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manuscrite de Nadaud dans une courte analyse du livre second: « On objectoit que les anciens n'avoient pas donné le nom d'apôtre à notre saint évêque. Le poète répond que Dieu l'avoit envoyé en Aquitaine pour exercer les fonctions de l'apostolat; qu'au reste saint Paul est bien véritablement apôtre, quoiqu'il ne soit pas un des douze de l'Evangile ». (¡NADAUD, mss.)

Nous pensons que c'est à ce poème qu'il faut rapporter cette strophe du livre second, citée ailleurs par Bonaventure :

Nam Martialem numen apostolum
Cunctis per orbem, sed specialiter
Ipsis habendum destinavit

Quos Aquitanica terra nutrit (1).

Dans ce poème, ou dans les suivants, Pierre le Scolastique parle de l'entrée de saint Martial à Limoges. Avant de la raconter, le poète s'écrie « O Limoges, voici celui qui fait ta gloire ! il t'apporte la paix, le salut, la justice. Accours promptement, ouvre tes portes, viens vénérer cet humble père et ce patron qui t'arrive aujourd'hui :

Ecce tuum decus, 6 Lemovix !
Pacem, salutem, justitiam fert;
Occurre velox, pandeque limina;
Adesse quem cernis patronum,

Urbs, humilem venerare patrem (2).

:

Puis le poète raconte que saint Martial fit plusieurs miracles pour gagner le cœur des habitants de Limoges il fait mention de ces miracles en général avant de rapporter celui qu'il opéra dans la maison de sainte Suzanne, mère de sainte Valérie:

Quæ lingua, quæ vox dicere sufficit

Tunc Martialis quanta patraverit

Ut christianæ veritatis

Signa fidem facerent placere?

Urbem peragrans, mira videntium

Insignis heros agmina civium

Spiritum salutarem docere

Doctiloquo satagebat ore (3).

(1) BONAVENT,, T. I, p. 594.

(2) Id., T. II, p. 183. (3) Id, ibid., p. 184.

POÈME VII.

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Les prêtres des idoles Aurélien et André avaient mis saint Martial en prison après l'avoir battu de verges. Saint Martial ayant fait une prière au Christ « la lumière éternelle », aussitôt une clarté divine brille dans les cachots; « les chaînes des captifs tombent brisées; les portes de la prison s'ouvrent d'ellesmêmes; la foule des prisonniers, libre de ses chaînes, se prosterne aux pieds de Martial, et demande le baptême » :

Ruptæ cadunt cunctis catenæ,
Atque fores reserantur ultro.

Cum Turba ruptis libera vinculis
Pedes ad ejus sternitur, et petit
Baptisma nam multi catenis

Intus erant pariter ligati (1).

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POÈME XIII. — « On ignore, dit Pierre le Scolastique, le nom que le duc Etienne portait avant de recevoir le baptême. » Le chanoine Collin, plus hardi dans ses conjectures, croyait que le duc Etienne était le proconsul Junius Silanus, parent de l'empereur Claude (2):

Gentile nomen quo fuerit duci

Nescimus ipsum nunc Stephanum dicunt (3).

POÈME XXI). C'est saint Martial qui, en baptisant le gouverneur romain, lui donna le nom d'Etienne :

Extemplo baptisavit ipsum

Nomine quem Stephanum vocavit (4).

POÈME XXIV. Saint Martial a vécu sur la terre de la vie des anges; et, à la fleur de ses années, ayant porté la croix sans rien désirer des choses d'ici-bas, il mérite la palme des martyrs et la couronne des anges :

Qui virgo perpes vixit ut angelus
Nil ambiit de rebus orbis

Florigero crucifer sub ævo.

Est ergo martyr, nec minor angelo,

Qui per laborem vixit ut angelus (5).

(4) BONAVENT., T. II, p. 187.

(2) COLLIN, Table chronolog., " siècle; Vie des Saints du Limousin: SAINT

MARTIAL.

Voir la réfutation de cette opinion dans Bonaventure, T. II, p. 33.(3) BONAVENT., T. II, p. 33 et 200.

(4) Id., ibid., p. 200.

(5) Id, ibid, p. 56.

POÈME XXV.

Personne ne peut enlever la prérogative d'apôtre

à celui que le souverain auteur du monde a "couronné du diadème de l'apostolat:

Quem summus autor sanxit apostolum.
Apostolatus nemo potest sacri

POÈME XXVI.

Auferre sortem Martiali (1).

Le duc Etienne fonda, sur les terres de sainteValérie, un hôpital dans lequel trois cents pauvres étaient nourris chaque jour en l'honneur de Jésus-Christ:

Tunc hospitalem constituit domum

In qua trecentis jura Valeria

Sumptus ministrarent egenis
Quaque die sub honore Christi (2).

LIVRE TROISIÈME.

