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ce dernier efpace, qui eft de 10 milles & demi. Le même Auteur donne à l'étendue qui fe trouve entre la Stellata & l'embouchure du Mincio dans le Pô, une pente de 8 onces & demi par mille; & comme le Pô a plus de pente à proportion qu'il avance davantage de fa fource, je prendrai 8 onces par mille depuis l'embouchure du Mincio jufqu'à Cafal-Majeur; ce qui forme un espace de 47 milles 10 onces auffi par mille, dans les 47 milles qu'il y a de Cafal-Majeur à Crémone; enfin, II onces par mille dans les 54 milles qu'on compte de Crémone à l'embouchure du Teffin. Réduifant donc les onces Bolonoifes dont je me fuis fervi pour affigner la pente du Pô, en onces Milanoifes; c'eft à-dire, prenant 7 onces de Milan pour 12 onces de Bologne, on aura environ 105 braffes pour l'élévation de l'embouchure du Tellin fur le niveau de la mer Adriatique, & par conféquent l'élévation de Milan fur le niveau de cette mer, fera, comme je l'ai dit, de 201 braffes environ. Il ne doit pas y avoir de différence fenfible de cette élévation à celle de la même Ville fur le niveau de la méditerranée.

XI. Une autre plaine très étendue de la haute-Lombardie eft celle que forment les eaux du lac de Côme. Ce lac, que les Anciens nommoient Larius, eft principalement formé de l'Adda, qui s'y rend de la Valteline. Il fe fépare vers Varenne en deux branches, l'une defquelles va fe terminer à la ville de Côme; l'autre paffe au Bourg de Lecco, où elle fe décharge en formant de nouveau l'Adda, qui, d'un cours tantôt lent, tantôt rapide, continue fa route vers Brivio, & de là à Trezzo, où prend le canal de navigation de la Martefane, qui vient jufqu'à Milan. L'Adda va de Trezzo à Lodi, & fe décharge dans le Pô entre Plaifance & Crémone, après avoir arrofé Pizzighelone. Voici comme je fuis parvenu à déterminer l'élévation du lac de Côme au-deffus de Milan. En mefurant la hauteur du Lac depuis Lecco jufqu'au pont par le moyen du baromètre, j'ai trouvé qu'il étoit plus élevé que l'Adda, au-deffous de Trezzo, de 135 braffes Pour déterminer cette élévation dans cet efpace qui eft d'environ 21 milles, j'ai fait quatre opérations correfpondantes; la première, de Lecco à Olgi nate; la feconde, d'Olginate à Brivio; la troisième, de Brivio à Paderno; la quatrième, de Paderno à l'Adda, près Trezzo, vers le commencement du canal de navigation de la Martefane. On fait, par les nivellemens que les Ingénieurs de la Chambre ont faits anciennement, que depuis le commencement du canal de la Martefane jufqu'à Milan, il y a 30 braffes de pente; & que depuis cet endroit jufqu'à fa réunion au grand canal affez près de la roche Carlefca, il y a treize autres braffes de pente: d'où il fuit que le niveau du lac de Lecco eft élevé de 178 braffes au-deffus de celui de Milan, & par conféquent il fera de 380 braffes environ plus haut que celui de la mer, & ce fera l'élévation du refte du lac de Côme, puifqu'il ne peut y avoir de différence sensible du niveau d'un point pris dans la partie haute, d'avec un autre point pris dans la partie basse du

lac. Il eft bon d'obferver que le niveau du lac eft fujet, dans les crues d'eau, à des variations qui ne paffent cependant jamais la hauteur de 4 braffes, & que, dans le temps que j'ai fait mon nivellement (c'étoit vers la mi-feptembre 1779), le niveau du lac étoit à fa hauteur ordi

naire.

XII. Le lac de Lugano, qui eft en partie du côté de la Lombardie Autrichienne, forme une autre plaine qui, felon le nivellement qui en a été fait par les Ingénieurs publics dans le feiziène fiècle, est élevée de plus de 100 braffes au-deffus du niveau du lac de Côme. J'ai cherché à vérifier ces mefures par le moyen du baromètre; mais mes obfervations ayant été faites dans un temps pluvieux & variable, j'ai cru devoir les négliger. Je m'en tiens donc, jufqu'à cette heure, à la mesure ancienne, de laquelle il fuit que le niveau du lac de Lugano eft plus élevé que celui de Milan de 481 braffes.

