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§. 7.

L'Etat de la Monnoye de la Ville dans le XVII. Siécle, jusqu'à l'année 1619, &c.

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Ette confufion de la Monnoye ne conti nua pas feulement dans le XVII. Siécle, mais les inconveniens, qui en refultoient, augmentérent encore de plus en plus.

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L'Ecu en Espéce commença à hauffer depuis l'an 1609. jusqu'à 1621, de 33 jusqu'à 54 fols; & pour comble de malheur, cela n'arriva pas comme autrefois peu à peu, mais de mois en mois > & pour ainfi dire tout d'un coup. On concevra aifément, que cela donna encore plus d'occafion au public, & aux particuliers, de s'en plaindre amérement, puisque chacun en reçut des pertes confidérables, & que tout le monde étoit dans une incertitude éternelle touchant fes biens. Cercle de la Baffe-Saxe fe donna toutes les peines poffibles, pour fixer l'Ecu à 33 fols, & comme il fut impoffible d'executer ce Projèt falutaire, on tacha de mettre fon prix fixe à 37 fols; mais ce furent encore peines perdues. Les differentes fortes de falfifications & de tromperies dans les Monnoyes étoient montées à un fi haut point, qu'on commença enfin à defespérer par-tout, d'y pouvoir remedier; les Monnoyes défendues (Vulgo Hecken Muntz) comme auffi le nombre des Monoyes des Villes s'accrûrent tous les jours; plufieurs Princes de l'Empire s'unirent pourtant quel

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quelquefois avec les Villes de Lubeck & de Hambourg, pour la Confervation des bonnes Efpéces, fans que cela apportât le moindre foulagement aux maux publics.

Dans le Reglement du Cercle de la Baffe Saxe au fujèt de l'Evaluation & de la Monnoye de l'an 1610. on remarqua comme le remede le plus efficace (comme en effet il ne s'en trouva pas de meilleur) de ne battre de ces petites Monnoyes, que dans un petit nombre de Villes entre lesquelles la Ville de Hambourg fe trouva auffi; & que ces petites Monnoyes feroient réglées par rapport à leur valeur intrinféque fur le pied des Ecus de Banque; mais on y trouva la même difficulté & la même oppofition.

C'est ici l'endroit de donner un Extrait de la requête, que les Négocians & les Marchands tant étrangers, que ceux de la Ville préfentérent au Magiftrat à ce fujèt le 10. de Janvier 1616; ils y marquoient en termes très-expres, & avec des Raisons évidentes,

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» Que le Commerce de la Ville, foi dans fon intérieur, où dans fon extérieur fe trouvoit dans un Etat languifant, à cause » du changement continuel de la Valeur Ex»trinféque des Ecus de Banque, ce qui ne » manqueroit pas d'occafioner encore des » confequences beaucoup plus pernicieuses 22 pour le Commerce; c'eft pourquoi ils imploroient le fecours du Sénat, pour régler la Valeur des Ecus; & taxer toutes les » Monnoyes courantes fuivant le titre de leur Valeur intrinfeque, parce qu'il n'y avoit pas d'autre moyen, de prévenir ce mal; &c.

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Chacun pourroit faire ici en paffant les reflexions, & des applications néceffaires, fur ce qui s'eft paflé dans nôtre tems; & on trouvera, que les raifons alléguées par les Né gocians de ce tems-là font d'une conféquence infiniment plus intéreffante pour le tems d'à préfent; on se reserve d'en parler dans un autre §; cependant il paroit clairement par les plaintes des Marchands de l'année 1616; que la vérité refte toujours la même, quoique le Théatre change quelquefois de Décoration. Le Sénat fit les férieufes réflexions fur les juftes demandes des Négocians, dans une affaire auffi importante; c'eft ce qui paroit avec évidence par leur Ordonnance du 9. Février 1616; " où on fixe l'Ecu à 40 fols, & où ,, on défend tout Agio fous peine de confifcation; on y décrie toutes mauvaises Efpéces », étrangères, & on y fait encore plusieurs re» glemens falutaires à ce fujèt.

