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Tétincelle électrique, jufqu'à ce qu'il n'y eût plus de diminution; ayant par ces moyens condenfé autant d'air phlogistiqué qu'il m'a été poffible, j'y ai fait paffer un peu de diffolution de foie de foufre pour abforber l'air déphlogiftiqué, & il ne reftoit enfuite qu'une petite bulle d'air qui n'avoit point été abforbé, laquelle certainement, n'excède pas de la quantité de l'air phlogistiqué qui avoit été introduit dans le tube. Ainli, s'il y a quelque partie de l'air phlogistiqué de notre atmosphère, qui differe du refte, & qui ne puifle être réduite en acide nitreux nous pouvons conclure avec affurance, qu'elle n'eft pas plus de la partie du tout.

Les expériences précédentes démontrent que la caufe principale de la diminution que l'air commun, ou un mélange d'air commun & d'air déphlogistiqué, souffre par l'étincelle électrique, eft la conversion de l'air en acide nitreux ; mais cependant, il paroît affez probable, que quand quelque liqueur, qui contient de la matière inflammable, fe trouve en contact avec l'air dans le tube, une portion de cette matière peut être brûlée par l'étincelle, & par-là diminuer l'air, comme j'ai foupçonné que c'en étoit la caufe, dans le Mémoire dont j'ai parlé. Le meilleur moyen que j'avois pour m'affurer fi cela arrive, ou non, étoit de faire paffer l'étincelle électrique à travers l'air déphlogistiqué, retenu entre différentes liqueurs; car alors, fi la diminution provenoit feulement de la converfion de l'air en acide nitreux, il est évident que quand l'air déphlogistiqué étoit parfaitement pur, il ne devoit point y avoir de diminution; mais quand il contenoit un peu d'air phlogistiqué, tout cet air phlogistiqué, joint à autant d'air déphlogiftiqué qu'il faut lui en unir pour le changer en acide nitreux, c'eft-à-dire, deux ou trois fois fa quantité, doivent difparoître, & non davantage; ainfi la diminution totale ne peut point excéder trois ou quatre fois la quantité de l'air phlogistiqué, au lieu que la diminution doit être plus grande & plus prompte, en employant l'air déphlogistiqué le plus pur, fi la diminution provient de la combuftion de la matière inflammable.

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Le résultat des expériences étoit, que quand l'air déphlogistiqué contenant feulement de fa quantité d'air phlogistiqué ( lequel étoit le plus pur que j'avois alors) étoit retenu entre des petites colonnes d'alkali cauftique, & que j'y faifois paffer l'étincelle, jufqu'à ce que la diminution ne pût être portée plus loin, l'air a perdu de fa quantité, ce qui n'eft pas une diminution plus grande que celle qui vraisemblablement peut provenir de la première cause dont j'ai parlé, d'autant que l'air déphlogiftiqué peut avec facilité être mêlé avec un peu d'air commun, en l'introduifant dans le tube.

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Quand le même air déphlogistiqué étoit retenu par des colonnes d'eau diftillée, la diminution étoit encore plus grande que la précédente, & il s'étoit formé une poudre blanche fur la furface du mercure qui étoit

au-deffous de l'eau ; la raison de cela étoit très-probablement que l'acide produit dans l'opération, a attaqué le mercure & a produit la poudre blanche, & que l'air nitreux produit par cette corrofion s'unit à l'air déphlogistiqué, & a caufé une diminution plus grande qu'elle n'auroit eu lieu autrement.

Quand j'ai fait ufage d'une diffolution de tournefol, à la place d'eau diftillée, la diffolution bleue a acquis une couleur rouge, qui eft devenue de plus pâle en plus pâle, tant que l'étincelle étoit continuée, jufqu'à ce qu'elle a acquis une couleur blanche & tranfparente; l'air a fouffert une diminution à-peu-près de moitié, & je crois, qu'en continuant à tirer des étincelles, elle peut être portée plus loin, & quand j'ait fait paffer de l'eau de chaux dans le tube, il s'y eft formé un nuage, & l'air a fouffert une nouvelle diminution d'un cinquième, environ; l'air reftant fe trouvoit de bon air déphlogistiqué; ainfi dans cette expérience, le tournefol a été, finon brûlé, au moins décompofé, de manière à perdre entièrement fa couleur violette, & à donner de l'air fixe, de forte que, quoique l'alkali cauftique ne pût point être décomposé par ce procédé, la diffolution cependant de tournefol, & vraisemblablement celle de plufieurs autres fubftances combuftibles, fouffrent la décompofition; mais il n'y a rien dans aucune de ces expériences qui favorife l'opinion de la diminution totale de l'air, par les moyens du phlogistique qu'on lui communique par l'étincelle électrique.

