, fi la Ville ne peut plus s'empêcher, de demontrer ici fon innocence, & fes droits légitimes, y étant obligée par-tout ce que les Loix divines, naturelles, civiles & communes permettent & ordonnent.

La Ville eft d'ailleurs très-perfuadée, & a une ferme confiance, que Sa Majefté, comme le Roi le plus jufte & le plus debonnaire, lui accordera la faveur de prendre des informations ultérieures für une affaire, qui ne tend qu'à l'utilité publique, & qui eft conforme aux Priviléges, & aux Immunitez de la Ville, & elle Le fupplie auffi très-humblement, de vouloir recevoir gracieusement cette Deduction.

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Il est incontestable que la confervation

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des Monnoyes a été de tout tems, me elle est encore à préfent un des plus importans intérêts du bien public; & qui intéreffe d'autant plus une Ville, qui en a toujours jouï par les Priviléges de fa liberté, & de fon Commerce, qui eft l'ame de fa confervation; d'ailleurs les Monnoyes de tout l'Empire, font dans une connexion fi inféparable avec celles de la Ville de Hambourg, qu'il eft impoffible, que les unes puiffent subsister fans les autres.

Pour donner une idée fuccinte de toute la controverfe, il faut bien remarquer, que depuis plufieurs années, & particuliérement depuis que les Ecus de Banque, & leurs Espéces inférieures, ne furent plus employées que dans le Commerce, ou à payer les Contracts & les Lettres de Change & qu'on commença à fe fervir de la Monnoye courante dans toutes les autres néceffitez de la Vie; la Ville fit battre elle-même de la Monnoye courante, dont 11 Ecus, ou 34 Marcs de -Lubeck (dont chacun vaut 16 fols) avoient la valeur intrinfeque de 16 Lots d'argent fin; c'est ainsi que la Ville a toujours taché en tout tems, d'égaler, fuivant les Constitutions de l'Empire, & autant que le prix de l'argent l'a permis, fes Efpéces courantes aux Ecus de Banque, dont Pieces ou 27 Marcs de Lubeck contiennent un Marc d'argent fin ; enforte que la Monnoye leur a donné fort peu, & quelques fois point de profit.

Dans ce tems on obferva également la même valeur intrinféque dans l'argent courant, qu'on battit tant dans les Pais voifins, que dans le Holstein même.

Et toutes ces differentes fortes d'argent cou rant eurent à peu près le même Agio contre l'Argent de Banque, à moins que l'Agio de la Banque, n'y mit quelquefois de la variation par les circonstances & par les Conjonctures du Commerce; ou que l'Argent courant haussoit ou baiffoit par raport aux Efpéces, fuivant que celles-ci étoient recherchées, & qu'il y en avoit abondance, ou difette; cependant les variations de l'Agio de la Banque, ne furent pas alors fi fréquentes, & n'arrivérent pas tout d'un coup, comme en 1710. à environ 16 pour cent contre les Efpéces.

Et ce fut à peu près dans ce tems, qu'on fit battre en Dannemark une nouvelle forte de monnoye de la Valeur de 6 fols de Lubeck, ou de 12 fols Danois, fur le pied du change de 40 Marcs de Lubeck, au lieu qu'il avoit été auparavant de 34 Marc de Lubeck. Marc de Lubeck. Et quoique ces nouvelles Efpéces d'Argent courant apportaffent un profit confidérable au tréfor Royal, & aux Admodiateurs des monnoyes (ce qui a été la fource de tous les maux) cependant leur Valeur intrinféque étoit de 18 pour cent moindre que celle des précedentes; on continua toujours de battre de ces nouvelles Efpéces, & encore en plus grande quantité, qui fe disperférent peu à peu par tout, & en cette Ville, ou par l'inadvertance des particuliers & encore par d'autres circonftatices elles confervérent le même Agio, que le bon Argent; ainfi il n'eft pas difficile de comprendre, que ce mêlange de bonnes & de mauvaises Efpéces, & l'égalité de leur Agio, fournirent la meilleure occafion du monde aux Uluriers, & aux Admodiateurs des Monnoyes

noyes & à leurs Correfpondens, de s'enrichir, & d'enlever les bonnes Efpéces, qui étoient d'un meilleur Aloy de 4 pour cent, pour les remettre au Creufet & pour en fabriquer toujours dans les Monnoyes Danoifes de ces méchantes Piéces de fix fols. Le bon Argent, & particuliérement celui de la Ville de Hambourg, commença donc à devenir rare, & s'éclipfa à la fin tout à fait; l'Agio de la Banque hauffa quelquefois très-haut & tout d'un coup par plufieurs circonftances, jusqu'à ce qu'il fe trouva à la fin en peu d'années à 33 de 16, qu'il avoit été auparavant ; il parût même, qu'on ne verroit jamais de fin à tous ces differens changemens, & on craignit encore pis pour l'avenir, d'autant qu'on voyoit déja fe gliffer dans le public d'autres petites Piéces d'un moindre Aloy, que celles de Dannemark, qui firent craindre avec raison, que cela ne ruïnât à la fin tout le Commerce.

Les Etrangers auffi-bien, que ceux de la Ville fouffroient déja confiderablement par la confufion des Monnoyes, par la hauffe exhorbitante & par l'incertitude de l'Agio; chacun en fit des plaintes ameres; les Negotians, les Capitalistes, les Proprietaires des Maifons, les Administrateurs des Deniers publics, des Eglifes, & des fondations, en un mot, tous ceux, qui s'intéreffoient pour le Bien public, & qui étoient trop généreux pour vouloir profiter de ces confufions, prefférent le Magiftrat de prévenir la fuite de ces maux, & de fonger ferieufement aux moyens de les finir avec efficace. Iby avoit longtems, que la Ville prénoit patience, efpérant que le remède à ses maux viendroit du dehors, & de

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l'endroit, qui en avoit été la caufe; mais elle eut beau attendre & efpérer, on n'y penfa pas feulement; c'eft pourquoi elle fût obligée de s'aider elle-même, le mieux qu'elle pût, fans pourtant fournir occafion à qui que ce fut, de pouvoir fe plaindre d'elle avec jufti

ce.

Jamais il n'auroit été poffible à la Ville de redreffer ces Griefs, & de prévenir par confequent la ruïne totale de fon Commerce, fi elle n'avoit pas eu le Privilége de battre ellemême Monoye, & fi elle n'avoit pas eu depuis longtems une Banque, qui pouvoit fuffifamment fournir de l'Argent en Espéces; c'étoient ces deux moyens feu!s, qui pouvoient lui fournir les remedes néceffaires.

Le Magiftrat & les Bourgeois de la Ville prirent donc la réfolution unanime le 25. de Janvier de l'an 1725. de fe fervir de leurs Priviléges & de la Régale des Monoyes pour faire battre une fuffifante quantité d'Argent courant fur l'ancien pied de 34 Marcs de Lubeck; & de réduire fon Agio fur le pied, qu'il avoit été avant la confusion, que l'Introduction du mauvais Argent avoit occafionnée, c'est-à-dire à 16 pour cent contre l'Argent de Banque, (ce qu'on avoit jusques à présent cru être une chofe impoffible ;) & ceci dans la feule intention, de remedier, pour la confer vation de la Ville & de fon territoire au mal paffé & préfent, & de prévenir celui, qui y pourroit encore arriver à l'avenir par le même inconvenient; il feroit encore facile de prouver avec évidence, en cas de befoin, que par des raifons réelles il étoit impoffible de haus. fer ou de diminuer l'Agio au-deffus ou au

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