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trouva dans le réfidu de 7 onces d'air déphlogistiqué absorbé par le fer; n'auroit pas contenu plus de .01 grain de phlogistique ou environ .16 once d'air inflammable. Or, comme l'abforption de 12 onces d'air déphlogiftiqué occafionne une augmentation de 6 grains au poids du fer qui l'a abforbé, l'abforption de 7 onces doit avoir occafionné l'augmentation de 3,5 grains au fer qui l'a abforbée; mais la même augmentation de poids qu'a acquis le fer par la vapeur (qui charrie avec elle fon air inflammable) auroit expulfé près de 12 onces d'air inflammable; conféquemment environ 12 onces d'air inflammable (ou le phlogistique requis pour le former) doivent dans la première expérience avoir été retenues dans le fer pour compofer l'eau qui fut alors formée par l'union de l'air déphlogistiqué abforbé par le fer & le phlogistique qui y étoit contenu. Conféquemment la proportion exiftante entre la quantité de phlogistique contenue dans le fer, & celle qui fe trouve dans un égal poids d'eau, peut être environ comme 12 à 10 ou à 10,4, pour calculer avec plus de précision.

Si on n'avoit point trouvé du tout d'air fixe dans le résidu ci-dessus mentionné, on pourroit en avoir tiré la conféquence que l'eau contenoit la même proportion de phlogistique que le fer; puifque lorsque le fer qui a été faturé d'air déphlogistiqué eft chauffé dans l'air inflammable, (procédé dans lequel il fe produit une égale quantité d'eau, & la perte du poids dans le fer eft la même que celle d'une quantité d'air déphlogiftiqué qui formeroit la moitié du volume de l'air inflammable, lequel difparoît pendant l'expérience) on peut conclure qu'un cinquième de l'eau produite par cette opération eft de l'air inflammable.

Car, en négligeant la différence qui exifte entre le poids de l'air déphlogistiqué & celui de l'air commun différence qui n'est pas confidérable, & en eftimant que le dernier fait la huit-centième partie de l'eau, & l'air inflammable un dixième du poids de l'air commun, une once d'air déphlogistiqué pefera .6 grains, & 2 onces d'air inflammable .12 grains, lefquels nombres font l'un à l'autre comme 5 est à 1 (1).

(1) Il paroît, d'après ces expériences, que l'eau que produisent des écailles de fet chauffées dans l'air inflammable, n'eft pas formée par l'air déphlogistiqué qui en ef chaffé, & qui s'unit à l'air inflammable contenu dans le vaiffeau, mais que l'esa étoit antérieurement contenue dans ces écailles, & qu'elle a été forcée d'en fortir par l'introduction du phlogiftique de l'air inflammable; il eft probable cependant que l'eau n'entraîne pas avec elle beaucoup moins de phlogistique que le fer n'en a pris, & il faut encore en allouer un peu plus pour l'eau qui a fervi à former l'air infam mable, & qui n'a pu entrer dans le fer lors de fa révivification. La quantité du phlogistique qui fe trouve dans l'eau après le procédé doit donc être à-peu-près la même que celle qui eft abforbée par le fer, & il y a prefque autant d'eau qu'il y en auroit eu en fuppofant qu'elle eût été formée de l'air déphlogistiqué chaffé des écailles pour s'unir à l'air inflammable dans les vaiffeaux.

Quoique cette conféquence ne foit point juste, à raison de la petice quantité d'air fixe qui fe trouve produite lorfque l'on fait calciner du fer dans l'air déphlogistiqué, elle eft cependant à-peu-près exacte; & d'après cette fuppofition il eft remarquable qu'il y a à-peu-près autant d'air inflammable expulfé du fer lorfque l'eau eft combinée avec ce métal que l'eau en porte avec elle comme partie effentielle à fa compofition. Car dans une expérience que je fis, 296 grains ajoutés au poids d'une quantité de fer par la vapeur, ont rendu environ 1000 onces d'air inflammable, Ces 1000 onces peferoient 60 grains, & le cinquième des 296 grains d'eau eft de 59,2 grains. Une autre fois 267 grains ajoutés au fer par la vapeur lui ont fait rendre 840 onces d'air inflammable qui peferoient 50,4 grains, & le cinquième de 267 feroit de 53,4 grains.

Lorfque les expériences de faire calciner du ter dans l'air déphlogiftiqué feront répétées fur des écailles plus larges, ce que je pourrai faire aifément en me pourvoyant d'un miroir ardent plus grand que celui que j'ai actuellement en ma poffeffion, il fera facile de donner à ces calculs plus de précifion. Tout ce que je puis faire pour le moment, c'eft de tirer des conféquences générales telles que celles que je viens de cirer. Mais elles font d'une fi grande importance pour la Phyfique, qu'il feroit bien intéreffant de les porter au plus haut degré de certitude poffible. Ce feroit en vain qu'on tenteroit d'avoir des calculs exacts fur des données auffi imparfaites que celles que je puis fournir à présent (1).

