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très-acide, un mélange d'acide phosphorique, & d'un d'acide ni

treux.

peu

On peut accélérer de trois ou quatre manières l'inflammation du phofphore par l'acide nitreux 1. en augmentant la proportion du phof phore relativement à l'acide nitreux; 2. en employant de l'acide plus concentré; 3. en fe fervant de phofphore très-divifé, ou mieux encore de ce phofphore demi-brûlé, qui forme une pellicule à la furface de l'eau du récipient lors de la diftillation.

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Un gros d'acide nitreux rutilant, verfé fur 2 gros de phosphore, produit une inflammation fpontanée; mais demi-once du même acide, versé fur demi-gros de beau phofphore, m'a préfenté les phénomènes fuivans. On voit d'abord se former des bulles à la furface du phosphore; les bulles, en augmentant fon volume, le rendent plus léger; il vient nager à la furface: il fe produit une effervefcence confidérable, qui va toujours en augmentant; l'air nitreux fe dégage en abondance, le phofphore s'enflamme & brûle à la furface, la violence de la combuftion le divife en éclats, les parcelles rejetées contre les parois du vafe y brûlent, & en occafionnent ordinairement la rupture.

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Une fois affuré que le phofphore. ne brûloit qu'à la furface de l'acide j'ai effayé de le fixer au fond du vafe, & de l'y retenir jufqu'à ce qu'il fût totalement diffout; en conféquence, j'ai pris demi-gros de beau phosphore & demi-once d'acide nitreux rutilant; j'ai renverfé fur le phosphore en bâtons un très-petit entonnoir qui plongeoit en entier dans l'acide, & j'ai obfervé que les bulles qui fe dégageoient, cherchoient à faite monter le phofphore, qui étoit retenu par les patois de l'entonnoir. Ce dernier gros de phofphore a été diffout dans l'efpace de deux heures ; & lorfque la diffolution a été complette, comme il'fe dégageoit encore du gaz nis treux, j'ai abandonné l'expérience à elle-même ; & au bout de deux jours, j'ai trouvé au fond du vafe une liqueur blanche très-acide, qui a pefé I gros 56 grains; j'ai rapproché à un feu doux, pour volatilifer l'excédant d'acide nitreux, & ai réduit cette liqueur au poids de 69 grains : c'étoit de T'acide phofphorique très-concentré..

J'ai diffout, par un procédé femblable, 20 grains de beau phofphore dans 6 gros d'acide nitreux rútilant. Le phofphore, en fe diffolvant, chaffe ou déplace l'air nitreux, & ce dégagement continue long-temps après la diffolution ou difparition du phofphore. Après dix jours d'évaporation à l'air libre, à une température de 6 à 10 degrés au thermomètre de Réaumur, j'ai trouvé un réfidu pefant 61 grains, qui, rapproché par une chaleur douce, s'eft réduit à 52 grains.

Convaincu de la diffolution du phofphoré dans l'acide nitreux rutilant, & de la formation d'un nouvel acide par cette méthode, j'ai effayé fi l'acide plus foible fuffiroit pour cette opération. Pour cet effet, j'ai pris

27 grains de fuperbe phosphore, & 2 onces d'acide plufieurs fois diftillé & très-blanc; il marquoit 20 degrés à l'aréomètre de M. Beaumé. Le phosphore s'eft bientôt couvert de groffes bulles argentines; mais elles paroiffoient très-adhérentes à la furface, & il ne s'en est élevé aucune. Quatre jours de repos n'y ont produit aucun changement; j'ai mis alors ce bocal fur un bain de fable, que j'ai chauffé graduellement. L'acide a commencé à s'évaporer; le phosphore s'eft ramolli, il s'eft diffout en partie, & il s'en dégageoit de temps en temps des fragmens qui venoient s'enflammer à la furface du liquide: le phofphore, ramolli au fond de la liqueur, reffembloit à de la cire fondue & tranfparente. C'eft, pour le dire en paffant, un moyen de porter le phofphore à fon dernier degré de pureté. L'acide nitreux évaporé, le réfidu gras, onctueux, & de couleur brune pefé 26 grains: c'étoit de l'acide phofphorique très-con

centré.

La diffolution du phofphore par l'acide nitreux bien reconnue, j'ai voulu examiner les phénomènes de cette opération dans des vaiffeaux clos; j'ai mis en conféquence 50 grains de phofphore dans un plus petit matras, verfé deffus 200 grains d'acide nitreux affoibli; j'ai adapté un tube recourbé, que j'ai fait plonger jufqu'au fond dans un petit flacon vide; de ce flacon partoit un autre tube recourbé, qui alloit aboutir fous un récipient plein d'eau, & renverfé fur la planche de ma machine hydro-pneumatique.

