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le ramenoient à la religion; il étudia successivement, en Angleterre et dans les colonies, les dogmes de plusieurs sectes protestantes, des moraves, de la Nouvelle Jérusalem, des universalistes, des quakers, des unitaires dirigés à Londres par Disney; nulle part il ne trouva les caractères de la vérité, La lecture des ouvrages de Priestley lui ôta peu à peu ses doutes sur la révélation, et celle des Sermons de Massillon le toucha beaucoup, et affoiblit ses préventions contre l'église catholique. Etant retourné à Boston, en 1805, il voulut conférer avec MM. Cheverus et Matignon, ecclésiastiques et missionnaires françois, dont le premier est aujourd'hui évêque de Boston, et dont le second est mort, il y a quelques années. De fréquens entretiens avec ces hommies estimables et instruits, et un examen fait avec beaucoup de maturité, de candeur et de bonne foi, déciderent enfin M. Cleveland Blythe. Il fit son abjuration, avec sa famille, dans l'église Sainte-Croix de Boston, le jour de la Pentecôte 1809, et fut confirmé, l'année suivante, par M. l'évêque de Québec. Depuis ce temps il a vécu dans les pratiques de la piété, et a publié une Apologie pour sa conversion, qui a vu le jour à New-Yorck, en 1815, et dont nous avons sous les yeux une traduction françoise;" cet écrit porte un caractère touchant de franchise et de per

suasion.

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M. Gibson, gentleman du Maryland, et propriétaire de l'ile de Magolby, à quinze milles de Baltimore, eut à combattre toute sa faruille, et ne céda qu'à une conviction intime, préparée par une étude approfondie des preuves de notre foi; il fut dirigé dans ses recherches par M. Dubourg aujourd'hui évêque de la Louisiane. M. David Williamson, de Baltimore, qui, à l'avantage d'une grande fortune, joint une capacité, une sagesse et un mérite qui lui ont concilié l'estime générale, s'est fait catholique, il y a déjà plus de vingt ans, et continue à pratiquer la religion de la manière la plus édifiante : : toute sa famille est aussi catholique. M. Claget, riche propriétaire du Maryland, se convertit il y a environ cinq ans. Il est proche parent de M. Claget, évêque anglican du Maryland; et ayant entendu dire à celui-ci que, s'il étoit né catholique, il resteroit dans cette communion, sa conclusion fut que les protestans avoient donc eu tort, dans l'origine, de se séparer de l'Eglise romaine; ainsi, c'est un évêque protestant qui a été cause de la conversion d'un protestant.

M. Lee, ancien gouverneur du Maryland, mort, il y a deux ans, dans ses terres, près de Frédérick-Town, étoit une conquête honorable pour l'Eglise, par son caractère et par la constante régularité de sa conduite. M. Scott, avocat à Baltimore, dont la conversion eut lieu il y a trois ans, est un homine de mérite dans sa profession. Un grand nombre de femmes ont donné le même exemple dans le même pays. Nous ne citerons ici que Mme. Seton, veuve d'un négociant de New-Yorck, qui, s'étant convertie à l'âge de trente ans, fait élever ses cinq enfans dans la religion catholique. De ses trois filles, deux sont mortes jeunes, dans les sentimens de la plus grande ferveur. La mère elle-même est décédée en janvier 1821. Elle eut beaucoup de part à l'établissement des Sœurs de la Charité, et se trouvoit, depuis environ douze ans, à la tête d'une maison d'éducation nombreuse et florissante. Cette dame n'étoit pas moins distinguée par son mérite et sa capacité que par sa piété et son zèle.

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En général, rien n'est si commun que les conversions de protestans dans les Etats-Unis. I.e gouvernement n'y met aucun obstacle; et la tolérance, dont ailleurs on parle beaucoup, mais qu'on ne pratique pas toujours, est là entière et complète, Chacun suit en toute liberté les mouvemens de sa conscience aussi les catholiques y font tous les jours des con quêtes. Lorsque l'on établit un évêque à Baltimore en 1789, la population catholique des Etats-Unis étoit estimée à dixhuit inille ames; aujourd'hui, il y a soixante-dix mille catholi ques dans le seul Etat du Maryland, dont environ quatorze mille à Baltimore; New-Yorck en a trente mille; Philadelphie, vingt-cinq mille. Dans tous les Etats-Uuis, il s'en trouve trois cent mille formés en congrégations; mais on estime qu'il n'y en a pas moins d'un million dispersés dans les différens Etats. Un fait qui nous a été rapporté par un évêque de ce pays, prouveroit seul le grand nombre de conversions. Ce prélat, donnant la confirmation, il y a quelques années, dans une ville de son diocèse, remarquoit que, dans le nombre des confirmés, les deux tiers à peu près étoient des protestans convertis.