(1) NOTE DE M. DE LA METHERIE.

C'eft précisément l'inexactitude qui règne dans toutes ces fortes d'expériences; parce que nous manquons d'inftrumens, qui me fait croire que les conféquences qu'en tire ici M. Priestley ne font pas encore affez fondées. Il croit que l'eau eft compofée d'air inflammable & d'air déphlogistiqué, parce qu'en faifant paffer de l'eau en vapeurs à travers du fer & du charbon en état d'incandefcence, il en obtient de l'air inflammable de l'air fixe, & que le fer fe trouve calciné comme dans l'air déphlogiftiqué, & qu'en révivifiant ce fer par l'air inflammable, il obtient de l'eau.

Mais il convient (ainfi que je l'ai prouvé, Journal de Phyfique, janvier & 1784) que l'air inflammable retiré du fer vient du phlogistique, ainsi que l'air fixe que contient cet air inflammable, & non pas de l'eau (page 178, ligne 40); 2o. qu'il n'y a pas eu plus d'air inflammable de produit, qu'on n'en peut fuppofer avoir été dégagé du charbon lui-même (page 178, ligne 4); 3°. que cet air inflamflammable du charbon contient plus de la moitié de fon poids d'eau (page 180, ligne 32 ); 4°. qu'il y a de l'eau contenue dans la chaux de fer; 5°. enfin, on ne peut nier que l'air déphlogistiqué ne contienne auffi de l'eau. Ainfi en reconnoiffant avec M. Priestley qu'on ne peut parvenir à une certaine exactitude dans ces fortes d'expériences, on ne peut donc pas encore affurer que l'eau qu'on obtient foit produite plutôt que dégagée de ces airs.

Mais, dit M. Priestley, le fer eft calciné par la vapeur de l'eau comme par l'air déphlogistiqué. On peut lui répondre par une expérience femblable aux miennes, & qu'il rapporte (page 173, ligne 16); il a mis trois onces de limaille de fer dans une

Il faut auffi faire attention à la quantité d'eau contenue dans l'air inflammable dégagé du fer; cette quantité n'étant pas déterminée, je n'en ai point parlé dans les conféquences dont je viens de rendre compte. Je veux feulement par ce poft-fcriptum, faire preffentir que nous fommes fur le point de toucher à quelque conclufion très-importante.

retorte qu'il a expofée au feu. Les vaiffeaux étoient fermés, l'eau y a remonté, & la limaille a acquis 264 grains. Ce qui ne peut être l'effet de l'air contenu dans la retorte. Il faut donc reconnoître, ainfi que je l'ai dit, que dans les grands coups de feu l'air déphlogistiqué traverse les vaiffeaux, & va calciner la limaille. Il eft vrai que M. Priestley ajoute plus bas (page 174, ligne 27), que cette expérience répétée dans un canon de fufil n'a pas eu le même fuccès. La limaille n'a donné de l'air inflammable qu'autant qu'elle a été humectée. Cette expérience étant contraire à la précédente, doit être répétée, & ne peut autorifer à tirer une conféquence auffi intéreffante que la décompofition de l'eau.

PROCÈS-VERBAL

Contenant le procédé de M. FAUJAS DE SAINT-FONDS pour extraire du charbon de terre le goudron & l'alkali volatil (1).

PAR les ordres de Monfeigneur DE CALONNE, Miniftre d'Etat, Contrôleur Général des Finances, aujourd'hui 15 avril 1785, au Jardin du Roi, à Paris, M. Faujas de Saint-Fonds a procédé à une expérience pour extraire du goudron du charbon de terre de Decife en Nivernois. Après avoir montré le méchanifme d'un grand fourneau, ainsi que la conftruction de diverfes chambres voûtées & autres acceffoires qui en compofent l'appareil, le tout ayant été fait & conduit par fa direction & fous les yeux de M. le Comte de Buffon, il a commencé par démontrer l'opération de ce fourneau contenant treize mille livres pefant de charbon, auxquelles il avoit mis le feu précédemment. Il a ouvert enfuite des récipiens qui ont fourni du goudron d'un noir très-luifant, d'un odeur forte, & très-vifqueux quoique fluide: le produit en a été de quatre pour cent fur le poids du charbon. Il nous a obfervé que ce produit pourroit être porté à cinq fur cent, en faisant un choix parmi les charbons dont certains font très chargés de bitume, tandis que d'autres en font prefqu'entièrement privés, & qu'en perfectionnant auffi les opérations dans un établiffement en grand, on avoit tout lieu d'efpérer ce même

(1) Nous nous fommes empreffés de nous procurer ce Verbal, qui donnera à nos Lecteurs une connoiffance exacte du procédé de M. Faujas de Saint-Fonds.