Quatre jours de repos n'ont produit que la divifion du phosphore, & une écume à la furface de l'acide.

Le cinquième jour, j'ai échauffé légèrement, le bain de fable; la pre mière impreffion de chaleur a enflammé le phofphore, & le vaiffeau s'eft obfcurci de vapeurs blanches. L'inflammation a été l'effet du moment, à peu près comme un éclair répété trois fois.

Lorfque la chaleur a été portée au 76° degré d'un thermomètre de Réaumur, placé à côté du matras & enfoncé dans le fable à la même profondeur, le flacon intermédiaire s'eft rempli de vapeurs rutilantes; il en eft monté quelques bulles dans le récipient renverfé. La distillation fe contiuuant toujours, la liqueur du matras a paffé dans le flacon, & le réfidu contenu dans le matras étoit noir comme le réfidu de la diftillation d'un bitume. J'avois alors obtenu environ 15 pouces cubes d'air nitreux; j'ai laiffé refroidir le bain de fable, en foulevant le bec du tube qui plongeoit dans l'eau ; la liqueur qui avoit paffé dans le flacon, eft revenue dans le matras, d'où elle a été chaffée en peu de temps; & ayant de nouveau difpofé l'appareil pour recevoir les vapeurs, j'en ai retiré 10 pouces cubes. J'ai répété la même manœuvre quatre fois de fuite; & par ce moyen j'ai obtenu en tout 43 pouces d'air nitreux.

Il faut convenir que j'en ai perdu, parce que, du moment

que la liqueur du flacon refluoit dans le matras, il se dégageoir une bouffée de gaz, que je ne pouvois pas recueillir, quoique je plongeafle le plus promp tement poffible le bec du tube fous le récipient. Dans cette expérience, il y a trois chofes à examiner.

1o. Le résidu du matras fortement acide a pefé 52 grains; je l'ai étendu d'une petite quantité d'eau; ce qui m'a donné un acide affez fort; mais il y avoit un réfidu infoluble dans l'eau, & qui avoit l'apparence d'un bitume, qui, defféché, a pefé 6 grains, & a fourni à la combustion une odeur très décidément bitumineufe. Eft-ce un phénomène semblable à ce qui fe paffe lorfqu'on fait réagir l'acide nitreux fur une huile essen

tielle?

2o. La liqueur qui a paffé dans le flacon, & qui a fouffert quatre diftillations, n'étoit que de l'eau légèrement acidulée, ne fentant point l'acide nitreux, ne faisant aucune effervefcence avec les alkalis gazeux ; elle a pefé i gros 36 grains.

I

3°. Le gaz paffé dans le récipient étoit l'air nitreux mêlé de ce gaz phofphorique, qui accompagne toujours la décompofition du phosphore, & qui a une odeur que tout Chimiste connoît.

Cette expérience, qui montre féparément les principes de l'acide nitreux, m'a paru mériter d'être variée. J'ai employé de l'eau forte du commerce bien précipitée, rediftillée, & marquant 35 degrés au pèseliqueur de M. Baume; j'en ai verfé 200 grains fur 50 de phosphore, & ai dreffé un appareil femblable au précédent. Son action fur le phosphore a été plus prompte ; j'ai retiré 39 pouces d'air nitreux; le réfidu du ma tras a pefé 54 grains, & la liqueur du flacon intermédiaire I gros 21 grains.

J'ai obfervé en général, que plus l'acide étoit fort, plus on obtenoit d'air nitreux, & moins d'eau acidulée dans le flacon.

Les expériences variées & répétées plufieurs fois, m'ont toujours préfenté des résultats à peu près semblables, & je les ai fait connoître dans mes trois derniers Cours de Chimie.

Elles me paroiffoient offrir des phénomènes absolument neufs, tels que le déplacement à froid du gaz nitreux par le gaz phofphorique ou phofphore, & la décompofition ou féparation de l'acide nitreux en trois principes bien diftincts; favoir, l'air déphlogistiqué, qui fe combine avec le phofphore & conftitue l'acide phofphorique, l'air nitreux qui se volatilife & paffe à travers l'eau dans le récipient, & l'eau qui refte dans le flacon intermédiaire.

