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c'eft-à dire, avec l'extrémité du corps noué d'un fil au-deffus de la dernière paire de pattes; comme les difficultés ne m'ont jamais rebuté, je fis différentes autres expériences qui ne me réuffirent pas mieux, & il me fut impoffible de bien préparer la chenille du Gafé & quelques autres; j'y parvins enfin d'une autre manière que j'aurois rendue publique fi je n'avois craint de faire peine à M. Laurent, auquel j'aurois écrit il y a deux ans fi j'avois pu favoir fon adreffe, pour lui communiquer le procédé dont je fais ufage, n'y eût-il gagné que la dernière paire de pattes qu'il eft obligé de facrifier, l'avantage de réuffir fur tous les fujets, plus d'ailance dans l'opération, il m'en auroit su gré.

Vous connoiffez le moyen dont fe fervent MM. Dantic & Laurent, voici le mien: Effayez l'un & l'autre. Pour vous faciliter la comparaison du travail & des réfultats, je vais fuivre l'ordre de la defcription de M. Dantic, page 242 du Journal de Phyfique d'avril 1785.

Tous mes inftrumens confiftent en un canif dont la pointe eft trèsfine, un cylindre de verre ou une portion de tuyau de baromètre de quatre à cinq pouces de long, deux lignes de diamètre, des pinces, cinq ou fix chalumeaux de verre dont les pointes font plus ou moins fines, du fil, un morceau de linge blanc, du feu dans un réchaud, ou dans un fourneau de potager.

que

Je ne diftingue point de tems plus avantageux l'un l'autre pour la préparation des chenilles, je puis les prendre dans tous les âges, avant ou après les mues, elles réuffiffent également, ce qui eft d'un grand avantage pour les chenilles rares dont on ne connoît pas les plantes qui les nourriffent, ou qu'on a trop de difficultés à fe procurer.

Je ne fais pas mourir les larves que je veux préparer, parce que de telle manière qu'on le fafle, foit avec le camphre, le vinaigre, l'efpritde-vin, l'alkali, le bain-marie, ou foit enfin avec le foufre, les couleurs y perdent plus ou moins.

Lorfque je veux préparer une chenille, je commence par mettre du feu dans un fourneau qui ne foit ni trop ardent, ni trop lent; j'enveloppe la chenille dans un linge blanc, en ménageant la fortie de l'anus dont je reconnois le fiège par la preffion de la chenille entre le pouce & l'inder; cette preffion fait fortir l'extrémité du canal inteftinal que je perce ou élargis avec la pointe du canif; preffant enfuite la chenille de la tête vers l'anus, il en réfulte l'évacuation totale des excrémens; je pose auffi-tôt le fujet qui eft encore vivant fur une feuille de papier, & palle le cylindre deflus en l'appuyant légèrement de la tête à l'extrémité du corps pour faire fortir la liqueur qui y refte, après quoi j'introduis dans l'anus un chalumeau proportionné au fujet ; j'écarte la dernière paire de pattes avec les pinces, je paffe le fil que je noue entre le dernier anneau & la dernière paire de pattes, & le fixe par plufieurs tours au-deflus de la boule du chalumeau, je m'approche du fourneau fur lequel je

tiens la chenille à trois, quatre, fix pouces, même un pouces, même un pied de distance du feu, en proportion de fa chaleur & du fujet à deffécher, je fouffle auffi-tôt dans le chalumeau, & lorfque la peau eft enflée, je bouche avec la langue l'orifice du chalumeau pour empêcher l'air de s'échapper, c'est alors que la chenille fe débat, fe plie en tous fens & finit, en expirant, par prendre l'attitude qui lui étoit naturelle de fon vivant, & qui eft fi particulière dans les fphinx & les arpenteuses; c'eft en quoi j'admirois le plus l'art de M. Laurent, ne pouvant me perfuader que ce fût un fimple effet de la nature; je tiens la chenille fur le feu jufqu'à ce qu'elle foit parfaitement defléchée; il eft des fujets, tels que les chenilles des papillons, les larves des mouches à fcie, celles des ichneumons, des mouches, des teignes, qui font deffechées en vingt où trente fecondes, d'autres, comme la chenille du grand paon, la larve du moine, celle du grand capricorne, qui exigent plus de vingt minutes, il faut gonfler à plufieurs reprifes ces dernières, c'est ce que la pratique vous apprendra mieux en fuivant ma

manière.