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produit. Il nous a encore obfervé qu'en faifant évaporer ce goudron pour le réduire en brai, l'on en retire une huile légère très-inflammable, qui eft une véritable huile de pétrole, utile dans la médecine vétérinaire & dans les arts, & enfin, que ce goudron tiré du charbon de terre acquiert la dureté & les qualités de l'afphalte. Indépendamment de ces résultats M. Faujas de Saint-Fonds a extrait en même-tems & par les mêmes procédés une affez grande quantité d'eau chargée d'alkali volatil que l'on peut eftimer être d'une valeur au moins égale à celle du goudron. Il nous a enfuite préfenté un bateau & des cordages enduits de ce goudron par Claude-François Paroffel, Maître Marinier des ponts de la ville de Paris, Jequel a déclaré avoir reconnu dans l'emploi qu'il en a fait lui-même, qu'il en falloit un tiers moins que du goudron végétal pour couvrir la même étendue, & qu'en l'appliquant il s'étoit apperçu qu'il pénétroit dans le bois & en rempliffoit les interftices, & qu'il le croyoit meilleur que le végétal pour enduire la furface des vaiffeaux, mais qu'il ne pouvoit prononcer fur l'effet de ce goudron pour les cordages, que lorsque les expériences qu'on en fait actuellement feront achevées.

Après ces différens expofés, dont nous avons vu les résultats, M. Faujas de Saint-Fonds a fait tirer du fourneau le charbon ou coak dont le goudron a été extrait, & nous en a fait remarquer la légèreté, l'épurement parfait, & l'utilité pour les hauts fourneaux, & même pour les foyers domestiques, ce dont il nous a adminiftré la preuve dans le fallon de M. le Comte de Buffon.

M. Faujas a eu l'attention de nous prévenir que c'eft dans la lecture de l'ouvrage de ce favant Naturalifte, & dans fa théorie fur la formation & les ufages des charbons de terre qu'il a puifé l'idée de tirer un parti auffi avantageux de ce combustible; qu'il s'étoit confirmé dans cette opinion en vifitant en Ecoffe un établissement confidérable formé principalement pour l'extraction du goudron du charbon minéral, & qu'enfin par divers effais fuivis & réitérés, il avoit été conduit à tenter le procédé en grand dont il s'agit, & dont le fuccès a entièrement répondu à fes efpérances.

Fait au Jardin du Roi, à fix heures du foir, en présence de M. le Contrôleur Général, de M. le Baron de Breteuil, Miniftre d'Etat, de M. de la Boullaye, Intendant des Mines, de M. le Comte de Buffon, Intendant du Jardin du Roi, de M. le Prévôt des Marchands de la ville de Paris, & de M. Lenoir, Confeiller d'Etat, Lieutenant Général de Police. Signé, DE CALONNE, le Baron DE BReteuil, de la BOULLAYE, le Comte DE BUFFON, LE PELLETIER, LENOIR, & PAROSSEL. Pour ampliation.

LETTRE

DE M. MERCK,

CONSEILLER DE GUERRE DU LANDGRAVE DE HESSE-DARMSTADT;

A M. FAUJAS DE SAINT-FONDS,

SUR DIFFÉRENS OBJETS D'HISTOIRE NATURELLE.

MONSIEUR,

Vous connoîtrez par les Lettres de M. de Luc une bonne partie de nos volcans, mais il reste encore beaucoup à faire à un Naturaliste qui réfide dans le pays, qui eft à portée de réitérer fes observations, de les conftater mieux, & qui eft muni contre le merveilleux par une vraie étude de Chimie, Sans manquer au refpect que je dois au zèle de cet homme éminent, il m'eft permis de remarquer cependant, qu'il a voyagé en chariot de pofte, qu'il a été quelquefois mal informé par des obfervateurs ineptes, & que faute de favoir la langue du pays, fes recherches quoique très-pénibles, n'ont pas eu le fuccès qu'auroient eu celles d'un obfervateur médiocre, qui n'auroit eu que l'avantage d'être allemand.

Je commence, Monfieur, par vous dire, que tout le pays de Heffe, celui de Fuldu, quelques environs du pays de Hanovre, une grande partie des rives du Rhin, depuis Coblenz jufqu'à Bonn, le Comté de Neuwied, le Westerwald, le pays de Dillenbourg, de Naffau-Dietz, & de Weilbourg, une partie du pays de Hildbourghaufen en Franconie, & les environs de la ville de Francfort, font d'origine volcanique. Le Felsberg eft une montagne exactement de la beauté de celle de Rochemann, une autre eft compofée de bafaltes en tables, fur les marches defquels on monte jufqu'à fa cîme, & qui ne cède en rien à la magnificence d'un amphithéâtre antique. Nos cryftallifations font en partie en prifmes de quatre jufqu'à fept pans. La plus fingulière de toutes eft celle de Tranfberg, près de Transfeld, à trois lieues de Gottingue. Toute la montagne eft compofée de prifmes, enchaffés les uns dans les autres, des arètes les plus vives, d'un basalte très-compact, & très fonore. Ces figures font de toutes dimenfions, & vous trouvez de ces prifmes de la hauteur de cinq à fix pieds jufqu'à celle de quatre pouces. Ces belles maffes font fi légèrement agglutinées par un limon ferrugineux, qu'à peine les

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