Le défaut d'espace nous force de renvoyer à un autre nu¬ méro la suite de cet article, pour les conversions en France, en Hollande et en Suisse.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. Em. M le cardinal Nicolas Riganti, cardinal prêtre du titre de Saints-Pierre et Marcellin, évêque des siéges unis d'Ancône et Umaua, est mort le 31 août, à la suite d'une longue maladie; ce prélat étoit né à Molfetta, le 25 mars 1744, el avoit été décoré de la pourpre le 8 mars 1816.

— Le 25 août, M. le duc de Blacas, ambassadeur extraordinaire de France, s'est rendu en pompe à l'église paroissiale de Saint-Louis, où il a été reçu et complimenté par Mr. Isoard, auditeur de rote. M. l'ambassadeur a reçu dans une salle contigue à l'église les membres du Sacré-College et ceux du corps diplomatique. La grand'messe a été célébrée par Ms. Zen, archevêque de Chalcédoine.

Le 29 du même mois, un service anniversaire a été cér lébré pour Pie VI dans la chapelle du palais Quirinal, S. Em. M. le cardinal della Somaglia, doyen du Sacré-Col lége, a officié. Le lendemain, un service semblable a eu lieu dans l'église de Saint-Pierre, où le même Pontife est enterré; le Sacré-Collége y a aussi assisté.

PARIS. MS. l'évêque de Troyes a eu, le jeudi 12, une au→ dience particulière du Roi. S. M. lui a, dans cette circons tance, adressé les choses les plus flatteuses. Le prélat ayant eu occasion de parler de son Eloge du Dauphin, ouvrage par lequel il entra dans la carrière et commença sa réputation, S. M. a témoigné qu'elle se rappeloit parfaitement ce inorceau oratoire, et qu'elle ne pouvoit oublier ce juste hom mage rendu à son auguste père. Vous êtes toujours pour moi M. l'abbé de Boulogne, a dit le Roi, et vos anciens succès. ent rendu ce nom plus durable encore que celui de M. l'évé que de Troyes. S. M. a ensuite parlé avec intérêt au prélat de ses dernières Pastorales, lesquelles sont aujourd'hui connues dans toute l'Europe. On les a traduites en plusieurs langues, et un voyageur qui arrive de Rome los à vues a affichées à la porte de l'église Saint-Pierre. Nous allons avoir une nouvelle production de l'éloquent évêque. On imprime er comoment une lustruction pastorale qu'il a composée sur les missions, et nous espérons que le public en jouira sous peu de jours.

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- Le jeudi 19, on celebrera au Mont-Valérien une fête solennelle avec une procession des reliques de la vraie Croix, à l'occasion de l'ordonnance royale, du 13 de ce mois, qui affecte l'établissement du Calvaire et toutes ses dépendances à la société des missions de France. Aujourd'hui 14, les princes doivent, dit-on, visiter la montagne.

-C'est M. l'abbé Rey, vicaire-général de Chambéri, qui donnera encore, cette année, la retraite pastorale à Paris. On se rappelle avec quel intérêt il fut entendu l'année derniere, et M. l'archevêque a voulu faire jouir encore son clergé des talens et du zèle d'un ecclésiastique si distingué. M. l'abbé Boyer, qui étoit arrivé ces jours derniers à Paris, après avoir donné les retraites ecclésiastiques da Mans et de Laval, en est reparti presque immédiatement pour aller rendre le même service à Nanci. Ce zélé directeur devoit d'abord passer, pour le même objet, à Metz et à Namur; mais quelques obstacles s'élant présentés, il reviendra de Nanci à Meaux, y donnera la retraite pastorale, et ira ensuite procurer le même avantage au clergé de Bordeaux. Au moment où nous écrivons, M. l'abbé Rauzan donne la retraite à Bayeux; elle a dû commencer le 10. Un de ses missionnaires, M. l'abbé Hilaire Au bert, commencera, le 14, celle de Beauvais pour tout le clergé du département de l'Oise. Un autre missionnaire de la même association, M. l'abbé Desmares, dirige la retraite pour le clergé du diocèse d'Aix. A Marseille, à Toulouse, à Carcassonne, etc., les prélats qui gouvernent ces diocèses ont aussi procuré à leur clergé le bienfait d'une retraite.

