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74 NOTE SUR LE TRÉSOR DE L'ABBAYE DE GRANDMONT. échappa à leurs déprédations. En juillet 1790, après la suppression de l'abbaye, obtenue par M. d'Argentré, évêque de Limoges, l'autel fut vendu au sieur Coutaud. Il en reste deux fragments, conservés au musée de l'hôtel de Cluny. Ces fragments représentent une Apparition de saint Nicolas à saint Etienne et l'Adoration des Mages.

Les reliques et les reliquaires furent distribués aux églises du diocèse. Cette dispersion explique leur conservation. La plupart des paroisses ont sauvé les dépôts précieux dont elles furent mises en possession à cette époque. Ainsi le trésor de Grandmont fut sauvé par la ruine qui atteignit son berceau.

Voici quelques détails statistiques sur la conservation de ce trésor dispersé. Nous indiquons le numéro d'ordre de l'inventaire précédent :

II.

·Conservée à Ambazac. C'est une œuvre capitale de l'orfèvrerie du XIIe siècle.

VIII. La vraie croix est encore conservée à la cathédrale de Limoges. Mais le reliquaire byzantin, célèbre par une inscription grecque que nous avons rééditée, est perdu.

XII. Cette croix, donnée à l'église de Gorre, y est conservée. Le travail du filigrane y est des plus remarquables, et, parmi les pierres gravées, il se trouve une intaille de travail grec dont le travail est de la plus exquise beauté. Cette croix sera gravée.

XV. Conservé à Balledent. Nous en avons donné la description et la gravure dans les Annales Archéologiques.

-

XXI. Le chef d'argent de saint Etienne de Muret est conservé à Saint-Sylvestre. Le buste a été brisé et volé. Il n'y a d'entier que la tête et le cou. Malgré ces mutilations, cette œuvre d'orfèvrerie demeure une des plus remarquables qu'il y ait au monde. Elle sera publiée par la gravure dans les Annales Archéologiques.

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Conservé à Maillac.

Conservé aux Billanges.

XXIX. OEuvre charmante, conservée par l'église de Châteauponsat. Nous l'avons décrite et figurée dans les Annales Archéologiques. La gravure est en ce moment à l'exposition des Beaux-Arts.

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XXXII. Conservé à Saint-Sylvestre, et publié dans les Annales Archéologiques. L'inscription avec abréviation doit se compléter ainsi F. P. de Montevalerio, de Montvailler. Par suite d'une transcription fautive, nous avions cru y voir un nom d'auteur : ce

n'est qu'un donateur. Ce nom doit donc être effacé de nos listes d'émailleurs limousins.

XXXV. — L'église de St-Sulpice-les-Feuilles possède ce reliquaire, orné d'émaux, et daté de 1479. Il sera gravé.

XXXIX. Conservé à Saint-Goussaud.

XL. Conservé à Milhaguet.

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Conservé à Isle.

XLVII. Conservé à St-Sulpice. Très-curieux pour l'histoire du travail de l'émail. Sera publié dans la livraison d'octobre des Annales Archéologiques.

LV. — Cette dalmatique, doublement précieuse, est conservée à Ambazac.

LXIII. Conservé à l'hospice de Limoges.

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D'autres reliquaires anciens, ayant la même origine, sont conservés dans les églises de l'hospice de Limoges, de Saint-Georges-lesLandes, de Laurière, etc. Ils seront décrits avec les œuvres anciennes que nous découvrons chaque jour.

14 septembre 1855.

TEXIER,

Supérieur du Petit-Séminaire du Dorat.

BIBLIOGRAPHIE.

APOSTOLAT DE SAINT MARTIAL DANS LES GAULES.

A M. l'abbé ARBELLOT, chanoine honoraire, vicaire de l'église cathédrale de Limoges et secrétaire de la Société Archéologique du Limousin.