XIII. Du lac de Lugano fort la Treza, qui va fe décharger dans le lac majeur, après un cours d'environ 8 milles. Quoique cette rivière foit rapide, elle ne paroît pas avoir plus de 8 braffes de pente par mille l'un portant l'autre, & par conféquent le lac de Lugano eft plus élevé que le lac majeur d'environ 64 braffes.

XIV. Puis donc que le lac de Lugano eft plus haut de 100 braffes que le lac de Côme, il s'enfuit que le lac majeur l'eft de 36 plus que le lac de Côme, & conféquemment qu'il eft élevé de 417 braffes au-deffus du niveau de la mer. Ce lac, que les Anciens nommoient Verbano, eft principalement formé du Teffin, qui prend fa fource dans les Alpes lépontines, au mont Saint-Gothard. Il fe prolonge jufqu'à Sefto Calende, dans une étendue d'environ 44 milles, & là, fes eaux, reprenant leur cours forment de nouveau le Teffin. Cette rivière va de là à l'endroit appelé Cafa della Camera, d'où l'on a tiré le grand canal, paffe à Pavie, & fe décharge enfuite dans le Pô.

XV. D'après cet expofé de l'élévation des principales plaines de la haute-Lombardie, ainfi que des différentes pentes du Pô, il eft aifé de conclure celle des deux principales rivières qu'il reçoit ; je veux dire l'Adda & le Teffin. En effet, en calculant la pente du Pô, comme nous l'avons fait plus haut (n. 10), on trouve que Crémone eft élevée de 78 braffes au-deffus du niveau de la mer; & l'Adda ayant fon embouchure dans le Pô, environ 4 milles au-deffus de Crémone, c'est-à-dire, étant plus élevé que cette Ville de 2 braffes, l'élévation de l'Adda fur le niveau de la mer fera de 81 braffes. Otant donc ces 81 braffes de 380, qui eft l'élévation de l'Adda, depuis fon commencement jufqu'au pont de Lecco, on aura environ 299 braffes pour la pente de l'Adda, à compter depuis le pont de Lecco jufqu'à fon embou

chure.

XVI. Quant au Teffin, l'endroit où il fe jette dans le Pô eft à 105

braffes au-deffus du niveau de la mer, comme on l'a déjà dit (n. 10). Otant donc cette fomme de 417, à quoi fe monte l'élévation du lac majeur ou du Teffin à l'endroit où il reprend fon cours au-deffus du niveau de la mer, il reftera 312 braffes pour la pente du Teffin, à compter de Sefto Calende jufqu'à fon embouchure. On fait d'ailleurs que le bâtiment de la Chambre, où l'on a tiré du Teffin le grand canal de navigation, eft élevé au-deffus de Milan de 57 braffes, puifque c'eft à cela que les Ingénieurs publics ont porté la pente de ce canal jufqu'à Milan, dans les mefures qu'ils en ont prifes. De plus, cette Ville, comme je l'ai déjà dit, a 97 braffes d'élévation au-deffus de l'embouchure du Teffin: donc l'hôtel de la Chambre Tera plus élevé que cette embouchure de 154 braffes, & c'est à quoi fe montera la pente du Teffin entre ces deux points. Ainfi, ôtant 154 de 312, pente totale de cette rivière, il refte 158 braffes pour la pente du Teffin, depuis Sefto Calende jufqu'au bâtiment de la Chambre (du canal).

