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de la Valeur de 16. fols, & celles d'un moindre prix, qu'on fit battre dans ce tems dans ces quatre Villes avec l'inscription, Status Marce Lubecenfis, & dont on trouve encore grand nombre, font, dans leur valeur intrinfeque, conformes au Titre de la Monoye, qu'on établit dans le fiécle fuivant.

C'est donc principalement à ces quatre Villes, en général, & en particuliers que tous les païs voisins doivent en grande partie la Confervation des bonnes Efpeces, non feulement dans le XV. Siecle, mais même dans les fuivants. Si on fe trouvoit en peine du Côté de la Ville d'en produire d'autres preuves évidentes & inconteftables, les feuls Contracts publics & aparticuliers de ce tems tant de ce païs, que de tous les païs voifins, dont on a encore une quantité prodigieufe à produire, & dont la ftipulation du payement fe rapporte pour la plupart, ou à l'argent de Hambourgj, ou à celui de Lubeck, ou aux Efpéces de toutes les deux, ou des quatre Villes ensemble, & où on dit expreffement, que le païement se doit faire en argent, comme il a cours dans une de ces quatre Villes, fuffiroient pour prouver les grands foins de cette Ville & de fes Affociées pour la Confervation du bon argent, & qu'elle s'y est toujours comportée avec une probité fans reproche, en laquelle tous les voilins & d'autres païs fe font toujours confiez.

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Ce feroit vouloir faire un livre, fi on alleguoit ici toutes les peines & toutes les Refolutions, que ces quatre Villes ont pris à ce fujet, mais cela ne ferviroit de rien à notre propos; pour donner pourtant quelques Echantillons, de ce qu'on trouve des refolutions una

nimes des quatre Villes dans les Registres des Recès de cette Ville; il y eft dit dans le Recès de l'année 1458.

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"Que le Magiftrat fera obligé, & qu'il » s'oblige auffi d'avoir foin de la Monoye > ,, de la maniére qu'il le jugera convenable. Il est defendu à toute perfonne, de re» cevoir, & de païer, de faire recevoir, & » de faire païer dans cette Ville aucune fom>> me en autres Efpéces d'argent, que celles, " qu'on a fait battre dans les 4. Villes aflo,,ciées de Lubeck, Lunebourg, Wilmar & » Hambourg; & s'il arrive que quelqu'un » de propos deliberé reçoive ou paie dans d'autres Efpéces d'argent blanc, qu'en celles de ces 4. Villes, & qu'on en porte ac,, cufation contre lui, il fera obligé de païer "Famende d'un marc d'argent fin, s'il ne » veut pas fe purger par un ferment.

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"Conf. Receffus de 1483. on repére le réglepour la Confervation des >> ment ci defe i ,, bonnes Efpéces, en termes plus forts, & ,, on y régle les appointemens des trois Officiers de la Monoye, à favoir de l'Effa,,yeur, du Maître & du Changeur de la ,, Monoye; on y traite encore des Revenus » publics.

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Au refte il feroit fuperflu de demander encore des preuves plus fortés fur cette affaire; il fuffit feulement de remarquer ici, à quoi Chrétien I. Roi de Dannemarc, de Norvegue & de Suede, Duc de Slefwig &c s'obligea par rapport aux Monoyes de Hambourg & du Comte Otton de Schauenbourg il fut élu Comte de Holftein par les Etats du pais, après le deB5

de Lubeck, lorfqu'au prejudice Ourg &

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cez du Comte Adolphe VIII. dont il étoit

neveu.

Le Roi aiant confirmé les Privileges de la Nobleffe, & du tiers Etat de Holstein, & ceux-ci étant perfuadez qu'il manqueroit toujours la chofe la plus réelle à la profperité du païs, s'ils n'obtenoient pas une affurance certaine pour la Monoye; dont on n'avoit pas fait mention dans le premier Diplome, le Roi, comme Comte de Holstein, trouva leur petition fi jufte & fi bien fondée, qu'il promit dans le privilege renouvellé & plus étendu du Vendredi avant D. Palmarum de Pan 1460,

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Que lui & fes fuccefleurs ne reconnoi, troient ni ne recevroient dans le Slefwig & dans le Holstein d'autre Monnoye, que " celle, qui auroit cours à Hambourg & à » Lubeck.

