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les employer comme remède, il prend, poudre de racine de valériane, d'agrimoine, de pimpernelle blanche & de gui de chêne, enfemble une deni - dragme. Il y mêle dix profcarabés, il réduit enfuite en confiftance d'électuaire la pâte de miel, &, ajoute enfin autant d'extrait de fureau qu'il le juge à propos. De cette pâte bien battue fur un palette de bois, il compofe dix dofes. Il n'en donne que la moitié d'une aux enfans, & aux perfonnes d'un âge plus avancé, une toute entière. Le remède pris, il interdit aux malades l'ufage de l'eau & de toute autre boiffon, comme le marque expreffément la Déclaration du Roi donnée à ce fujet. Lorfqu'il s'en fert pour des animaux, il le leur fait avaler dans du lait, afin qu'il paffe plus aifément; aux hommes, il l'adminiftre en bol.

L'autre berger eft un vieillard de 76 ans, du village de Giesmandorf, lieu de ma naissance. C'est le même qui me fit prendre autrefois ce remède; fa méthode eft plus fimple; mais il met plus de foin dans la préparation. Il ramaffe ce ver dans les mois d'avril & de mai, & prend toutes les précautions poffibles, pour qu'ils ne perdent rien de leur huile, c'eft pourquoi, lorfqu'il apperçoit un de ces infectes, il le reçoit fur une feuille d'arbre, & le porte ainfi dans un vafe de verre bien propre, ou, comme il le dit, il les laiffe fe vuider l'efpace d'une nuit. Il prend enfuite chaque ver avec une fourchette de bois, & le tenant au-deffus du vafe qui eft à moitié rempli de miel, avec des cifeaux, il lui coupe la tête qu'il jete, & laiffe tomber le corps dans le miel. Pour 80 vers, il emploie une livre de miel; & pour empêcher cette pâte de fe corrompre, il la met dans un endroit qui n'eft ni trop chaud, ni trop froid. Quelqu'un qui aura été mordu d'un chien enragé s'adreffe-t-il à lui, il prépare une efpèce d'électuaire de la manière fuivante: Du bocal où font renfermés ces infectes, il en tire un, & avec fon couteau il le hache en mille morceaux fur une palette de bois. Cette opération faite, il tire du bocal la quantité de miel qu'il croit fuffifante, pour la réduire en bouillie. Il y mêle 2 fcrupules de thériaque d'Andromaque, 3 gouttes d'huile de fcorpion, ou 6 gouttes d'huile de méloé du mois de mai préparée par infufion, & un peu de bois d'ébène pulvérisé; enfin il y ajoute de l'extrait de fureau pour amollir cette pâte. Pour proportionner ces différentes dofes à tous les âges, il n'a point égard à leur poids intrinfeque; mais comme dans le nombre de ces vers ainfi confervés, il lui eft facile de choisir, il en donne un plus gros aux perfonnes d'un certain âge, & un plus petit aux enfans. I augmente d'ailleurs ou diminue la quantité d'huile & de thériaque en raifon de l'âge des malades; de manière que les enfans n'en prennent jamais que la moitié d'une dofe. Cette recette me paroît affez bonne, foit à caufe de fa fimplicité, foit à caufe des miracles qu'elle a trèsfouvent opérés. Il ferpit difficile en effet de compter les hommes &

les

les animaux qu'elle a guéris. Le vieux berger qui s'en fert, a protesté plus d'une fois avec ferment, qu'il ne fe fouvenoit pas d'avoir vu un homme ou un animal devenir enragé après avoir fait ufage de fon remède. On conçoit cependant que la recette que je viens de citer avec éloge n'eft pas abfolument parfaite, & le berger paroît en convenir lui-même, puifque felon lui toute la vertu de fon remède confifte. dans la thériaque & dans le méloé profcarabé, & que les autres drogues qu'il y mêle, n'ont que très peu, ou point d'efficacité. Pour moi, au lieu du bois d'ébène je préférerois, la ferpentine de Virginie & la valériane; l'une & l'autre en effet font bien meilleures pour les nerfs.