-Une œuvre qui a commencé dans le Midi, il y a quel ques années seulement, mérite d'intéresser la piété des fidèles. Elle est due au zèle d'un vertueux laic, M. Tissot, médecin en Provence. D'abord philosophe, puis revenu à la religion, il a conçu le projet de rétablir un ordre qui a rendu autrefois de grands services aux malades, l'ordre de Saint-Jean-deDieu, consacré au soin des pauvres dans les hôpitaux, et détruit en France par la révolution. C'est à Marseille qu'il a commencé l'exécution de son dessein. Le Frère Hilarion, c'est le nom que porte en religion M. Tissot, a obtenu de soigner les malades de l'Hôtel-Dieu de cette ville, et actuellement il y a, daus cette maison, environ quarante religieux livrés à cette bonne œuvre. M. le chevalier de Magalon, connu à Marseille par son ardente charité, seconde les Frères par son

zele et son dévoûment. Depuis, le Frère Hilarion a formé un établissement dans le diocèse de Mende, où il a été autorisé par M. de Mons, évêque de ce siége, et depuis archevêque d'Avignon. Les Frères ont acheté, il y a dix-huit mois, le château du Cheyla-Danse, près Grand-Rieu, dans un pays åpre et dans une situation très-élevée. Là, ils ont formé un hospice pour les aliénés. M. de Valdenuit, préfet de la Lozere, a favorisé l'établissement. Les aliénés y reçoivent tous les soins qu'exige leur état. Nous avons aussi, à Paris, des maisons particulières pour cette espèce de maladie; mais la plupart sont dirigées dans un autre esprit que celle du CheylaDanse. Dans une de ces maisons, entr'autres, nous savons qu'il n'est pas permis de faire aucun exercice de religion; on refuse aux malheureux malades non-seulement la visite de leurs parens, mais celle même d'aucun prêtre, et on les laisse mourir sans la moindre consolation : c'est ce qui est arrivé dernièrement dans un de ces établissemens, dirigé par un médecin fort connu, qui fait, dit-on, profession d'incrédulité. Les bons Frères du Cheyla-Danse suivent des procédés bien différens : ils ne prennent pas de grosses pensions; ils n'usent d'aucun charlatanisme : ils ne séquestrent pas en quelque sorte leurs malades du nombre des vivans; mais ils les traitent avec douceur, ils essaient de les ramener par les consolations et les pratiques de la religion. Déjà ils ont rendu quelques aliénés à leurs familles. Ces religieux sont là au nombre d'environ quarante, dont vingt profes; ils ont un aumônier. Des soins assidus, un grand local, un air pur, contribuent à faciliter la guérison. A plusieurs lieues du Cheyla-Danse, le frère Hilarion a acheté une autre maison; c'est le château de SaintAlban, où il a formé un établissement de religieuses du même ordre, qui se dévoueront aux mêmes œuvres. De plus, les Freres, d'après le désir de M. l'évêque de Mende, ont ouvert des écoles à Mende et à Saint-Chelier: ils y instruisent la jeunesse, et ont, dans chacun de ces lieux, cinq à six Frères. La vie qu'ils mènent, dans tous ces établissemens, est fort pénitente et fort dure: le coucher, les repas, l'habillement, tout annonce la pauvreté et l'esprit de mortification. Il y a peu d'exercices de piété, afin de laisser plus de temps pour les œuvres de miséricorde; cependant la règle prescrit l'oraison. l'assistance à la messe, la récitation de l'office de la sainte Vierge, une lecture spirituelle, etc. Depuis quelques mois,

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