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Ce qui fait voir, que ce grand Roi, & les très Excellens Etats de Sleswig-Holstein avoient une Confiance particuliére en la Vigilance & aux foins infatiguables de ces Villes dans une affaire auffi importante, où il s'agiffoit de la confervation des bonnes Espéces au Titre établi.

Ce feroit à cette occafion, qu'on pourroit produire ici les Extraits de plufieurs très gratieufes Miffives de ce Grand & Puiffant Koi, qui fe confervent encore dans les Archives de la Ville avec une refpectueuse Vénération, & qui feroient voir, que ce Prince, pendant une longue fuite d'années de fon heureux & glorieux Régne a toujours témoigné à la Vilfe fa Bienveillance Royale par des expreffions les plus obligeantes; ce qui engagea auffi la

Ville avec Raison à une reconnoiffance très foumife, & à promettre à ce grand & très gracieux Roi un attachement fincere, & tous les fervices, qui dependroient d'elle; ce que la Ville certainement n'a pas manqué d'effec tuer, lorfque l'occafion s'est presentée.

Mais on ne trouve pas dans toutes ces Lettres le moindre veftige d'une pretendue fujettion, comme on a voulu l'en inferer plufieurs fois dans la fuite du tems; bien loin de là on n'y trouve partout, que des marques réelles & finceres, que le Roi reconnu la pleine liberté & toutes les Regales de la Ville; aufquelles il promet de ne vouloir apporter aucun Empêchement au libre Exercice du Gouvernement de la Ville; ce qui fe verifiera peut-être mieux par les Copies de ces lettres, qu'on pourroit bien publier un jour.

Ce fut donc à ce Roi, comme Comte, & après comme Duc de Holftein, que la Ville prêta la premiére reconnoiffance, ou ce prétendu hommage fans ferment, & par le feul ferment, & par le feul attouchement des mains; lequel étant combiné avec les declarations par écrit & avec la conduite réelle de ce Roi, comme primi acquirentis, demontre avec évidence, que cette reconnoiffance, ou fi on veut, ce pretendu hommage, n'a été tout au plus, & même en effet, qu'un fœdus inæquale, contracté entre un plus fort, & un plus foible; d'autant que ce mot Hommage n'avoit pas dans ce tems-là une fignification auffi vague, que celle qu'on lui a donnée enfuite; mais il feroit d'autant plus fuperflu, d'en dire ici d'avantage, que toute cette affaire, qui regarde cette reconnoiffance a tout à fait ceffé

par

par le mandement de l'Empereur de l'année 1603. & par la Sentence de la Chambre Impériale de l'année 1618.

§. 6.

L'Etat de la Monoye de la Ville dans le XVI. Siécle, où les Ecus en Efpéce commencerent à avoir une plus grande Circulation,& dont la valeur intrinfeque fut en même tems prife pour le règle de la Monoye. &c. &c.

Uelques Princes de l'Empire aiant commencé fur la fin du fiécle précedent à battre dans leurs Monoyes des Ecus en Efpéce, ils poufférent ce projèt de plus en plus dans celui-ci, & la circulation de ces Efpéces devenant toujours plus grande,à proportion que leur nombre augmenta; comme pourtant on n'obferva pas dans ces différentes Monoyes une égalité exacte de leur Valeur intrinfeque, on convint enfin par un refultat de l'Empire de l'année 1566. §. 151. que pour l'avenir & pour toujours 8. piéces de ces Ecus en Efpéce (& les moindres piéces à proportion) péseroient un marc du poid de Cologne, & que la Valeur intrinfeque de ces 8 Ecus en Espéce feroit de 14. loots 4. grains d'argent fin (& par confequent d'un feul lot & 14. grains d'Àlliage) enforte que 6. Ecus contiennent un marc ou 16. lots argent fin; & c'eft ce qu'on appelle le Titre de la Monoye établi dans l'Empire, & fuivant lequel les Ecus en Efpéce ont

été

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