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fi ce mêlange fe fait dans un vafe d'un grand diamètre, l'incorporation des deux airs fe fait dans un inftant.

Lorfqu'on mêle dans le tube eudiométrique une feule mefure d'air nitreux avec une égale mesure d'air déphlogistiqué fans fecouer le tube, la colonne d'air fe trouvera d'autant plus courte, que l'air déphlogistiqué aura été

pendant une minute; en examinant alors la longueur de la colonne d'air, je la trouvai être, dans trois expériences faites de fuite, comme on voit dans cette Table:

Nombre des fubdivifions ou Nombre des fubdivifions, qui fe centièmes de mesures qui fe trouvoient détruites dans le mélange trouvoient dans le tube. des deux airs.

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Je répétai ces mêmès effais, avec cette feule différence que je ne feconois pas le tube. Le réfulat en étoit :

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Je répétai ces mêmes effais avec un air déphlogiftiqué d'une qualité inférieure ; favoir, de 230 degrés. Voici le résultat de trois expériences, dans lesquelles je fecouai le tube:

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Le résultat des trois expériences, dans lefquelles le tube n'avoit pas été fecoué; étoit ainfi :

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Je fis trois expériences de comparaifon, en mêlant une mesure d'air nitreux avec une d'air commun, & en fecouant le tube pendant l'incorporation des deux airs. Le résultat fut ainfi :

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Il étoit inutile de faire ces trois dernières expériences fans fecouer le tube, vu que les deux airs s'incorporent alors fi lentement, en faifant ce mêlange dans un tube eudiométrique, que la diminution de la colonne d'air ne s'achève pas dans plufieurs heures.

Dans toutes ces expériences le tube eudiométrique avoit été rempli d'eau diftillée.

d'une meilleure qualité. De même le mêlange de ces deux airs fe trouvera auffi d'autant plus retréci, que l'air déphlogistiqué aura été plus pur, lorfque pendant l'incorporation des deux airs on aura fecoué le tube. Il paroîtroit au premier coup d'œil de tout cela, qu'une feule mefure d'air nitreux fuffiroit pour découvrir le degré de bonté des airs déphlogistiqués. L'évaluation, il eft vrai, fe trouveroit affez jufte eu égard aux airs déphlogiftiqués d'une grande fineffe; mais elle feroit trompeufe pour les airs déphlogistiqués d'une qualité médiocre, comme on trouvera, fi on fe donne la peine d'en faire l'effai. La méthode feroit d'ailleurs peu propre pour différentes raisons, fur-tout à caufe qu'on ne pourroit plus comparer fi bien la bonté des airs déphlogistiqués avec celle de l'air commun, vu que la différence, qui fe trouve dans la longueur de la colonne dans un effai d'air commun & d'un air déphlogistiqué, même de la meilleure qualité, feroit trop petite: en fecouant, par exemple, dans le tube eudiométrique une égale mefure d'air nitreux & d'air commun, on trouvera la colonne d'air être réduite à environ la moitié (en fuppofant que le tube ait été rempli d'eau diftillée), & dans un effai semblable d'un air déphlogistiqué très-pur la colonne occupera environ 0,80, ou quatrevingt centièmes de mefure: il n'y auroit donc que la différence de 20 degrés entre la bonté d'un air déphlogistiqué de la meilleure espèce & de l'air commun: ainfi les airs déphlogiftiqués d'une bonté moyenne s'approcheroient, en apparence, trop pour pouvoir les diftinguer entr'eux avec exactitude.

Il fuit de ces confidérations, que la méthode de M. Fontana eft infiniment préférable; c'eft-à-dire, qu'il faut ajouter à une mefure d'air déphlogistiqué autant de mefures d'air nitreux (l'une après l'autre, en fecouant le tube à chaque mefure qu'on y ajoute) qu'il eft néceffaire pour faturer entièrement la mesure d'air déphlogistiqué qu'on effaye; ou il faut, fi l'on veut abréger la méthode, ajouter à une mefure d'air déphlogistiqué une quadruple mesure d'air nitreux à la fois, & faire ce mêlange dans un vafe large, comme nous avons déjà dit plus haut. Il eft vrai, qu'en adoptant cette dernière méthode, on confume fouvent plus d'air nitreux, qu'il ne feroit néceffaire; car on rencontre rarement un air' fi fin, qu'il requiert quatre fois fon volume d'air nitreux pour le faturer; mais comme on ne peut pas être sûr, avant de l'avoir effayé, de combien de mefures d'air nitreux on aura befoin pour faturer la mesure d'air déphlogistiqué, qu'on veut foumettre à l'épreuve, il vaut toujours mieux en ajouter trop que trop peu. Tout ce qu'on y aura employé de furabondant se trouvera encore dans le tube, lorfqu'on mefure la longueur de la colonne d'air, laquelle fe trouvera trop prolongée juftement d'autant qu'il y avoit d'air nitreux de fuperflu. Ainfi le nombre des mefures & fubdivisions de mesure, que fe trouveront détruites dans le mêlange, fera toujours en raison de la bonté de l'air examiné.