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Je ne parlerai point ici d'une infinité d'autres recettes que je pourrois indiquer; celles que je viens de citer fuffifent, je penfe, pour faire voir combien elles diffèrent entr'elles; & qu'ainfi on ne peut pas les condamner toutes également. Au refte M. Dehne & Ungnad & beaucoup d'autres célèbres Médecins ont traité de différentes manières de préparer le méloé. Il feroit donc inutile de s'arrêter plus long-tems fur cet objet, ainfi que fur une infinité d'autres queftions qui ont exercé ces illuftres Docteurs.

ΧΙΧ.

Explication de la Planche..

Des trois efpèces de méloé que je connois, je n'en ai fait graver que deux, fans m'occuper de la troifième que l'on n'emploie pas communément (1); elle reffemble d'ailleurs parfaitement aux deux autres dont elle ne differe, qu'en ce qu'elle eft moins grande de moitié que le profcarabé, que fon ventre eft en forme d'ellipfe, & que quant au refte du corps, il eft beaucoup plus petit.

Les figures 1, 2 & 3 repréfentent le méloé du mois mai, du Chevalier Linnée, dans fa grandeur naturelle.

Fig. 1. La femelle.

2. Le mâle.

3. La femelle fans ombre.

(1) Le célèbre Beireis, dans l'Ouvrage intitulé: De utilitate, & neceffitate Hift. Natur. Helmft. 1759, parle de quatre espèces de profcarabé. Le premier, plus grand de tous eft noir & violet; le fecond, à-peu-près de même grandeur, refplendifiant de couleurs rouges, jaunes & vertes ; le troifième, plus petit, d'un violet noir, le corps plus petit, & les élytres plus longues; le quatrième, le plus petit de tous, d'une couleur fombre, l'abdomen fort large, & habitant fur les chênes. Il ajoute enfuite: la première & la dernière espèce de ces profcarabés font employées avec fuccès en médecine, parce qu'il fuinte en abondance des jointures de leurs membres une huile femblable à dụ miel, qui eft très-diurétique.

L'efpèce la plus grande a des élytres tirans fur le vert & chargées de petits points; les anneaux du ventre brillent fur le dos de différentes couleurs, telles que le rouge, le vert, le jaune & l'azuré en raison du reflet des rayons folaires.

Les figures 4 & 5 repréfentent le méloé profcarabé du Chevalier Linnée; placé fur des charbons ardens, il prend la couleur de l'acier. Fig. 4. La femelle.

5. Le mâle.

Figure 6. Une tête de méloé coupée & dont les antennes ont été mutilées. On diftingue les yeux qui font ovales; on voit encore les ferres, avec lesquelles ces infectes prennent leur nourriture.

Figure 7. Une patte de méloé du mois de mai. Lorsqu'on prend cet infecte avec la main, du premier article que j'ai marqué par la lettre A, il fort une petite goutte d'une liqueur jaunâtre & gluante. A l'extrémité de l'article du milieu, on voit deux petits crochets dont le célèbre Schaffer n'a point parlé. Le dernier article est composé de 4 ou 5 articles beaucoup plus petits; il eft terminé par 2 petits ongles. Toute la longueur de la patte eft couverte d'une espèce de duvet. Figure 8. Une des antennes du méloé.

EXPÉRIENCES

Qui prouvent que des corps de même nature, mais de différens volumes & de différentes maffes, fe chargent de la matière électrique en raifon de leur furface, fans que la maffe y ait la moindre influence;

LA

Par M. AсHARD.

A question, savoir fi des corps de même nature, placés dans les mêmes circonstances, fe chargent d'une quantité de fluide électrique proportionnée à leur maffe ou à leur volume, a déjà été propofée par plufieurs Phyficiens; & leurs opinions à cet égard font très-différentes. Cette queftion étant fort intéreffante, j'ai fait les expériences fuivantes, qui font propres à la réfoudre.