XVII. Par les mesures énoncées ci-deffus, on peut connoître l'élévation de chaque Ville du Duché de Milan au-deffus du niveau de la mer. Ainsi, Milan eft élevée de 201 braffes ; Pavie, de 111; Côme, de 380; Crémone, de 78 (n. 10); Cafal majeur, de 53. Quant à l'élévation de Lodi, je crois qu'on peut la déterminer de la manière suivante. La pente de l'Adda, depuis Lecco jufqu'à fon embouchure, eft de 313 braf fes (n. 15); de Lecco à Trezzo, elle eft de 135 brasses (n. 11): donc l'Adda, depuis Trezzo jufqu'à fon embouchure, aura de pente 177 braffes. Dans cet efpace, l'Adda a un cours affez égal; mais comme il coule avec plus de rapidité dans la partie qui eft au-deffus de Lodi, que dans celle qui eft au-deffous, on peut donner à celle-là environ 5 braffes de pente par mille. Y ayant donc 17 milles de Trezzo à Lodi, la pente de la rivière, dans cet efpace, fera d'environ 85 braffes, lefquelles étant ôtées de 117, il reftera à l'Adda environ 92 braffes de pente depuis Lodi jufqu'à fon embouchure. Ajoutant cette dernière fomme à 81 braffes, qui eft l'élévation de l'embouchure de l'Adda audeffus du niveau de la mer, on aura 173 braffes pour l'élévation de Lodi au-deffus du niveau de la mer.

XVIII. Après avoir déterminé l'élévation des principaux lacs, rivières, Villes & autres endroits des plaines de Lombardie, il me reste à parler de celle de fes plus confidérables montagnes. Je commencerai par la plus haute; je veux dire celle qu'on appelle communément Legnon, que Jove nomme Liveonis catena, & d'autres Lineon: elle est située vers le commencement du lac de Côme, & confine du côté du nord avec la Valteline. Je m'acheminai donc dès le mois de Septembre 1779 vers le fommet du Legnon, tant pour en déterminer la hauteur, que pour prendre en même temps le niveau des montagnes que je pourrois appercevoir de ce

fommet;

fommet; mais la neige épaiffe qui y tombe fréquemment dans cette faifon, mit obstacle à mon travail. Je gardai pourtant la note des obfervations que j'y fis fur le baromètre à différentes élévations, jufqu'à celle de Vicina, qui eft à plus de la moitié de la hauteur de toute la montagne. J'y retournai au commencement d'Août 1780, pour faire mes obfervations, & j'eus alors un temps plus favorable. Je me tranfportai donc à la hauteur de Vicina; j'y laissai un obfervateur avec un baromètre, & étant parti de là, j'arrivai à la cime du Legnon vers les fix heures du foir: j'y établis auffi-tôt mes inftrumens; & pendant que le baromètre fe mettoit à la température de l'atmosphère environnant, je pris le niveau des plus hautes montagnes de la Lombardie qu'on peut appercevoir de cet endroit, & je reconnus qu'elles font toutes plus baffes que le fommet du Legnon. Le temps fut calme & ferein pendant l'espace d'une heure que dura l'observation du baromètre, qui fe maintint à 20 pouces 10 lignes, tandis que le thermomètre qui y étoit attaché, marquoit 13 degrés; & un autre qui n'y étoit pas attaché, 11 degrés &. Dans Pobfervation correfpondante qui fe faifoit à Vicina, le baromètre fut à 23 pouces II lignes ; le thermomètre qui y étoit attaché, à 14 degrés i & celui qui ne l'étoit point, à 14 degrés d'où je conclus qu'il y a de la montagne de Vicina à la cime du Legnon 630 toifes 1217111 2062 braffes Milanoifes &. Mais le même mont Vicina, d'après les obfervations que j'ai faites en 1779, eft élevé de 2259 braffes audeffus du lac de Côme à Dervio; donc le fommet du Legnon eft plus haut que le niveau du même lac de 4321 braffes. En y ajoutant 380 braffes, pour l'élévation du lac fur la mer (n°. 11), on verra que l'élévation de la cime du Legnon au-deffus de la mer eft de 4701 braffes ; ce qui revient à 1440 toifes de Paris.

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XIX. Voici les obfervations par lefquelles je fuis parvenu à avoir l'élévation de Vicina au-deffus du lac. Dans la première, faite à Dervio dans la maifon de M. Barelli, le baromètre étoit à 27 pouc. 9 lig.; le thermomètre attaché, à 19 degrés; l'autre, à 18. A Tremenico, dans la maifon du Curé, le baromètre fut à 25 pouc. 10lig.; le thermomètre atraché, à 17 degrés; celui qui ne l'étoit pas, à 17 degrés d'où il fuit que Tremenico eft plus élevé que Dervio de 1056 braffes 6. 9.