J'ai dit dans mon Ouvrage fur les Végétaux, (page 191) qu'il importe peu, fi l'air nitreux eft fort ou foible, pourvu qu'on en ajoute autant qu'il en faut pour faturer l'air qu'on examine. Quelques Phyficiens, en prenant inconfidérément cette affertion pour un paradoxe infoutenable, paroiffent ne pas avoir jugé à propos de la mettre à l'épreuve avant d'en juger; catr l'expérience les auroit convaincus du peu de fondement de leur critique. Ayant expliqué amplement dans mon Ouvrage fur les Végétaux la théorie de ce paradoxe fuppofé, je crois qu'il vaut mieux y renvoyer le Lecteur curieux, que de groffir ce Mémoire par une répétition inutile. Il n'eft pas néceffaire que je fafle remarquer à ce fujer que, G l'air nitreux fe trouvoit trop affoibli, foit parce qu'il eft trop vieux, foit parce qu'il eft mêlé avec de l'air commun, on ne pourroir l'employer que difficilement avec l'eudiomètre de Fontana, vu qu'il en faudroit une quantité grande, que le tube ne pourroit pas le contenir. D'ailleurs, s'il s'agit de faire des effais délicats, tels que les effais d'air commun, il vaut toujours mieux employer un air nitreux, qui soit fait récemment, ou au moins un tel, qui n'ait été fait que depuis trois ou quatre jours: lorfqu'on fait des eflais d'air commun en voyage, il fera toujours néceffaire de le faire tout fraîchement; car l'air nitreux étant en contact avec de l'eau, s'affoiblit peu-à peu, & très-vitement, lorfqu'il eft fecoué avec de l'eau. Une quantité d'air nitreux fuffifante pour faire plufieurs épreuves fe fait dans peu de minutes, lorfqu'on le fait par la folution du cuivre dans l'acide de nitre, comme je le fais conftamment, depuis que j'ai été convaincu qu'il produit exactement le même effet, que celui qu'on obtient par une folution de mercure dans cet acide. Le cuivre jaune ou le laiton n'eft pas fi propre à faire l'air nitreux. Le fer ne vaut abfolument rien pour cet usage.

J'en ai donné la raifon ailleurs.

L'eudiomètre à air nitreux, (je parle toujours de celui de M. Fontana) dé couvre exactement les vices que l'air commun contracte par les causes qui exiftent fouvent, par exemple par une grande foule de perfonnes enfermées dans un endroit étroit & fermé. Si l'air des latrines, foumis à ces épreuves, ne paroît pas être dégradé autant qu'on pourroit s'y attendre, lorfqu'on juge du degré de bonté de cet air par le feul odorat, c'est parce que l'air des latrines n'eft pas fi chargé de phlogistique, qu'on pourroit fe l'imaginer, en jugeant par l'odorat feul. Le phlogistique, qui exhale en abondance des vuidanges des animaux fe mêle, dans les latrines, avec l'air commun, qui n'ayant que rarement la même température exactement que l'air environnant, n'eft prefque jamais dans un état de stagnation parfaite, mais fe change continuellement. Si on veut fe convaincre que c'est ce continuel renouvellement d'air qui eft caufe que l'air des latrines

n'eft chargé pour l'ordinaire que très-légèrement & prefqu'impercepti blement de phlogistique, on n'a qu'à enfermer un excrément d'un chien ou d'un autre animal fous une cloche avec de l'air commun, on verra

qu'en peu de tems l'air ainfi enfermé aura contracté un vice vraiment deftructif pour tout animal qui refpire. Si la fiente des animaux infectoit l'air de méphitifie au même degre qu'elle infecte de puanteur, lorsque cet air a communication avec l'air environnant, on ne pourroit vivie long-tems ni dans les écuries ni près des fumiers, fans contracter des maladies.

EXTRAIT D'UNE DISSERTATION

Sur l'Hydrophobie & fur fon Spécifique le Méloé du mois de Mai & le Profcarabé;

Par CHARLES TRAVGOTT SCHWARTS, de Silésie.

I.