Nadaud analyse ainsi le troisième livre de Pierre le Scolastique : «On lui objectoit que Néron, persécuteur des chrétiens, n'auroit pas laissé partir sains et saufs quatre corps de leur milice qu'on suppose avoir été amenés à son service par le duc Etienne, alors converti à la foi. — Il répond que l'empereur n'avoit encore défendu à personne l'exercice de la religion; que saint Pierre et saint Paul la prêchoient à Rome, et qu'on ne les en empêchoit pas. » « Néron, >> ajoute-t-il, ne commença à sévir contre la foi que quand Simon >> l'eut perverti par sa magie. »

« Il s'excuse d'écrire en vers sur ce que Sédulius, Arator, saint Prosper, Juvencus et autres l'avoient fait avant lui ». (NADAUD, mss.)

POÈME VIII. Le nom d'Etienne, que portait le fiancé de sainte Valérie, n'est pas un nom latin : il ne lui fut donné qu'au jour de son baptême. L'écrivain qui raconte la conversion d'Etienne le Duc a passé sous silence le nom que celui-ci avait laissé en se faisant chrétien :

(1) BONAVENT., T. I, p. 567.

(2) Id., T. II, p. 203.

Traduction de la légende d'Aurélien.

POÈME IX.

Quin etiam fertur Stephanus non esse latinum
Nomen, et est verum nec ei prius exstitit ipsum
Quam sacri lotus fuerit baptismatis unda :
Sed scriptor, quoniam gentile reliquerat ipse,
Post edens librum, gentilia facta fideli

Nomine descripsit, gentile cavens memorare :

Qui quoque res plures, ibi non posuit memorandas (1),

Le poète parle des chaînes dont saint Martial fut chargé dans sa prison, des coups qu'il y reçut, et des souffrances courageusement supportées qui lui méritent la palme du martyre:

Verbera cum vinclis tolerabat fortiter, atro
Carcere tentus erat, sudabat mole laborum :
Hæc ad martyrium cernuntur posse referri (2).

POÈME XIV. Le duc Etienne, ramenant son armée en Aquitaine, vint camper le long des bords de la Vienne, près du palais de Jovenciac ou de Jocundiac. « Ce lieu, dit le poète, n'est pas bien éloigné de Limoges, et, comme c'était autrefois un palais royal, il a conservé, même après sa destruction, le nom pompeux et vide de Palais :

Vincennam præter fluvium tentoria figunt :
Nam Jovenciacus locus aulicus ille vocatur.
Atque Lemovicum non multum distat ab urbe :
Qui regalis adhuc quod erat monumenta palati,
Fert ejus vulgo, relapsa, nomen inane (3).

Ces vers ne sont pas sans importance, car ils donnent la clef d'un problème historique fort débattu entre les savants. Où était situé le palais de Jocundiac ou de Jogensac, résidence royale fort célèbre à l'époque de la dynastie carlovingienne, où Louis le Débonnaire tint une diète en 832? Les uns plaçaient ce palais à Jouac ; d'autres, à Montjauvy; d'autres, aux Cars; quelques uns, au Palais près de Bourganeuf; l'historien de la Marche, à Crozant; Nadaud avait fait une savante dissertation pour établir que ce lieu était Condat, où l'on avait découvert une mosaïque romaine, etc. Ces vers de Pierre le Scolastique tranchent la question d'une manière définitive. Cet écrivain du xe siècle dit que le palais de Jocundiac, situé près de

(1) BONAVENT. T. II, p. 33.

(2) Id., ibid., p. 539.

(3) Id., ibid., p. 270.

Limoges, a conservé, depuis sa destruction, le nom vain de Palais, ce qui indique clairement le bourg actuel du Palais. Et ce qui confirme encore cette opinion, c'est que le gouffre de Garric, situé près de Jocundiac, dans lequel se noya Hildebert, est situé en face du bourg du Palais, et est encore connu sous le nom de lou gour de Garri (1).

Nous ne savons à quel poème du livre III appartiennent ces vers :

Ecce pii cuncti Martialem dicite mecum

Discipulum Christi : divinus apostolus idem (2).

Et ces autres vers du même livre :

Quanta viri sancti clementia! quanta potestas (3) !

LIVRE QUATRIÈME.

POÈME Ier.

Nous pensons que c'est au commencement du quatrième livre qu'il faut rapporter les vers suivants, dans lesquels Pierre le Scolastique dit que saint Martial a reçu son titre d'apôtre et sa mission apostolique des trois personnes divines, et qu'il a été rempli de l'Esprit-Saint:

Sortis apostolicæ quis te provexit honore?

Nonne tuus doctor Christus, nosterque Redemptor?
Nonne pater Christi? Numquid non Spiritus almus,
Qui lectum docuit, legemque fidemque docere
Præcepit populos? Ipsius apostolus exstas....., etc.
Quem virtute sua replevit Spiritus almus

Ut patris ac nati, sic ejus apostolus exstas (4).....

(1) Du reste, c'est l'opinion de l'abbé Belley, de l'abbé Oroux, de dom Colomb, etc.

Voir la dissert. mss. de Nadaud, résumée dans Allou, p. 284.

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