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plus funeftes des abus > par l'usage qu'en faifoient les Monopoleurs qui rançonnoient le public, fous le fpécieux prétexte de l'alimenter. Quelles brillantes fortunes ne faifoient point ceux qui pouvoient obtenir un privilege fpécial pour faire le Commerce des grains, & le faire paffer d'une Province dans une autre ! J'aurai fujet dans la fuite de rappeller cette précieufe Déclaration.

Le fecond aura auffi fon exécution (*). Les Miniftres qui gouvernent font fi éclairés, & travaillent avec tant de zele au bonheur de la Nation, que les avantages de l'exportation des bleds n'échapperont pas à leurs lumieres. Je reviens aux Réglemens de nos Hôpitaux. Ils font fi contraires à la volonté & aux fentimens de notre bon Roi ; il ne les a donc pas faits; & fi quelques-uns de fes prédéceffeurs les avoient approuvés, ce feroit une furprise faite à leur religion: LOUIS le Bien-aimé -les réformeroit. Si ces Réglemens font faits par d'anciens Directeurs, de nou

(*) Il l'a heureufement eue par l'Edit de Juillet 1764. Ce n'eft pas ici le lieu d'en parler.

veaux Directeurs mieux inftruits, doivent leur en fubftituer de meilleurs ; ils y font obligés. L'ancienneté des erreurs ne fera jamais un titre légitime de les perpétuer; la vérité & la juftice font feules à l'abri de la réforme. Or n'est-ce pas une erreur évidente, quelqu'ancienne qu'elle puiffe être, d'exclure du fecours de l'aumône publique ceux qui par l'utilité de leurs travaux, ont le droit d'y prétendre les premiers? Il faut donc détruire cette erreur, que l'efprit du Chriftianifme & la bonne politique condamnent également; & par un nouveau Réglement, établir que les pauvres de notre territoire (qui fait partie de la Ville) participeront aux fecours qu'on diftribue fi généreufement à tous les Citoyens. Qu'on les laiffe, fi on veut, dans leurs maifons d'habitation, un changement d'air pourroit nuire à des gens nourris à la campagne; mais qu'on ne leur tefuse plus quelque adouciffement à leurs miferes, & quelques remedes à leurs maux. Nous n'avons point encore à Marseille une fociété d'agriculture: fuppléons à ce manque d'encouragement, par la compaffion particuliere

que nous aurons pour ces hommes fi néceffaires & fi utiles ; & fi nous n'ofons les diftinguer par quelques faveurs, traitons-les du moins comme tous les autres Citoyens; nous y fommes obligés. Cette digreffion fur notre conduite envers les Cultivateurs de nos héritages, n'eft point étrangere à mon fujet.

Quelques mois après la publication de la Déclaration du 25 Mai, il s'éleva une question au fujet de l'importation du bled étranger dans le Royaume par des Vaiffeaux Anglois. Les zélés défenfeurs du Réglement du 6 Septembre 1701, foutenoient que le bled d'Angleterre n'étant pas dénommé dans la claffe des marchandifes permifes, il ne pouvoit être importé dans le Royaume fur des Vaiffeaux Anglois ; & citoient plufieurs décifions qui confirmoient leur fentiment, Mais ceux qui penfoient que l'abondance, de quelque côté qu'elle vînt, étoit le plus grand des biens, obtinrent une décifion que le Commerce fit afficher le 21 Octobre 1763.

AVIS.

AVIS.

Mrs. les Négocians font avertis que Mgr. le Contrôleur-Général a marqué à Mgr. de la Tour, que le Gouvernement n'a jamais prétendu défendre l'entrée des bleds de quelque pays qu'ils viennent, & que les bleds venant d'Angleterre ne font point dans le cas de la prohibition portée par l'Arrêt du 6 Sept. 1701.

Il ne me convient pas de prendre parti dans ces fortes de difputes; je m'en garderai bien, & je m'en rapporte aux décisions que des circonftances que nous ne pouvons pas connoître font fouvent rendre. J'obferverai feulement que nous ne faurions tenir trop rigoureufement la main à l'exécution de l'Arrêt de 1701, qui eft un réglement par repréfailles de tout ce que l'Angleterre a machiné pour anéantir notre commerce & notre navigation; & je foupçonne que notre peur trop ordinaire de manquer de bled, a influé beaucoup à cette derniere décifion, qui cependant paroît restrainte pour les Navires Anglois, au feul tranfport des bleds d'Angleterre. Ce qui femble justifier mon foupçon, font les ordres qui furent donnés trois mois après, de veiller Tome I.

C

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très-rigoureufement, que fous le pré texte de la faveur de la libre circulation des grains dans tout le Royaume, on ne les fit paffer à l'étranger. Heureufement cette peur ne fut pas de longue durée, puifque l'Edit, pour en per mettre l'exportation, eft de la même année. Je reviens où j'en étois.

J'avois à prouver 1°. que les habitans de la campagne ne trouvoient plus dans le produit des terres les moyens d'une fubfiftance proportionnée à leur état, & que ce malheur, qui exige un prompt remede, avoit fa caufe dans l'augmentation de la valeur de tout ce qui eft néceffaire à la vie, difproportionnée à l'augmentation de la valeur des grains; & que le moyen le plus efficace de relever notre agriculture, & de la tirer de l'aviliffement dans lequel elle languit, feroit la libre exportation à l'étranger de notre fuperflu des bleds originaires du Royaume. Je me propofe d'examiner cette question avec une certaine étendue: elle eft de la derniere importance, & a befoin de quelques expli

cations.

2°. Que les Cultivateurs de la terre,

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