AVANT de parler de la vertu anti-hydrophobique du méloé du mois de mai & du profcarabé, il n'eft pas hors de propos, je crois, de dire un mot de l'hydrophobie. On appelle ainfi la maladie qui résulte de la morfure d'un animal enragé. Qu'on n'attende point de moi dans cette Differtation des détails fuivis de l'hydrophobie en général & de fes fymptômes. Dans cette maladie ce qui doit d'abord fixer notre attention, c'eft la bleffure qu'a faite le chien enragé, & qui, comme il eft aifé de le voir, peut, fuivant les différentes circonftances, être grande ou petite, profonde ou fuperficielle, fimple ou compofée; enfin, elle peut tomber fur toutes les parties du corps. Je ne difconviendrai pas non plus que l'hydrophobie ne devienne plus ou moins dangereufe en raifon des différences dont je viens de rendre compte. Il n'eft pas rare cependant de voir des bleffures plus légères donner des fymptômes plus effrayans que d'autres plus grandes & plus profondes. Souvent auffi la plaie ne rend que très-peu de fang, foit parce qu'elle a été tourmentée, foit parce que les chiens enragés ne mordent qu'en courant. La frayeur foudaine qu'éprouvent communément les malades, eft prefque toujours un fymptôme infaillible de l'hydrophobie, fymptôme qu'accompagnent fouvent les contractions de nerfs, les palpitations de cœur, & les fuites ordinaires de la crainte & de la terreur, lors même que les malades ne deviennent point hydrophobes. Si au contraire le germe du mal n'existe point, l'on voit alors tous ces fignes difparoître infenfiblement, & la plaie fe refermer, à moins que la morfure n'ait offenfé les nerfs; enfin, la frayeur ceffer avec la bleffure.

de

II.

Mais il n'en eft pas de même lorfque quelque partie du corps recèle le virus; tôt ou tard le malade tombe dans l'hydrophobie, & bientôt après commence le fecond période de la rage. Le tems qui s'écoule entre les deux, eft en raifon de la bleffure & du tempérament. Celui qui après avoir été légèrement mordu continueroit de fe bien porter, ne doit pas être pour cela fans inquiétude. En effet, on a vu dans ce genre, des bleffures qui d'abord paroiffoient n'être que des égratignures, augmenter avec le tems, & enfin dégénérer en hydrophobie. Quant aux exemples d'hydrophobie caufée par une morfure faite depuis dix, vingt & quarante ans, & où le virus, après un fauffi long efpace de tems, a fait périr le malade, je ne crains point de les révoquer en doute. Je croirai plutôt que ces malades que l'on cite, font devenus hydrophobes par une autre caufe; ou bien que le virus les a infectés de nouveau, fur-tout lorsqu'il eft fi facile gagner cette efpèce de contagion fans prefque s'en douter. Pour fe convaincre que l'homme peut s'infecter lui-même du virus hydrophobique, il fuffit de faire attention aux différentes formes fous lefquelles fe reproduifent les autres miafmes peftilentiels. Fabricius Hildanus cite un fait qui vient à l'appui de ce que j'avance. Un chien enragé avoit déchiré la robe d'une femme fans effleurer la peau. Cette femme qui ne foupçonnoit pas même que l'animal fût enragé, rompit imprudemment avec fes dents le fil dont elle s'étoit fervie pour recoudre fa robe. L'effet du miafine hydropho bique qu'elle afpira fut tel dans ce moment, que trois mois après elle devint enragée, & qu'elle mourut avec tous les fymptômes de cette maladie. D'autres Auteurs, du nombre defquels eft Calius Aurelius, citent un trait femblable. Enfin, eft-il hors de toute vraisemblance que les chiens enragés avant le premier accès foient déjà infectés du virus hydrophobique qu'ils peuvent avec leur falive communiquer aux hommes en jouant avec eux & en les careffant : Cette fuppofition admife, il s'enfuit que miafme de l'hydrophobie s'infinue dans le corps, non-feulement à l'infu du malade, mais encore qu'une fois introduit, il peut se communiquer par la transpiration, comme dans l'origine il eft émané du chien. Il eft également vrai de dire que le germe de l'hydrophobie peut refter pendant quelque tems concentré dans le corps. C'est ce qu'atteftent des obfervations non-fufpectes, faites tant fur la rage que fur les autres miasmes peftilentiels. Moi-même j'ai vu un enfant être mordu le 27 mai 1781, & mourir quatre mois après de l'hydrophobie: il faut obferver que la bleffure n'étoit prefque rien; car les dents du chien avoient à peine effleuré la partie droite du fourcil.

III.

le

Mais je reviens aux fymptômes de l'hydrophobie. Le premier période

de

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