J'électrifai un conducteur de laiton cylindrique & creux, de 7 pouces de longueur fur un pouce & demi de diamètre; lorfqu'il eut 40 degrés d'électricité, j'en tirai une étincelle avec un conducteur de laiton creux de " 7 pouces de longueur & d'un pouce & demi de diamètre, qui pefoit 15 loths, & qui étoit bien ifolé. Le premier conducteur perdit 15 degrés de fon électricité. Je répétai la même expérience

lorfque le conducteur eut 30 degrés d'électricité; il en perdit alors 10; Enfin le conducteur ayant 20 degrés d'électricité, il n'en perdit que 7 par le contact momentané du même cylindre. Après avoir rempli ce cylindre de plomb, ce qui augmenta fon poids & par conséquent auffi fa maffe des livres, je répétai les mêmes expériences & obtins des résultats parfaitement femblables.

Cette expérience prouve déjà très-clairement que la maffe n'influe pas fur la quantité de matière électrique que les corps font capables de recevoir; les expériences fuivantes, comparées à celle dont je viens de parler, ne laiffent aucun doute à cet égard.

Ayant confervé le même conducteur, je lui donnai fucceffivement différens degrés d'électricité, & je déterminai combien il en perdit par le contact momentané d'un cylindre de laiton creux de 7 pouces de longueur & de trois quarts de pouce de diamètre, qui pesoit 14 loths & qui fut parfaitement ifolé.

Le conducteur ayant 40 degrés, il en perdit 10 par l'attouchement du cylindre; ne lui en ayant donné que 30, il en perdit 8, & enfin ne lui en ayant donné que 20, il en que 20, il en perdit 5. Les mêmes expériences ayant été répétées avec un cylindre de laiton qui avoit les mêmes dimenfions, mais qui étoit folide & qui pefoit 1 livre, j'obtins des résultats parfaitement femblables.

Ces expériences font voir,

(1) Que des corps d'une égale furface, mais d'une maffe très-diffé→ rente, fe chargent, lorfqu'ils font placés dans les mêmes circonstances, d'une égale quantité de matière électrique.

(2) Que des corps de maffe égale, mais dont la furface a une étendue différente, fe chargent, lorfqu'ils font placés dans des circonstances égales, d'une inégale quantité de matière électrique, & que celui qui a une plus grande furface, en reçoit plus que celui qui en a une moindre.

D'où je conclus,

que c'eft en raifon de leur furface & non de leur maffe que les

corps

Le chargent d'une plus ou moins grande quantité de fluide électrique,

LETTRE

DE M. CELS A M. L'ABBÉ MONGEZ le jeune
3 Avril 1785.

MONSIEUR,

Dans la note que vous avez ajoutée au bas de la première page de la defcription du Mouretier de M. Pajot Defcharmes (1), vous lui avez bien indiqué le nom générique de la plante dont il parle, mais vous avez omis le nom fpécifique. Comme il paroît qu'il n'a pas pu le trouver dans Linnée, peut-être fera-t-il bien aise d'avoir fon nom fuivant ce fameux botanifte & la fynonymie de quelques autres, pour être à portée de favoir ce que différens auteurs en ont pu dire.

Cette plante eft le

Vaccinium myrtillus

de Linnée.

Vitis idea, foliis oblongis crenatis, fruđu nigricante de C. B.

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Elle croît abondamment en Europe dans les bois, & particuliérement dans ceux de Montmorenci, Saint-Prix & Palaiseau, auprès de Paris.

Pline, tous les Botaniftes anciens & modernes, la plupart des auteurs de matiere médicale & plufieurs autres en ont parlé. Ses propriétés médicales les mieux reconnues font dues à l'aftriction de fes baies; la partie colorante qu'elles fourniffent a été employée à différens ufages depuis fort long-tems: la couleur violette qu'on peut en extraire forme le fujet d'un mémoire inféré parmi ceux de Stockholm pour l'année 1746.

(1) Mars 1785, page 192.

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