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dans la perte du phlogistique, mais elle fera une combinaison da gaz déphlogistiqué avec le corps calciné; & ce même corps pour être ramené à fon premier état perdra ce gaz déphlogistiqué fans acquérir de phlogistique.

M. Lavoilier croit que la combuftion du gaz inflammable avec le déphlogistiqué produit de l'eau, par la loi des affinités.">

Il penfe également qu'on peut décomposer l'eau & en extraire les gaz inflammable & déphlogistiqué, par la même loi des affinités, en fourniffant à l'eau un corps qui ait plus d'affinité avec le gaz déphlogiftiqué que celui-ci n'en a avec le gaz inflammable. C'eft ce que lui ont paru opérer les corps dans leur combuftion & les métaux dans leur calcination.

Mais M. Watt a une autre façon de penfer, fuivant ce qu'écrit M. Magellan à M. le Comte de Morrozo. Il croit que l'eau n'eft autre chofe que le gaz déphlogistiqué dépouillé d'une partie du feu élémentaire qui eft uni au phlogistique; & que le gaz déphlogistiqué eft l'eau privée de phlogistique, mais unie à une très-grande quantité de feu élémentaire. D'où il s'enfuit que dans l'hypothèle de M. Lavoifier l'eau eft compofée des gaz inflammable & déphlogistiqué; & dans celle de M. Watt elle eft le gaz déphlogiftiqué furchargé de phlogistique, mais dépouillé de feu élémentaire: ainfi dans la première opinion le gaz déphlogistiqué provient de la décompofition de l'eau fuivant la lor des affinités, & dans l'autre ce gaz eft unionpofé. L'eau, fuivant M. Lavoifier, donne du gaz inflammable lorfque fon gaz déphlogistiqué trouve une autre bafe avec laquelle il a plus d'affinité; fuivant 0 M. Watt, l'eau fe change en gaz déphlogistiqué, lorfqu'elle peut fe combiner avec une grande quantité de feu élémentaire, & l'eau qu'onobtient par la combuftion des deux gaz inflammable & déphlogistiqué n'eft produite que par finthèse par une combinaison de l'air déphlogiftiqué.

M. Lavoisier pour prouver fa théorie, mit de la limaille de fer avec de l'eau dans des vaiffeaux pleins de mercure. Il se dégagea du gaz inflammable de cette limaille, & il y en eut affez au bout de quelques jours pour l'enflammer. En même-tems la limaille fut calcinée par l'abforption du gaz déphlogistiqué de l'eau.

Mais M. Meunier craignit qu'on ne jetât quelques doutes fur cette expérience, quoiqu'elle eût été faite avec de l'eau diftillée (1). Il crut que la matière du feu étoit effentielle à la formation de ces différens

(1) C'est que j'ai fait voir, que l'eau de chaux ne dégageoit point d'air inflammable de la limaille de fer, ni l'eau purgée d'air par l'ébullition, quoique cette derniere altère un peu la limaille. Note de M. de la Meiherie.

fluides aériformes, qu'elle étoit toujours absorbée dans toutes les expériences où il y avoit production de quelque gaz, & que les combuftibles ne s'enflammoient, les métaux ne fe calcinoient par la chaleur, que parce qu'ils avoient une plus grande affinité avec le gaz déphlogistiqué, Aing, fuivant lui, la chaleur de l'atmosphere n'opéroit qu'un léger dégagement de gaz inflammable.

Il penfa en conféquence que pour décompofer plus facilement l'eau, & en obtenir en peu de tems une plus grande quantité de gaz, il falloit lui faire éprouver le plus grand degré de chaleur, & l'amener prefqu'à l'incandefcence; c'eft ce qu'il fit avec M. Lavoifier en présence de M. Berthollet.

Ils firent tomber goutte à goutte de l'eau dans un tube de fer incandefcent. I fe dégagea une très-grande quantité de gaz inflammable, tandis que le tube fut calciné intérieurement par l'abforption du gaz déphlogiftiqué. Ce gaz inflammable étoit femblable à celui que l'on retire du fer par l'acide vitriolique, & détonnoit également étant mêlé avec le gaz déphlogistiqué lorfqu'on en approchoit une bougie.

L'odeur étoit cependant différente, & reffembloit à celle que les Chimiftes appellent empyreume.

Ce gaz étoit neuf fois plus léger que le gaz atmosphérique.

Le tube de fer fut altéré peu-à-peu, & enfin calciné au point de ne pouvoir plus fournir d'air inflammable; ce qui parut démontrer que le gaz déphlogistiqué de l'eau s'étoit combiné avec le fer (1).