Monsieur l'abbé, je termine la lecture de votre belle Dissertation sur l'apostolat de saint Martial (1), et j'ai hâte de vous dire avec quel bonheur j'ai reconnu que ce savant travail rétablissait dans sa gloire

(1) Dissertation sur l'Apostolat de saint Martial et sur l'antiquité des églises de France, in-8°. A Paris, chez Lecoffre; à Limoges, chez Leblanc et Cie, libraires.

et dans sa dignité d'apôtre le saint patron de l'Aquitaine, le protecteur spécial de notre Limousin, ce vaillant pionnier du christianisme qui, enrôlé tout jeune encore dans l'illustre phalange des soixantedouze disciples, partit des régions orientales avec l'apôtre Pierre; de Rome fut délégué vers l'extrême Occident par le successeur du Christ, le porte-clef du ciel (1); s'élança plein de foi et de force dans cette Gaule à peine touchée par la civilisation de ses conquérants, encore barbare de mœurs et de langage, adonnée aux pratiques idolâtres et sanguinaires d'un druidisme mêlé de polythéisme gréco-romain; défricha cette terre sauvage, et y jeta la divine semence d'où devait sortir une grande nation de soldats et de missionnaires, soldats de la foi au moyen-âge, de l'indépendance et de la liberté des peuples aux temps modernes, à toute époque missionnaires de la civilisation; et, parvenu enfin au terme de son dur et glorieux labeur, s'endormit dans le Seigneur, laissant à l'antique Augustoritum ses restes bénis.

Toutes les traditions nationales nous enseignaient que le catéchiste de l'Aquitaine était un apôtre délégué direct de saint Pierre, et ces traditions avaient reçu la consécration solennelle des décrets du SaintSiége et des conciles, lorsque, au xvIIe siècle, l'école des critiques rigoristes, poussée par l'ardeur exagérée de créateurs et des adeptes d'une science naissante, entreprit d'effacer le prestige de ces anciennes dévotions. Certains d'entre les plus zélés combattirent avec acharnement les légendes, et s'efforcèrent de dénicher les saints, suivant une expression que vous rappelez (2).

Alors toutes les origines furent brusquement attaquées; et, s'il est vrai que certaines institutions, certains faits, certaines villes, eussent été vieillis dans un intérêt de caste, d'abbaye ou de clocher, les célèbres érudits qui fondèrent en France la diplomatique, au grand honneur de notre pays (rendons-leur respectueusement cette justice et cet hommage), par la rigueur de leurs règles et de leurs procédés, et par l'exclusion trop absolue des traditions, furent amenés à transporter les commencements de beaucoup de choses à des époques trop rapprochées de nous, et à faire perdre, pour un temps du moins, les traces de nos véritables origines.

C'était la réforme dans l'histoire, comme au siècle précédent avait surgi et travaillé la réforme dans la religion. Mais, de même que la réforme religieuse, la réforme historique a provoqué une réac

(1) Uranici claviger.

(2) Launoy avait pris le surnom de dénicheur de saints.

tion; et, tout en restant prudemment attaché aux principes qui font admettre ou rejeter un titre, un évènement, l'existence d'un personnage ou d'une localité, on tient un plus grand compte de la tradition, cet élément de preuve vague, indéfini, fugitif, mais qui, lorsqu'il s'accorde avec des faits et des actes certains, acquiert une valeur propre, et prend une large part dans l'argumentation.

Votre livre, monsieur l'abbé, est un de ceux qui signalent le plus clairement ce mouvement des esprits vers une réaction favorable à la tradition.

Depuis deux siècles, la plupart des critiques et des historiens, sur Ja foi de Grégoire de Tours, ont fait descendre jusqu'au milieu du IIIe siècle l'arrivée dans les Gaules de saint Martial et des évêques régionnaires, messagers inspirés du Verbe, et les ont découronnés de l'auréole sacrée des apôtres.

Mais vous, monsieur l'abbé, à qui l'archéologie générale et celle du Limousin étaient déja redevables d'excellents travaux, vous avez, par votre nouvelle Dissertation, replacé ces ouvriers de la première heure sur leur piédestal, et vous avez rendu à nos églises leur culte ancien pour leurs vénérés fondateurs. C'est à la fois une belle œuvre d'historien et une bonne action de chrétien et de Français; car du même coup vous relevez non-seulement l'église de Limoges, cette fille aînée et bien-aimée de saint Martial, qui semble avoir été l'église mère de la Gaule centrale (1), mais encore celles de Narbonne, de Tours, de Clermont, de Paris, etc.