Les expériences font encore une confirmation directe de la fublime théorie de M. Lavoifier fur les principes de l'acide nitreux & la compofition des acides: c'eft un phénomène de plus, qui nous prouve que le dégagement d'un acide par un autre acide ne fe fait que par l'affinité

des deux gaz. En effet, l'air déphlogistiqué paroît être la base de tout acide, & fa combinaison avec des gaz de différente nature, conftitue les différences des acides. Avec l'air inflammable ou phlogistiqué, il forme l'acide méphitique; avec le foufre, le vitriolique; avec le phofphore, le phofphorique; avec le gaz putride animal, l'acide nitreux. C'eft donc entre ces gaz que s'exerce l'affinité ; & fi nous voyons quelquefois des métamorphofes, des tranfmutations, elles ne font dues qu'aux dépla cemens réciproques des gaz; & la formation de prefque tous les acides obtenus par la diftillation d'un autre acide fur certaines fubftances, n'est due prefque toujours qu'à la décompofition de l'acide diftillé, comme M. Lavoifier l'a prouvé au fujet de l'acide du fucre, comme je crois l'avoir démontré dans mon dernier Mémoire fur la décompofition du foufre par l'acide nitreux, ou plutôt fur la décompofition de ce même acide par le foufre & enfin, comme je viens de, le faire voir par le phénomène de la diftillation de l'acide nitreux fur le phofphore.

Les expériences rapportées dans ce Mémoire nous fourniffent un troifième moyen d'obtenir l'acide phosphorique; nous en connoiffons déjà deux.

1°. Celui de M. Sage, qui confifte dans la combuftion infenfible du phosphore.

2o. Celui de M. Lavoifier, qui enflamme le phofphore & le fait brûler rapidement fous des cloches de verre. L'un & l'autre de ces procédés donnent de l'acide phosphorique, & une combinaifon de phofphore & d'air déphlogistiqué; mais le premier de ces procédés eft très-long, le fecond demande un appareil convenable. Celui que je propofe me paroît plus fimple & plus prompt. J'ignore fi l'acide obtenu par ce moyen eft exactement de la même nature que celui qu'on retire par les autres procédés. On fait que l'acide retiré par la déflagration du phofphore, a donné à M. Lavoilier des réfultats un peu différens de ceux qu'avoit obtenus M. Sage de l'acide produit par la combuftion lente de cette substance inflammable. Il ne feroit donc pas furprenant que celuici, retiré par un troisième procédé, préfentât quelque différence. Je m'occuperai de cet objet, & aurai l'honneur de vous en communiquer le réfultat.

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DESCRIPTION

DU MOURETIER,

Suivie de quelques expériences relatives à la couleur bleue. l'on pourroit obtenir de fes baies;

J

que

Par M. PAJOT DESCHARME S.

IGNORE fi la plante dont je joins ici la figure, d'après nature, a été décrite par quelque Auteur: elle m'a paru devoir fixer l'attention, par l'ufage dont elle peut devenir dans les Arts. Cette plante eft fort commune dans la baffe-Normandie, dans les cantons de cette Province connus fous les noms de la Hague & du Val de Serre : elle croît principa lement dans les bois, les bruyères, les landes, &c.

Le mouretier (1), tel qu'on a coutume de nommer la plante dont je parle dans les cantons défignés, doit être regardé comme un arbufte; il s'élève communément à la hauteur de 12 à 15 pouces au-deffus des mouffes, dans lefquelles fa racine eft ordinairement engagée en partie & couchée. Celle-ci eft rougeâtre à l'extérieur, fibreufe, un peu chevelue & traçante. Cette couleur rougeâtre fe conferve même fur la tige, tant qu'elle eft enveloppée de mouffe; ce qui forme une ligne de démar cation fenfible à l'endroit où la couleur verdâtre & boifée de la tige prend le deffus. Il fort fouvent plufieurs tiges de la même racine. Les yeux & les chevelus dont elle eft garnie, paroiffent favorifer fa manière de fe reproduire, principalemeut par provins ou furgeons. Sa tige eft pour l'ordinaire dépourvue de feuilles, quoique garnie de quelques boutons. Elle est, ainsi que les branches, ligneufe, cannelée, plus ou moins verte, chargée d'une espèce de nœud ou d'articulation, defquelles fortent les boutons, foit pour feuilles, foit fleurs. Ceux-ci font un tant foit pour rougeâtres à leur extrémité; ils ont auffi une apparence plus nouée : les feuilles font pétiolées, un peu luifantes des deux côtés, dentelées peu profondément, de figure à peu près cordiforme, d'un vert affez foncé,

peu

(1) Cette plante, qui eft un Vaccinium, eft très-commune dans les lieux élevés, comme les montagnes des Pyrénées, du Dauphiné. ( Note de l'Editeur.)

mais

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