La mêine expérience répétée avec des tubes de cuivre, l'eau ne fut point décomposée, & il n'y eut point de dégagement d'air inflammable. Quoique ces expériences euffent été faites par MM. Meufnier & Lavoifier, & en présence d'un grand nombre d'Académiciens, que nous n'en révocaffions nullement l'exactitude, nous voulûmes les répéter, & fuivîmes les mêmes procédés que ces Meffieurs, néanmoins nos réfultats furent entièrement oppofés.

Nous n'avons pu retirer de l'eau ni air inflammable, comme MM. Lavoifier & Meufnier, ni air déphlogistiqué, comme M. Watt.

Sans nous arrêter au détail de nos expériences que l'on pourra voir dans notre Ouvrage, nous expoferons ici feulement en quoi elles different de celles de MM. Lavoifier & Meufnier.

Le gaz que nous avons obtenu n'étoit point inflammable; mêlé avec le gaz déphlogistiqué, il n'a jamais pu s'allumer, ni n'a présenté aucun des phénomènes du gaz inflammable. Les animaux pouvoient le refpirer,

(1) M. Sage reçut des lettres d'Allemagne au mois d'Août 1783, qui lui apprirent que MM. Haffenfraft, Stoultz & d'Hellancourt avoient obtenu beaucoup d'air inflammable, en plongeant un fer rouge dans de l'eau. La même expérience a réuffi à M. Lavoisier.

les corps y brûloient, il n'étoit point acide, & éprouvé à l'eudiomètre avec le gaz nitreux, il s'eft trouvé meilleur que le gaz atmosphérique, mais pas aufli bon que le gaz déphlogistiqué (i).

Il ne fentoit point l'empyreume. Son odeur étoit particulière, & nous ne faurions à quoi la comparer. Il étoit un peu plus pefant que le gaz atmosphérique. Le tube de fer dans lequel nous avons opéré n'a point été altéré, & a continué à nous donner du gaz, quoique nous nous en foyons fervi plus de dix fois.

Sa furface intérieure n'a préfenté aucune trace de rouille, de calcination & d'altération quelconque, quoique nous l'ayons employé à dix fois plus d'expériences que MM. Lavoifier & Meufnier.

du

Les tubes de cuivre, d'argille, de verre, de porcelaine nous ont donné comme ceux de fer.

gaz

1

Le gaz a été toujours à-peu-près le même. Cependant la nature des tubes & le degré de chaleur le fait un peu varier.

Mais ce qui nous paroît le plus digne d'attention, c'eft qu'il ne nous a pas fallu un auffi grand degré de feu pour convertir, l'eau en gaz qu'à M. Meufnier. Nous y fommes parvenus à un très-petit degré de chaleur (exiguo calore).

Tels font les réfultats de nos expériences bien différentes de celles de Meffieurs de l'Académie.

Nous ignorons comment des Savans d'un fi grand poids ont fait leurs expériences. Il fe peut qu'ils aient été induits en erreur par quelque circonftance qui leur aura échappé malgré leur fagacité.

Il eft furprenant que le célèbre M. de Fourcroi ait embraffé l'opinion de MM. Lavoifier & Meufnier, à laquelle il a cependant fait quelques changemens (2), fans avoir des expériences particulières. Nous fommes affurés qu'un ami de la vérité comme lui, ne trouvera pas mauvais que nous difions que nos expériences ne font pas conformes à fon affertion.

M. de la Metherie, qui a auffi combattu ces expériences, ne croit point que l'eau foit produite par la combuftion des gaz inflammable & déphlogistiqué (3). Il penfe que le gaz inflammable eft fourni par le fer, & il en apporte pour preuve qu'il ne fe dégage point de gaz inflam

(1) On voit que nos expériences different de celles de M. Watt & de fes obfervations.

(2) Il reconnoît qu'on a retiré du gaz inflammable dans ces expériences; mais il croit que ce gaz eft dû à quelque principe inconnu appartenant à l'eau, lequel fe combine avec le phlogiftique du fer. Ainfi l'eau eft compofée de ce principe inconnu & d'air déphlogiftiqué. Mémoires de Chimie, an. 1784, page 425. (3) 1°. Parce que ces gaz contiennent toujours une certaine portion d'eau en diffolution.

2°. Le poids de l'eau qu'on obtient par cette combuftion n'eft jamais égal à celui des airs employés.

mable, fi on fait l'expérience dans des tubes d'or, d'argent ou de cuivre; ce que confirment encore les expériences de MM. Haffenfratz, Stoultz & d'Hellancourt, dont nous avons parlé.