Je ne sache pas de discussion plus forte, plus lumineuse que votre discussion. L'usage de la tradition y est méthodiquement réglé (2). Vous agrandissez le cadre, non pas au profit de la tradition seule, mais au profit de tous ses éléments de preuve ; vous élargissez l'horizon pour que chacun y prenne sa part de soleil. Rien n'y est omis, ni raison ni objection : les armes de vos adversaires les plus redoutables, vous les éprouvez au choc de votre armure, et les faites servir à prouver sa solidité. Le chapitre des réfutations (3) me paraît, dans cet excellent livre si rempli de faits et d'aperçus, un modèle de logique, de précision et de clarté.

Grégoire de Tours, qui seul contredit et les actes écrits et les traditions constantes sur l'apostolat, convaincu d'erreur quant aux faits et quant aux dates;

(1) Périgueux et Saintes se rattachérent, dans les premiers temps de la prédication évangélique, à l'église de Limoges.

(2) Pag. 32 et suiv.

(3) Chap. IV, p. 22 et suiv.

L'existence ancienne de la Vie de saint Martial par le faux Aurélien, démontrée par des preuves nombreuses, et surtout par des vers de Fortunat, le poète-évêque de Poitiers (an 570), que vous avez l'honneur d'apporter le premier dans cette discussion, et qui donne à cette vie l'antériorité de date sur Grégoire de Tours (1);

L'antiquité, la persistance et la concordance des traditions à travers les âges, en tous lieux, par tous les modes, de Rama en Syrie à Rome, de Ravenne à Limoges, de Bordeaux à l'île de Bretagne :

Voilà les trois bases sur lesquelles repose cette démonstration triomphante. Plus complète que l'éloquente apologie d'Adémar de Chabanais, et supérieure à tous égards à la compilation du P. Bonaventure Saint-Amable, elle sera, je crois, la dernière défense de l'apostolat : car désormais, si je ne me trompe, il n'y aura plus à le défendre.

<< Si la Providence, dites-vous, qui nous emploie aujourd'hui à un >> laborieux ministère, nous réserve un jour quelque loisir, nous espé>> rons bien faire sur ce sujet quelque découverte nouvelle (2). »

Quel bonheur serait le vôtre, Monsieur, si cette Providence que votre cœur invoque, réalisant à la fois votre espoir et vos conjectures, ouvrait sous votre main les Actes primitifs de saint Martial, apôtre, ce précieux monument, qui, vraisemblablement écrit par son successeur Aurélien, disparut au ve siècle dans l'effroyable tourmente des invasions, et dont l'œuvre du faux Aurélien nous a conservé les traits principaux, mêlés à des développements que l'imagination et les souvenirs populaires ne pouvaient manquer d'y ajouter!

Ce bonheur et cet honneur, monsieur l'abbé, c'est à vous, n'en doutez pas, qu'ils sont réservés. Vos infatigables recherches, les intelligentes études que vous poursuivez avec une religieuse ardeur, seront, grâce à Dieu, couronnées de succès, et vous nous apporterez, heureux Archimède, la solution définitive d'un problème qui n'est autre que celui des origines de cette illustre église gallicane qui compte tant d'héroïques martyrs depuis sainte Blandine, l'humble esclave lyonnaise, jusqu'au roi saint Louis, et tant de nobles penseurs, depuis saint Hilaire jusqu'à notre immortel Bossuet.

Paris, 3 août 1855.

M. DELOCHE:

(1) Fortunat écrivait dans le dernier quart du vie siècle ses vers portent le titre suivant: Versus Fortunati in vita sanctissimi Martialis, apostoli Christi. « Agréable surprise! dites-vous nous y trouvions résumées en quelques vers nos >> principales traditions sur le compagnon de saint Pierre et l'apôtre de l'Aquitaine. >> La page fut bientôt dévorée, et Archimède ne fut pas plus heureux quand il eut >> trouvé la solution de son fameux problème. » Page 73.

(2) Page 115.

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