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L'Ordonnance en date du 12. de Mars de l'année 1616 que le Roi de Dannemark Chrétien IV. & le Duc Jean-Adolphe de Sleswig-Holstein, firent publier au fujèt de la Monoye, fort peu de tems après celui de la Ville, fait en même tems voir la grande précaution, & les foins infatiguables de ces deux grands Princes, pour le foutien, & pour la Confervation des bonnes Efpéces, & la confiance entiere, qu'ils mettoient en ces deux Villes de Lubeck & de Hambourg à ce fujèt, & que leurs principes fur les Monnoyes s'accordoient parfaitement avec ceux de ces Villes.

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Dans l'Edit de ces deux Princes on commence à détailler la vraye raison de la

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Hauffe des Ecus; le dommage, que leurs ,, Païs & tous les autres recevoient de leur valeur incertaine & inconftante; & enfin ,, le grand abus, qui réfultoit de ce qu'on fait hauffer cet argent, comme on veut, » dans l'achat & dans la vente des Marchan», difes; on y défend après fous peine de con,, fiscation non-feulement d'introduire ces Gros inconnus dans les Duchez de SleswigHolstein, mais même de les recevoir en » payement; & pour reduire enfin NB. l'Ecu à 40 fols & à une valeur certaine & fixe, on y ordonne de ne le recevoir fur » un pied plus haut, que jusqu'à une Con»vention générale de l'Empire, & du Cer,, cle; & de ne recevoir sur un autre pied les » autres groffes Monnoyes, par exemple les Ecus Philippins, les Reales, & les Marcs, » que comme ils auroient Cours dans les Vil» les voifines de Lubeck & de Hambourg.

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C'étoit dans ce tems, que quelques malintentionez avoient donné une finiftre idée au Roi de Dannemark, & au Duc de Sleswig-Holstein des petites Monnoyes (vulgo Scheide Muntz) de la Ville de Hambourg; ce qui pourtant y fit fi peu d'impreffion, qu'il ne couta pas beaucoup de peines à la Ville, de les en faire revenir par l'évidence de la vérité; c'eft pourquoi le Roi & le Duc écrivirent au Magiftrat une Lettre fur ce fujèt en date du 28. Février & du contenu fui

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» Que l'on avoit été averti, qu'on com,, mençoit non-feulement dans le Cercle de la Baffe Saxe, mais même dans la jurisdiction & fur le territoire de la Ville, de bat

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"tre de ces Gros d'argent défendus, & de les introduire peu à peu dans les Païs voifins; & la Ville fourmilloit de ces mauvaique fes Piéces de deux & d'un fols; & qu'on fouffroit qu'on les introduifit & qu'on les de"bitât dans la Ville; c'eft pourquoi ils fe trouvoient obligez de prévenir à tems une » manigance fi pernicieufe, & auffi fouvent défenduë pour que leurs fujèts communs n'en fouffriffent pas d'avantage; c'est pour» quoi ils avoient jugé à propos, d'exhorter ,, le Magiftrat par ces Monitoires, de don,, ner les ordres néceffaires pour faire ceffer de battre de ces petites Monnoyes, parce » qu'il y en avoit déja plus, qu'il n'en fal"loit, pour le befoin du Public, &c.

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Voici les termes, & les Expreffions, dont fe fervoient dans ce tems le Roi de Dannemark, & le Duc de Sleswig-Holstein, lorsqu'ils avoient quelque chofe à communiquer à la Ville. Prémiérement on s'informoit, fi ce qu'on avoit divulgé à fon préjudice, étoit vrai; on demandoit après fa réponse, & fon information, avant qu'on prit des réfolutions ulterieures; & fuppofé, que cette accufation eut été fondée, toute la Menace, ou le redreffement des Griefs fe reduifoit à la feule prohibition de ce mauvais argent dans les Païs du Roi & du Duc; on remettoit alors le reste à la décifion du Saint Empire, & du Cercle de la Baffe-Saxe, & on fe contentoit feulement de faire fouvenir la Ville de fon devoir envers l'Empire, & le Cercle; par conféquent on n'y trouve pas la moindre ombre d'une dépendance ou d'une fujettion soit dans fes Momoyes, ou par rapport à fes autres Regales &

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