De cette façon tous les fujets réuffiffent, & loin qu'une portion des inteftins restée dans la peau nuife à la perfection du fujet ou faffe manquer l'opération, elle ne contribue fouvent qu'à mieux imiter la nature vivante & conferver les couleurs naturelles; fi, par exemple, M. Laurent enlève du corps de la chenille, comme le recommande M. Dantic, tous les vaiffeaux aériens, les deux trachées, le boyau ombilical, il en arrive que dans tous les fujets dont la couleur eft indépendante de la peau & ne réfide que dans le liquide, comme à la chenille du grand & du petit paon de nuit, du lambda, &c. la peau refte fans couleur avant même la deffication, & qui plus eft, doit être marquée de taches couleur de rouille après la deffication.

M. Dantic convient que telles précautions qu'on prenne d'après fa manière, on manque toujours quelques fujets ; la mienne eft exempte de cet inconvénient, que les vers ou larves des mouches ou des ichneumons les rempliffent, comme il arrive très-fouvent, elles ne réuffiffent pas moins bien, mais alors il faut que je fouffle continuellement jusqu'à entière deffication; dans ce cas la boule du chalumeau fert de dépôt à l'humidité de l'haleine, à fon défaut elle couleroit dans la peau & augmenteroit la fatigue.

Toutes larves, même les écailleuses, réuffiffent également ; j'ai porté plus loin ma manière, je lui ai affervi les araignées, la courtillière ou taupe-grillon, les fauterelles, le fourmilion, les larves aquatiques des demoiselles, & en général, non-feulement les infectes à étuis mols, mais même les fcarabées que j'ai voulu préparer avec les aîles ouvertes & les éruis fur les côtés.

Je termine, Monfieur, par vous témoigner le regret que j'ai de n'être pas connu de M. Dantic, auquel je pourrois être ici de quelqu'utilité

nos belles collines des environs de Turin produifant plufieurs papillons qui ne fe trouvent pas en France. M. de Lamanon a vu ici mon travail qui ne le cède en rien à celui de M. Laurent, & je ne doute pas que le témoignage qu'il en a rendu à fon retour à Paris n'ait fait l'effet que je défirois, celui de faire rendre publique la manière de préparer les larves de M. Laurent, qui m'en a fait le plus grand myftère lorfque j'ai eu l'honneur de faire fa connoiffance à Paris au commencement de 1782. J'ai l'honneur, d'être, &c.

EXTRAIT D'EXPÉRIENCES FAITES SUR LA DÉCOMPOSITION DE L'EAU; Par M. FELIX FONTANA, Diredeur du Museum de Phyfique & d'Hiftoire-Naturelle de Florence.

L'AUTEUR commence par prouver que les belles expériences de MM. Meunier & Lavoifier, inférées dans le Journal de M. l'Abbé Rozier, ne font point propres à décider l'importante question, fi l'eau eft une fubftance fimple, ou fi elle eft compofée d'air déphlogistiqué & d'air inflammable. Il s'eft donc cru obligé d'entreprendre une nouvelle fuite d'expériences avec toute l'exactitude & la précision dont il eft capable.

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Ayant mis dans un tube de cuivre rouge plufieurs fils de fer roulés en fpirale, il a expofé ce tube à un grand coup de feu, ayant foin d'y faire pafler dans le même moment une certaine quantité d'eau. A l'extrémité du tube étoit adapté un appareil pour recevoir l'air & l'eau qui pourroient fe dégager. Il a obtenu beaucoup d'air inflammable. L'eau a paru détruite, excepté quelques gouttes qui étoient adhérentes aux

tuyaux.

Le fil de fer qui avoit été ainfi expofé à la vapeur de l'eau & à l'action du feu, étoit auffi fragile que du verre, & fe brifoit en le touchant. Sa furface étoit luifante & grainue comme du chagrin, & montroit un grain très-fin. Ces grains bien examinés étoient compofés d'une grande quantité de cryftaux de fer & qui fe rapprochoient aflez des cryftaux de fer de la mine de l'île d'Elbe & d'autres endroits. Ces cryftaux paroiffent fous forme de pyramides quadrangulaires, quelquefois les deux pyramides s'uniflent bafe à bafe. Sous cette première couche on en apperçoit une feconde compofée des mêmes cryftaux, mais beaucoup plus petits. Enfin, fi ce fer a été long-tems expofé à cette vapeur, il fe trouve tout changé en pareils cryftaux.

Mais fi l'on expofe à la même vapeur des lames de fer plus larges, la cryftallisation eft en général plus diftincte, les cryftaux font plus gros & mieux prononcés. Si on fait paffer l'eau en vapeurs dans un tube de fer rouge, les cryftaux font moins marqués, plus irréguliers, & fouvent les parties de deffous paroiffent comme de petites veflies. Toute la substance du fer fe trouve changée en une pâte homogène. Sa furface interne ne paroît plus fibreufe, mais on la diroit compofée d'écailles luifantes; & ces écailles ne font autre chofe qu'un amas de cryftaux qui réfléchiffent la lumière en divers fens.