XX. Dans la feconde obfervation à Tremenico, le baromètre se tint à 310 lignes; le thermomètre attaché, à 15 degrés ; l'autre thermomètre, 14 degrés. A Vicina, le baromètre fut à 23 pouc. lig.; le thermomètre attaché, à 11 degrés l'autre à 11 degrés. Il réfulte de là, que Vicina eft plus élevé que Tremenico de 1194 braffes. 6. 6.

XXI. Ajoutant donc à ces deux hauteurs 8 braffes, dont la maison de M. Barelli étoit plus élevée que le lac, on aura les 2259 braffes que j'ai annoncées ci-deffus, pour l'élévation de Vicina fur le niveau du même lac.

XXII. Quant à la fituation du Legnon, il eft dans cette chaîne de montagnes à laquelle il tient; & forme, pour ainfi dire, une prefqu'île ; car il eft entouré de trois vallées qui le rendent ifolé; favoir, de la partie de la Valteline qui confine avec le Milanez; de la portion du lac de Côme, qui eft comprise entre la plaine de Colico & Dervio ; enfin, de la vallée de Varron, qui s'étend depuis Dervio jufqu'à la Valfafine. Cette espèce de prefqu'île de montagne touche aux autres montagnes de la Valfafine même, & à celles de la Valteline, qui font à gauche de l'Adda. Une partie même du Legnon eft de la Jurifdiction de la Valteline, & on voit fur le fommet de la montagne une pierre pofée pour marquer les bornes. Cette fituation ifolée du Legnon rend fon élévation remarquable. Si on compare fa hauteur avec celle que M. de la Condamine a prife fur les plus hautes montagnes de l'Amérique méridionale, le Pitchincha & le Coraçon, ainfi qu'avec celle qu'ont trouvée MM. du Luc & de Sauffure fur la cime du Buet, on fera porté à croire que, pour la hauteur, il y a autant de différence du Legnon à ces montagnes, qu'il y en a d'une maifon ordinaire à un clocher, & que monter au haut de celle-là, n'eft qu'une promenade & un jeu, en comparaifon des peines qu'ont eues ces infatigables Phyficiens pour parvenir à établir un baromètre fur le fommet des montagnes mentionnées ci-deffus. Mais il s'en faut bien que les chofes foient ainsi. Il est bien vrai que la cime du Legnon n'eft élevée audeffus de la mer que de 1440 toifes, au lieu que le Pitchincha l'eft de 2430; le Coraçon, de 2470, & le Buet, de 1578. Mais il faut prendre garde que dans ces hauteurs, qu'on appelle abfolues, on comprend auffi l'élévation du fol fur lequel ces montagnes font fituées. Or, cette dernière élévation ne doit point entrer dans l'eftimation de la hauteur propre des montagnes, puifqu'elle leur eft commune avec le fol fur lequel elles font. On doit donc en faire abftraction; & pour avoir la hauteur propre ou abfolue d'une montagne, il faut calculer feulement celle qu'elle a perpendiculairement depuis fon pied jufqu'à fon fommet. Or, la hauteur propre du Legnon, à compter du pied de cette montagne, fituée dans la plaine de Colico ou du lac de Côme, eft de 1320 toifes; celle du Pitchincha, de 1070; & celle du Coraçon, de 1110; car ces montagnes ont toutes deux leur bafe dans le territoire de Quito, qui eft plus élevé la mer de 1460 toifes, & qui a très-peu de Ènfin, il ne reste au Buet que 908 toifes de hauteur propre, puifque, felon M. de Sauffure, le pied du Buet eft à un endroit appelé Couterai, qui a 670 ¦ de hauteur au-deffus du niveau de la mer, & où on arrive commodément, même à cheval; par où l'on voit que la hauteur propre ou relative du Legnon eft de beaucoup plus confidérable que celle des autres montagnes dont je viens de parler; & puifque le fommet du Pitchincha & du Cora çon en Amérique, & celui du Buet en Europe, font les montagnes les plus élevées auxquelles foient parvenus les Phyficiens, il eft clair que le Le

que

pente.

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