EXTRAIT D'UN MÉMOIRE

Lu à l'Académie des Sciences, par M. COULOMB, Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, &c. Membre de l'Académie des Sciences; pour prouver que l'action du fluide éleärique eft en raifon inverfe des quarrés des diftances.

ON cherchoit depuis long-tems a déterminer la loi que fuivoit le Auide électrique dans les attractions ou répulfions qu'il exerce fur les corps expofés dans la fphère de fon activité. M. Coulomb vient enfin de la fixer. Il a fait voir par des expériences très-ingénieufes que cette loi eft la grande loi de la nature, & qu'elle eft en raifon de l'inverfe des quarrés des distances. Voici fon appareil:

Soit A, pl. 1, fig. 4, un grand tube de verre de 18 lignes de diamètre & 27 pouces de longueur; E, un bocal de verre d'un pied de largeur & autant de hauteur, au haut duquel foit mastiqué avec de la cire à cacheter le tube A. Ce tube eft garni à fon extrémité supérieure

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d'une boîte de cuivre C, portant un micromètre divifé en 360°, & percée à fon centre pour recevoir le boutonn, auquel eft fixée une aiguille f. Le bouton eft mobile, & fait tourner l'aiguille qui marque les degrés fur le micromètre. Ce bouton porte une petite pince à laquelle eft attaché le fil de métal m d' de ligne de diamètre. A l'extrémité inférieure de ce fil eft fufpendu l'aiguille a par une petite pince b qui porte un prolongement. L'une & l'autre doivent être en cuivre, & avoir un très-petit diamètre pour qu'elles n'influent pas fur les ofcillations de l'aiguille. Cette aiguille eft compofée de quelques fils de foie revêtus d'une légère couche de cire à cacheter. Son diamètre doit être auffi petit qu'il eft poffible, en lui confervant la roideur néceffaire pour fe foutenir. Sa longueur eft de 9 pouces. A une de fes extrémités elle porte une petite balle de fureaus, & elle eft leftée à l'autre par un petit morceau d'étoffe de foie o. Le grand bocal porte une divifion D de 360° vis-à-vis l'aiguille. Il eft percé en F d'un trou d'un pouce de diamètre pour y pouvoir introduire le fil g, compofé comme l'aiguille a, & également terminé par une balle de fureau t. Ce fil g eft foutenu par un bâton de cire à cacheter h, auquel il eft attaché.

M. Coulomb commence par électrifer les deux balles, & fe fert à cet effet d'une épingle de fer attachée à un bâton de cire, laquelle il frotte légèrement fur une étoffe de laine. L'épingle légèrement électrifée, on en touche les deux balles, qui s'éloignent auffi-tôt l'une de l'autre. On mefure la quantité dont elles fe font éloignées, fur le cercle D; enfuite on les rapproche en faisant tourner le bouton n d'une quantité qu'on mefure également fur le micromètre C. Cette quantité dont on fait tourner l'axe n, exprime la torfion du fil de fufpenfion. Or, M. Coulomb a prouvé, dans un Mémoire lu à l'Académie en 1784, que la force de torsion d'un fil de métal eft proportionnelle à l'angle de torfion. Ainfi cet angle de torfion mefure la force avec laquelle les deux balles fe repouffent. En comparant cette force avec les diftances des deux balles, on trouve exactement la loi de l'inverfe des quarrés des diftances. Il faut choisir un jour très-fec pour faire cette expérience. Et alors fi on fait différentes expériences comparatives dans l'intervalle de deux ou trois minutes, on les trouvera parfaitement d'accord avec la théorie.

La fenfibilité dans le mouvement de l'aiguille a eft telle qu'une variation de 5o qui répond à une mesure de plus de fix lignes, eft produite par grain.

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Nous ne pouvons donner qu'une légère idée du procédé ingénieux de M. Coulomb, n'ayant pas eu communication de fon Mémoire, dont nous avons feulement entendu la lecture.

MÉMOIRE ET RECTIFICATION

De L'emploi ET DE LA PRÉPARATION DE L'ALKALI PHLOGISTIQUÉ; Par M. STOUTZ, Sous-Inspecteur des Mines de France.

AVANT-PROPOS.

PLUSIEURS Phyficiens, à qui j'ai fait part de mon Mémoire, m'ont obfervé que je répétois des chofes connues; qu'on favoit que l'alkali phlogistiqué tenoit du fer en diffolution; mais que Bergmann avoit donné le moyen de le purifier. Peut-être ne m'étois-je pas affez bien expliqué. Une preuve très-forte que ce que j'avance dans mon Mémoire eft tout autre chofe que ce que Bergmann & d'autres Chimistes ont enfeigné, c'eft que je démontre au contraire qu'on s'eft trompé, en croyant avoir purifié l'alkali phlogiftiqué, connu jufqu'à préfent; qu'on ne fauroit le purifier, & que l'alkali phlogistiqué eft entièrement décom pofé, quand on lui a tout-à-fait enlevé fon fer.