Ces cryftaux font attirables à l'aimant.

Les conféquences que l'Auteur a cru pouvoir tirer de ces expériences, font:

1o. Qu'il n'est pas démontré que l'air inflammable foit un des principes compofans de l'eau.

2°. Qu'il n'eft pas prouvé que l'air inflammable ne l'air inflammable ne puiffe pas être un produit du fer uni à la vapeur de l'eau.

3°. Qu'il n'eft pas prouvé que l'augmentation de poids du fer soit due à l'air déphlogistiqué.

4°. Qu'il n'eft pas prouvé que l'eau ne puifle être unie au fer, ou à fa chaux, dans un état de grande divifion.

5°. Qu'il n'est pas prouvé que l'air déphlogistiqué foit un des principes compofans de l'eau, quand même il feroit prouvé que l'air déphlogistiqué entre dans la compofition de ces cryftaux de fer.

6°. Que l'analyfe de l'eau faite avec la plus grande précision, ne démontre pas directement ni que l'eau foit une fubftance compofée, ni quand même elle le feroit, qu'elle le foit d'air déphlogistiqué & d'air inflammable. On ne prouve pas d'où vient cet air inflammable du fer exposé à la vapeur de l'eau, ni dans quel état l'eau fe trouve dans ce fer qui a fi fort augmenté de poids.

7°. Que le fer en état d'incandefcence fe change tout en crystaux par le moyen de l'eau ; ou pour mieux dire, que la vapeur de l'eau en enlevant au fer une grande partie de fon phlogistique s'unir à fa chaux, & forme ces cryftaux, en forte que ces cryftaux ne paroiffent autre chose que l'eau unie à la chaux du fer; & fi on vouloit raifonner par analogie, on diroit que la nature pour former ces cryftallifations de fer dans les mines, s'est servie du même procédé, c'eft-à-dire, a employé l'eau & le feu, quoiqu'il fe pût que cette même combinaison de l'eau & de la chaux de fer pût fe faire à froid. Peut-être eft-ce la même caufe qui a formé toutes les autres cryftallifations métalliques. Et ceci paroît confirmé par l'eau qu'on obtient en révivifiant ces métaux. Ainfi toutes ces cryftallifations métalliques ne différeroient point des cryftallifations falines, & les unes & les autres auroient l'eau pour un de leurs principes.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

LA Société Royale de Médecine a tenu le 30 août 1785 son assemblée publique au Louvre, dans l'ordre fuivant.

I.

A l'ouverture de la Séance le Secrétaire perpétuel a dit :

La Société avoit propofé dans fa Séance publique du 26 août 1783, pour fujet d'un Prix de la valeur de 600 liv. fondé par le Roi, la question fuivante :

Déterminer quels font les avantages & les dangers du Quinquina adminiftré dans le traitement des différentes efpèces des fièvres rémittentes.

Quatre Mémoires ont fur-tout fixé l'attention de la Compagnie, qui leur a diftribué des Prix dans l'ordre fuivant :

Elle a adjugé le premier Prix confiftant en une médaille d'or de la valeur de 250 liv. à M. Baumes, Docteur en Médecine à Lunel en Languedoc.

Le second Prix confiftant également en une médaille d'or de la valeur de 250 liv, a été décerné à M. Barailon, Docteur en Médecine à Chambon en Combrailles.

La Société ayant été très fatisfaite des Mémoires cotés F & A avoit arrêté qu'elle décerneroit à leurs Auteurs une médaille d'or, de la même forme que les jettons d'argent qui font diftribués dans les Séances particulières de la Compagnie; mais à l'ouverture du cacher du premier de ces Mémoires écrit en latin, & ayant pour épigraphe ce paffage d'Hippocrate: quæ profuerunt ob redum ufum profuerunt, &c. elle a trouvé que deux Médecins s'étoient réunis pour la rédaction de ces recherches; cette circonftance imprévue a donné lieu à une nouvelle délibération d'après laquelle nous offrons aujourd'hui à chacun d'eux une médaille d'or femblable à celle que nous n'avions d'abord destinée qu'à un feul. Les deux Auteurs de ce Mémoire font MM. Rudolph Deiman & Peterfen Michell, Docteurs en Médecine, Membres de la Société des Sciences d'Utrecht, réfidans à Amsterdam.

Le fecond Mémoire à l'Auteur duquel la Compagnie a adjugé une médaille d'or de la même valeur que les précédentes, eft auffi écrit en latin; il a été envoyé par M. Pierre-Matthieu Nielen, Docteur en

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