D'ailleurs, M. Priestley & plufieurs autres Phyficiens n'ont point retiré des chaux de fer du gaz déphlogistiqué, mais de l'air fixe; ce qui cependant feroit effentiel dans la théorie de MM. Lavoifier & Meufnier; d'où M. de la Metherie a conclu que l'eau n'étoit point compofée de gaz inflammable & déphlogistiqué (1), & que c'étoit le fer du tube & non l'eau qui avoit fourni le gaz inflammable dans l'expérience de MM. Lavoifier & Meufnier. Voyez le Journ. de Phyfique, 1784.

Nous n'avons eu de l'air inflammable avec aucune espèce de tube; mais avec les tubes de fer eux-mêmes nous avons obtenu le gaz particulier dont nous avons parlé, & dont nous faifons connoître plus particulièrement les qualités dans notre Ouvrage : c'eft pourquoi nous ne faurions être de l'avis de M. de la Metherie.

Nos expériences ne font point conformes aux raisonnemens de cet illuftre Phyficien, puifque nous avons toujours obtenu le même gaz avec les tubes de fer, de cuivre & autres.

M. Thouvenel ayant prouvé qu'en faisant bouillir de l'eau, ou l'expofant fous la machine pneumatique (2), on la dépouilloit de tout air, nous nous fommes fervi de cette voie pour avoir de l'eau qui ne contînt point d'air ; & enfuite il nous a paru que nous l'avons toute convertie

en air.

Tous nos résultats étant donc oppofés aux expériences de MM. Lavoifier & Meufnier, à la théorie de M. Watt, aux observations de M. de la Metherie, & à toute autre opinion connue, nous croyons qu'ils pourront jetter un grand jour, non feulement fur la Chimie, mais augmenter nos connoiflances fur l'atmosphère : c'eft ce que nous faifons voir plus amplement dans notre Ouvrage.

Nous allons travailler, non-feulement à confirmer ces expériences, mais encore à déterminer la nature, les propriétés & la quantité de ce gaz. Ceci nous paroît affez intéreffant pour que nous nous y livrions entièrement, & nous forcera d'interrompre les expériences que nous avions déjà faites fur l'analyse des animaux & des médicamens.

(1) Des Phyficiens Anglois, (MM. Prieftley & Kirwan, Journ. de Phyfiq. Juin 1783) avoient obtenu une grande quantité d'air en faisant paffer de l'eau dans des tuyaux de pipe incandefcens; mais cet air n'étoit qu'extrait de l'eau. Journ. de Phy fiq. 1784 (*).

(2) Voyez l'Hiftoire de la Société Royale de Médecine, tom. 1777 & 1778, page 247.

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pour les années

(* Ces expériences de MM. Priestley & Kirvan font affez conformes à celles de MM. Giorgi & Cioni, Nute de M. de la Metherie.

LETTRE

DE M. CHAP TAL

Professeur de ChHIMIE DES ÉTATS-Généraux de la Province DE LANGUEDoc,

A M. L'ABBÉ MONGEZ,

AUTEUR

DU JOURNAL DE PHYSIQUE.
Montpellier, le 16 Avril 1785.

MONSIEUR,

Je viens de recevoir une Lettre de Milan, en date du 6 avril, dans laquelle M. le Chevalier Landriani me communique des expériences très-intéreffantes qu'il me charge de faire connoître au Public par la

voie de votre Journal.

J'avois fait part à cet illuftre ami d'un procédé auffi fimple qu'efficace pour préparer des oifeaux, de petits quadrupèdes & autres animaux, par le moyen de l'éther. Je vais vous décrire mon procédé ; je l'ai exécuté conftamment avec un égal fuccès, & je le crois digne d'être connu du Public.

Je vuide d'abord les animaux de tout ce qui peut être conten dans les inteftins, ou par une preffion graduée dirigée vers l'anus, ou par une forte injection qui chaffe au-dehors toutes les matières.

Cela fait, je lie l'anus avec un fil; j'injecte de l'éther par la bouche ou le bec, à l'aide d'une petite feringue, je les farcis de cette liqueur & les fufpends par la tête.

Je perce un œil, en vuide le cerveau, & y fais pénétrer de l'éther qu'on y retient en bouchant l'œil avec un tampon.

Le lendemain ou le furlendemain, on renouvelle l'injection dans l'intérieur du corps, & on la continue jufqu'à ce que l'animal foit parfaitement defléché.

A mesure qu'il fe defsèche, on peut lui donner des attitudes convenables; & lorfque la deffication eft complette, on peut conferver l'animal, fans foin, fans embarras, & prefque fans précaution. Une perruche, préparée de cette manière en 1782, eft reitée perdue derrière les rayons

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