D'autres Savans m'ont dit: on s'est déjà apperçu du vice de l'alkali phlogistiqué; mais M. Struve a donné un moyen de faire un autre alkali phlogifiqué qui n'a pas cet inconvénient; c'eft l'alkali phlogistiqué fait avec le bleu de Berlin & l'eau de chaux. J'ofe affurer que cet alkali phlogistiqué donne un précipité abondant de bleu de Pruffe, en y joignant un acide quelconque, quand ce dernier prédomine, & en le mettant en digeftion. D'ailleurs, il a cet inconvénient qu'on retrouve la chaux ou la terre calcaire avec les précipités, & qu'on ne peut pas exactement évaluer combien l'eau tient de la chaux en diffolution, parce que l'accès de l'air feul change d'inftant en inftant les proportions de cette chaux diffoute.

L'art d'eflayer par la voie humide eft une découverte chimique des plus utiles, particulièrement dans les travaux de métallurgie, car les caractères extérieurs des corps du règne minéral, tels qu'on les juge à la feule infpection de la vue, ne peuvent donner aux mineurs & aux métallurgiftes que des indices pour des découvertes plus fpécifiques; mais elles ne mènent nullement à des conclufions sûres. Je le répère, ces caractères extérieurs fervent à rendre de mineur attentif, parce qu'ils lui indiquent ordinairement les principales parties dont un alliage eft compofé; mais ils ne fervent pas à déterminer exactement les corps qui fe trouvent en petites portions, moins encore à défigner la quantité de

leurs proportions, ce qui cependant devient effentiel dans l'emploi des matières minérales, particulièrement dans les travaux de fonderie où il s'agit de donner, par un mêlange proportionné de terres, la fluidité requife aux fcories pour que, d'une part, elles n'empêchent pas les parties métalliques de fe précipiter, & que, de l'autre, on n'occafionne pas inutilement, par une trop grande quantité de matière, une consommation coûteufe de charbon & d'eau (1).

Nous devons des remercîmens à M. Bergmann. Il nous a fourni d'excellentes méthodes dans l'art d'effayer par la voie humide; mais, dans le grand nombre d'ouvrages que ce célèbre Chimifte nous a laissés, il se trouve quelques irrégularités dans les opérations chimiques qui, fans ternir le mérite de ce grand homme, ne laislent pas de tromper les difciples & fes admirateurs. Ce n'eft point comme détracteur des talens de M. Bergmann que je prérens relever fes fautes, je ne les fais connoître que par pur amour pour les fciences, & je crois que ce n'est point honorer un homme célèbre que de défendre fes erreurs avec opiniâtreté. Il feroit même dangereux pour les arts de l'entreprendre, car le plus grand nombre de ceux qui cultivent les fciences n'eft que trop difpofé à croire fur parole les Savans qu'ils ont pris pour guides dans la carrière qu'ils veulent parcourir ; & cette trop grande confiance les expofe à entafler erreurs fur erreurs.

Ces principes pofés, il ne me refte plus qu'à réclamer l'indulgence du Public quant à l'idiome qui eft celui d'un Allemand, & aux conféquences que j'ai tirées des faits. Je n'en exige pas pour les faits mêmes; fi cependant j'ai erré fur les qualités que je nie ou que j'accorde à l'alkali phlogistiqué, je déclare que je faurai gré à celui qui voudra bien rectifier mes idées à cet égard.

L'alkali phlogistiqué jouoit, chez la plupart des Chimiftes, depuis quelque tems, un grand rôle dans les analyfes par la voie humide. On cherchoit d'abord, par fon moyen, à féparer le fer, comme celui des métaux avec lequel il a le plus d'affinité, d'avec les autres métaux & terres mêlés dans les diffolutions. La couleur bleue devoit être la ligne de démarcation pour déterminer le point où la préfence du fer ceffe dans le mêlange diffous. Mais, que cette méthode eft infidelle! Chaque Chimiste faifant à fa manière un alkali phlogiftiqué, fans adopter un procédé uniforme, il réfultoit que les uns étoient faturés avec le principe bleu de Pruffe, & que les autres ne l'étoient pas. Les uns étoient purifiés avec de l'acide marin, d'après M. Bergmann ; les autres, ayant eu de l'acide

(1) Dans la fuite de mes expériences, je parlerai quelquefois de chofes connues; mais je ne les ai pas fupprimées, parce que je veux rapporter avec fidélité le procédé que j'ai fuivi, & j'agis ainfi pour que les Chimiftes, qui n'ont pas encore dans leur art une marche affurée, puiffent me fuivre plus facilement.

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